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Pour un service numérique public du livre et des littératures

Sous forme de lettre ouverte adressée à Fleur Pellerin, Jean-Marc Bastardy dresse le bilan de six années d’expérimentations numériques. Autant d’enseignements, de pratique, de tentatives et d’analyses plus opérationnelles que théoriques, qui aboutissent à un cri d’alerte. En cause, l’inertie des pouvoirs publics qui lui semble « réellement fautive compte tenu de l’importance des enjeux ». 

Le 09/12/2015 à 09:47 par La rédaction

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Publié le :

09/12/2015 à 09:47

La rédaction

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ActuaLitté, CC BY SA 2.0

Pour un service numérique public du livre et des littératures

Lettre ouverte à Madame la Ministre de la Culture

Madame la Ministre,

En France, c’est bien connu, nous n’avons pas de pétrole, mais nous avons des idées (souvent fumeuses) formulées par des centaines d’experts et de rapporteurs spécialisés dans le « y-a-qu’à-faut-qu’on » ; en marge de cette agitation politique, administrative et médiatique, nous avons des créateurs plus discrets et des entrepreneurs plus silencieux, mais ces derniers manquent cruellement de financements ; ne disposant pas de l’entregent nécessaire, ils peinent à faire aboutir des projets concrets qui bénéficieraient pourtant à l’intérêt général.

Si l’on rajoute à cette situation une absence criante de volonté et de courage politiques, la paralysie d’affronter les lobbys en présence ou les structures intermédiaires chargées de la politique du livre, ainsi qu’une persistance en la croyance de paradigmes obsolètes, on ne peut s’étonner vraiment de l’inaction coupable qui vient de faire perdre à la filière du livre, et donc à une branche fondamentale de l’économie française, plus de deux décennies de retard dans la révolution numérique, pourtant formidable opportunité de libération des créateurs et des citoyens.

Pour bien comprendre cet immobilisme suicidaire et l’effet retard de notre prise de conscience, il faut savoir identifier les causes, les comprendre ; surtout ne pas avoir peur de les nommer. Et ne pas oublier d’esquisser, cela va de soi, les solutions concrètes, opérationnelles qui permettraient enfin de remédier à cette impéritie pour tenter de rattraper le temps perdu vis-à-vis d’envahisseurs — les fameux GAFA — dont la boulimie n’a plus aucune limite. Il ne s’agit pas seulement de sauver l’avenir d’une filière et de ses acteurs, il s’agit d’une lutte de survie pour préserver notre culture et sa langue.

Si le cadre de cette lettre ne permet pas de rentrer dans les détails, si l’histoire socioéconomique de ce rendez-vous manqué reste à écrire – les travaux de certains historiens, comme Jean-Yves Mollier, méritent cependant d’être lus avec beaucoup d’attention —, il semble utile d’évoquer les freins majeurs à cette modernisation indispensable.

Le but de ce courrier, vous l’aurez compris, n’est pas de trouver de nouveaux amis dans les couloirs du ministère, mais plutôt de dire publiquement, enfin, ce que beaucoup murmurent trop bas.

Une industrie sclérosée, aux aguets, affolée par la libération des auteurs

Le joli terme de « maison d’édition » fait partie de cette mystique du champ littéraire issue de notre héritage des religions « du livre ». La réalité industrielle, vous le savez, est beaucoup moins glamour  : 10 groupes intégrants tous les maillons de la chaîne du livre assurent 80  % du C.A. consolidé du secteur ; parmi eux, deux seulement captent plus de la moitié des revenus. Or l’émergence du numérique remettait non seulement en cause cette position dominante, mais posait un problème presque essentialiste  : quel devenir pour une filière si intégrée ? 

D’une part, la diffusion numérique, en levant en effet le principal frein de la rencontre entre un auteur et son lectorat rendait les intermédiaires de moins en moins indispensables sur un plan technique (libraires compris). D’autre part, elle permettait d’envisager une redistribution plus équitable de la valeur, notamment au bénéfice de l’auteur qui, paradoxalement, est toujours resté le maillon faible — comprendre « le plus maltraité » — de l’ancien écosystème (rappelons que seulement 400 créateurs en France vivent plus ou moins bien de leur art alors que les auteurs nourrissent toute une industrie et beaucoup d’actionnaires qui se soucient peu des littératures).

C’est donc dans une lutte contre sa propre disparition que s’est lancée la profession en ordre dispersé, non seulement en reportant longtemps la réflexion stratégique de sa propre évolution, mais, surtout, en bloquant, via les instances interprofessionnelles dont elle détient le contrôle, toute initiative pouvant menacer ses intérêts particuliers.

Un oligopole obsédé par le maintien de la rente

Le modèle industriel existant est largement organisé par une cavalerie financière sur le commerce des produits matériels. À ce titre, nous avons d’ailleurs été le dernier secteur à bénéficier de dérogations exceptionnelles dans la réforme nationale des délais de paiement et ceci afin de prévenir l’écroulement du système (de l’imprimerie à la librairie).

Tout analyste sérieux ou contrôleur de gestion le reconnaît  : la part lucrative des grands groupes éditoriaux dépend de la notion de flux  : on gagne de l’argent non pas sur l’édition des livres à proprement parler, mais sur le flux de la commercialisation de leurs supports matériels (« livres imprimés » par exemple) et les services lucratifs qui sont facturés aux libraires tout au long de la chaîne logistique « offerte » par les filiales de diffusion-distribution appartenant à ces mêmes groupes.

L’idée de perdre ce prodigieux pactole fut l’une des causes les plus importantes de la réticence des grands opérateurs à s’engager dans un modèle alternatif qui ne promettait à terme que la destruction de cette principale « valeur ». D’où leur engouement pour la croissance externe et la concentration  : « du flux, du flux, du flux ! » Pour ne prendre qu’un seul exemple, la notion si lucrative d’office, ne pourra pas trouver sa place dans le modèle numérique.

Il fallut donc attendre l’aiguillon de plus en plus douloureux d’Amazon pour obliger les acteurs à sortir de leur apparente apathie.

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La plaie du corporatiste

Cette résistance au changement fut accentuée par l’inertie ou l’incompétence des instances représentatives qui, bien évidemment, furent — sont toujours — paralysées par les conflits d’intérêts. Difficile en effet de servir l’intérêt général tout en préservant les avantages concurrentiels du groupe que l’on sert. Pour le dire de manière plus imagée, le MEDEF ne s’est jamais soucié des problèmes des TPE ; il ne faut donc pas s’attendre à ce que le SNE prenne en compte les problématiques de la petite édition ou que le SFL se soucie réellement des difficultés de la très petite librairie.

Prenons un exemple très simple, mais très révélateur pour comprendre le peu d’engouement à développer des outils interprofessionnels performants. Pour commercialiser un livre, il faut disposer d’un numéro ISBN. Tout éditeur en herbe connaît la difficulté à acquérir les premiers numéros ISBN et la durée extravagante de cette attribution (une première demande peut aller jusqu’à… trois semaines). Ce service de base est pourtant géré par l’interprofession puisque Electre remplit ce rôle pour le compte de l’AFNIL. Il suffit donc de se rendre sur le site Internet de l’AFNIL pour constater la capacité d’un opérateur à rendre complexe un processus extrêmement simple qui devrait être totalement automatisé depuis des années.

Un proverbe admet que « celui qui peut le plus peut le moins » ; l’inversion de cette proposition est rarement constatée. C’est pourquoi les échecs des projets interprofessionnels se sont succédé les uns après les autres. On sait avec quel zèle, quelles compétences et quels succès furent menés et soutenus les dernières expériences conjointes, qu’il s’agisse d’aider à la diffusion-distribution de l’édition indépendante ou de permettre aux librairies les plus fragiles d’accéder aux outils de la vente à distance  : le pathétique fiasco de Calibre reste à écrire ; celui non moins dévastateur de 1001libraires — belle idée au demeurant — souhaiterait se faire oublier définitivement.

Dans le domaine des bibliothèques, notre PNB actuel ne peut pas encore être établi avec exactitude, mais il souffre d’une absence criante de transparence sur sa gouvernance et ses processus. Qui plus est, le monopole de fait qu’il pourrait établir devient fort préoccupant. De son côté, le projet FeniXX (ReLire) semble mieux piloté : espérons que les leçons du passé seront retenues. Pour faire un juste bilan, la CLIL et Prisme apparaissent comme deux réussites, bien que datées. Mais ces créations furent dictées à l’origine par des intérêts bien spécifiques  : rendre plus facile et moins cher l’acheminement physique des livres de certains éditeurs vers les libraires de province...

