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Face aux géants du web, "aux éditeurs de prouver qu'ils sont irremplaçables" (Jean-Yves Mollier)

C'est en rédigeant son Autre histoire de l'édition française (La Fabrique) que Jean-Yves Mollier, chercheur spécialiste de l'histoire de l'édition, a eu l'envie de retracer l'existence du groupe Hachette, depuis la création de la librairie en 1826 jusqu'à la multinationale de 2015. Hachette, le géant aux ailes brisées, aux Éditions de l'Atelier, représente un travail inédit grâce aux nombreuses archives que Jean-Yves Mollier a pu consulter, qui révèlent notamment l'attitude de Hachette et d'autres maisons d'édition sous l'Occupation. Mais aussi parce qu'il analyse les défis que doit relever le groupe, et qui concernent toute l'édition.

Le 05/11/2015 à 17:24 par Antoine Oury

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05/11/2015 à 17:24

Antoine Oury

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Dans quelles circonstances avez-vous pu accéder aux archives de la maison Hachette ? 

À travers l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine, l'IMEC, qui ne reçoit pas les archives en dons, mais en dépôt : le contrat que l'IMEC fait signer au dépositaire laisse à ce dernier la décision d'autoriser ou non la consultation des archives. 

Il y a deux types de déposants : ceux qui donnent un accord général, et ceux qui veulent donner une autorisation préalable. C'est le cas de Hachette, qui accepte en général les demandes, mais les vérifie. Après la publication de Édition, presse et pouvoir en France au XXe siècle qui leur avait déplu, alors même que c'était publié chez Fayard, une de leurs filiales, ils avaient en quelque sorte fermé l'accès aux documents pour la Deuxième Guerre mondiale.

Mais on peut dire aujourd'hui que les archives Hachette sont disponibles : puisque Lagardère n'a acheté Hachette qu'en 1980, ils pensent qu'après tout ils ne sont pas comptables des 160 années antérieures. Et puis ils ont peut-être compris aussi qu'il vaut mieux communiquer et dire que l'on n’a rien à cacher plutôt que de laisser dire qu'on a quelque chose à cacher.

Effectivement, le SNE, lui, n'avait jamais ouvert ses archives. Il le fit à ma demande, en 2006, et je ne crois pas que quiconque ait été autorisé, ou même ait demandé depuis, mais j'ai eu un accès tout à fait complet.

Malheureusement, ces archives ne sont que des épaves : il y a des dossiers qui remontent à la création du Syndicat, en 1891, mais ils ne sont pas très épais. Et pour la guerre de 1940, ce sont des dossiers très fins. Je sais par d'autres sources qu'il existe chez un avocat en province un dépôt d'une partie des archives, mais, à ce jour, elles ne sont pas accessibles et ne le deviendront que le jour où le Syndicat le décidera.

Qu’avez-vous découvert en consultant ces archives ?

Lorsque l'on couple les archives du SNE, les archives Hachette, ou ce qu'il en subsiste pour la période, et les archives allemandes de la Deuxième Guerre mondiale, à condition de bien lire l'allemand, alors on arrive à reconstituer tout ce que les entreprises ou les syndicats voulaient cacher.

Et j'ai pu montrer, en effet, que la rédaction des listes Otto [listes recensant les ouvrages retirés de la vente par les éditeurs ou censurés par les nazis, NdR] n'est pas simplement une initiative nazie imposée aux éditeurs, mais bien une sorte de mixage entre des listes préparées à Berlin et les listes françaises de chaque éditeur, préparées individuellement. À des fins de vérification, j'ai précisé le nom de la personne chargée de la préparer, pour chaque éditeur, d'après les archives du Comité d'épuration du livre du 6e arrondissement de Paris qui, à la Libération, avait fait passer en pré-jugement, en quelque sorte, tous ceux qui étaient soupçonnés, quitte à les renvoyer devant les tribunaux. Ces archives ne sont accessibles que depuis peu de temps, avec l'ouverture des archives portant sur la Deuxième Guerre mondiale.

Pourquoi les éditeurs ont-ils constitué ces listes ?

Au minimum, pour ne pas subir la défaveur de l'occupant, et dans certains cas, j'ai donné les noms, pour obtenir des faveurs. C'est le cas du responsable des éditions Tallandier qui, véritablement, veut profiter des circonstances pour devenir le patron de l'entreprise et publier toute la littérature qui plaira aux Allemands.

Quelle était la stratégie des éditeurs français envers l'occupant ?

Si l'on prend le cas des éditions Tallandier, ils se sont arrangés pour publier des romans destinés à la jeunesse dans lesquels il y avait des personnages de bons Allemands, de bons Roumains, de bons Hongrois, tous leurs alliés, mais il aurait fallu 30 ou 40 ans pour que ce genre d'idéologie puisse imprégner les esprits. Ils ont aussi essayé de privilégier les traductions de l'allemand. Il y a eu 2000 à 3000 ouvrages traduits de l'allemand sur cette période, mais les éditeurs étaient souvent plus malins : Gallimard a par exemple fait rentrer Goethe dans la Pléiade, ce qui ne posait évidemment aucun problème.

Beaucoup d'éditeurs ont joué au chat et à la souris, en publiant le patrimoine. Les Allemands n'étaient pas stupides : ils jouaient, eux, sur l'attribution de papier pour faire pression sur les éditeurs. Mais quatre années n'ont pas été suffisantes pour donner des résultats probants avec ces stratégies, sauf chez quelques éditeurs.

Dans votre ouvrage, vous considérez que l'accord entre Amazon et Hachette survenu en novembre 2014 est une victoire à la Pyrrhus pour la maison française, pourquoi ?

Aucun journaliste ne connaît les termes de cet accord, et ne peut dire s'il s'agit d'une victoire ou d'une défaite. Reprenons le conflit dans son ensemble : Hachette a beaucoup communiqué : d'abord, il a dit qu'il voulait en découdre avec Amazon, et qu'Amazon ne gagnerait pas, il a publié des communiqués extrêmement agressifs, notamment sur le site de Hachette Book Group. Quand on reprend tous ces communiqués les uns à la suite des autres, on se rend compte que le ton baisse au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'accord. Accord qu'Hachette, à la demande d'Amazon, n'a pas publié.

D'après moi, il s'agit véritablement d'une victoire à la Pyrrhus, donc d'une défaite : le conflit portait sur le prix de commercialisation des fichiers numériques de Hachette Book Group aux États-Unis, ou dans le reste du monde à partir de l'édition américaine de ses fichiers. On sait que la politique d'Amazon est de vendre le maximum d'objets, ce qui nécessite un prix d'appel le plus bas possible pour chaque objet. Amazon ne va gagner que quelques centimes par vente, mais, s'il y en a des millions, il va évidemment gagner beaucoup d'argent.

Or, Hachette, comme la plupart des éditeurs français, ne veut pas abaisser de manière trop importante le prix des fichiers numériques par rapport à l'édition papier. En clair, Hachette voulait continuer à vendre entre 12,99 $ et 19,99 $, selon l'épaisseur et le type d'ouvrage, les volumes devenus des fichiers numériques. Amazon, lui voulait harmoniser à 9,99 $, le prix d'appel le plus compétitif dans le monde. Je ne connais pas l'accord, mais on peut imaginer qu'il est beaucoup plus près du prix proposé par Amazon que du prix que désirait Hachette.

Comment expliquez-vous cette défaite, alors même que Hachette avait reçu le soutien de ses auteurs et d'une bonne partie du monde du livre ?

Je considère que c'est une reddition en rase campagne, mais je ne condamne pas Hachette : pendant 180 ans, la puissance de la librairie Hachette puis du groupe Hachette est telle qu'il arrive à triompher de tous les obstacles. Locaux, régionaux, nationaux et même européens en 2002-2004 quand ils se sont opposés à la Commission européenne. Mais il serait tout à fait fallacieux d'imaginer qu'Hachette a gagné en 2014. Comment pourrait-il gagner avec un chiffre d'affaires de 2 milliards €, par rapport à un géant qui en pèse 80 milliards en 2014 et sans doute plus en 2015 ? 

