Pas une année sans sa polémique autour du Festival d'Angoulême, si bien que certains ironisent sur les stratégies de communication des organisateurs. Les 30 noms de la liste des nominés pour le Grand Prix du Festival ne comptent ainsi pas une seule femme, relève le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme, malheureusement plus que jamais d'actualité.
Le 05/01/2016 à 17:59 par Antoine Oury
Publié le :
05/01/2016 à 17:59
Le Festival de la BD d'Angoulême, en 2014 (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Une promotion strictement masculine, pour un 9e Art toujours considéré comme fondamentalement machiste. Brian M. Bendis, Christian Binet, Daniel Clowes, Stan Lee, Étienne Davodeau, Alan Moore, Quino ou Jean Van Hamme figurent en bonne place dans une liste des nominés qui ne s'embarrasse pas des considérations de genre ou d'époque.
A contrario, difficile de ne pas noter l'absence criante d'auteures, soulignée par le Collectif :
Nous rappelons que depuis 43 ans, Florence Cestac est la seule femme à avoir reçu cette distinction. Claire Brétecher, pilier du Neuvième Art, n’a elle-même jamais reçu le Grand Prix, repartant en 1983 avec le prix du 10ème anniversaire (prix n’ayant jamais empêché ses lauréats d’être éligibles pour les Grand Prix suivants).
Nous nous élevons contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes.
Florence Cestac, créatrice des Ados, fait d'ailleurs partie du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme. Rappelons que, depuis 2014, tous les auteurs édités en langue française, quelle que soit leur nationalité, peuvent s'exprimer par vote pour choisir 3 auteurs parmis les nominés. Le Collectif appelle à un boycott de ce vote, qui leur semble d'ores et déjà bien éloigné de la réalité de la création contemporaine.
Aucune femme dans les nominés au Gd Prix du #FIBD, des dessinatrices appellent au boycott https://t.co/eXtygrNC4bpic.twitter.com/FeRUyb2Ym2
— Anne Douhaire (@annedouh) 5 Janvier 2016
En effet, quel est donc le message envoyé aux autrices de bande dessinée et à celles en voie de le devenir ? On voudrait les décourager à avoir de l’ambition, à poursuivre leurs efforts, que l’on ne s’y prendrait pas autrement. On en revient à la notion de plafond de verre, toujours aussi désastreux : on nous tolère mais pas en haut de l’affiche. Les femmes en bande dessinée, doivent rester des « auteurs confidentiels » par usage ?
Le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme a été créé sur une initiative de Lisa Mandel, Julie Maroh et Jeanne Puchol, suivies par plus d'une centaine d'auteures, et a commencé ses activités au printemps 2015. Si la place et le statut des femmes dans la bande dessinée sont particulièrement défavorables, l'édition tout entière est concernée, d'après plusieurs études.
autre chose : c'est pas juste le FIBD qui se montre sexiste, c'est le reflet de ce qu'il se passe dans l'édition et dans toute la société
— TANX (@TANXXX_) 5 Janvier 2016
Par ailleurs, un autre collectif, La Barbe, dénonce régulièrement le sexisme observé dans les distinctions littéraires, que l'on se tourne vers les nominés, les lauréats ou parfois les jurys de ces institutions.
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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