Le romancier et nouvelliste Maurice Pons, compagnon de la Nouvelle Vague, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 91 ans. Auteur des Saisons, son roman le plus connu (publié en 1965), il s’était depuis de nombreuses années retiré dans le Moulin d’Andé, en Normandie. Il était romancier et nouvelliste, donc, mais aussi traducteur de textes anglais. Maurice Pons cultivait auprès de son entourage une image d’éternel dandy.
Le 09/06/2016 à 18:16 par Joséphine Leroy
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Publié le :
09/06/2016 à 18:16
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Maurice Pons est né à Strasbourg en 1925. Il s'était d'abord lancé dans des études de philosophie avant de les abandonner. En 1951, il publie Métrobate (éd. Julliard, réédité en 1982 sous le titre Pourquoi pas Métrobate ? suivi de L’Histoire de Métrobate), sa première nouvelle. Deux ans plus tard, c’est au tour de La Mort d’Eros (éd. Julliard) d’être publié. Son recueil Virginales a inspiré François Truffaut pour son court-métrage Les Mistons.
Le roman autobiographique Le Cordonnier Aristote est publié en 1958. Deux ans plus tard, en 1960, Le Passager de la nuit est à son tour publié. Ce roman est centré sur la guerre d’Algérie, sujet auquel il tenait puisqu’il avait signé la même année le « Manifeste des 121 », manifeste dans lequel 121 intellectuels dénoncent la guerre d’Algérie.
Maurice Pons s'est toujours tenu auprès des membres de la Nouvelle Vague, avec lesquels il partagera une histoire, mais aussi un lieu, devenu mythique : le Moulin d’Andé, situé dans l’Eure. Vieux bâtiment datant du XIIe siècle, le moulin est la propriété de Suzanne Lipinska et devient un centre spécifique à la création artistique (théâtre, littérature ou cinéma). La Nouvelle Vague s’éprend de l’endroit et les réalisateurs François Truffaut, Louis Malle et Alain Cavalier en font le lieu d’écriture de leurs scénarios. « Jules et Jim » y sera même en partie tourné.
L'auteur conservera toujours un lien fort avec le cinéma. Son livre fantastique Les Saisons (éd. Christian Bourgeois), qui met en scène l’arrivée d’un écrivain dans un village montagneux où, très étrangement, ne poussent que des lentilles, avait inspiré la réalisatrice Sylvia Habault. Cette dernière avait récemment sorti un film intitulé « Une saison de Maurice Pons », en salles actuellement dans le Quartier latin, à Paris. « Il était très dandy, un peu dilettante, mais très profond. C’était un être charmant », a-t-elle confié à l'AFP après avoir annoncé la nouvelle.
« J’ai beaucoup de mal à parler de ma vie et de mes livres. Parce que ma vie se confond avec mes livres et que dans mes livres — quand je parle de moi — je confonds résolument ce que j’ai vécu et ce que j’ai rêvé et imaginé. » « J’ai toujours pensé qu’un écrivain, parlant de lui, se devait de mentir — mais de “mentir-vrai” — comme disait superbement Aragon », avouait Maurice Pons.
1 Commentaire
GYSSELS KATHLEEN
30/06/2023 à 13:52
excellent article. avec la disparition de suzanne Lipinska, j'aimerais bien vous proposer un portrait de cette Intellectuelle hors pair qui avec Maurice Pons, aurait dû "gagner le Nobel" m'écrit René DEPESTRE, l'écrivain haïtien resté un "Fidèle du Moulin".
professeur kathleen Gyssels
littératures postcoloniales, diasporas noire et juive