Les chiffres d'affaires cumulés des 10 éditeurs mondiaux atteignent une trentaine de milliards €, c'est-à-dire 40 % du chiffre d'affaires du seul Amazon. Les entreprises du Net sont colossales : Apple, c'est plus de 650 milliards €, avec 15 milliards € de bénéfices par trimestre. Hachette est un fétu de paille face à eux, et c'est ce qui m'a intéressé dans ce livre. Il me semble que la situation est grave, Hachette tente de se donner les moyens de trouver une brèche par où combattre cet empire, mais à ma connaissance, pour le moment, ils ne l'ont pas trouvé.

Le contrat d'agence, remis en place depuis quelques mois, et qui laisse à l'éditeur le soin de fixer le prix de vente des ouvrages, n'est-il pas la réponse aux règles que les acteurs du Web tentent d'imposer ?

Bien sûr, le contrat d'agence est un moyen de lutter, mais quelle est la stratégie d'Amazon ? Il s'agit d'une entreprise jeune, qui est avant tout un distributeur, le plus gros du monde, probablement. Il est ensuite devenu éditeur, avec la distribution de prix littéraires, et en encourageant l'autoédition. Ça veut dire qu'au même moment où il négocie avec Hachette, Macmillan ou Simon & Schuster, il tente de passer au-dessus de ces éditeurs en faisant la promotion de l'autoédition, c'est-à-dire se passer des éditeurs.

Premier prix Amazon de l'autoédition

Remise du premier Prix Amazon de l'autoédition (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Ces géants ont plusieurs stratégies, qu'ils mènent en parallèle : ils négocient avec les éditeurs, comme ils négocient avec les syndicats ou associations d'auteurs, mais leur objectif final est de casser le système. Jusqu'à maintenant, la Guilde des Auteurs aux États-Unis joue le jeu de l'édition traditionnelle, elle a demandé à ses auteurs de ne pas signer d'accord avec Amazon et de ne pas se faire autoéditer. Amazon propose 35 % de droits d'auteur, si vous avez un éditeur, et 70 % si vous faites de l'autoédition. Autant dire que vous pouvez gagner, au minimum, 7 fois plus qu'avec l'édition traditionnelle. Combien de temps les auteurs vont-ils résister à ce chant des sirènes ? Très peu de temps, à mon avis.

À Francfort, Arnaud Nourry a pourtant assuré que l'autoédition ne lui faisait pas craindre de perdre son métier...

Il y a deux aspects dans sa réponse, et le premier est en quelque sorte un satisfecit qui tient compte de l'histoire : l'autoédition n'a pas été inventée par les géants de la net économie, elle existe depuis plusieurs siècles, sous l'Ancien Régime, puis au XIXe et au XXe, et elle se poursuit avec Internet.

Sauf qu'il y a une véritable rupture si l'on considère l'histoire de Cinquante Nuances de Grey : voilà un ouvrage d'abord autoédité, qui passe ensuite à une forme intermédiaire entre l'autoédition sur Internet et l'édition, puis, comme il est repéré par un éditeur majeur, devient un livre ordinaire, publié. Il aura 40 ou 50 millions, non pas de lecteurs, mais d'acheteurs, des chiffres faramineux. S'il s'agit d'un événement isolé, un arbre ne cachera pas la forêt, mais si les cas se multiplient, je ne vois pas très bien comment l'autoédition ne deviendrait pas un raz-de-marée qui balaierait l'édition.

Le second aspect est celui des actionnaires : une entreprise privée ne vit qu'au temps que ses actionnaires continuent à acheter le titre Hachette et à le faire monter, ou en tout cas ne pas le faire baisser. S'il avait paniqué à Francfort, Arnaud Nourry aurait fait perdre 10 ou 15 % au titre Hachette, avant un effet boule de neige.

Prenons acte des déclarations d'Arnaud Nourry, souhaitons-lui, éventuellement, de trouver avec ses collègues les parades, mais, en tant que chercheur indépendant, je suis sceptique. Pour la première fois de ma carrière, je le suis parce que le poids économique de ces géants est tel que je ne vois pas comment les éditeurs vont trouver les moyens véritables de lutter. La radio aurait pu être un concurrent important pour l'édition, les éditeurs ont su trouver les parades, en l'utilisant pour la publicité, le théâtre radiophonique... La télévision aurait pu en être un autre : les éditeurs sont entrés au capital, ça n'a pas toujours été heureux — au fond, le dernier échec de Jean-Luc Lagardère, avec Silvio Berlusconi, fut avec la chaîne La Cinq, dont ils étaient actionnaires-propriétaires —, mais ils sont entrés. Le cinéma, aussi : les éditeurs ont su trouver les parades pour tous les concurrents. Mais là, ils ne disposent pas du trésor de guerre qui leur permettrait d'entrer au capital de ces sociétés.

Est-il donc trop tard pour la survie de l'édition telle qu'on la connaît aujourd'hui ?

Le fait de bien cerner un problème, et à ce sens mon livre peut être utile, peut permettre d'éviter des erreurs. Je ne crois pas qu'il soit trop tard, mais il faut trouver les moyens d'informer les lecteurs sur ce qui fait la différence entre l'autoédition et l'édition. Pour le grand public, au fond, il n'y a pas de raison que les éditeurs prennent un bénéfice : si quelqu'un a eu l'intelligence ou l'imagination pour écrire un roman, au fond, autant qu'il soit publié le plus vite possible. Ce qui est totalement faux, car il n'existe pas de romancier qui donne son roman directement à l'imprimeur. L'édition est un travail collectif, celui des directeurs de collection, des lecteurs, des correcteurs, tous ces gens qui vont faire que le texte que produit l'écrivain devienne un véritable livre. Le grand public vit sur l'idée fausse que les écrivains écrivent des livres : un poète écrit des poèmes, un dramaturge écrit des pièces de théâtre, et un romancier des romans, mais l'éditeur les transforme en livre.

Aux éditeurs de prouver que leur rôle est irremplaçable, ce qui veut dire qu'il faut cesser de promouvoir certains livres comme des paquets de lessive : il faut se souvenir que l'éditeur est un offreur, et non pas quelqu'un qui suit la demande. C'est quelqu'un qui anticipe les besoins, les désirs du public, qui est prêt à faire confiance à ceux qui dérangent, qui perturbent. Parce qu'elle est une industrie de prototype, l'édition doit continuer à accorder toutes les facilités aux jeunes pour écrire, et pas seulement publier et aider ceux qui vendent bien, même s'il est évident que ceux-là aussi ont leur rôle à jouer. La situation, si l'on se place du côté des auteurs, est dramatique : il y a de moins en moins de possibilités pour quelqu'un qui n'a pas un nom connu de devenir un écrivain digne de ce nom. Souvenons-nous, il y a un an et demi, des 600.000 exemplaires vendus du livre de Valérie Trierweiler : ce n'est pas tellement parce qu'elle raconte ses aventures avec le président, mais plutôt parce qu'elle a un nom. On n'a pas acheté un livre qui a une valeur littéraire, sociologique ou ethnologique, on a acheté son nom. Et probablement sans avoir lu le manuscrit. 

Nous apprenons aujourd'hui qu'Amazon ouvre sa première librairie physique à Seattle, constituée à partir du jugement des acheteurs : les livres qui ont deux, trois ou quatre étoiles vont être les seuls à être présentés sur les rayonnages. Cela veut dire qu'on fait confiance au consommateur pour dire quels sont les meilleurs livres. À ce prix, jamais La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II de Fernand Braudel n'aurait eu le moindre lecteur puisqu'il s'en était vendu 120 exemplaires en une dizaine d'années. Jamais Le Rouge et le Noir de Stendhal n'aurait pu être lu, puisqu'il n'avait pas eu 500 lecteurs lorsqu'il a été publié.

