Voilà près d’un mois que la boutique officielle du Petit Prince a ouvert à Paris, sous le nom de Petit Prince Store Paris. Situé dans le Quartier latin, à Odéon, le concept remporte pour le moment un succès naissant, mais très encourageant pour la suite. Thomas Rivière, arrière-petit-neveu de l’auteur à l’origine de l’histoire de la planète Astéroïde B612 et de ses habitants, est un membre de la fondation Succession Antoine de Saint-Exupéry. Pour lui, l’ouverture de cette boutique permet au Petit Prince de « rayonner davantage à l’international ».
La devanture du Petit Prince Store Paris (ActuaLitté, CC BY 2.0)
Avec un énorme rayon librairie représentant le cœur de la boutique, le livre est placé au cœur du projet. Écoulé à quelque 350.000 exemplaires chaque année rien qu’en France, le livre du Petit Prince reste l’un des ouvrages les plus vendus depuis sa première parution. Avec 265 traductions officielles, 1300 éditions et 145 millions de copies vendues, il fait partie des livres les plus traduits au monde. Il est vrai que l’ouvrage d’Antoine de Saint-Exupéry suscite encore et toujours un engouement sans pareil. Preuve en est, un Parc du Petit Prince a ouvert ses portes en Alsace, à Ungersheim (Haut-Rhin) en 2014. En deux ans, ce parc de 24 hectares comprenant une trentaine d’attractions et d’aires de jeux a attiré des dizaines de milliers de visiteurs.
« Le Petit Prince n’avait pas besoin de nous pour être un phénomène de l’édition » reconnaît Thomas Rivière. « D’ailleurs, la sortie du film Le Petit Prince [120,2 millions d’entrées, dont 100 millions d’entrées à l’international, notamment en Chine, NdR] adapté par Mark Osborne, a montré que l’amour pour le petit était encore là, et plus fort que jamais finalement puisque l’intérêt est grandissant. Il y a cinq ans déjà, il y avait une véritable demande du public pour un endroit comme celui-ci ».
Le coin librairie du Petit Prince Store Paris (ActuaLitté, CC BY 2.0)
Le Petit Prince touche autant les adultes, qui la comprennent pour toute sa philosophie, que les enfants, qui aiment davantage les dessins et l’histoire. Ce livre crée un lien entre les générations, en incitant à une expérience de partage, une transmission de valeurs. « Les adultes achètent souvent le livre pour eux, car ils sont restés de grands enfants, soit ils l’offrent à leurs enfants » raconte Thomas Rivière. « Dans la boutique, nous vendons actuellement 40 références, éditées sous différentes collections et chez plusieurs éditeurs, autant en français qu’en langues étrangères. Nous profitons aussi de la boutique pour faire découvrir au public l’ensemble des œuvres d’Antoine de Saint-Exupéry telles que Terre des Hommes (éd. Gallimard, 1939), Vol de Nuit (éd. Gallimard, 1931), l’Encyclopédie illustrée du Petit Prince (éd. Huggin & Muninn, 2016) » explique-t-il à ActuaLitté.
Le Petit Prince en langues étrangères (ActuaLitté, CC BY 2.0)
« Nous travaillons principalement avec quatre éditeurs. Gallimard pour l’œuvre originale, Fleurus pour les déclinaisons du livre et les éditions jeunesse, Glénat pour les BD, d’ailleurs nous allons bientôt recevoir un livre mince où les plus grands dessinateurs ont représenté le Petit Prince. Moebius y a contribué. Nous travaillons également avec Huginn & Muninn qui ont réalisé l’Encyclopédie illustrée du Petit Prince éditée pour les 70 ans du Petit Prince », poursuit-il.
Sur les étagères, il est possible de retrouver des éditions du Petit Prince adaptées pour les publics les plus jeunes. « Avec des textes simplifiés qui conservent la philosophie de Saint-Exupéry », précise Thomas Rivière, « nous parvenons à adapter cette lecture pour les plus petits ». Parmi les incontournables du rayon librairie, l’on retrouve le grand livre pop-up du Petit Prince (un album éveil de 66 pages où la quasi-totalité des illustrations de l’ouvrage sont mises en volume), la BD de Joan Sfar — Le Petit Prince, éd. Gallimard, 2008 —, le livre audio interprété par Gérard Philippe, Pierre Larquey et Georges Poujouli et paru en 2002. Cependant, ce sont toutes les éditions limitées sorties à l’occasion des 70 ans du Petit Prince qui remportent le plus franc succès.
Des ouvrages édités pour les 70 ans du Petit Prince (ActuaLitté, CC BY 2.0)
Il fallait marquer l’occasion pour les 70 ans de la sortie de ce conte poétique et philosophique présenté sous l’apparence d’un conte pour enfants. Pour ce faire, la Monnaie de Paris a sorti sa collection « Le beau voyage du Petit Prince », série composée d’une médaille et de quatorze pièces de monnaie de collection, faites soit d’or, d’argent, d’argent coloré ou de bronze florentin. On le disait plus précédemment, l’Encyclopédie illustrée éditée par Huginn & Muninn a aussi vu les choses en grand en sortant un ouvrage retraçant toutes les facettes du Petit Prince. Les coulisses de son écriture et de sa publication, des dessins rares d’Antoine de Saint-Exupéry, un guide de tous les personnages principaux ou encore des photos du manuscrit original sont recensés dans cette édition de 216 pages, à la couverture cartonnée.
