La fin du mois de juin annonce les vacances scolaires, mais aussi la saison des rapports d'activité : la Bibliothèque nationale de France publie ainsi le sien, qui revient, entre autres, sur la fréquentation des salles de lecture et des expositions, les acquisitions patrimoniales, la charte de conservation ou encore les fonctions budgétaires et financières. Morceaux choisis.
Le 28/06/2016 à 16:00 par Antoine Oury
Publié le :
28/06/2016 à 16:00
(ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
La Bibliothèque nationale de France a choisi de proposer son rapport annuel 2015 en ligne, mais une version PDF est téléchargeable en fin d'article. Dans son avant-propos, la présidente de la BnF Laurence Engel se félicite de l'aboutissement d'« engagements stratégiques décisifs » : actualisation de la charte documentaire, développement des publics, actualisation du projet scientifique et culturel du site Richelieu et adoption d’un plan d’action donnant suite aux conclusions de l’audit en responsabilité sociale font partie de sa liste.
La Bibliothèque nationale de France se félicite d'une fréquentation globale en hausse pour l'année 2015 : les salles de lecture, expositions, manifestations, l'offre pédagogique et les visites totalisent « environ 1,1 million de visiteurs accueillis », contre 1,05 million en 2014. La progression serait due, selon la BnF, « à une stabilité globale de la fréquentation des salles de lecture » ainsi qu'à « un redressement significatif de la fréquentation de la programmation culturelle ». Programmation culturelle qui aurait pu attirer encore un peu plus de monde dans un autre contexte que celui des attentats terroristes, à n'en pas douter.
Extension non négligeable de l'établissement, la bibliothèque en ligne Gallica connaît elle aussi une croissance de visites en 2015 : « le nombre de consultations de Gallica continue de croître (15,98 millions de visites en 2015, soit une moyenne de 43 800 visites par jour, en progression de 700 000 par rapport à 2014, soit + 4,5 %) », se félicite l'établissement.
Les expositions organisées par la BnF ont été plébiscitées par le public : avec 220.000 visiteurs, la progression est d'environ 10 % par rapport à 2014, 16 % pour les expositions temporaires.
Notons enfin le chiffre d'affaires en hausse des éditions de la BnF, qui compte un catalogue d'environ 1000 titres : 28 titres sont parus en 2015 (30 en 2014), et l'objectif annuel de chiffre d'affaires, à 600.000 €, est atteint avec 644 988 € hors taxes en 2015, soit une hausse de 11 % par rapport à l'année précédente. Si la BnF évoque sa collection XIX réalisée en exclusivité avec iBooks, elle ne communique pas sur les résultats, soit parce que la période est trop réduite, soit parce que les données sont celles de BnF-Partenariats, filiale privée de l'établissement public.
Pour rester dans les partenariats public-privé, la BnF évoque l'accord passé en 2015 « avec l'éditeur Adam Mathew Digital, pour la réalisation d'un corpus d'images sur l'exposition universelle de 1889 » dans le cadre de la numérisation de ses collections. Celui passé avec ProQuest se poursuit, avec 1,79 million de pages de livres anciens numérisées en 2015, portant le total à 4,7 millions de pages.
740 000 images de manuscrits, estampes, photographies et cartes ont été réalisées en 2015, permettant d'atteindre les objectifs fixés pour le marché collections spécialisées 2013, après « les difficultés rencontrées ».
Le marché de numérisation de masse des imprimés lancé en 2014 et financé par le CNL a conduit à la numérisation de plus de 4,6 millions de pages et à leur intégration dans la bibliothèque numérique. L'autre marché concerne le fonds de la bibliothèque Arsenal, avec des manuscrits du XVe au XXe siècle : « Achevé en septembre 2015, il a permis de numériser et de mettre en ligne 420 000 images au cours de l'année », signale la BnF. Une autre phase de numérisation des Imprimés exceptionnels interviendra en 2016.