Il est donc tout à fait surprenant que les systèmes d’information, de gestion ou de logistique des gros opérateurs fonctionnement parfaitement bien isolément ; mais que toute tentative de mutualisation technologique se solde par une catastrophe. Mauvaise volonté, incompétence des pilotes, enthousiasme réfréné ?

Les intérêts de quelques-uns versus l’intérêt général

Ce corporatisme exacerbé parvient cependant à imposer des choix lourds de conséquences pour l’ensemble de la filière, options qui aboutissent la plupart du temps à des erreurs stratégiques dont l’économie culturelle française peinera à se relever.

La loi sur le prix unique du livre numérique illustre bien à elle seule cette maladie du corporatisme agissant, puisque l’objectif de cette loi, malgré les arguments fallacieux ou dilatoires mis en avant devant la représentation nationale, fut de défendre la rente de quelques-uns au détriment de l’intérêt général. Cette loi permet en effet aux groupes d’édition de maintenir in fine une marge de diffusion-distribution qui n’est absolument plus justifiée par les services fournis ; elle empêche ipso facto une meilleure ventilation des revenus, notamment en direction des auteurs. C’est une pure loi de lobbying, conservatrice, qui conforte une situation déjà asymétrique, empêche de dynamiser le marché, continue à paupériser les auteurs et permet d’institutionnaliser un enrichissement sans cause au profit des gros opérateurs. 

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Un deuxième exemple, tout aussi parlant, met en exergue l’absence de vision prospective (commune) conservant l’usage et le commerce des livres électroniques. Auparavant tétanisés par Amazon, les grands groupes sont désormais victimes du « complexe Amazonien ». Ils veulent tellement imiter le modèle original qu’ils ambitionnent aujourd’hui de le battre sur son propre terrain. Devant le succès du Kindle, nos dinosaures persistent à vouloir développer des formats numériques propriétaires et même des liseuses spécifiques dont, on le sait, l’avenir appartient pourtant au passé.

Société ouverte versus société fermée

Il ne faut pas être sorti d’une grande école pour savoir que la liseuse va devenir très bientôt un écran en trop, que seuls le développement et l’amélioration d’un format ouvert comme l’ePub, de mieux en mieux adapté aux écrans existants, permettraient de proposer une offre dynamique. La fenêtre de tir – et elle commence à se refermer — résidait vraiment dans ce format car la convergence vers l’ePub nous aurait permis de disposer d’un avantage concurrentiel dans le domaine des livres électroniques, en laissant Amazon s’accrocher pour quelques années encore à son format AZW.

Les réticences françaises concernant le mouvement Open Access qui touche les publications scientifiques procèdent de la même volonté de puissance  : conserver les avantages acquis des gros éditeurs, consolider ce que j’ai appelé dans un essai à paraître  : « le cartel de la rente ».

Quant à la multiplicité des plateformes de distribution pour les formats électroniques, cette tendance frôle la démarche suicidaire et démontre, contre tous les beaux discours de salon ou de convention, l’absence de stratégie commune, notamment depuis la mise en sommeil de MO3T dont la conduite de projet désastreuse reste, à ce jour, la meilleure illustration de l’incapacité de concurrents à travailler sur des normes communes. Même en cas de danger avéré, même pour contrer un ennemi commun. Les intérêts commerciaux et stratégiques individuels sont si divergents qu’ils n’arrivent pas à être solubles par temps de crise. N’ayons crainte  : nos champions excellents toujours à négocier des ententes commerciales illicites.

Malgré l’échec ou la paralysie de nombreux projets, la confiance que l’État place dans ces initiatives interprofessionnelles déclarées comme les seules légitimes en vertu d’une notion particulière de représentativité, empêche par ailleurs le déploiement d’autres solutions alternatives plus agiles et beaucoup moins corporatistes. 

Or, nous le savons bien  : seule la mutualisation à cadence forcée permettrait de lutter efficacement contre la concurrence anglo-saxonne.

Une coupable collusion des services de l’État

Être juge et partie semble donc être le principal écueil à toute stratégie collective cohérente désormais indispensable pour contenir les volontés hégémoniques des GAFA. Un jour viendra où l’on réhabilitera Le Chapelier et son analyse désormais pertinente sur les corps intermédiaires  : « Il n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de corporation ».

Cet « esprit de corporation » s’immisce malheureusement dans les structures qui dépendent de l’État. Il est vrai que le problème déborde le cadre de la filière du livre, c’est un mal national que l’on retrouve dans toutes les branches de l’industrie de notre pays compte tenu d’une histoire particulière du capitalisme français, des relations incestueuses et des liens de consanguinité qui existent toujours entre grands capitaines d’industrie, banquiers d’affaires et hauts fonctionnaires de l’État.

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Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner par exemple la constitution de la commission « économie numérique » du Centre national du livre – entreprise publique, rappelons-le tout de même, et principal instrument de soutien à l’activité littéraire dans notre pays – et constater que le cordon ombilical qui relie le CNL à l’industrie dominante rend toute indépendance absolument impossible. La décision, en 2010, de rendre le CNL autonome de son ministère de tutelle relève du même type d’inconséquence que celle celle qui a consisté à rendre une banque centrale libérée du pouvoir politique. C’est priver les citoyens d’une grande partie de leur souveraineté et de leur possibilité d’action.

Il n’y a qu’en France où nous trouvons normal qu’un président de commission d’un organisme public – quelles que soient par ailleurs ses compétences propres, il ne s’agit pas d’un problème de personne — soit également le patron d’un grand groupe d’édition, le responsable du développement numérique dudit groupe, le vice-président de la commission numérique du principal syndicat de l’édition, le président d’une importante plateforme de distribution, etc. Non, vraiment, personne n’y trouve rien à redire.

Certes quelques figurants plus institutionnels permettent de revendiquer haut et fort l’indépendance des décisions. Ethique et déontologie seraient sauves en apparence. Mais ne restera dupe que celui qui l’a décidé. Le poids des éditeurs dans cette instance permettra de mieux comprendre pourquoi le CNL ne souhaite plus soutenir les projets relatifs à des plateformes de distribution. Il ne s’agit pas seulement de faire oublier l’échec de 1001libraires, il s’agit surtout de préserver le juteux marché des intérêts représentés autour de la table. En oubliant au passage de préciser que le développement de certaines de ces plateformes propriétaires a reçu des subventions publiques substantielles.

L’égalité des moyens, c’est toujours bon pour les autres, ceux qui pensent que « la concurrence libre et non faussée » est un concept réel.

Le syndrome de la petite case  : carcan versus agilité

Une société aussi hiérarchisée et fermée que la nôtre ne peut envisager le processus créatif qu’en opérant une classification nosographique. Ainsi toutes les aides éventuelles du CNL ou du ministère ne peuvent être affectées que si le projet présenté arrive à se ranger sagement dans une case administrative assez étroite. Et si, par miracle, le projet innovant parvient à s’y faufiler, il faudra encore que la structure porteuse réunisse toutes les conditions contraignantes qui se rajoutent aux prérequis conceptuels.

Les quatre aides allouées par la commission « économie numérique » du CNL le démontrent assez bien  : hors des cases, point de salut  ! Le hic – il semble même de taille en l’espèce —, c’est que l’innovation, son substrat, se situe en dehors du champ du connu, hors des conventions, des formulaires préétablis et des petites cases administratives. Schizophrénie de l’action publique ?

Un financement tout simplement impossible

Pour ne rien arranger, dans les hautes sphères du pouvoir, on a un peu de mal à conjuguer ensemble la révolution numérique et l’avenir de la filière du livre. Certes, dans tous les ministères, on a déjà adopté la panoplie et les codes de la Geekerie, on singe ses concepts et sa langue, on fanfaronne à coup de tweets écrits dans une novlangue de moins en moins compréhensible, mais qui donne l’illusion de la modernité et de l’efficacité.

C’est d’ailleurs assez simple  : à ce rythme, la langue française sera devenue une langue morte dans quelques décennies. Plus de grec, plus de latin, plus de français  : vive les barbarismes pour continuer à penser  ! 

