Les lauréats du Prix Bristol des Lumières ont été annoncés hier soir après une délibération du jury retransmise en direct sur France Culture : Francis Wolff a été distingué dans la catégorie essai français pour Il n’y a pas d’amour parfait, publié chez Fayard, tandis que Maurizio Bettini remporte la récompense en catégorie essai étranger pour Éloge du polythéisme, Ce que peuvent nous apprendre les religions antiques, publié aux éditions Les Belles Lettres dans une traduction de Vincianne Pirenne-Delforge.
Le 24/11/2016 à 15:29 par Antoine Oury
Publié le :
24/11/2016 à 15:29
(photo d'illustration, ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Destiné à rendre hommage aux philosophes des Lumières, le Prix Bristol des Lumières a pour vocation de récompenser des ouvrages qui apportent une réflexion nouvelle, voire polémique, sur notre temps, dans la tradition de l'esprit critique, des libertés et de l'humanisme du XVIIIe.
Depuis 2011, il met à l’honneur l’auteur d’un essai philosophique, politique ou de société, écrit en langue française et publié dans l’année. En 2015, le prix s’est ouvert aux essais étrangers traduits en langue française.
Chacun des deux lauréats reçoit un chèque d’un montant de 5 000 euros et un vase en cristal Baccarat. Grâce au partenariat avec France Culture, le Prix Bristol des Lumières est le seul prix littéraire qui permet d’assister en toute transparence à la discussion et au vote d’un jury, en direct dans une émission spéciale « Du Grain à Moudre » de 18h20 à 19h.
Présidé par Jacques Attali, le jury se compose de Christophe Barbier, André Bercoff, François de Closets, Alexandre Lacroix, Aude Lancelin, Géraldine Muhlmann, Olivier Poivre d’Arvor et Sandrine Treiner.
Malek Chebel, décédé le 12 novembre 2016, faisait partie du jury depuis sa création.
Maurizio Bettini, Éloge du polythéisme, Ce que peuvent nous apprendre les religions antiques, Les Belles Lettres (septembre 2016), traduit de l'italien par Vincianne Pirenne-Delforge
Deux mille ans de monothéisme nous ont habitués à croire que Dieu ne pouvait être qu'unique, exclusif, vrai. En revanche, les polythéismes antiques envisageaient la possibilité de faire correspondre entre eux dieux et déesses provenant de différentes cultures (Zeus et Jupiter, Isis et Déméter), ou même d'accueillir des divinités étrangères dans leur propre panthéon. Cette disposition à l’ouverture fait que le monde antique, même s’il a connu les conflits, voire les carnages, est resté étranger à la violence de nature religieuse qui a ensanglanté les cultures monothéistes et continue de le faire. Serait-il possible aujourd’hui de puiser aux ressources du polythéisme pour rendre plus faciles et sereines les relations entre les différentes religions ?
Maurizio Bettini enseigne la philologie classique à l'université de Sienne, où il a fondé le Centre « Anthropologie et Monde antique ». Depuis 1992, il anime régulièrement un séminaire au Department of Classics de l'Université de Californie à Berkeley. À plusieurs reprises, il a été Directeur d’Études associé à l’École Pratique des Hautes Études à Paris et a enseigné au Collège de France. En Italie, il collabore régulièrement à la page culturelle de « La Repubblica ». Ses livres ont été traduits en de nombreuses langues. En France, on mentionnera Le Mythe d’Œdipe, Paris, Belin, 2010 ; Le Portrait de l’amant(e), Paris, Belin, 2011 ; Je est l’autre ? Sur les traces du double dans la culture ancienne, Paris, Belin, 2012 ; Le Mythe de Circé, Paris, Belin, 2013.
Francis Wolff, Il n’y a pas d’amour parfait, Fayard (octobre 2016)
L’amour a inspiré les chants les plus déchirants, les meilleurs romans et les pires, des comédies irrésistibles, des tragédies bouleversantes. Il est possible d’y ajouter quelques considérations philosophiques. Des préliminaires, seulement. Non à l’amour (le philosophe n’a là-dessus aucune expertise), mais à son concept (c’est son domaine, dit-on). L’amour n’est ni l’amitié, ni le désir, ni la passion. C’est la fusion improbable de ces tendances opposées. Car les composantes de l’amour ne jouent pas collectif, tel est le drame, et la grandeur, de l’amour. C’est parce qu’il est de nature hétérogène, donc instable, qu’il est le moteur tout-puissant de tant d’histoires, grandioses ou banales, dans les littératures universelles et dans nos vies ordinaires.
Francis Wolff est philosophe, professeur émérite au département de philosophie de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Il est notamment l’auteur, chez Fayard, Pourquoi la musique ? (2015).
En direct: les délibérations du prix Bristol...par franceculture
Par Antoine Oury
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