Finalement, les éditeurs ont tout intérêt à continuer à appliquer la fameuse règle de Diderot en 1763 : sur 10 livres publiés, 5 ne rapporteront jamais rien, 4 couvriront leurs frais et un seul va rapporter de l'argent...

L'extraordinaire PDG de Fayard qu'était Claude Durand a toute sa vie expliqué que c'est le fonds qui nourrit une maison d'édition, et c'est pour avoir fait confiance à un certain nombre d'auteurs qui risquaient de ne pas vendre beaucoup d'exemplaires qu'ils ont fini par couvrir leurs frais. C'est, il me semble, incompatible avec la politique menée aujourd'hui par trop d'éditeurs qui se contentent de promouvoir les valeurs sûres. L'investissement se réduit, et on assiste à Paris à une véritable coupe dans les catalogues des maisons d'édition. On ne propose plus de contrat aux auteurs dont les livres ne se sont pas assez vendus et on propose le maintien ou la poursuite des contrats uniquement à ceux qui font gagner beaucoup d'argent à la maison. Il ne s'agit pas de demander aux éditeurs de devenir des mécènes ou des philanthropes, simplement de maintenir cette règle de l'équilibre.

La baisse des tirages et la hausse des titres publiés observés en 2014 ne sont-ils pas le signe d'un investissement dans plus de livres, justement ?

Si l'on se contente d'une analyse quantitative, on pourrait dire que les éditeurs investissent sur l'avenir en publiant plus de titres, mais une analyse qualitative permet de se rendre compte que les éditeurs appliquent une vieille recette du monde de l'économie qui consiste à assécher le marché en y mettant le maximum de productions du même genre pour éviter que les concurrents ne viennent sur ce marché. Il n'y a pas eu de multiplication de l'offre, il y a simplement eu augmentation colossale du nombre de titres.

D'ailleurs, ce ne sont pas forcément les grandes maisons d'édition qui publient plus : L'Harmattan, qui ne publie jamais un livre à plus de 300 ou 500 exemplaires, essentiellement des thèses, est pratiquement le premier imprimeur, qui publie plus de 2500 titres par an. N'oublions pas non plus les petits éditeurs, très nombreux. Le tout réuni fait qu'en France, qui n'a pas une démographie galopante, nous sommes passés d'environ 40.000 titres par an à 70.000 titres, nouveautés et réimpressions. 70.000, ce n'est absolument pas réaliste. On a doublé une pseudo-offre, mais comme le nombre d'acheteurs n'augmente pas, et c'est le tirage qui s'en est ressenti.

Hachette investit massivement dans le développement d'un standard pour le livre numérique, et milite pour l'interopérabilité des ebooks : cette attitude vous semble-t-elle encouragée par une forme de riposte contre Amazon ?

Lorsque l'on voyage, on se balade avec un adaptateur pour les prises électriques, ne serait-ce que pour recharger le téléphone ou le rasoir électrique. D'un point de vue de la logique, on préférerait avoir une interopérabilité pour pouvoir passer de Kindle à Kobo ou un autre acteur. Amazon souhaite garder le marché du Kindle, mais sur ce point précis, Hachette a raison. Et à mon avis, Amazon ne s'entêtera pas : pour le moment, la chasse est gardée, mais le jour où il verra un risque de perdre des clients, il acceptera l'interopérabilité. 

Quant aux investissements de Hachette dans la définition des standards, j'y vois surtout une tendance naturelle. Les éditeurs ont investi dans les imprimeries à l'époque où le livre était en papier : une des plus grosses imprimeries de France, Brodard et Taupin, était la propriété à 100 % de la maison Hachette, de la même manière que Louis Hachette avait investi dans les papeteries d'Essonne, devenues les usines Darblay, la plus grosse papeterie du monde en 1900. Il y a toujours eu une volonté des éditeurs de contrôler le marché en amont et en aval, de la production du papier jusqu'à la diffusion et la vente des livres au détail. C'est une manière d'être présent sur un marché diversifié, dans une logique économique. Si les éditeurs parvenaient à s'emparer de la totalité des fabricants de liseuses, alors ils auraient une réponse, pour un moment. J'ajoute « pour un moment », car Amazon créerait sans doute un autre support, avec la capacité d'influencer le marché.

Vous évoquez finalement peu Arnaud Nourry dans votre ouvrage : que pensez-vous de sa carrière et de sa gestion ?

Oui, j'en parle peu, car j'évite d'abord de faire des personnalisations. J'ai connu plusieurs PDG de Hachette, notamment Jean-Louis Lisimachio, dont Arnaud Nourry était le bras droit. Il était alors le PDG du groupe Foucher-Didier, des maisons d'édition scolaire, et au moment du rachat de 40 % de Vivendi, en 2003, il y a eu un désaccord stratégique entre Arnaud Lagardère et une partie de son équipe, il a écarté Lisimachio au bénéfice d'Arnaud Nourry, devenu le PDG de l'ensemble du groupe. Arnaud Nourry, comme Lisimachio, fait partie des anciens d'HEC ou de l'Essec, des professionnels du management qui connaissent parfaitement les règles de l'économie, parlent et lisent parfaitement l'anglais.

Arnaud Nourry a su, jusqu'en 2006, conduire une véritable transformation au sein de Hachette : lorsqu'en 2003-2004, il reprend 40 % d'Editis, Hachette est essentiellement français, même s'il est présent aux États-Unis avec Grolier, sans grand succès, et en Espagne par Salvat, qui est plus cohérent, et quelques filiales en Amérique du Sud et Angleterre. Mais tout l'effort d'Arnaud Nourry va consister à racheter toutes les maisons d'édition du bassin anglophone, voire hispanophone, qui sont disponibles. Il va réussir ce coup de génie en 2006, au moment où s'écroule le géant né en 1998, AOL Time Warner : AOL revend Time Warner Book Group et Hachette s'en empare. Comme il a déjà racheté les maisons d'édition disponibles en Angleterre, Australie et Nouvelle-Zélande, il devient le numéro 1 en Grande-Bretagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, et le numéro 2 du trade aux États-Unis, derrière Bertelsmann avec Penguin Random House.

Arnaud Nourry, PDG de Hachette Livre - Frankfurt Buchmesse 2015

Arnaud Nourry, en octobre 2015 à Francfort (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Avant l'apparition des GAFA, Arnaud Nourry a mené une stratégie cohérente à laquelle on ne peut que rendre hommage. Aujourd'hui, Hachette réalise 1/3 de son chiffre d'affaires en France, contre 2/3 dans le reste du monde. Il a même jeté des têtes de pont en Inde, en Asie, en Chine, on peut dire qu'il y a eu une bonne perception de ce qu'il se passait. Mais l'apogée était peut-être proche du périgée : au moment même où Hachette était au summum de sa puissance, il rencontre beaucoup plus fort que lui, avec l'apparition de ces géants du Net.

Vous évoquez dans votre livre l'influence qu'a su exercer Hachette sur les différents régimes politiques, cette influence se maintient-elle aujourd'hui ?

Pour l'influence sur le gouvernement, je ne suis pas tout à fait sûr que François Hollande ait apprécié le fait que le PDG des Arènes ait signé un accord exclusif de distribution avec Hachette au mois de juillet 2014, quelques semaines avant de produire Merci pour ce moment. François Hollande sait pertinemment que si Les Arènes ont gagné de l'argent en éditant Valérie Trierweiler, c'est Hachette qui en a gagné le plus en diffusant et en distribuant...

Le Bureau du SNE à l'Elysée.  Crédits photo © Présidence de la République - L. Blevennec

Mais, pour autant, on sait que le groupe Hachette est capable de développer ses antennes du côté du ministère de la Culture et de Fleur Pellerin, il l'a fait sous tous les gouvernements : la monarchie, l'Empire, la III, la IV, la Ve République, il continuera demain sous la VIe s’il y en a une un jour. Il y a donc un maintien de cette stratégie, mais elle est désormais mondiale, puisque l'Europe ne représente plus que 45 % de son chiffre d'affaires environ. Les défis ne sont plus au niveau de la France, ou même de l'Europe, ils sont mondiaux : même si Hachette regarde les éventuelles modifications européennes du droit d'auteur, il s'intéresse bien davantage aux mutations à l'échelle planétaire. Hachette est plus intéressé par l'Asie, en Chine et dans le sous-continent indien : ces marchés ont un énorme potentiel. La Chine a déjà deux groupes dans le top 10 des plus gros éditeurs mondiaux.