Alors, imaginer les formes de la révolution numérique dans notre branche, dans ce territoire où rôde l’exception culturelle française, ça complique bigrement le sujet, surtout lorsque se cumulent au corporatisme et à la timidité de l’action… les erreurs d’analyse.

Mais tout cela, vous le savez bien sûr, vous qui fûtes un temps ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique et que j’avais sollicité à l’époque pour la Librairie francophone.

La Culture est le parent pauvre des investissements dits d’avenir. Il suffit de se rendre sur le site de BPIFrance pour bien s’en rendre compte. Le HTML  5 et le CSS3 ont remplacé le vieux codage des pages de l’antique Oséo, mais, malgré le nouveau plumage, le ramage est resté le même. Si l’envie incongrue de soumettre un projet de type culturel aux équipes de BPIFrance vous prenait subitement, il y aurait de fortes chances que vous soyez reçus par de jeunes ingénieurs spécialisés en… résistance des matériaux. Cela ne s’invente pas  : vous l’aurez compris, Madame la Ministre, je parle d’une expérience vécue.

Quant aux Business Angels, cette divine espèce que l’on vénère maintenant comme les Héros des temps modernes et dans lesquels l’État place désormais notre Salut, leur angélisme ne va pourtant pas jusqu’à investir dans un domaine où la prise de risque ne saurait être calculée par des algorithmes. 

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Le mythe des intermédiaires financiers efficients

Cette première difficulté à trouver des ressources pour financer les projets culturels innovants est accentuée par le paradigme du marché autorégulateur qui s’est imposé dans la tête des décideurs politiques ou les agents de la haute administration. Que ce postulat soit nuancé par une vision social-démocrate n’y change rien parce qu’il est tout simplement faux.

On croit toujours, en haut lieu, qu’il suffit de jouer les entremetteurs pour que le marché se décide à financer soudainement l’innovation et les entreprises culturelles. Or tous les analystes le savent, les chiffres sont connus, même notre Banque Nationale (eh, oui, elle existe toujours  !) le répète à l’envi  : en France, et d’une manière générale en Europe, contrairement au modèle anglo-saxon de référence, le financement des petites entreprises est assuré majoritairement par le crédit bancaire.

Or le secteur bancaire ne sait pas financer les activités atypiques, notamment culturelles et encore moins immatérielles. « Garanties  ? Garanties  ? Garanties  ?  » L’immatériel n’est pas un fonds de commerce et peut tarder à se transformer en actifs rassurants. En vingt-cinq ans, Madame la Ministre, j’ai créé plus d’une dizaine de petites entreprises culturelles  ; or, je n’ai jamais obtenu un seul financement sans offrir de très sérieuses garanties personnelles. La dernière fut… ma maison. Voilà la réalité quotidienne des TPE et des PME culturelles et le principal obstacle qui empêche le dynamisme de nos créateurs de se déployer.

État, es-tu vraiment là  ?

C’est donc avec raison que Loïc Rivière, délégué général de l’AFDEL, soulignait très récemment qu’« en France, on ne soutient pas assez les start-ups de la culture ». Sans l’aide appuyée de l’État, sans outils de financement spécifiques, le développement d’une industrie culturelle majeure dans le numérique restera voué à l’échec. 

Et il ne s’agit pas d’allouer des subventions supplémentaires, il ne s’agit pas d’alourdir la fiscalité des contribuables, mais bien de se substituer à un système financier défaillant qui ne remplit plus sa fonction et refuse obstinément de jouer le jeu d’une prise de risque minimale malgré les avantages exorbitants qui ont été concédés aux établissements de crédit par la BCE.

Il est donc grand temps de créer un fonds d’investissement public, financé par l’épargne et garanti par la Caisse des Dépôts, exclusivement réservé à l’amorçage et au développement des TPE culturelles (fonds propres inclus par le biais de prises de participation temporaires). Quant aux PME, l’action discrétionnaire de rares fonds spécialisés comme Média (géré justement par BPIFrance) doit être très largement étendue même si, concernant cette structure spécifique, les arbitrages et certaines décisions d’investissement posent de vraies questions sur l’emploi des ressources à la lecture du périmètre d’intervention qui définit son objet. La Cour des comptes resterait sans doute dubitative devant certains choix opérés par les dirigeants de cette entité.

Le serpent de mer de la librairie indépendante

Un deuxième credo – presque une prise d’otage — freine toute politique intelligente en matière numérique et la mise en place de dispositifs opérationnels efficaces  : la certitude que le réseau de la librairie pourra garder à terme sa densité actuelle. Tout le monde sait bien que le commerce de détail physique de la librairie indépendante n’est pas promis à un grand avenir et que, à plus ou moins brève échéance, plus de 70  % des commerces de proximité tireront le rideau (à moins d’une adaptation drastique des prestations offertes).

Pour le dire plus trivialement, les simples « vendeurs de livres  » disparaîtront  ; seuls les lieux offrant une valeur ajoutée en services et de véritables prestations culturelles survivront. On peut le regretter — et je le regrette personnellement —, mais détourner le regard n’empêchera pas le réel d’imposer sa dure loi.

Plutôt que de prendre acte de cette évolution, les pouvoirs publics préfèrent persister dans l’attitude de l’autruche et les discours qui ne fâchent personne. La création du label LiR poursuivait la noble ambition de permettre une transition du secteur par une transformation intelligente de certains commerces indépendants. Dans les faits — et il s’agit là encore d’un secret de polichinelle –, la plupart des aides à la librairie indépendante servent à financer un déficit chronique de trésorerie, c’est-à-dire à faire subventionner par le contribuable la lente agonie d’un système. Le mal est même beaucoup plus insidieux puisqu’en favorisant ainsi, artificiellement, les stocks de livres, ces aides servent en réalité les intérêts des… groupes d’édition les plus puissants. Retour à la case départ.

Pour redynamiser ou soutenir la petite librairie indépendante, outre des aides structurelles bien ciblées, des opérations de création de trafics dans les points de vente comme celle que j’avais initiée en 2010 avec « J’aime mon libraire  » semblerait préférable à d’onéreuses campagnes de communication œcuméniques qui ne produisent aucun résultat concret.

Un service numérique public du livre et des littératures

L’exception culturelle française peut-elle autoriser l’inaction  ? Peut-elle justifier une cécité des pouvoirs publics et une inaction irresponsable  ? Peut-elle, au nom de l’excuse des corps intermédiaires, des erreurs d’analyse et d’alibis dialectiques trop faciles, imposer à l’État l’immobilisme, la seule posture du rôle d’arbitre, le déni de ses responsabilités  ? Et, par la même occasion, continuer à laisser grand ouvert le boulevard du numérique aux seuls GAFA pour les décennies à venir  ?

La solution semble s’imposer d’elle-même et l’intervention active de l’État n’est plus une option discutable. S’Il n’est évidemment pas question de tracer ici les lignes d’une politique générale de développement (durable) de la filière prenant en compte l’intérêt général, il ne semble pas inutile d’esquisser pour le moins le cadre d’un dispositif d’urgence pour le versant numérique.

La première évidence, d’ailleurs réitérée par de nombreux rapports, est que seule la mutualisation forcée des moyens et des ressources, conduite par un État stratège devenu pleinement acteur du changement pourrait permettre de rattraper notre retard en ce domaine, en proposant une offre globale du livre et de la lecture via une porte d’entrée unique.

On se demande bien pourquoi il ne pourrait pas exister, pour un champ d’activités aussi important pour notre culture (au sens anthropologique) et notre économie, un service public de la diffusion et de la distribution des livres tout comme il existe un service public de l’information (radiophonique ou télévisuelle). A moins de considérer que les littératures, les livres, la langue française et in fine la pensée elle-même ne sont que de vulgaires marchandises que nous devons nous résoudre à abandonner au marché.

Il est tout à fait étonnant que nous nous évertuions à croire que la solution aux défis de cette profonde mutation sera apportée par les seuls opérateurs privés. L’histoire nous apprend qu’il n’en fut jamais ainsi et que, par nature, une entreprise privée n’est pas préoccupée par le bien commun.

L’architecture d’un futur service public numérique du livre et de la lecture doit s’articuler autour de deux pôles fondamentaux et synergiques  : d’une part une plateforme intelligente de diffusion-distribution mutualisée  ; d’autre part un écosystème d’informations culturelles permettant également de créer un trafic vers le premier dispositif.

