L'acronyme MMORPG recouvre un style de jeu qui connut son apogée avec World of Warcraft : un gigantesque monde virtuel, rendu vivant par des milliers de joueurs connectés simultanément. Sauf que l'on pense plutôt aux orcs, trolls et autres elfes lorsque l'on évoque ces jeux, et pas à des personnages de Jane Austen. Le studio Three Turn Productions a pourtant développé un jeu vidéo basé sur l'univers de la romancière, Ever, Jane.
Le 16/09/2016 à 16:32 par Antoine Oury
Publié le :
16/09/2016 à 16:32
Capture d'écran du jeu Ever, Jane
Judy Tyrer, créatrice d'Ever, Jane, a longtemps étudié la vie et l'œuvre de Jane Austen, sa place dans la société georgienne, qui précède l'époque victorienne : il y a 3 ans, elle décide de fonder Three Turn Productions et mobilise 110.000 $ grâce à Kickstarter. C'était en 2013 ! Après quelques mois de développement, la version bêta d'Ever, Jane est en ligne depuis le mois d'août dernier.
Les MMORPG reposent sur un système de quêtes : le joueur gère son personnage, de son équipement à ses compétences, et le fait d'accomplir ces différentes missions lui permet de récupérer des points nécessaires à l'évolution de l'individu qu'il incarne. Le fonctionnement est le même dans Ever, Jane, sauf que les quêtes sont organisées autour des interactions et des relations sentimentales, et non de combats et autres missions de sauvetage. Les avatars d'Ever, Jane ont aussi des caractéristiques à développer, comme la réputation, la gentillesse ou le bonheur.
Différentes situations attendent les joueurs : sourire discrètement à un protagoniste sans être vu, ou révéler un secret en pleine réception, sans qu'aucun autre convive ne l'entende. Des relations peuvent bien sûr se nouer, mais l'équipe de modérateurs s'assure qu'aucun joueur ne harcèle un autre, ou que des propositions trop ouvertement sexuelles ne soient formulées, univers de Jane Austen oblige.
Pour les joueurs qui ne respecteraient pas ces conditions, Tyrer et son équipe envisagent la création... d'un bagne, dans lequel les joueurs seraient laissés en liberté, mais sans possibilité de poursuivre l'histoire d'Ever, Jane.
En raison de sa formation et de ses centres d'intérêt, Judy Tyrer a tenu à se rapprocher au maximum de l'exactitude historique, ce qui a également permis de rétablir quelques vérités dissimulées. Comme le fait que Jane Austen était une abolitionniste, très sensible aux traitements infligés aux Noirs à l'époque georgienne.
« Nous avons découvert que l'histoire qu'on nous avait enseignée avait été expurgée, très expurgée. Mais cela nous donne la possibilité d'aider, de présenter une histoire où les Noirs n'ont pas tous été gommés, ce qui est aussi très stimulant », explique la fondatrice de Three Turn Productions.
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La plupart des joueurs sont des joueuses, précise Judy Tyrer, avec plusieurs centaines d'inscrits et environ une trentaine de joueurs en ligne à tout moment de la journée. L'équipe derrière le jeu a aussi voulu créer un univers qui plaise à ceux qui ne sont pas des joueurs, habituellement : « Nous essayons vraiment d'ouvrir un marché et je pense qu'un grand nombre de personnes jouerait aux jeux vidéo si on leur en proposait un qui leur en donne l'envie. » Les mécaniques de jeu d'Ever, Jane n'ont d'ailleurs pas été négligées : basées sur la discrétion et la subtilité, elles se prennent rapidement en main, mais demandent un certain exercice.
Évidemment, Tyrer n'est pas totalement étrangère au monde du jeu vidéo : en réalité, elle y a travaillé des années, sur des titres comme Second Life, Magic the Gathering : Tactics et Ghost Recon. Elle en connaît les contraintes, dont, bien sûr, un certain sexisme : Ever, Jane se cherche encore des investisseurs, et, reconnaît-elle, la version bêta du jeu reflète malheureusement le manque de moyens.
Il faudra donc prendre sur soi pour les bugs et autres textures mal terminés, mais la bêta peut être essayée gratuitement depuis le site du jeu.
via enGadget
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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