Les vertus de la littérature classique, parfois malmenée, rejaillissent. Une étude scientifique indique que ces œuvres anciennes apporteraient bien plus aux lecteurs que les productions contemporaines...
Le 16/09/2016 à 12:19 par Clément Solym
Publié le :
16/09/2016 à 12:19
Found Animals Foundation, CC BY SA 2.0
La fiction populaire contemporaine aurait la fâcheuse tendance de verser dans une certaine facilité, indique une étude publiée par l’American Psychological Association. Plus agréable, peut-être, elle emploierait toutefois des personnages prévisibles, là où les personnages de romans classiques sont plus complexes et profonds...
Pour faire simple : mieux vaut, pour la consistance intellectuelle, lire Proust que Dan Brown. Certains en doutaient ? La fiction littéraire qui participe à l’intelligence émotionnelle des lecteurs, voici un point qui ne semble plus à démontrer.
S’appuyant sur une liste de 2000 personnes, les chercheurs ont soumis les visages de 130 auteurs, demandant simplement d’y associer le nom qui convenait. Des personnalités comme Salman Rushdie ou Stephen King furent facilement identifiées. Mais en fonction des identifications, les chercheurs ont déduit que les personnes lisaient des œuvres plus ou moins élaborées.
Par la suite, les cobayes de l’expérience se sont vu proposer des visages d’acteurs, dont seul le regard était mis en exergue. On leur a demandé d’associer une émotion au regard, selon ce qui leur semblait le plus évident.
Or, les personnes qui lisaient de la fiction très littéraire — des textes soutenus ou très soutenus, donc — étaient particulièrement bons à ce petit jeu. Conclusion immédiate des chercheurs : la littérature classique ou dont les valeurs intellectuelles et nutritives pour l’esprit sont reconnues, induisent des analyses plus spécifiques.
En attribuant cette qualité aux textes, ils poursuivent en considérant que la chick-lit, les polars ou encore la science-fiction n’apportent pas le même niveau de profondeur pour les lecteurs. Pour les psychologues de la New School for Social Research in New York, qui ont dirigé cette étude, tout cela est évident.
Intelligence sociale ou reconnaissance des émotions qu’expriment les gens autour de soi, la frontière est finalement ténue, mais les chercheurs l'établissent nettement.
Dans tous les cas, cette nouvelle étude indique que le contact avec la littérature, mais pas la fiction de genre, montre des résultats dans le cas de test de Théorie de l’esprit. En sciences cognitives, cette approche désigne la manière dont une personne est en mesure d’identifier un certain état mental, que ce soit le sien ou celui d’un tiers. Dans des cas extrêmes, on considère que l’autisme ou la schizophrénie relèvent de troubles qui ont trait à la théorie de l’esprit.
Il ne s’agit cependant pas d’empathie à proprement parler : cette dernière ne touche qu’à la dimension émotionnelle et/ou sentimentale. Ainsi, « la fiction littéraire invite les lecteurs à réaliser, ajuster ou envisager, de multiples interprétations des états mentaux des personnages », soulignent les chercheurs.
Pour mémoire, c’est aussi à cet établissement que l’on devait l’ingénieuse idée de proposer à des salariés d’écrire de la fiction au bureau, pour se détendre, et améliorer leur productivité. David Comer Kidd, chercheur à la New School, l’expliquait : les effets psychologiques sont reconnus, mais, en général, liés à des écrits autobiographiques.
Attention à vos lectures, donc...
À retrouver à cette adresse.
Par Clément Solym
Contact : cs@actualitte.com
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