Une plateforme publique, performante et innovante, de diffusion-distribution

S’appuyant pour partie sur l’existant (je pense ici, notamment, au HUB et au PNB de Dilicom), cette offre technologique et commerciale consolidée, multicanal et multiformat proposera au client final ou à l’usager une offre globalisante à forte valeur ajoutée  : achat direct du livre physique ou électronique (en format ouvert  !), réservation et emprunt dans sa bibliothèque municipale de proximité, accès aux ressources de la BNF oud e Gallica, etc. Sans rentrer dans les détails, il s’agit en réalité d’un hub offrant un véritable service public aux lecteurs, facilitant les passerelles entre les différents opérateurs et leurs propres systèmes d’informations, privés ou publics.

Elle permettrait aussi d’accompagner plus en douceur la transition et la modernisation des secteurs les plus fragiles de la filière. Par exemple, le soutien à la petite librairie indépendante, dans le cadre d’un achat de livre physique, pourrait être envisagé malgré l’absence de prestation effective de la part du libraire  : en fonction de la géolocalisation de l’acheteur, la marge consentie par l’éditeur (moins les frais de gestion) serait automatiquement reversée au compte du libraire le plus proche du domicile du client, même si cette librairie ne dispose pas d’un outil de vente à distance ou n’intervient pas dans la transaction et la livraison du livre physique. Voilà un mode intelligent de « subvention », me semble-t-il, puisqu’il ne devrait rien coûter au contribuable. 

De fait, cet opérateur public deviendrait une sorte de diffuseur-distributeur-libraire délégué réalisant une agrégation générale, en centralisant et facilitant l’accès aux offres disponibles depuis une seule interface, mais tout en préservant l’indépendance de chacun.

Un écosystème d’informations littéraires de référence

Le deuxième pôle serait constitué par un écosystème numérique d’informations culturelles sur les littératures (construit en partenariat avec les autres acteurs publics de la culture), calqué peu ou prou sur le concept d’In-Folio. Ce dispositif de sites en étoile, outre son contenu informatif, serait destiné à occuper le « territoire numérique » francophone et à créer le trafic le plus large possible vers la plateforme de services.

Investissements, professionnalisme, persévérance et constance

On peut retourner le problème dans tous les sens  : malgré les échecs précédents — et l’on sait que dans notre pays les tentatives ratées peuvent coûter très chers —, malgré la récente décision du CNL de plus intervenir dans le financement de plateformes technologiques, seule l’existence d’un tel outil mutualisé, géré par une entreprise publique, développée dans les règles de l’art et couplée à une offre de services innovants et hautement performants peut permettre de rivaliser contre les « pure players » d’aujourd’hui et de demain.

Il ne s’agit nullement de fusionner ou de s’ingérer chez les opérateurs privés, mais bien de rendre effective une mutualisation d’intérêts grâce à une stratégie collective de salut public conduite et mise en œuvre, de manière volontaire et vigoureuse, par l’État.

Il ne me semble pas inutile de rappeler au terme de cette lettre qu’Amazon est resté déficitaire pendant sa première décennie d’exercices  ; que, aujourd’hui encore, malgré une valorisation extravagante, l’endettement et l’investissement seuls lui permettent de gagner tous les jours des parts de marché. Oui, lorsque l’on doit investir pour l’avenir, la perspective du temps long s’avère utile.

Faire respecter la loi et combattre les pratiques de concurrence déloyale

Lorsque, en 2010, je lançais — sans aucun soutien des « corps intermédiaires » pourtant sollicités — l’opération « La Pause… Amazon » pour alerter le grand public sur les mauvaises pratiques de cet opérateur, je ne me doutais pas que ce mouvement aboutirait à une loi (du 8 juillet 2014) qui serait ipso facto contournée par le principal intéressé (suivi par la majorité des distributeurs en ligne). Car facturer l’envoi d’un ouvrage 0,01 cent d’euro, ce n’est pas seulement une insulte faite à la République, c’est un abus de droit manifeste, au sens que revêt cette notion fiscale très particulière.

L’État pourrait donc se porter partie civile dans cette affaire de contournement de la loi, comme il pourrait proposer également depuis un certain temps déjà une loi européenne qui, bénéficiant à l’ensemble des pays membres, permettrait d’éviter une « optimisation fiscale » qui n’est rien d’autre qu’un vol manifeste de richesses nationales et une spoliation de l’intérêt général  ; qui, de plus, créant une distorsion évidente de concurrence, ne fait que pénaliser et affaiblir nos propres entreprises.

On se demande pourquoi une loi aussi simple et aussi juste, qui instituerait une imposition du C.A. en fonction du pays de livraison et non plus en fonction de la territorialité du siège social de l’entreprise concernée, n’a pas encore été proposée au parlement européen  ! 

Ces justes rentrées fiscales cumulées aux arriérés dus encore par Amazon au Trésor français (l’absence de zèle de ce dernier à recouvrer sa créance laisse d’ailleurs perplexe lorsque l’on connaît la facilité des voies d’exécution conférée aux services fiscaux par le législateur) permettraient sans trop de difficultés de financer plus que largement les outils nécessaires à la survie et la protection de notre secteur culturel.

Oui, Madame la Ministre, parce que les littératures sont un bien commun, nous ne pouvons pas abandonner leur avenir à la seule économie privée ni à la vieille loi de Say.

Oui, Madame la Ministre, il est grand temps que l’État se réveille enfin  !

Je vous prie de croire en mes sentiments les plus respectueux.

Jean-Marc Bastardy est créateur et éditeur de biens culturels. Venu du monde du marketing et de la communication hors-média, spécialiste en direction de projets et nouvelles technologies, passionné par toutes les cultures, il crée notamment L’Autre Éditions en 2009. Il se prépare à lancer en 2016 In-Folio, un portail numérique des littératures qui relèverait plutôt, selon lui, d’une véritable action de service public. 

Par La rédaction
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La santé mentale, grande cause nationale... jusqu'en librairie ?

Comment les libraires peuvent participer à la Grande Cause Nationale "Santé Mentale". Voici l'intitulé de la lettre ouverte et pétition adressée au Syndicat de la Librairie Française. Elle invite « à une plus grande clarté sur l'offre éditoriale en boutique en évitant autant que faire se peut le mélange des genres sur les étals, confondant développement personnel, psychiatrie et ésotérisme », explique le chercheur Mickael Worms-Ehrminger. Elle est ici reproduite en intégralité.

31/05/2025, 12:36

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La Gaîté Lyrique : “Ville de Paris, tenez vos engagements”

Entre décembre 2024 et mars 2025, la Gaîté Lyrique a été le théâtre d’une occupation menée par plusieurs collectifs militants mobilisés pour offrir un abri à plus de 200 mineurs isolés étrangers contraints de vivre à la rue. Après une déclaration commune des partenaires associés du lieu, inquiets pour son avenir, les équipes de la Gaîté Lyrique – salariés, intermittent·es, agents de sécurité et partenaires – dénoncent le retrait de la Ville de Paris et appellent à un sursaut politique. Nous reproduisons leur texte ci-dessous.

16/05/2025, 12:47

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“Aujourd’hui, c’est la douche froide” : la Gaîté Lyrique en danger ?

À partir de décembre 2024 et jusqu'en mars 2025, la Gaîté Lyrique a été occupée par des collectifs militants, qui se sont engagés pour ne pas laisser plus de 200 mineurs isolés étrangers dormir dans la rue. L'expulsion de ces personnes constitue un « échec collectif » selon Arty Farty, Arte France, makesense, SINGA et Actes Sud, les partenaires associés de la Gaîté Lyrique. Ils avertissent à présent d'une mise en danger du lieu par la mairie de Paris, faute d'un soutien à la hauteur, dans un texte reproduit ci-dessous.

15/05/2025, 15:30

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Quels moyens pour l'accès élargi aux “cahiers de doléances” ?

Un arrêté publié au Journal officiel du 30 avril dernier rendait « librement » communicables les cahiers citoyens, ou « cahiers de doléances », collectés lors du Grand Débat national de 2019, lequel avait suivi la mobilisation des « Gilets jaunes » en France. L’Association des archi­vis­tes fran­çais se félicite de cet accès facilité, mais invite les pouvoirs publics à répondre à « la ques­tion de la gou­ver­nance et des moyens alloués » pour cette opération, dans un texte reproduit ci-dessous.

