En octobre dernier, plus de 1 000 personnes ont franchi les portes de l’auberge de jeunesse de Lille pour participer à la première édition des Microscopies, un festival consacré au livre fait main, organisé par l’association Les Piñatas en collaboration avec l’Atelier-Galerie Bleu.
Le 07/03/2017 à 16:00 par La rédaction
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07/03/2017 à 16:00
Pour Madeline Wood et Léa Machado, initiatrices du projet, ce succès constitue une grande surprise. À bien y regarder cependant, beaucoup d’ingrédients étaient réunis pour assurer cette réussite. À commencer par l’énergie et la conviction, un sacré sens de la débrouille et une bonne dose de générosité.
Fraîchement diplômées de l’ESAD de Valenciennes et tout juste installées dans la vie active, les deux amies n’ont aucune expérience dans l’organisation d’événements lorsqu’elles se lancent dans l’aventure des Microscopies, un rendez-vous qui associe un salon de la micro-édition, des concerts et des ateliers.
Ce qu’elles possèdent en revanche, c’est le goût du partage et de la transmission. Un goût qu’elles ont cultivé à l’école au sein du collectif Gonzes puis en éditant la revue Piñata dans laquelle elles font part de leurs trouvailles et admirations. Durant leurs études, les jeunes femmes ont également eu l’occasion de rencontrer des publics très différents. Elles ont travaillé en prison, dans les musées, avec des enfants et des personnes handicapées.
Cette expérience les conduit à penser qu’il pourrait y avoir quelque chose d’élitiste au royaume de l’art contemporain, une tendance à trop souvent privilégier le concept sur la forme qui dissuade de découvrir les œuvres. Or, selon les deux artistes, « l’idée doit passer par l’objet assez instinctivement ». Si l’on veut rendre l’art accessible, il faut proposer une approche matérielle et ludique. Il est important de pouvoir toucher, expérimenter.
Quoi de plus propice à cela que le livre-objet qui permet la manipulation et les surprises, qui attire par son coté sculptural ? C’est donc vers la micro-édition que se tourne le projet des Microscopies car « la micro-édition, c’est l’espace de tous les possibles, de tous les détails, de tous les chantiers. On essaye, on tente, on invente et de trois fois rien, de quelques feuilles de papier naît un livre, un objet, une pensée, une œuvre, une exploration ».
À cette conviction s’ajoute une préoccupation économique. Du côté des artistes comme du public, l’argent se raréfie. Qu’à cela ne tienne, « la créativité augmente avec la diminution des moyens ». Les livres présentés sont réalisés à micro-budget et à la portée de toutes les bourses. L’auberge de jeunesse qui accueille le festival est plus qu’un symbole. Elle est aussi le lieu idéal pour rassembler curieux et spécialistes, néophytes et passionnés. Cette modestie
de moyens s’impose également aux organisatrices puisque Madeline Wood et Léa Machado doivent faire sans budget ou presque. Un financement participatif leur apporte un bon millier d’euros qui permet de payer les repas, le matériel et un peu de décoration. Les artistes qui rejoignent le projet le font bénévolement. Il y a bien sûr des amis et connaissances du réseau lillois.
Mais le cercle s’élargit bien au-delà. Ce sont également des gens repérés dans d’autres festivals, comme à Dunkerque ou à Bruxelles. Au total, 50 créateurs travaillant en Hauts-de-France et en Wallonie répondent à l’invitation. Une ouverture et de nouvelles têtes qui réjouissent les habitués des salons.
Quant à la ligne esthétique, elle n’est pas vraiment tracée au départ. Mais à la réflexion, elle pourrait bien avoir affaire avec cette fameuse piñata : un objet populaire, à portée de main, coloré et festif, qui réunit dans un éclat de rire et une explosion de confettis. Comme toutes les fêtes réussies, on aurait envie qu’elle se répète chaque année. Rien n’est encore décidé. Mais on murmure que Jean-Denis, la mascotte de l’association, s’y prépare déjà.
Clotilde Deparday
en partenariat avec le CRLL Nord Pas de Calais
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