Soudainement, ils se sont mis à voler, courir plus vite, beaucoup plus vite. Et ils se sont découvert une force supérieure. L’un pouvait se rendre invisible, l’autre lire dans les pensées, l’une avait une mémoire absolue, l’autre changeait d’apparence... Ils étaient sept. Les premiers super héros au monde. Et ils venaient d’éclore sur l’Hexagone.
Le 04/01/2017 à 12:06 par Victor De Sepausy
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Publié le :
04/01/2017 à 12:06
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Les Premiers, furent aussi appelés 83, en référence à leur année de naissance – ou quelque chose comme ça : l’histoire se confond avec les légendes. Des super héros, des vrais, et ils sont français : le monde n’en revenait pas. Les Américains qui dans leurs comics avaient tant raconté ces aventures de surêtres enrageaient. Pourtant, rien ne laissait présager que ces sept citoyens deviennent un beau jour des créatures dotées de super pouvoirs.
Rapidement, l’État français sut comment se servir de leurs capacités, en passant un contrat avec chacun, pour solliciter de façon exclusive leurs capacités. Et voici les 83 partis régler partout dans le monde des conflits, intervenant dans des missions périlleuses. Ils firent la gloire du pays, rapidement : la France relevait la tête et ses habitants, tout à coup, avaient un motif de fierté, presque oubliée.
Mais être un superhéros est pesant : l’humain n’est jamais loin. Les terreurs, les crises personnelles, les cas de conscience : en proie à leurs démons, Les Premiers avançaient masqués ou non. Mais assez rapidement, l’euphorie fit place aux doutes. De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités : qui serait véritablement en mesure de les assumer ?
Peut-on inventer des superhéros qui nous protégeraient, tout en œuvrant pour le compte de l’État ? Xabi Molia se lance avec ce roman dans une genèse de ce que seraient des héros français – oubliez Super-Dupont, lui au moins avait le pouvoir de faire rire. Cette génération spontanée de surêtres, prestement passée sous contrôle des pouvoirs publics provoque l’engouement, mais abrite déjà en elle les germes de sa déchéance.
Par-delà la réflexion sur ce que nous faisons de nos icônes et idoles – et cette réponse apportée au credo de Spider-Man, grand pouvoir, grande responsabilité, le livre glisse habilement vers une réflexion citoyenne. Comment aborder la célébrité, quand cette dernière découle de pouvoirs inattendus ? Comment rester humains, avec forces et faiblesses, quand lesdits pouvoirs sont engagés dans des luttes spectaculaires ?
Mais surtout, comment être ce monstre, vivant pourtant au milieu de ses semblables : être tout à la fois comme eux, mais à jamais exclus de cette humanité. En partager les défaillances, avec dans le même temps l’exigence de la perfection...
[Extrait] Les premiers ; une histoire de superhéros français de Xabi Molia
Le roman rappelle sans doute le Héros malgré lui, film de Stephen Frears (1992) avec Dustin Hoffman, dans sa dimension tragique. Mais le tragicomique de ses protagonistes le rapprocherait également de la série britannique, Misfits : ces jeunes ados en pleins travaux d’intérêt général se retrouvent avec des pouvoirs de super héros. Mais qu’en faire ?
Les Premiers ne peut pas être lu comme un simple roman de super héros – ou alors, de contrepoints pathétiques à ce qu’incarnent Superman et consorts. Ici, la médiocrité du roseau pensant. Diablement pascalien, où la grandeur artificielle, provoquée, ne se détache jamais de cette misère si digne de compassion. « C’est donc être misérable que de se connaître misérable ; mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable », disait le philosophe.
Que nos superhéros ont gentiment oublié.
À lire aussi : Super-héros : La France se défend bien
Par Victor De Sepausy
Contact : vds@actualitte.com
Paru le 05/01/2017
350 pages
Seuil
19,00 €
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