09/05/2025, 09:35

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Chef de guerre économique, Trump met aussi la littérature à l’amende

#BookBanUSA — Face aux tensions politiques et aux menaces de guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada, PEN Québec, PEN America et PEN Canada unissent leurs voix. Dans une déclaration commune publiée le 1er avril, les organisations littéraires appellent à préserver la libre circulation des livres et des idées au-delà des frontières. Plus qu’un plaidoyer pour la culture, un rappel que la littérature, sans passeport ni douane, reste l’un des piliers fondamentaux de la liberté d’expression et du dialogue entre les peuples.

26/04/2025, 11:02

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Livre numérique : l’Europe peut-elle reprendre la main ?

À l’occasion de la Journée internationale du livre et du droit d’auteur - 23 avril 2025 - David Dupré, président de Vivlio, leader français de la lecture numérique, nous livre son point de vue sur le marché actuel du livre numérique et l’hégémonie des GAFAM sur le secteur.

17/04/2025, 14:56

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Soutenir l’édition autrement : demandez Pontcerq en rayon

Pour contrer leurs difficultés financières, les éditions Pontcerq invitent leurs lecteurs à soutenir leur travail en demandant l’acquisition de leurs livres en bibliothèque. Un geste concret pour permettre la poursuite des publications à venir, et en retour, un texte inédit de Hebel sera offert aux soutiens.

17/04/2025, 10:57

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Des bibliothèques engagées pour l'intégrité scientifique : propositions

De plus en plus attaquée, mise au même niveau que la « post-vérité » chérie des totalitaires, la science se doit de gagner et conserver la confiance des citoyens. Pour ce faire, l'intégrité des disciplines doit être garantie et protégée : l'Association des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation (ADBU) formule une vingtaine de propositions pour les bibliothèques et structures documentaires de l’enseignement supérieur et de la recherche, reproduites ci-dessous.

10/04/2025, 09:49

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Manifestations littéraires : “Nous sommes peu à peu asphyxiés”

Le réseau Relief, qui réunit 55 festivals et salons littéraires, s'alarme dans un message d'« une situation budgétaire qui se dégrade continuellement », mettant en péril la pérennité des événements qui animent et font vivre le secteur du livre. Le désengagement des collectivités et le retrait des soutiens publics, parallèlement à l'inflation, font courir un risque majeur, détaille une tribune reproduite ci-dessous.

04/04/2025, 10:06

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A69, méga-bassines, Amazon… Comment riposter avec le droit

Annulé par la justice après une longue bataille juridique, le chantier de l’autoroute A69 illustre la montée en puissance des luttes locales contre les projets polluants. Pour accompagner ces mobilisations, Le Passager clandestin publie un manuel juridique illustré, outil pratique à l’usage de toutes celles et ceux qui défendent leurs territoires. L'éditeur nous présente l'initiative.

02/04/2025, 13:20

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FIBD : la “colère” des auteurs et autrices de bande dessinée

À quelques jours de son inauguration, l'édition 2025 du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême s'est retrouvée au cœur d'une polémique, alimentée par une enquête de L'Humanité. La société organisatrice, 9e art+, y était pointée, notamment, pour une direction « toxique » ainsi qu'un « virage commercial » de l'événement, tandis qu'une victime dénonçait un viol présumé, ayant eu lieu pendant le FIBD 2024. Une coalition d'organisations d'auteurs et d'autrices réclame un appel d’offres pour la gestion du FIBD, dans un message que nous reproduisons ci-dessous.

01/04/2025, 12:20

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L'administration Trump, "un coup direct porté à l'accès à la culture"

Dans un texte communiqué à ActuaLitté, la société The French Publishers’ Agency, dresse le portrait d’une Amérique complexe, où la culture est menacée. Représentant les droits en langue anglaise sur une liste très sélective, mais très diversifiée de livres de France, ce collectif tire la sonnette d’alarme.

31/03/2025, 16:48

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Borne et l’école n’aiment pas les princesses qui sortent du rang ?

En mars 2025, le ministère de l'Éducation nationale a annulé la distribution de 800 000 exemplaires de la version illustrée de La Belle et la Bête par le dessinateur Jul. Dans une tribune, L’Observatoire de la liberté de création s’interroge sur ce qui ressemble à une décision de censure fondée sur des motifs spécieux ainsi que sur les pressions ou interventions qui auraient pu motiver ce revirement. 

29/03/2025, 10:01

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Bibliothèques : face aux assauts trumpistes, “une vigilance internationale”

Le deuxième mandat de Donald Trump à la présidence des États-Unis s'est ouvert avec deux objectifs principaux : le démantèlement de l'État fédéral d'une part, la lutte contre le « wokisme » d'autre part. Parmi les cibles du président et de ses soutiens, le service public de la culture, dont les bibliothèques... Plusieurs organisations professionnelles du secteur s'inquiètent, et appellent à la « vigilance internationale », dans un texte reproduit ci-dessous.

26/03/2025, 11:04

ActuaLitté

Droit de réponse : un sujet “plus complexe qu’un simple réflexe partisan”

ActuaLitté a relayé la décision des éditions PUF de finalement publier l'ouvrage Face à l’obscurantisme woke, qu'elles avaient, quelques jours auparavant, « suspendu ». L’un des directeurs de cette parution, Xavier-Laurent Salvador, a demandé un droit de réponse, suite à cet article.

25/03/2025, 15:04

ActuaLitté

Autrices et auteurs victimes des nouveaux seuils de franchise de TVA

Dans une lettre ouverte collective, les autrices et les auteurs donnent de la voix pour demander la suppression de la réforme de la TVA, cette dernière venant fortement remettre en cause le statut dont ils bénéficient.

22/03/2025, 11:15

ActuaLitté

La Scam alerte sur l'abaissement des seuils de la franchise en base de TVA

La Société civile des auteurs multimédia (Scam) signe une lettre ouverte pour demander la suppression de la réforme de la TVA qui toucherait notamment les autrices et les auteurs. Il faut dire que dans un amendement de la loi de finances 2025, un abaissement des seuils de la franchise en base de TVA à 25 000 euros a été mis en place, contre 50 000 encore en 2024. 

22/03/2025, 10:25

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Le projet de Jul pour les élèves annulé : l'école, plus si ouverte au monde ?

Après l'annulation très tardive et brutale du projet porté par Jul autour d'une réécriture du classique La Belle et la Bête à destination des élèves de CM2, le Conseil Permanent des Ecrivains a tenu à faire part de son indignation et des risques qu'une telle décision fait peser sur la liberté d'expression.

22/03/2025, 09:42

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Romain Potocki : “J’ai écrit ce livre par nécessité.”

Alors que son roman Le Jardin dans le ciel vient de paraître aux éditions Albin Michel, l'écrivain photographe et grand reporter Romain Potocki se confie sur ce qui a présidé à l'écriture de son premier roman, publié douze ans après L'homme itinérant, un recueil de récits de voyages.

22/03/2025, 09:08

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Hachette : les salariés “ne supportent plus d’être associés au groupe Bolloré”

La parution, le 5 mars dernier, du livre Bannie de Xenia Fedorova, ex-présidente de la chaîne Russia Today France, chez Fayard, a suscité de vives réactions au sein des effectifs du groupe Hachette Livre. Dans une lettre aux équipes reproduite ci-dessous, le CSE central de la filiale éditoriale de Vivendi relaie « la honte » des salariés « d’être associés au groupe Bolloré ».

21/03/2025, 13:58

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Sécurité Sociale : des effets d’annonce démentis par les faits et par la justice

Plusieurs associations et syndicats d'artistes-auteurs et autrices se sont réunis pour signer une tribune relative à leur protection sociale. Ils réclament principalement la création d’un Conseil de la protection sociale des artistes-auteurs et autrices rattaché à leur organisme de sécurité sociale, comme prévue lors de la réforme de 2018.

20/03/2025, 10:47

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Une institution visionnaire : La Centrale de l’Édition, 50 ans au service du livre français

En 2024, La Centrale de l’Édition a célébré son cinquantenaire. Créée en 1974 par des maisons d’édition de renom, Casterman, le Groupe International Hachette, Sodis, Payot, le Groupe Larcier, Bordas, InterForum et MDS, avec comme premier président Antoine Grimaldi d’Esdra, cette institution visionnaire a profondément transformé le paysage éditorial français à l’international. 