La BnF avait été frappée en 2015 par des cas de vols de documents, et fait part de plusieurs dispositions prises pour les empêcher :
Au titre de mesures dites d’urgence, la Bibliothèque a mis en place une cellule de crise et tenu à un rythme plus soutenu des réunions du comité de sûreté ; les espaces concernés de la zone 2 de Richelieu ont bénéficié d’équipements vidéo complémentaires et certains accès ont été sécurisés. Les procédures de contrôle ont été renforcées en entrée et en sortie du site, tant pour les visiteurs que pour les personnels, avec des vérifications aléatoires. Parallèlement, les départements des Cartes et plans et des Estampes et de la photographie ont bénéficié de renforts en personnels afin d’amplifier les récolements rétrospectifs de leurs collections.
Par ailleurs, deux audits ont été commandés à une société extérieure, dont les résultats sont en cours d'analyse, et des formations seront dispensées aux agents de l'établissement.
La cadre budgétaire 2015 de la BnF s'est « amélioré » par rapport à 2014, mais l'augmentation de la subvention pour l'investissement (+ 22 %) était destinée à la mise aux normes des bâtiments. Le budget initial se solde à 16,56 millions €, contre 13,60 millions € en 2014. Le budget 2015 « reste contraint à la fois par l'augmentation du niveau du gel et par l'augmentation structurelle de nombreux postes de fonctionnement du fait de l'actualisation des marchés et du glissement vieillesse technicité (GVT) de la masse salariale », souligne néanmoins la BnF.
Pour le compte financier, « l'exécution 2015 se solde par un bénéfice de 4,335 M€ qui conduit à une capacité d'autofinancement (CAF) de 7,839 M€ et à un abondement du fonds de roulement de 6,073 M€, qui s'élève ainsi à 50,660 M€ (contre 42,027 M€ constatés au compte financier 2014) », calcule la BnF. La subvention de l'État pour le fonctionnement baisse de 2,7 millions €.
Si le bilan financier n'est pas vraiment pessimiste, la synthèse de la BnF se termine toutefois sur cette phrase plutôt piquante : « L'ensemble de ces réalisations [détaillées dans le bilan 2015, NdR] a pu être mené à bien grâce à la mobilisation et à l'engagement au quotidien des quelque 2 400 agents de l'établissement et malgré la poursuite de la réduction des effectifs »... Les personnels ne pourront qu'acquiescer.
C'est l'une des premières missions de la BnF : selon le Code du Patrimoine, elle est l'organisme qui collecte, dès lors qu’ils sont mis à la disposition d’un public, les documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels, multimédias, les logiciels, bases de données, mais aussi les pages web. En 2015, la BnF s'est lancée dans une consolidation « du traitement des métadonnées » issues de cette collecte, afin de rendre le catalogue général plus accessible.
Le patrimoine bibliographique de la BnF s'étend désormais à 13 millions des notices bibliographiques et 5 millions de notices d'autorité, interopérables et validées par plusieurs organismes — le consortium OCLC ou celui des bibliothèques européennes de recherche (CERL).
La mise en place d'un extranet permettant aux éditeurs de déclarer rapidement leurs ouvrages fluidifie les échanges, et permet également « aux distributeurs des grands groupes d'édition, mandatés par les éditeurs, d'adresser à l'extranet par flux FTP les déclarations des ouvrages simultanément à leur mise en vente ». Ce vecteur concerne, fin 2015, un dépôt de livre sur dix, signale la BnF.
Cette année, le Code du Patrimoine a été modifié pour faire en sorte que les éditeurs ne déposent plus qu'un seul exemplaire papier au titre du dépôt légal, contre deux auparavant. Par ailleurs, si les propositions législatives pour créer un dépôt légal du livre numérique obligatoire pour les éditeurs ont échoué, c'est parce que les conditions techniques n'étaient visiblement pas réunies pour la BnF : cette dernière expérimente depuis début 2016 avec des éditeurs et e-distributeurs volontaires.
Pour en savoir plus sur le dépôt légal, voir le rapport 2015 de l'Observatoire du dépôt légal
Rapport 2015 de la Bibliothèque nationale de France
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