Si l'on parle beaucoup d'Amazon, l'ennemi public numéro 1, pour Hachette, semble bien être Google...

J'ai osé la comparaison entre les GAFA, Google, Amazon, Facebook et Apple, et les 4 Cavaliers de l'Apocalypse, mais Google demeure effectivement l'ennemi numéro 1, parce qu'il a numérisé dans les années 2000, jusqu'à la fin des années 2010, des millions d'objets imprimés : des livres, photographies, partitions... Google a passé des accords avec de grandes universités et bibliothèques, jamais publiés : pour les connaître, il a fallu qu'un cabinet d'avocats lyonnais fasse un procès à la Ville de Lyon, qui avait signé un accord avec Google pour la Bibliothèque municipale de Lyon. Le cabinet a gagné, ce qui a permis de connaître la teneur des accords.

Google s'est arrangé pour numériser le contenu des bibliothèques à l'aveugle, car une numérisation au cas par cas coûterait trop cher. Mais il n'a pas fait le tri entre domaine public, les oeuvres qui ont un auteur et dont la propriété littéraire appartient à une maison d'édition, et les oeuvres orphelines. Selon le principe de l'opt-out, Google attendait que les éditeurs réagissent, ce que Hachette a fait : c'était un peu un retour au XVIIIe, quand L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert est contrefaite à Genève, à Lausanne, à Iverdon et dans d'autres villes. Et Hachette a raison.

La politique de Google en la matière n'est pas très claire : on s'est demandé si cette fièvre de la numérisation n'était pas un moyen de se constituer un catalogue extraordinaire d'oeuvres dans le domaine public, ou orphelines, dont il serait le seul à pouvoir commercialiser les fichiers. Google, non pas en tant que moteur de recherche, mais en tant qu'entreprise pouvant se transformer en éditeur à la carte, en distributeur et en libraire, représente une véritable menace. Et quand les tribunaux américains semblent lui donner raison face à la Guilde des Auteurs, il y a une brèche qui rend le terrain des éditeurs de plus en plus instable. 

Accord numérisation Google Books - Hachette Livre

En 2010, Hachette signait avec Google Books une série d'accords pour la numérisation de ses livres

(ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Pour quelle raison Google s'est-il emparé des chantiers de numérisation dans le monde entier ?

Avec mon ami Robert Darnton, directeur des bibliothèques d'Harvard jusqu'au mois de mai dernier, et Roger Chartier, professeur au Collège de France, nous nous sommes réunis à de nombreuses reprises avec un projet utopiste : faire en sorte que dans chaque pays la Bibliothèque nationale devienne la bibliothèque numérique du pays et qu'ensuite on interconnecte toutes ces bibliothèques pour avoir une vraie bibliothèque numérique. 

Ca me laisse un regret très amer, parce qu'au début des années 1990, lorsque la BnF a été transférée de la rue de Richelieu à Tolbiac, il y avait un projet de numérisation à marche forcée : j'ai signé en 1991 avec Fayard un contrat autorisant la BnF à numériser gratuitement L'Argent et les lettres: Le capitalisme d'édition (1880-1920) que j'avais publié trois ans auparavant [chez Fayard, NdR], à des fins de recherche. Ce contrat n'a jamais été honoré : quand la nouvelle BnF a ouvert en 1998, elle aurait dû avoir 100.000 volumes numérisés, elle n'en avait quasiment aucun. 

Je n'accuse pas ces grands groupes : si la BnF avait numérisé, jamais Google ne se serait intéressé à cette question. La nature a simplement horreur du vide, et ces entreprises ont comblé des vides. Il existe, pour la recherche, un certain nombre de bibliothèques numériques publiques : il existe Gallica, aujourd'hui Gallica 2, Europeana, la Bibliothèque électronique du Québec, aux États-Unis toute une série de bibliothèques publiques numérisées. Aujourd'hui, la plus grande bibliothèque du monde est possédée par une firme dont la logique est de faire de l'argent, ce qu'on peut difficilement lui reprocher. 

Nos collègues chinois nous ont expliqué qu'ils ont décidé de numériser sous l'autorité de la bibliothèque nationale de Pékin la totalité de leur patrimoine : ils ont commencé par les textes sur rouleau, et progressent ainsi. Ils ont des missions à Paris, à New York, à Londres, qui dépensent de l'argent pour numériser tous les manuscrits ou livres chinois qui sont possédés par les différentes bibliothèques. Ils n'ont pas voulu laisser Google entrer et je pense qu'ils ont raison, même si on ne sait toutefois pas si leur bibliothèque numérique sera en accès gratuit ou payant.

Jean-Yves Mollier (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

 

Par Antoine Oury
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Le roman biographique a un double avantage : le premier est de découvrir la vie d’un auteur connu ou non, et le deuxième, de lire cette vie comme un roman. Un perdant superbe, de Thierry Poyet (Chum éditions) offre ce double avantage avec un petit plus : une approche de l’Histoire par ceux qui l‘ont vécu. Propos recueillis par Christian Dorsan. 

04/11/2025, 10:58

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Les coulisses d’OPlibris : “L’autonomie ne suffit pas, il faut la solidarité” – Éric Sevault

Dans un bureau partagé où se croisent éditeurs indépendants, militants du texte et artisans du code, le collectif Smolny poursuit son aventure d’édition libre. Rencontre avec Éric Sevault, qui raconte comment la maison s’est engagée dans l’aventure d’OPlibris, le logiciel coopératif imaginé pour moderniser la gestion éditoriale… sans renier ses principes.

30/10/2025, 11:12

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Mirinae Lee : "Je suis coréenne… et j’ai pourtant écrit en anglais"

Paru chez Phébus, traduit de l’anglais par Lou Gonse, le premier roman de Mirinae Lee arrive en France après avoir été dans la sélection du Women’s Prize for Fiction 2024 et lauréat du William Saroyan International Prize for Writing. Il tresse la grande histoire coréenne et l’art très humain de survivre par le récit. Voici, à partir de notre échange, son autoportrait et les coulisses d’un livre « roman‑en‑nouvelles » porté par une héroïne… mangeuse de terre.

29/10/2025, 16:56

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"L’avenir des langues régionales se joue désormais à l’école"

Il y a peu, ActuaLitté rendait compte du rapport du Sénat alertant sur une « disparition imminente » des langues régionales. La sénatrice de Loire-Atlantique Karine Daniel, co-rapporteure de la mission sénatoriale d’évaluation de la loi Molac (protection et promotion des langues régionales), revient avec nous sur les travaux conduits aux côtés de Max Brisson.

27/10/2025, 17:52

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Les coulisses d’OPlibris : “Mutualiser, c’est gagner du temps” – Chloé Pathé

Au fil des Assises de l’édition indépendante, Chloé Pathé découvre OPlibris : une plateforme née du terrain, conçue pour alléger la gestion quotidienne et donner des outils communs aux éditeurs indépendants. Entre rigueur et solidarité, la fondatrice d’Anamosa y voit plus qu’un logiciel : une manière de transformer la mutualisation en politique éditoriale, de gagner du temps sans perdre en liberté, et de faire du collectif une force concrète face aux vents contraires.

22/10/2025, 17:05

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Sylvain Forge : “La technologie ne donne pas de sens, elle offre des distractions”

L’homme a toujours été préoccupé par la mort. Quel sens donner à sa vie quand on ne connait pas l’échéance, et si nous connaissions celle-ci, que ferions-nous du temps restant ? Oracle est une application qui vend cette information à ses clients et si certains acceptent ou changent de vie, d’autres adoptent un comportement violent.