15/03/2025, 09:48

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Appel à la grève des auteurs et autrices en France, ce 20 mars

Face à des attaques sans précédent contre la culture – coupes budgétaires, précarisation accrue, et mépris institutionnel –, le Snapcgt et plusieurs organisations syndicales appellent à une grève massive le 20 mars. Artistes-auteurs, autrices, travailleurs et travailleuses de l’art, il est temps de défendre nos métiers et l’avenir de la création. La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse lance un appel à la grève, partout dans l'Hexagone.

14/03/2025, 18:19

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Droit de réponse : “Le wokisme procède par une inversion des valeurs”

ActuaLitté a fait état cette semaine de la suspension d’un ouvrage, prévu aux PUF et qualifié d’antiwoke et coordonné par trois personnes. L’un des directeurs de cette parution, Xavier-Laurent Salvador, a demandé un droit de réponse, suite à cet article.

14/03/2025, 16:45

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Discuter de l'IA et du droit d'auteur, sans les usagers ni les auteurs ?

Sujet brûlant, y compris pour les créateurs et les industries culturelles, l'intelligence artificielle fait l'objet de nombreuses réflexions et interrogations, mais aussi d'une attention soutenue des pouvoirs publics. Au niveau national, les débats doivent accorder une place à une diversité d'acteurs, plaident plusieurs organisations et associations à but non lucratif, dont Wikimédia France. Un courrier est adressé, en amont d'une table ronde sur l'IA et le droit d'auteur à l'Assemblée nationale, aux organisateurs de cette dernière.

14/03/2025, 12:18

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“L'État devrait plus que jamais soutenir” le Pass Culture

Mise à mal par un budget de l'État revu et corrigé à la baisse, la part collective du Pass Culture a subi un gel des dépenses, décrété par le ministère de l'Éducation nationale. Artistes, structures culturelles et établissements scolaires déplorent une décision brutale et hâtive : la Société civile des auteurs multimédia (Scam) et l'Adami (Société civile pour l'administration des droits des artistes et musiciens interprètes) se joignent à leurs protestations, dans un texte reproduit ci-dessous.

21/02/2025, 15:21

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Le Pass Culture gelé : appel à l'action des auteurs et enseignants

Face au gel du budget alloué à la part collective du pass Culture jusqu’à la fin de l’année scolaire, par le ministère de l'Éducation nationale, la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse lance une mobilisation urgente. Cette initiative vise à exposer les conséquences économiques et sociales dramatiques de cette décision sur les auteurs, les enseignants, et les institutions éducatives. Les acteurs concernés sont invités à exprimer leur désarroi et à réclamer des actions concrètes, via une campagne de sensibilisation en ligne.

17/02/2025, 13:17

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Libraires palestiniens arrêtés : un appel à la mobilisation

Des officiers de la police israélienne ont récemment effectué des perquisitions dans deux librairies renommées de Jérusalem-Est, reconnues pour leur spécialisation dans la culture palestinienne et le conflit israélo-palestinien. Une quantité importante d'ouvrages a été confisquée. Mahmoud Muna, le gérant de l'une des librairies, ainsi que son neveu Ahmad Muna, ont été interpellés. Après leur assignation à résidence, le réseau méditerranéen des librairies indépendantes, Medi Weaves, auquel appartient les libraires, appelle à les soutenir dans cette épreuve.

13/02/2025, 11:30

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Artistes-auteurs : un régime fiscal aussi austère qu’un monastère

La tribune dénonce la décision du gouvernement d’imposer un seuil unique de TVA à 25 000 €, menaçant la viabilité économique des artistes-auteurs et autrices. Leur modèle de revenu, irrégulier et dissocié du temps de travail, les empêche souvent de répercuter la TVA sur leurs clients. 

12/02/2025, 17:53

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Édition indépendante : “Nous ne subsisterons pas en affaiblissant nos partenaires”

#Assises2025 – « En guise d’introduction aux 2es Assises nationales de l’édition indépendante. » L'événement qui se tiendra à Bordeaux  ces 20 et 21 février ouvre la voie à des échanges autour d'un métier, dont les livres demeurent le dénominateur commun. Mais l'art et la manière diffèrent, assurément. 

11/02/2025, 11:04

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Urgence fiscale : il faut protéger les artistes-auteurs

PLF 2025 et abaissement du seuil de TVA : Non, il n’y a pas de concurrence déloyale entre les entreprises et les artistes-auteurs !, affirment le SMdA CFDT et La Maison des Artistes.

11/02/2025, 07:30

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TVA : les auteurs, “déjà accablés par une vie administrative complexe”

Lancé dans une logique d'économie sur les dépenses publiques, voire d'austérité, le gouvernement fait feu de tout bois. La loi de finances 2025 prévoyait ainsi l’abaissement du seuil de franchise de la TVA à 25.000 € pour toutes les professions, y compris les artistes-auteurs. Si la mesure est pour l'instant suspendue, le seuil spécifique accordé aux artistes-auteurs, de 50.000 € annuels, doit être maintenu, revendique le Conseil permanent des écrivains, dans une tribune reproduite ci-dessous.

10/02/2025, 16:12

ActuaLitté

Repenser l'intelligence artificielle, sans artifice

Le contre-sommet de l’IA, intitulé « Pour un humanisme de notre temps », se tient aujourd’hui au théâtre de la Concorde, en réaction au sommet international sur l’intelligence artificielle organisé au Grand Palais par la présidence de la République. Conçu par Éric Sadin et co-organisé par le Syndicat National des Journalistes, cet événement vise à ouvrir un débat démocratique sur les conséquences de l’IA sur la société, le travail et les individus.

10/02/2025, 15:39

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Et si l’IA devenait l’alliée discrète des librairies indépendantes ?

Le métier de libraire aura connu bien des (r)évolutions, entre la vente en ligne, les livres numériques et même les réseaux sociaux… Quand l'intelligence artificielle n'épargne aucun secteur d'activité, les librairies disposent-elles d'un outil à apprivoiser ? Entre résistances, expériences concrètes et utopie pragmatique, Bernard Strainchamps pose ici les bases d'une l’IA comme alliée possible — discrète, locale, respectueuse du métier.

14/06/2025, 09:57

ActuaLitté

Ce que la peur de l’enfer fait aux vivants : hommage à Valentin-Yves Mudimbe

Valentin-Yves Mudimbe est né le 8 décembre 1941 à Jadothville, actuelle ville de Likasi, dans la province du Katanga. Il est mort le 22 avril 2025 en Caroline du Nord, aux États unis à l’âge de 83 ans. Étrange coïncidence : j’apprenais sa mort au moment même où je commençais à peine à le rencontrer, non pas l’homme mais sa pensée. Il y a quelque chose de troublant dans cette rencontre différée avec une pensée qui, en étant déjà présente dans le paysage intellectuel, ne m’avait pas encore véritablement atteint.

13/06/2025, 12:04

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“Un des agents actifs de la censure en Iran” invité par l'UNESCO

Le 11 juin dernier, à la Maison de l'UNESCO, à Paris, le poète persan Hâfez (vers 1325-vers 1390) était à l'honneur d'une conférence scientifique internationale. L'événement, organisé par le gouvernement de la République du Tadjikistan, en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) et l'Association Rudaki à Paris, a fait intervenir Gholam-Ali Haddad-Adel, membre du haut conseil à la révolution culturelle en Iran. Hengameh Hoveyda, poétesse en exil, y voit une faveur accordée à un régime qui pratique la censure, dans un texte reproduit ci-dessous.

13/06/2025, 09:20

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Dix ans d’étonnement au Musée des Confluences

À l’occasion de son dixième anniversaire, le musée des Confluences dresse le bilan d’une décennie d’expériences partagées avec le public. Fréquentation record, expositions marquantes, ouverture aux tout-petits, diffusion littéraire… Entretien avec Cédric Lesec, directeur des relations extérieures, qui revient sur les mutations d’un musée pas tout à fait comme les autres.

