C'était il y a un an, et les habitants étaient tristes à mourir : leur petite bibliothèque implantée dans une ancienne cabine téléphonique, si typique au Royaume-Uni va disparaître. Par ordre de British Telecom, l’endroit ne pourrait plus accueillir les sélections de livres, amoureusement partagées – pour de bêtes raisons de sécurité et de santé. En février 2015, la fin semblait programmée pour la Bibiothèque téléphonique de Banbury (Oxfordshire).
Le 10/02/2016 à 17:54 par Nicolas Gary
Publié le :
10/02/2016 à 17:54
Matt Brown, CC BY 2.0
Retour sur l'histoire. Dans un courrier envoyé par BT, les citoyens avaient donc pris connaissance des inquiétudes que formulait la société télécom. Selon elle, l’installation dans la cabine téléphonique d’étagères met en danger les utilisateurs. Les planches pourraient tomber et blesser les habitants.
« Nous comprenons les bonnes intentions derrière l’initiative de ce partage de livres. Toutefois, nous sommes préoccupés par les ouvrages et les étagères susceptibles de blesser si elles venaient à tomber. Nous avons donc demandé que les livres, les étagères et le reste, soient retirés dès que possible », poursuivait le document.
En outre, indiquait BT, ces little free library auraient été installées sans l’accord de la société. Mais Heath Robinson, dessinateur célèbre pour ses machines complexes qui exécutent des tâches simples, voire idiotes, n’était pas d’accord. Il soulignait que la société de télécommunication avait contribué à convertir 2400 vieilles cabines en projets communautaires, y compris les bibliothèques.
Supprimer celle de Banbury était un sacrilège, au point que les habitants avaient déjà lancé un hashtag Twitter #Saveourphoneboxlibrary en juillet 2015. Et le problème reviendrait sur la table « Cette bibliothèque dans la cabine, à Banbury est incroyable, mais BT veut la supprimer. Dites-leur non », clame un internaute indigné. (via The Standard)
#saveourphoneboxlibrarypic.twitter.com/ogYHNg1x1z
— EllyWellie (@EllyWellie) 20 Juillet 2015
Photo de l'opération de juillet 2015
Pour certains, les appréhensions autour de la santé et de la sécurité sont tout bonnement délirantes. On comprenait que la cabine soit la propriété de BT, mais plutôt que de la faire disparaître, pourquoi ne pas expliquer quelles sont les choses à mettre en place pour qu’elle entre en conformité ?
Un sentiment de partage, avant tout
Un résident, sous couvert d’anonymat, expliquait que, de lui-même, il avait apporté des ouvrages, avec l’espoir secret que ces derniers circulent chez ses concitoyens. « Je voulais faire sourire les gens, mais plus que cela, je voulais partager l’expérience de ces textes, laisser les autres en profiter et les lire. Parois, les gens découvrent des ouvrages de manière inattendue, et parfois, les livres eux-mêmes rencontrent leurs prochains lecteurs. »
La popularité de la cabine, comme outil de book crossing avait grandi, au point que chacun s’est lancé, et a apporté sa contribution.
Des dizaines de livres sont apparus rapidement dans l’endroit, de même qu’ailleurs en Angleterre. Le village de Somerset comptait parmi les premiers à s’être lancé dans l’aventure, en novembre 2009, pour le plus grand bonheur de tous. La cabine téléphonique, abandonnée par la société BT et rachetée pour 1 £. Ensuite, ce fut un peu d'huile de coude, pour installer des étagères de bois et désormais, chacun peut venir prendre un livre à son gré. Pas la première fois que les cabines anglaises se font relifter, puisque l'on avait vu par le passé des cabines de douche ou même des toilettes publiques.
Cette installation fait sourire les habitants, décidés à ce que leur bibliothèque improvisée ne quitte pas le paysage. Au cours de l’année passée, 1093 appels ont été passés depuis la cabine, toujours en état de fonctionnement. Et malheureusement, la demande en coups de fil semble supérieure à celles des livres.
Un an plus tard, il semble bien que les habitants aient obtenu gain de cause. Et que leur installation soit toujours en place.
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