17/10/2025, 15:23

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“Écrire est un artisanat” : entretien avec Pierre Jourde

Connu pour son approche critique des auteurs contemporains, mais aussi pour ses récits intimistes, comme Pays perdu (L’Esprit des Péninsules, 2003), Pierre Jourde est également docteur ès Lettres, spécialisé dans l’œuvre de Huysmans, fin connaisseur des écrivains décadentistes. Rien de surprenant, donc, à ce que ce nouveau et volumineux roman prenne place à la fin d’un XIXème siècle marqué par un positivisme étouffant, mais aussi par un retour à l’occulte, au mystère. Un entretien mené par Étienne Ruhaud.

16/10/2025, 10:35

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Oser Dostoïevski : trois ans avec les Frères Karamazov

S’attaquer à un monument - certains diront le plus grand roman du monde - il faut oser. Après André Markowicz, dont la traduction des Frères Karamazov chez Actes Sud demeure une référence depuis 2001, et Emma Lavigne, qui a livré la sienne pour Gallmeister, c’est au tour de Sophie Benech de se confronter au géant russe. La traductrice signe chez Zulma une nouvelle version de ce texte vertigineux, résultat de près de trois années de travail.

15/10/2025, 17:31

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Mariana Enríquez : “Ce monde est profondément bizarre”

Mariana Enríquez vient de publier, toujours aux éditions du Sous-Sol (trad. Anne Plantagenet), Un lieu ensoleillé pour personnes sombres. Avec ce recueil de nouvelles hantées par l'absence, les fantômes, et marquées en sous-terrain par une réalité brutale, elle confirme sa place parmi les auteurs et autrices qui comptent dans la littérature mondiale contemporaine. De passage en France pour la promotion du livre, elle a échangé avec nous sur l'étrangeté du quotidien, sa vision de l'écriture, les fantômes et la musique.

15/10/2025, 16:03

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Cosey : “Je préfère une histoire d’amour à un complot intergalactique”

Dans un café de la rue Vieille-du-Temple, Cosey parle doucement, presque à mi-voix. Il pèse chaque mot comme s’il dessinait encore, sur la nappe de papier, les contours d’un souvenir. Son regard se pose parfois sur la tasse, parfois au loin. Il évoque Yiyun, sa nouvelle bande dessinée publiée au Lombard, avec la même précision tranquille qu’il accorde à ses planches : un geste lent, mesuré, presque méditatif.

14/10/2025, 11:25

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Nicolas Framont : “Il faut que la classe dominante ait peur”

Évoquer Luigi Mangione, ce jeune beau gosse devenu symbole, après l’assassinat d’un PDG américain, c’est s’aventurer sur une ligne de crête, là où la colère sociale flirte avec la violence politique. Où beaucoup préfèrent détourner le regard, Nicolas Framont, cofondateur de la revue Frustration, choisit d’y plonger. Dans Saint Luigi, il affronte ce geste sans complaisance, avec un style direct. Un texte fort, à la fois nourri par des faits édifiants et par son propre parcours — entre l’accompagnement de la fin de vie de sa grand-mère, et son expérience de conseiller parlementaire.

13/10/2025, 11:09

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Le Verdict, de Franz Kafka, traduit par Jean-Philippe Toussaint : l’éclipse du monde

Par une nouvelle version parue chez Minuit (octobre 2025), Jean-Philippe Toussaint nous offre du Verdict un texte hypnotique où sa langue redouble celle de Kafka à la faveur d’une clarté portée au carré par le jeu de la traduction, si l’on veut. Cela est d’autant plus vrai qu’à la nouvelle en question succèdent des mots de l’auteur-traducteur lui-même, en forme de commentaire lumineux.

13/10/2025, 10:53

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“La fiction permet de rendre visibles ceux qu’on a oubliés”

Il parle d’une voix douce, presque retenue, comme si chaque mot devait d’abord traverser la mémoire avant d’atteindre le présent. Alexandre Courban ne revendique pas un passé, il le reconstruit, patiemment, avec les outils de l’historien et la sensibilité du romancier. Chez lui, l’histoire n’est pas une matière figée : elle palpite encore sous la surface du récit.

13/10/2025, 10:23

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Stéphanie Pérez : “Écrire, c’était apprendre à respirer autrement”

Sous la plume de Stéphanie Perez, Le Gardien de Téhéran devient bien plus qu’un récit historique : une méditation sur la mémoire, la beauté et la fidélité à ce qui nous élève. À travers le regard d’un homme simple, l’autrice rend hommage à tous ceux qui, dans les moments les plus sombres, choisissent de sauver la lumière. Lauréate du Prix Littérature Lire en Poche 2025, elle revient sur les origines de ce texte où s’entrelacent l’Histoire, la mémoire et la lumière fragile de l’art.

 

12/10/2025, 13:22

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"On ne doit jamais traiter les gens sans dignité"

À la soirée d'inauguration de la Fête du Livre de Saint-Étienne, le public a assisté au double triomphe d'un auteur local. Pierre Mazet a remporté coup sur coup le Prix Claude-Fauriel et le Prix Lucien-Neuwirth pour son roman L’Inconnu des barricades, paru aux éditions du Caïman. Des distinctions hautement symboliques, attribuées à un écrivain discret, humble, mais tenace, dont le parcours – fait de patience, d’humanité et d’attachement à ses origines – incarne à merveille l’esprit stéphanois.

11/10/2025, 18:33

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“Arrêter le temps, c’est vivre pleinement” : la philosophie SF de Lou Jan

Autrice autodidacte et passionnée, Lou Jan s’est imposée en quelques années comme une voix singulière de la science-fiction française. Derrière son apparente douceur se cache une écriture ramassée, nerveuse, traversée par une quête philosophique : comprendre ce que le temps, l’amour et le corps disent de notre humanité. Rencontre avec une romancière qui se définit elle-même comme « une autrice de blanche qui écrit de la science-fiction ».

11/10/2025, 10:03

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“Écrire pour la jeunesse, c’est écrire pour des âges où tout bouge” - Timothée de Fombelle et François Place

Sous le chapiteau du salon Lire en Poche, la conversation entre François Place et Timothée de Fombelle a des airs de franche camaraderie, autant que de retrouvailles complices. Deux voix majeures de la littérature jeunesse, deux artisans des mots et des images qui se retrouvent avec la bienveillance de vieux compagnons de route.

10/10/2025, 14:36

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“Pour favoriser l'accès au livre, la cité doit être nourrie par des librairies”

Cette année, la ville de Gradignan célèbre la vingtième édition de son festival Lire en Poche : une ville qui se raconte par ses livres, et le pari d'une ville qui lit, nous raconte le maire, Michel Labardin. Il revient avec nous sur l’histoire de la manifestation, où politique et culture ne font qu'un – et reflètent le rapport de l'édile à la lecture : un socle commun, pour faire société.

10/10/2025, 11:52

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“Devenir le visage de la littérature centrafricaine”

De loin, on ne peut pas deviner l’énorme énergie que déploie Landry Ouoko Delombaut pour faire évoluer le livre dans son pays : la République centrafricaine. À Bangui, il crée une maison d’édition, anime un réseau de clubs de lecture, coordonne des rencontres littéraires, active de petits points de vente… Propos recueillis par Agnès Debiage (ADCF Africa).

07/10/2025, 10:18

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"Quand on écrit un premier roman, on vous prépare à l’invisibilité"

Avec son premier roman, Il pleut sur la parade (Gallimard), Lucie-Anne Belgy s’impose d’emblée comme une nouvelle voix littéraire à suivre. Finaliste du prestigieux Prix des Deux Magots, elle explore avec justesse les complexités des couples mixtes, des héritages culturels et des fragilités familiales.