12/06/2025, 09:35

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La BD s’impose à Amiens, entre essor local et fragilité des festivals littéraires

La bande dessinée s’affirme dans les Hauts-de-France comme un art majeur, porté notamment par les Rendez-vous de la BD d’Amiens qui gagnent en reconnaissance. Pour François Annycke, directeur de l’Agence régionale du Livre et de la Lecture (AR2L) et coprésident de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (FILL), ce succès s’accompagne d’une structuration inédite de la filière BD sur le territoire. Une dynamique éclairée par l’entretien qu’il nous a accordé – où transparaît aussi l’inquiétude face à la fragilité grandissante des festivals littéraires.

10/06/2025, 10:07

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Ismail Kadaré à Paris : sur les traces de l’écrivain albanais

Ismail Kadaré, figure majeure de la littérature albanaise et internationale, est décédé le 1er juillet 2024 à Tirana, à l’âge de 88 ans. Près d'un an plus tard, cinq passionnés de l'auteur de l'Avril brisé fondent l'association Les amis d'Ismail Kadaré. L’objectif : faire vivre l’œuvre et la mémoire du grand écrivain, en rassemblant lecteurs, chercheurs, médiateurs et passionnés autour de son héritage littéraire, afin de le transmettre aux générations futures.

04/06/2025, 17:50

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Utopie, dancefloor et galaxies lointaines : trois jours aux Intergalactiques

Trois jours de réflexion, de lectures, de rires et d’émerveillement. Trois jours pour comprendre que l’imaginaire n’est jamais neutre, et que rêver, c’est déjà agir. Anne-Charlotte Mariette, qui chronique dans nos colonnes et anime le blog Les mots délivrent, a vécu ces trois journées des Intergalactiques 2025.

04/06/2025, 11:34

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“Pour le livre, le marketing ne fait pas que vendre. Il révèle”

Consultante, formatrice, conférencière et coach, Séléna Bernard accompagne depuis plus de 15 ans les professionnel·les du livre, au Québec comme en France. Spécialiste reconnue de la stratégie, du marketing et de la commercialisation du livre, elle conjugue expertise de terrain et regard innovant sur l’industrie. Elle publie Marketing et commercialisation du livre, un ouvrage aux racines ancrées dans son expérience.

04/06/2025, 09:00

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À hauteur d’enfant : la genèse de La Chambre d’Hannah

Dans cette carte blanche, Stéphane Bellat retrace la genèse de La chambre d’Hannah, née de la rencontre avec Robert Goldberg, rescapé de la rafle du Vel d’Hiv. Son récit, centré sur le regard d’un enfant au cœur d’un drame historique, cherche à saisir ce que les plus jeunes ressentent et comprennent d’un événement souvent raconté par les adultes.

03/06/2025, 18:30

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Nettoyer la mort : RIP, une série choc qu'on ne lâche pas

Pour célébrer dignement les 40 années des librairies Momie, ActuaLitté a recruté 7 libraires, qui nous présentent une sélection des ouvrages réalisés en partenariat avec les éditeurs. Reposons en Paix avec Ash, qui depuis la librairie Momie Saint-Malo nous présente la saga de Gaet’s et Julien Monier : RIP.

03/06/2025, 17:43

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Lire sans payer : une promesse de plus en plus crédible

À l’origine, il y avait la parole. Aujourd’hui, ce sont les mots que l’on tape sur nos écrans. Quentin Griffon, créateur de l’application Fiole — une plateforme consacrée à la lecture et à l’écriture — propose une série d’articles consacrés à l’évolution des pratiques numériques. Il y explore les mutations des usages… tout autant que les désirs profonds des utilisateurs.

03/06/2025, 14:02

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"Je suis payé pour surfer, qu’est-ce que je vais aller foutre en Ukraine ?"

« Je suis payé pour surfer, qu’est-ce que je vais aller foutre en Ukraine ? », se demandait Damien Castera au moment où éclate l’offensive russe en 2022. Pourtant, trois ans plus tard sort La liberté ne meurt jamais (Gallimard), récit où le surfer, aventurier et désormais écrivain publié à la Blanche revient sur ses trois voyages en Ukraine entre mars 2022 et mars 2024. Entre l’influence de Kessel et la naissance d’une nation en temps de guerre, nous avons discuté avec lui de son expérience.

02/06/2025, 17:28

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“Il reste encore mille et une choses à faire dans le secteur du livre jeunesse”

Voici les Editions Teny, pépite montante de l’édition malgache. Fano Razafimamonjiraibe est discret. Il entre sans faire de bruit, transporte son sac à dos souvent bien chargé… On pourrait presque ne pas le remarquer. Mais lorsqu’il sort ses livres, c’est un éclat de couleurs qui saute aux yeux : ce jeune éditeur, qui puise son inspiration dans tout ce qui l’entoure. Propos recueillis par Agnès Debiage (ADCF Africa)

01/06/2025, 12:30

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Vous souvenez-vous du CDI ? Voici pourquoi il est plus vivant que jamais

Discrets, mais fondamentaux les Centres de Documentation et d’Information (CDI) se révèlent des pôles culturels insoupçonnés au sein de l’Éducation nationale. Dans chaque établissement, ils irriguent la vie scolaire de lectures, de découvertes et de rencontres.  Ce chapitre oublié de la bibliodiversité scolaire mérite qu’on le rouvre, page après page. Par Stéphane Daumay, délégué pédagogique pour l’édition scolaire.

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Libraire ? “J’ai l’impression d’en avoir fini avec ce métier... ou qu’il en a fini avec moi, plutôt”

Il y a des lectures qui tombent à pic, comme si la fiction nous soufflait ce que nous n’osions formuler. Dans une bulle de manga, l’écho d’un doute profond résonne : et si la flamme s’était éteinte ? Alors que la page se tourne sur une décennie en librairie, voici le récit intime d’un adieu en suspens, entre désillusion, résistance, et amour toujours vivace pour les livres.

30/05/2025, 11:04

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"Un miracle ?" : ces biographies sur le pape Léon XIV... qui n’en sont pas

Ce 8 mai 2025, tous les regards étaient braqués sur la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, au Vatican. Alors que le nouveau pape Robert Francis Prevost, alias Léon XIV, se présentait pour la première fois au monde entier, des petites mains s'affairaient en coulisses pour publier les premiers ouvrages sur ce nouveau visage...

27/05/2025, 12:36

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“Se déclarer athée par exemple me semble un peu puéril”

Singulier roman ! Un Christ apaisé, quasiment hippie, en orne la couverture, sur fond de ciel bleu. On y croise Jésus, donc, devenu luthier, ou encore Marie-Madeleine, ou plutôt sa réincarnation. D’étranges meurtres se produisent, sur des jeunes filles devenues poupées empaillées, tandis que le messie a un fils… Tradition chrétienne et mythologie païenne se mêlent, pour fonder une sorte de théogonie inédite, faisant de L’Absolue rencontre un livre hybride, inclassable. Publié par les soins de Jacques Cauda à « La Bleu-Turquin » (éditions Douro), illustré par Nicolas Le Bault, ce nouvel opus signé Frederika Abbate surprend autant qu’il séduit. Par Etienne Ruhaud.

26/05/2025, 11:36

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Jean-Philippe Jaworski : "J’ai un attachement particulier pour Denoël"

Dix-sept ans après la parution de son premier livre aux Moutons Électriques, Jean-Philippe Jaworski, sans doute l’auteur le plus littéraire de la fantasy française contemporaine, rejoint les éditions Denoël. Une nouvelle maison pour cet écrivain d’une rare fidélité, et une nouvelle trilogie à venir, toujours ancrée dans l’univers dense et âpre des Rois du monde. À l’occasion des Imaginales 2025, rencontre avec ce Lorrain discret et constant, tout aussi fidèle au rendez-vous du festival spinalien.

25/05/2025, 15:03

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Pourquoi Sherlock Holmes mérite (largement) sa place dans la Pléiade

Les aventures de Sherlock Holmes font leur entrée dans la prestigieuse Pléiade. Quatre romans et soixante nouvelles. Un régal.

25/05/2025, 10:42

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Bora Chung, la voix coréenne qui murmure aux fantômes

Le casting international des Imaginales cru 2025 est particulièrement riche. Parmi eux, les Américaines Rebecca F. Kuang, Jasmine Mas ou Lauren Roberts, les Britanniques John Gwynne et Clare Sager, ou encore la Canadienne Natalie Zina Walschots. L'Asie a également été représentée, par une autrice rare, qui mêle avec un talent peu commun l'horreur et la douceur, la Coréenne Bora Chung.

