On se surprend parfois à sourire, quand un ancien responsable des services de la rue de Valois sort de sa réserve et de son devoir de réserve. Ce matin, la question du projet ReLIRE était évoquée dans le cadre de la journée Biblidroit. Comme jamais auparavant, le ministère n’a accepté de nous répondre, l’occasion était trop belle...
Le 13/12/2016 à 13:02 par Nicolas Gary
Publié le :
13/12/2016 à 13:02
ActuaLitté, CC BY SA 2.0 - ReLIRE, machine à cash pour Bisounours ?
Hugues Guenassia de Ferran, aujourd’hui Directeur adjoint du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, était l’un des artisans de ReLIRE. Sollicité par ActuaLitté sur les coûts du projet de numérisation, de publicité, etc., l’ancien directeur adjoint du service livre et lecture au ministère n’a évidemment rien répondu. Rien, ou presque.
« Malheureusement, il y a eu une énorme polémique autour des livres indisponibles, qui a été animée non pas dans le souci de faire progresser la science juridique, mais pour essayer d’alimenter les blogs sur des fondements qui n’étaient pas toujours très exacts. Nous avons essayé de développer un projet qui était conforme au droit et une pratique qui était largement répandue en Europe, celle des licences collectives étendues. Et qui n’a pas été appréhendée par un certain nombre d’organes de presse dont ActuaLitté. C’est un peu regrettable. »
Et de nous accuser – si, si –, d’avoir menée une campagne quand « 99 % des auteurs étaient représentés par les sociétés qui ont négocié » n’ont « pas eu voix au chapitre ». Rappelons que le projet porté par le ministère a été sanctionné par la justice européenne, juste au cas où.
« Il y a eu une campagne violente et systématique dirigée contre ce projet. Je pense que ça n’a pas été neutre dans la perception du sujet par les différents juges. » Pas toujours très exacts... Alors, profitons de ce que l'occasion nous est donnée pour passer en revue la liste, non exhaustive, des boulettes du ministère de la Culture
• ReLIRE ne devait concerner que les auteurs français du XXe siècle. Pas de chance, il s'est trouvé des traductions, contraignant Nicolas Georges, alors directeur adjoint du service livre et lecture, à présenter des excuses officielles de la France aux écrivains britanniques.
• Une société de communication avait projeté une campagne qui rendrait ReLIRE sympa et moderne. Dans leurs recherches, elle avait notamment utilisé des livres présents dans le registre, ceux de l'ancien actrice de X, Brigitte Lahaie. Joli.
•Jusqu'en janvier 2014, le modèle écononomique de ReLIRE était tout bonnement inexistant. Ou trop complexe pour être présenté en toute transparence. Ou alors, encore très brouillon...
• Autant le codage des ebooks ReLIRE était très correct, autant la numérisation des couvertures est déplorable. Il n'y manquerait en effet que les empreintes digitales, voire des traces de mayonnaise.
• Le ministère de la Culture a tant fait preuve de transparence vis-à-vis de son projet qu'en 2013 pour lui donner toute sa splendeur, il s'est amusé à caviarder Wikipedia. Et a ainsi tenté de réécrire l'histoire.
• Oh, d'ailleurs, ReLIRE ne devait numériser que des oeuvres du XXe siècle. Mais lors de la présentation de la première liste de livres à numériser... on retrouvait des ouvrages du XXIe siècle.
Il ne s'agit là que d'un florilège, choisi sur le pouce, mais assez représentatif.
Interrogé sur les suites de ReLIRE, l'ancien directeur adjoint du SLL, offre une réponse plutôt fantasque : « Il ne vous a pas échappé que je ne suis plus au service du livre et de la lecture [service du ministère de la Culture], et qu’il ne m’appartient pas de me prononcer sur la politique en ce domaine, même si j’avais l’information. » Son intervention se limitait donc à faire un point sur le projet et sa situation juridique, en tant qu’observateur de ReLIRE durant son montage et sa mise en route.
Et nous permettre de rappeler à quel point ce grand projet de numérisation patrimonial a été rondement mené.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
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