02/10/2025, 18:38

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Avec Voyage, voyage, Victor Pouchet transforme le deuil en odyssée intime

Finaliste du Prix des Deux Magots 2025, Victor Pouchet signe avec Voyage, voyage (L'Arbalète), son cinquième roman, un road novel tendre et mélancolique : après une fausse couche, Orso et Marie fuient Paris, à bord d’une vieille Nevada. Rien à voir avec le tube de Desireless - sinon cette intuition : pour survivre, il faut parfois partir très loin, même à deux heures de chez soi.

01/10/2025, 18:05

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"La jeunesse irakienne ne veut plus rien avoir à faire avec la guerre"

Finaliste du Prix des Deux Magots 2025, Feurat Alani publie à la rentrée littéraire chez JC Lattès, Le ciel est immense. Ce roman, traversé par la mémoire, l’Histoire et l’absence, raconte la quête d’un neveu pour retrouver la trace de son oncle Adel, pilote disparu en 1974. Après avoir livré un récit journalistique avec Le parfum d’Irak, l’auteur choisit cette fois la fiction pour tenter de combler les trous laissés par les non-dits. Rencontre avec un écrivain qui fait dialoguer intime et collectif, réalité et imaginaire.

30/09/2025, 16:24

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Joseph Incardona, la rage du roman et la tendresse au cœur du noir

Finaliste du Prix des Deux Magots 2025, Joseph Incardona publie chez Finitude Le monde est fatigué, un récit tendu où l’intime se frotte au politique, où l’action épouse la pensée, où un corps éprouvé garde pourtant ses secrets.

29/09/2025, 18:19

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Éditions Basset : une maison d’édition face au crime organisé

La rentrée littéraire 2025 est un bon cru avec la première parution chez Basset Éditions, maison dirigée par Brünhilde Delhommeau, de Dans les coulisses de la ‘Ndrangheta de Gabriella Marà. Cette nouvelle maison d’édition souhaite publier des essais, des enquêtes sur les organisations criminelles, avec une vocation internationale. 

29/09/2025, 10:17

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“Écrire un roman, c’est comme résoudre un grand puzzle. Et j'adore les puzzles”

Le Prix du roman Fnac 2025 vient d’être attribué à Les Éléments de John Boyne (éd. JC Lattès, trad. Sophie Aslanides). Un roman en quatre volets qui scrute sans complaisance la mécanique des violences et l’héritage psychologique qu’elles laissent derrière elles. Et la possibilité de rompre — ou non — le cycle des abus.

22/09/2025, 17:17

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Orson Welles et Cioran par Anca Visdei, Goncourt de la biographie

J’ai d’abord entraperçu la tête massive d’un certain Orson Welles sur la couverture d’un livre. Intrigué, je me suis approché. Puis mon regard est tombé sur un autre visage, plus pointu : celui d’Émile Cioran. Deux géants, deux faces antagonistes, et une même biographe, Anca Visdei. Lauréate du Prix Goncourt de la biographie 2025 pour sa peinture d'un « gai désespoir », elle est présente cette année au festival Livres dans la Boucle de Besançon, où elle déploie son énergie, sa verve et son esprit peu commun.

20/09/2025, 13:33

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Simon Chevrier, Goncourt du premier roman : "Chaque mot est pesé"

Je ne l’ai pas reconnu tout de suite. Sur les photos officielles, Simon Chevrier arborait un buzzcut impeccable. Le voilà maintenant avec pas mal de cheveux, et toujours ses yeux verts perçants. Invité au festival Livres dans la Boucle, l’auteur de 32 ans, couronné par le Prix Goncourt du premier roman 2025, revient sur l’aventure de son texte, Photo sur demande, récit cru et vibrant sur la solitude, le deuil et les relations tarifées, à Toulouse, à l’ère du Covid et des applications de rencontre.

19/09/2025, 21:00

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Louis-Henri de La Rochefoucauld : "Les sentiments purs ont de l’avenir"

Invité du festival Livres dans la Boucle de Besançon, Louis-Henri de La Rochefoucauld présente son dernier roman, publié en cette rentrée littéraire chez Robert Laffont, et déjà lauréat du Prix Cabourg du roman, L’Amour moderne. L’écrivain et critique littéraire réhabilite le vaudeville, et croque un univers de faux-semblants, de passions contrariées et de pouvoir masculin vacillant, en héritier à la fois de Balzac, de Sagan et des moralistes du XVIIe siècle, en digne descendant de son illustre aïeul. 

19/09/2025, 17:03

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Les Sandales d’Empédocle, une librairie au cœur de Livres dans la Boucle

À Besançon, la librairie Les Sandales d’Empédocle avance en terrain connu. Partenaire de longue date du festival, elle s’installe à nouveau dans la mécanique bien huilée de Livres dans la Boucle : répartition des auteurs, équilibre entre plateaux, circulation dans les lieux culturels de la ville. Laëtitia, libraire, raconte ce qu’elle voit remonter de la rentrée…

17/09/2025, 12:45

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"Ce n’est pas qu’on n’aime pas Carrère ou Mauvignier, c’est qu’ils n’ont pas besoin de nous"

Créé le 7 décembre 1933, le même jour que la remise du prix Goncourt à André Malraux, le prix des Deux Magots compte aujourd’hui parmi les plus anciennes distinctions littéraires françaises. En près d’un siècle d’existence, il n’a toutefois connu que trois présidents : l’extravagant Henri Philippon, le passionné (de Paris) au nom d'empereur Jean-Paul Caracalla, et depuis 2018, le distingué Étienne de Montety. Après le décès de l'auteur et l’éditeur en 2019, ce dernier a proposé à sa fille, Laurence Caracalla, de rejoindre le jury. 

16/09/2025, 18:51

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Biblis en folie : donner à voir “l'éclectisme et la modernité” des bibliothèques

Les 3, 4 et 5 octobre 2025, le ministère de la Culture organise la 2e édition des Journées nationales dédiées aux bibliothèques et aux médiathèques, Biblis en folie. L'occasion de célébrer l'offre multiple et innovante des établissements, dont la fréquentation ne cesse d'augmenter. Mais aussi d'aborder les défis persistants en matière d'accès à la culture, dans un entretien avec les services du ministère de la Culture.

08/09/2025, 10:11

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Des appels au Sénat et à l'Assemblée pour aider les librairies face aux bailleurs

Commerces fragiles en raison d'un rapport de force défavorable avec la distribution, les librairies sont par ailleurs confrontées à des hausses de leurs charges fixes particulièrement importantes. Les montants des loyers deviennent ainsi de sérieuses menaces pour la survie de ces commerces, dénonce Pascal Deynat, docteur en ichtyologie et libraire au sein du groupe Gibert Joseph. Il a déposé des pétitions auprès du Sénat et de l'Assemblée nationale, afin de pousser les pouvoirs publics à encadrer les loyers des établissements commerciaux. Il revient sur sa démarche dans une tribune.

19/11/2025, 11:23

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“Terriblement plausible, ce roman m’a glacé” : les lectures inoubliables de Vivlio

PORTRAIT – ActuaLitté est allé à la rencontre des équipes de Vivlio, l’alternative française à Amazon et Kobo, avec une idée fixe (wouaf !) : leur proposer de présenter un livre inoubliable. Fameux défi. Julien Simon aura mis du temps à choisir le sien. Normal, sans doute, pour quelqu’un qui vit entouré de textes du matin au soir. 

19/11/2025, 10:20

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De la critique mimétique et de l’illusion du foisonnement

Alexandre Lacroix (Philosophie Magazine) tance la prose « formatée Goncourt » de Mauvignier, dans La maison vide. Jean Marc Proust (Slate.fr), sans appréciation particulière du roman, trouve que cette qualité stylistique devrait être la norme, et que cette fausse bonne surprise témoigne « de la grande pauvreté de la production romanesque contemporaine. » Par Laurent LD Bonnet.

19/11/2025, 08:22

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“On nous a volé notre retraite !” : la colère noire des artistes-auteurs après 40 ans de mensonges

« Je viens de recevoir ma notification de retraite », écrit Éric Marquefave, dans un message qui oscille entre consternation et écœurement. Dans une tribune, ce photographe et vidéaste partage ses ressentis, sous le titre “Agessa, le pillage silencieux”. Ou comment l'Agessa a trahi les artistes auteurs avec la complicité des pouvoirs publics. Le gigantesque hold-up social orchestré au nom de la « gestion collective ».