25/05/2025, 08:55

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Les 30 ans de Mnémos couronnés aux Imaginales 2025

Il aura fallu près de 10 ans pour que la série de Fabien Cerutti, Le Bâtard de Kosigan, atteigne la consécration : le Prix du Roman Francophone des Imaginales 2025. Le roman lauréat, Un Printemps de sang, toujours publié chez Mnémos, est en réalité la première histoire qu'il a écrite : « J'ai rédigé tout le reste comme un prélude », nous assure-t-il, et de compléter : « Tous les romans ont leur histoire particulière, mais celui-ci occupe une place spéciale : c’est le point d’origine. »

24/05/2025, 18:15

ActuaLitté

Décrire les images, un casse-tête au service du livre accessible

Rendre un livre numérique véritablement accessible commence par un travail souvent invisible. Avant même d’adapter le contenu aux besoins des personnes en situation de handicap, il faut en analyser chaque composant. Parmi eux, les images posent un défi singulier : comment transmettre visuellement l’essentiel… à ceux qui ne voient pas ? Dans le cadre de son engagement pour un livre numérique plus accessible, De Marque vient de lancer un nouvel outil qui facilite grandement le travail des éditeurs. 

21/05/2025, 12:13

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Les jeunes lisent-ils encore ? Réponses croisées de deux bibliothécaires

Le nouveau numéro de la revue Bibliodiversité, intitulé « Les (r)évolutions de la lecture », vient d'être publié par les éditions Double Ponctuation, en partenariat avec l'Alliance internationale de l'édition indépendante. À l'occasion de sa sortie, ActuaLitté s'est entretenu avec Florie Boy et Coline Renaudin, deux bibliothécaires toulousaines qui sont allées à la rencontre des adolescents de la médiathèque José Cabanis.

19/05/2025, 17:46

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De la France à Turin : “Le salon est un grand moment de sociabilité”

Au Salon du livre de Turin, cette année, nous avons rencontré deux professionnelles de l’édition entre France et Italie : la traductrice Lise Caillat, traductrice, entre autres, d’Alessandro Baricco, et la libraire de La Libreria à Paris, Florence Raut. Elles nous ont expliqué ce que signifie pour elles se déplacer à Turin et venir respirer l’ambiance du Salon.

19/05/2025, 16:08

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“L’auteur est le trésor de l’éditeur” : Elisabetta Sgarbi et Paolo Repetti à Turin

Teresa Cremisi, présidente d’Adelphi, est responsable de la section du programme du Salon du livre de Turin consacrée à l’édition. Nous avons assisté aux rencontres avec deux grandes figures de l’édition italienne : Elisabetta Sgarbi et Paolo Repetti. Ce fut pour eux l’occasion de revenir sur la fondation de leurs maisons et de partager leur vision du rôle de l’éditeur.

18/05/2025, 21:56

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De Schuiten à Mœbius : les légendes de Métal Hurlant de retour à Amiens

Directrice générale des Humanoïdes Associés, Marie Parisot se retrouve par conséquent à la tête de l’iconique revue Métal Hurlant. Alors que cette dernière célèbre ses 50 ans, elle sera présente lors des Rendez-vous de la Bande dessinée d’Amiens. Entretien, entre rétrofutur et néopassé.

17/05/2025, 12:42

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”Nous demandons aux livres de refaire le monde.”

Nous avions découvert la maison d’édition Prehistorica lors du Salon du livre de Turin 2021, attirés par la silhouette de la tour Eiffel qui se détachait en toile de fond de leur stand. Quatre ans plus tard, le projet a mûri, tout en restant fidèle à l’inspiration fondatrice de l’éditeur Gianmaria Finardi : faire connaître la littérature française en Italie, à travers une politique d’auteur rigoureuse.

17/05/2025, 11:11

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"L’humour permet de rouvrir un peu la fenêtre d’overton"

Tienstiens continue de faire voyager Koko, la gorille qui peut communiquer en langage des signes, à travers notre société et les oeuvres cultes de la pop culture. Ce week-end, l'auteur de bande dessinée et sa mascotte posaient leurs valises à Montpellier, pour la Comédie du Livre 2025.

16/05/2025, 21:20

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Youtube, radio, prix : l'après Librairie Francophone d'Emmanuel Khérad

En juillet dernier, Emmanuel Khérad revenait, dans les colonnes d'ActuaLitté, sur l'arrêt brutal de son émission, La Librairie francophone, après près de 20 ans d'existence. Quelques mois plus tard, le journaliste engagé en faveur de la francophonie revient avec un nouveau prix littéraire, une chaîne YouTube, et une ambition : renouer avec sa passion, la radio.

16/05/2025, 17:57

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Quand l’écriture devient une traversée sans boussole

Dans cette carte blanche, Cécile Cabot, autrice des Révoltés de Montauban (Éditions des Libertés), nous entraîne dans les coulisses d’un voyage d’écriture aux allures d’expédition maritime. Loin du cliché du roman-marathon, elle revendique une navigation incertaine, portée par le souffle de l’inconnu, les tempêtes créatives et les courants contraires. À la manière des explorateurs d’autrefois, elle lève l’ancre sans carte ni cap précis, avec pour seuls repères l’instinct et l’appui de son équipage littéraire. 

15/05/2025, 17:50

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“Je suis un auteur augmenté. Et je l’assume.”

David Pareÿt est auteur indépendant : il se présente comme un « architecte de quatre voix littéraires », chacune représentant un univers spécifique. Il a adressé à ActuaLitté une déclaration intitulée « Je suis un auteur augmenté », court texte qui pose les bases de sa déontologie littéraire concernant l’usage de l’intelligence artificielle dans les processus de création.

15/05/2025, 12:26

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Terres de Paroles 2025 : l’enfance au cœur d’un printemps littéraire

Le Festival de Seine-Maritime, Terres de Paroles, délaissait l’arrière-saison en 2024 pour s’ancrer dans l'époque du renouveau, où la nature s’éveille. Cette année, il poursuit sur cette lancée printanière, du 17 au 24 mai, avec un thème aussi intime qu’universel, « Quelque chose de l’enfance ». Une invitation à explorer les racines de notre imaginaire et à retrouver ce qui, en nous, continue de dialoguer avec nos premières années.

13/05/2025, 18:42

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Francis Grembert : un chagrin sous l’écorce, Prix Cazes 2025

En couronnant Les Deux Tilleuls de Francis Grembert pour son 89e anniversaire, le Prix Cazes 2025 honore une œuvre grave, douce et nue. Ce récit pudique sur la perte d’un petit frère, mêlant mémoire rurale et douleur silencieuse, s’impose à rebours des modes comme un bijou d’écriture retenue. Loin des brouhahas littéraires, il murmure, touche et résiste. Un hommage bouleversant au lien fraternel, et un manifeste discret pour une littérature du peu qui dit tout. Par Yves-Alexandre Julien.

13/05/2025, 10:19

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La spiritualité des peuples racines : un regard sur le vivant

Camille Guibbaud - éditrice au sein du groupe éditorial Piktos - donne son regard sur l'importance de la lecture des ouvrages portant sur la spiritualité des peuples racines pour une nouvelle perception de notre façon de penser.

12/05/2025, 17:08

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La Bourgogne racontée par les yeux d’un poète : dans l’intimité de Lamartine

Dans les rues de la ville bourguignonne de Mâcon, les enfants vendent du muguet. Nos pas s’arrêtent devant la plaque commémorative du mur du Musée des Ursulines, réchauffé par le soleil du premier mai. Une plaque nous apprend que le père de Lamartine a été interné dans cet ancien couvent des Ursulines, devenu prison sous la Révolution. 

12/05/2025, 12:00

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Pourquoi Jeanne & Juliette fait le pari d’une édition sincère et incarnée ?

Éditrice et fondatrice des éditions Jeanne & Juliette, Virginie Bégaudeau signe une série d’articles dans nos colonnes. Sa maison propose des récits aux figures féminines fortes, ancrées dans des contextes historiques marquants – un écho à notre époque, par-delà les siècles. Or, être indépendant, c'est publier librement, mais jamais seule. Voici son dernier billet.

10/05/2025, 14:48