Du 7 avril au 28 mai dernier, l’exposition « Le Petit Prince à Paris » était également organisée à la mairie du Ve arrondissement dans le cadre des 70 ans du Petit Prince, mais aussi dans le cadre du festival Quartier du livre. Lors de cette dernière manifestation, qui se déroulait du 21 au 28 mai dernier, les amoureux du livre ont pu assister à des conférences, participer à des ateliers d’écriture, faire des rencontres lors de dédicaces d’auteurs dans les librairies. « Nous avons ponctué l’exposition, qui a rassemblé des dizaines de milliers de touristes, par l’ouverture de la boutique. Ce fut une continuité », explique Thomas Rivière.
Le Quartier latin, situé sur la rive gauche de la Seine, s’étend sur les 5e et 6e arrondissements de Paris. Très célèbre à l’international, et de fait, très apprécié des touristes, le secteur abrite de nombreux monuments célèbres tels que le Panthéon, l’Église du Val-de-Grâce ou encore le Musée du Luxembourg. Cependant, au-delà de l’aspect touristique de l’endroit, il s’agit également du quartier où a vécu Antoine de Saint-Exupéry lorsqu’il a fait ses classes à l’École nationale supérieure des beaux-arts ; mais surtout du quartier des éditeurs.
« Le Quartier latin représente le Paris littéraire, le Paris qui fait rayonner la France à l’étranger. Il fallait que la boutique soit située dans ce quartier qui vit, qui respire. Bien sûr il y a une symbolique forte avec le monde du livre, mais aussi avec Antoine de Saint-Exupéry », souligne celui qui est à l’origine de ce projet. « À la fondation Succession Antoine de Saint-Exupéry, nous voulions créer un endroit où les amateurs du Petit Prince pourraient retrouver des produits dérivés de l’univers du livre », poursuit-il. « Aujourd’hui il y a deux types de profils clients dans notre boutique. On a d’un côté les touristes étrangers que nous voulions toucher, avec énormément de monde qui vient d’Amérique du Sud et d’Asie, et de l’autre côté les Parisiens, qui viennent beaucoup en famille. »
Le coin papeterie du Petit Prince Store Paris (Petit Prince Store Paris)
Thomas Rivière achète alors une licence de marque pour pouvoir exploiter le nom de marque Le Petit Prince, et vendre des produits au nom de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry. En 2013, il tente une première fois l’aventure en ouvrant une boutique showroom dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Aujourd’hui, elle a fermé, mais ce sont dans les anciens locaux que se trouvent désormais les bureaux de la Succession d’Antoine de Saint-Exupéry. « Ce showroom était un brouillon de notre boutique d’Odéon. Elle a commencé à bien marcher, mais elle était complètement isolée. Ici à Odéon, on peut davantage s’exprimer parce que la surface de la boutique est plus importante, ce qui nous permet de faire quelque chose qui corresponde réellement avec l’univers du Petit Prince. Nous avons davantage vu les choses en grand, cette fois-ci » accorde-t-il.
Ce qu’il faut retenir, c’est que l’ensemble des produits présentés en boutique sont des produits sous licence. « Les produits dérivés existent depuis 25 ans et sont disponibles un peu partout puisque chaque licencié — c’est-à-dire chaque fabricant en droit de réaliser des produits dérivés du Petit Prince — a son propre réseau de distribution », indique Thomas Rivière. « Rien qu’en France, ils sont 50, avec 600 à 800 produits différents. Maintenant l’enjeu pour la fondation, c’est de choisir les bons fabricants, qui produisent du travail de qualité. À la Succession, nous sommes constamment sollicités par différentes marques. Nous étudions alors chaque projet, pour voir s’ils s’inscrivent dans nos valeurs ou non. »
La fresque murale de la boutique (Petit Prince Store Paris)
Alors que partout dans le monde, sauf aux États-Unis et en France, l’œuvre du Petit Prince est déjà tombée dans le domaine public, la question se pose. Cela va-t-il changer quelque chose pour les licenciés ? « En France, l’œuvre du Petit Prince va tomber dans le domaine public en 2032. Cela signifie simplement que les éditeurs pourront éditer l’œuvre sans en demander l’autorisation au préalable. Cependant, la marque est protégée, donc des projets comme celui du Parc Le Petit Prince, ou les boutiques seront soumis au droit français », détaille Thomas Rivière. « Les marques et les dessins sont déposés, la Fondation Antoine de Saint-Exupéry a tout protégé et verrouillé pour que l’image du Petit Prince ne soit pas utilisée à mauvais escient, puisque l’objectif numéro un de la Succession Antoine de Saint-Exupéry est de protéger l’œuvre et la mémoire d’Antoine de Saint-Exupéry. »
Aucun changement pour la boutique ni pour les produits dérivés, donc. Pour l’heure, la question n’en est d’ailleurs pas là, même si Thomas Rivière se pose quelques questions sur l’avenir. « Le Petit Prince Store est une licence qui sera peut-être amenée à grandir, mais je pense qu’il faut avant tout développer les choses les unes après les autres, sans se précipiter. On va d’abord voir si cette boutique va fonctionner sur la durée, avant d’en ouvrir d’autres. Si des opportunités venaient à se présenter, l’on travaillera en conséquence, mais pour l’instant, ça ne fait pas partie de nos objectifs. »
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Par Orianne Vialo
Contact : orianne.vialo@gmail.com
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