18/11/2025, 15:34

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Traduction littéraire : un métier essentiel, sans filet de sécurité

Exclus de l’assurance-chômage et soumis à une précarité croissante, les artistes-auteurices pourraient enfin bénéficier d’un filet de sécurité grâce à la proposition de loi instaurant une allocation minimale équivalente à 85 % du SMIC entre deux activités. Une mesure clé dans un secteur fragilisé par la baisse des revenus, l’intensification du travail et la pression de l’IA. Par Rose Labourie, traductrice littéraire de l’allemand vers le français.

17/11/2025, 12:32

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“Nous ne sommes pas des sous-travailleurs” : une illustratrice dénonce la précarité du secteur

Illustratrice en jeunesse, en presse et récemment en bande dessinée, Bérengère Delaporte décrit un métier créatif privé de protections essentielles : absence de chômage, droits sociaux difficiles à faire reconnaître, rémunérations non encadrées et retards de paiement systématiques. Son parcours met en lumière la précarité qui pèse sur les artistes-auteurs, contraints de supporter seuls les erreurs administratives, les aléas personnels et une insécurité financière permanente.

17/11/2025, 07:00

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À Périgueux, une classe transforme Alice au pays des merveilles en aventure gourmande

Le vendredi, les élèves des écoles périgourdines se rendent au festival du livre gourmand. Tout un programme d’activités qui les attend, avec des jeux, des animations et bien d’autres. Devant nous, une partie de la classe de CP et CE1 de l’école Simone Veil se réunit autour d’un jardin… extraordinaire, bien entendu.

16/11/2025, 10:52

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À quoi bon élever des enfants pour “leur faire manger du ramen dégueulasse” ?

Le Festival du livre gourmand de Périgueux, s’ouvrait sur deux démonstrations culinaires ont révélé des conceptions du goût aussi éloquentes que singulières. Un beurre miso présenté par le Parisien Simon Auscher et le fricando, recette de la Catalane Maria Nicolau. L’occasion de parler d’alimentation… autant que d’amour. 

15/11/2025, 11:07

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“Aller au-delà de la bouffe” : les confidences inattendues de Pierre Gagnaire

La table ronde inaugurale du Festival du Livre Gourmand 2025 a offert un moment suspendu, presque intime, où quatre voix singulières ont esquissé une vision nuancée de la gastronomie contemporaine. Dans l’amphithéâtre, Pierre Gagnaire, Jean-Robert Pitte, Antoine Cristau et Stéphane Servain ont mêlé souvenirs, convictions et images éclatantes d’un monde culinaire en mutation. Et l’on aurait dit que, par instants, le plaisir – ce mot si simple, si essentiel – guidait chacun de leurs pas.

14/11/2025, 19:52

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Antonin Artaud à Rodez : vision gnostique contre raison psychiatrique (les électrochocs)

Kabhar Enis – Kathar Esti est le premier grand texte écrit par Antonin Artaud à Rodez après les électrochocs. Entre histoire mouvementée du manuscrit, analyse détaillée de ce « chant gnostique » et mise en cause du regard psychiatrique du fameux Dr Ferdière, le comédien et auteur passionné du Mômo, Ilios Chailly, montre combien ce texte, trop vite rangé du côté du délire, révèle au contraire un Artaud cohérent, informé et métaphysiquement rigoureux.

14/11/2025, 16:01

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“Partez. Barrez-vous. Sauvez vos livres” : comment l’édition agonise (et qui y croit, coule avec elle)

TÉMOIGNAGE - « OnlyFans ou le Bois de Boulogne. Ce sont là mes dernières options. Je suis éditrice. Voici mon histoire. Elle est authentique. » Coucou, c’est Victoire. Un peu défaite, c'est certain. Vous vous souvenez ? L'éditrice qui, pour sauver sa boîte, hésite entre la peste et le choléra ? Non ? Vous n’avez pas de cœur… Hélas, je comprends.

14/11/2025, 12:44

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Abeilles en alerte : l'institution coûteuse et inefficace qui détourne le miel des créateurs

Depuis son cottage du fin fond de l'Angleterre (semble-t-il), Lady en Passant butine et jette un regard bienveillant sur les ruches qu'animent ses abeilles. Voilà longtemps qu'elle ne nous avait pas donné de nouvelles : avouons qu'elle nous manquait. Mais peut-être l'opinion ne fait pas l'unanimité...

14/11/2025, 11:24

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Alain Bentolila : l’École n’est plus un rempart contre la barbarie

Le linguiste Alain Bentolila alerte : l’École, fragilisée et délaissée, ne parvient plus à protéger les enfants de la barbarie qui gagne du terrain. Face à l’impuissance politique, il affirme que seule la formation du discernement — portée par une véritable alliance entre parents et enseignants — peut constituer un rempart contre toutes les dérives.

13/11/2025, 16:08

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“Un système qui mène à l’épuisement” : l’alerte d'une traductrice littéraire

Traductrice littéraire du grec moderne, langue « minorée », Clara Nizzoli décrit le travail de prospection invisible et non rémunéré – dénicher en Grèce, à ses frais, des livres, les lire, en traduire des extraits, démarcher des éditeurs – qui s’ajoute à la traduction elle-même. En soutien à la proposition de loi sur la continuité de revenus des artistes auteurs, elle alerte sur des conditions matérielles qui épuisent les traducteurs et dont dépendent la qualité et la diversité des ouvrages étrangers accessibles en français.

13/11/2025, 12:48

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Chaque publication poursuit sa traversée : les éditions du Paquebot

Le Salon d’automne de l’Autre Livre est l’un des rendez-vous majeurs de l’édition indépendante à Paris. Il se tiendra, cette année, du 21 au 23 novembre 2025, à la Mairie du 5e arrondissement. À cette occasion, ActuaLitté invite les éditeurs exposants à prendre la parole : pour fermer la danse, focus sur les éditions du Paquebot.

13/11/2025, 10:42

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La liberté retrouvée de Boualem Sansal : l’Algérie des écrivains debout

Boualem Sansal est libre. La décision d’Alger est enfin tombée : l’écrivain franco-algérien a été gracié. Une grâce politique, sans doute. Mais aussi un symbole littéraire. Si Boualem Sansal retrouve aujourd’hui sa liberté de mouvement, la littérature algérienne francophone, elle, continue de chercher la sienne — à la fois intérieure, linguistique et morale.

13/11/2025, 09:59

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Quand la littérature célèbre l’amour à Choisy-le-Roi

Les 14 et 15 novembre, la ville de Choisy-le-Roi vibrera au son de l’Amour. Au programme de la troisième édition de cet événement littéraire : rencontres, séance de dédicaces, ateliers et spectacles. 

12/11/2025, 17:22

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Quelques minutes d’écriture chaque jour pour améliorer son bien-être mental

L’écriture thérapeutique, l’art d’utiliser les mots pour apaiser ses maux... Qui douterait des vertus de cette méthode, pour dénouer ses noeuds et transformer le stress en sérénité  ? À travers son guide pratique J’écris donc je guéris (Éditions Grancher), Aurélie Rossignol invite à explorer davantage les bienfaits de cette pratique. Et nous initie, à l’aide d’exercices guidés, 

12/11/2025, 15:58

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Les musiques du roman

Selon Horace, le poète latin, la poésie ressemble à la peinture. De même, dans une certaine mesure, le roman s’apparente à la musique, qui déploie ses effets dans le temps.

12/11/2025, 15:33

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De Rives en Pages : quand la littérature met en mots l’écologie

Entre Évian, Genève et les rives du Léman, le Salon & Prix Littéraire Environnement explore les grands enjeux écologiques à travers la littérature. Porté par l’association De Rives en Pages, l’événement relie culture et environnement dans une démarche transfrontalière et intergénérationnelle, où la conscience environnementale, la culture et la science ne connaissent pas de frontières.

12/11/2025, 10:58

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Retraites non versées, argent mal géré : “Pour la reconnaissance du scandale Agessa”

Près de 200 sociétaires de la SACEM, de la SACD, de la SCAM et de l’ADAGP appellent leurs organismes à reconnaître enfin le scandale Agessa, qui a privé environ 190.000 artistes-auteurs de leurs droits retraite pendant plus de 40 ans. Dans une lettre ouverte, ces créateurs et créatrices demandent à leurs OGC de mettre fin à leur lobbying en faveur de la SSAA, qu’ils jugent héritière d’un système opaque et défaillant. Ils réclament transparence, responsabilité et une gouvernance sociale réellement portée par les artistes-auteurs eux-mêmes.

12/11/2025, 10:19

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FIBD : “Tant que 9e Art+ sera là, nous refuserons de participer au festival”

« On ne nous respecte pas, on ne nous écoute pas, donc on n’y va pas. » Ce slogan, devenu mot d’ordre sous le hashtag #NoFIBD2026, résume la colère d’un large front d’auteurices et d'auteurs et d’organisations professionnelles de la bande dessinée.

11/11/2025, 19:07

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Le Syndicat des éditeurs alternatifs : "Ce festival d'Angoulême qu’on nous vole"

Le Syndicat des éditeurs alternatifs (S.E.A.) monte au créneau après la reconduction de 9e Art+ à la tête du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Dans une tribune au ton ferme, l’organisation dénonce un « simulacre de consultation » et l’opacité de l’appel à projets ayant conduit au renouvellement de la société dirigée par Franck Bondoux pour neuf années supplémentaires. 

10/11/2025, 14:59

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La Bibliothérapie, cette inconnue

Discrète, presque mystérieuse, la bibliothérapie reste une pratique encore méconnue du grand public. Dorothée Simoncini lui donne un visage concret : après quinze ans dans la médiation culturelle, elle explore la puissance du livre comme outil de mieux-être et de lien humain. Elle accompagne seniors, jeunes ou personnes en situation de fragilité dans un travail de reconnexion à soi et aux autres par les mots et les images. 

10/11/2025, 11:30

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Nina Allan, ou “le roman où le sol se dérobe sous nos pas”

Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot, des éditions Tristram, ont reçu le prix Médecis étranger 2025 pour le livre de Nina Allan, Les bons voisins (trad. Bernard Sigaud). Ils signent un texte que ActuaLitté diffuse, pour appuyer la voix de cette maison, dans ses choix et ses convictions.

08/11/2025, 11:11

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"Nous demandons une chose simple : avoir les mêmes droits que les autres"

Lauréate de la première édition du Prix du livre pour les bébés, porté par le ministère de la Culture, Aurore Petit a profité de la remise du prix pour livrer un discours à la fois sensible et politique. L’autrice et illustratrice d’Été POP (La Martinière Jeunesse) y a salué la reconnaissance de la lecture dès le plus jeune âge, tout en alertant sur la fragilité du statut des artistes-auteurs. 

07/11/2025, 17:59

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OnlyFanes... ou la vie d'éditrice, quand t’as plus un radis

TÉMOIGNAGE – OnlyFans ou le Bois de Boulogne. Ce sont là mes dernières options. Je suis éditrice. Voici mon histoire. Elle est authentique.

07/11/2025, 15:58

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La Biblio-dynamie, qu'est-ce que c'est ?

Claire Bascou est la fondatrice de La Biblio-dynamie. Elle nous présente sa démarche de bibliothérapie créative où les livres deviennent des leviers de mouvement et de mieux-être. Sa méthode mêle sciences humaines, imagination et accompagnement bienveillant, pour aider chacun à se reconnecter à soi et au monde. À travers ateliers, formations et « bibliorandos », La Biblio-dynamie entend faire de la lecture une expérience vivante, sensorielle et profondément humaine.

07/11/2025, 12:52

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Du yoga à la lecture : une autre voie vers le bien-être

Élise Fontaine, animatrice d’ateliers ludiques et bien-être, raconte son parcours de professeure des écoles devenue praticienne du soin par les livres. Fondatrice des Petits colibris, elle associe yoga ludique et « bibliorelaxation » pour créer des espaces d’écoute, de partage et de douceur. Convaincue du pouvoir réparateur de la lecture, elle explore son rôle comme vecteur de lien social, notamment en milieu rural.

06/11/2025, 13:01

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Municipales 2026 : la fin d'un mandat ne signifie pas celle des archives

À moins d'un nouveau rebondissement politique, la prochaine échéance électorale sera celle des municipales, en mars 2026. Un scrutin décisif à plus d'un titre : l'Association des Archivistes Français (AAF) rappelle que, pour assurer la continuité de la gestion des communes et intercommunalités, la bonne conservation des archives est indispensable. Nous reproduisons ci-dessous un texte publié par l'organisation sur le sujet.

05/11/2025, 10:13

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De l’enseignement à la bibliothérapie : une vocation née des livres

Aurélie Louvel, fondatrice de Bibliothérapie jeunesse et de Flow créatif, retrace auprès d'ActuaLitté un parcours consacré aux bienfaits de la lecture. Découverte en 2008, la bibliothérapie est devenue le fil rouge de sa vie professionnelle, entre enseignement, médiation et formation. 

03/11/2025, 16:04

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“Le roman ne sera pas plus l'écriture d'une aventure mais l'aventure d'une écriture”

Le Salon d’automne de l’Autre Livre est l’un des rendez-vous majeurs de l’édition indépendante à Paris. Il se tiendra, cette année, du 21 au 23 novembre 2025, à la Mairie du 5e arrondissement. À cette occasion, ActuaLitté invite les éditeurs exposants à prendre la parole : aujourd'hui, ce sont les éditions Tinbad qui sont mises à l'honneur.

03/11/2025, 10:56

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Bibliothérapie créative : soigner l’estime de soi par la littérature jeunesse

Avec cette deuxième tribune, Florence Gonçalves, bibliothérapeute dans l’Oise, prolonge notre dossier sur la bibliothérapie en racontant un parcours tissé d’engagements concrets : diplômée en sociologie et en sciences de l’éducation, elle a été animatrice puis transcripteur braille pendant vingt ans au sein d’un établissement accueillant des enfants et des adolescents déficients visuels, où sa passion pour le métier de documentaliste est devenue l’une de ses principales missions.

31/10/2025, 13:13

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Thotario veut révolutionner le livre numérique avec la revente éthique des ebooks

Dans quelques mois, un nouvel acteur se lancera dans l'environnement du livre, avec une offre reposant sur une approche éthique et durable. Thotario, de son petit nom, évoque déjà des racines anciennes, mais un projet résolument moderne. Ses créateurs adressent à ActuaLitté une lettre ouverte, pour mieux préciser le contexte dans lequel ils s'inscrivent.

30/10/2025, 14:54

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La bibliothérapie, ou comment les livres réveillent ce qui sommeille en nous

Avec cette première note d’humeur, Catherine Sanchis ouvre notre dossier consacré à la bibliothérapie, cette pratique encore méconnue qui explore les vertus du livre comme compagnon de transformation. Également spécialiste du droit d’auteur dans le spectacle vivant, aujourd’hui bibliothérapeute, elle raconte son parcours et sa conviction profonde : les livres ne guérissent pas, mais ils réveillent ce qui, en nous, s’était endormi.

30/10/2025, 12:56

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Aimé Césaire, toujours présent 1/5 : l’éternel maire de Fort-de France

ActuaLitté s’est rendu à Fort-de-France, à l’occasion de la première édition du salon Tous Créoles. Ici, la littérature a un visage familier, celui d’Aimé Césaire, référence morale indiscutée. Sur une fresque de Terre Sainville, dans le centre culturel du quartier Trénelle, dans l’ancien hôtel de ville, son regard doux et déterminé continue de croiser celui de ses administrés.

29/10/2025, 18:33