Depuis le 1er janvier 2016, la SCELF, Société Civile des Éditeurs de Langue Française, a récupéré la gestion du droit sur la lecture publique jusque-là tenu par la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques). En octobre 2016, elle annonçait la mise en place du paiement de ce droit de représentation. Une vague d’indignation s’est élevée. Une pétition contre cette mesure a été lancée le 18 avril 2017.
Un collectif d’auteurs et d’amateurs de lecture s’est créé sous le nom Shéhérazade en colère, pour lancer la pétition. Ils réclament « l’exonération de prélèvement SCELF sur les lectures à voix haute proposées dans un cadre non marchand sans billetterie ». Pour ces bibliothèques, ces bénévoles, ces salons ou ces auteurs qui donnent de leur temps pour partager les valeurs de la lecture, ils ont décidé de dire non.
Selon eux, « les livres ont besoin de médiateurs ». Ils mettent l’accent sur l’importance des lectures faites aux enfants, car « ce sont eux qui feront vivre demain la littérature ».
En mars, treize collectifs d’auteurs comme la Charte, la Société des Gens de Lettres ou encore la Maison de la poésie ont adressé un courrier à la SCELF. Bien que reconnaissant cette mesure compréhensible « d’un point de vue strictement juridique », ils avaient dénoncé l’absurdité de la situation.
D’après la SCELF, le paiement du droit de représentation s’appliquerait à toute lecture publique, que l’entrée soit gratuite ou pas. Cela impliquerait donc, selon les collectifs, les bibliothèques organisant régulièrement des lectures comme les Heures du conte. Côté tarif, le minimum annoncé est de 30 euros, coût variant selon la durée ou encore la taille de la salle.
La mesure concernerait également les auteurs lisant leurs propres textes. Une exonération est cependant prévue pour les libraires accueillant les auteurs pour une lecture dans le cadre de la promotion de leur ouvrage.
La directrice générale de la SCELF, Nathalie Piakowski avait par la suite apporté des précisions à l’affaire. Selon elle, ces mesures étaient à destination des mairies et ne visaient pas les bibliothèques. Elles concernaient simplement les « lectures-spectacles » parfois organisées par les municipalités, événements « qui ont toujours fait l’objet de paiement de droits d’auteurs par les compagnies organisatrices ».
Elle a également précisé qu’une réunion se tiendrait à l’automne « pour confronter nos points de vue ». Elle estime que « les conditions sont donc réunies pour que nous avancions et prenions ensemble les bonnes décisions, au nom de l’avenir du livre, de la lecture et du rayonnement de la création littéraire ».
À ce stade du projet, il ne serait donc pas question de taxer les bibliothèques. La question des lectures faite par les auteurs est encore en suspens. Il faudra donc attendre la fin de l’année afin de connaître précisément l’avenir du droit de représentation.
Les signataires de la pétition eux dénoncent « une manière à peine diplomate de renvoyer les auteurs jouer avec leurs crayons, et de laisser les autres, bibliothécaires, bénévoles, se débrouiller pour payer ou se mettre hors-la-loi ».
Ils souhaitent revoir la place de la lecture offerte « au sein du droit de représentation », soulignant le fait qu’il ne s’agit pas d’« un spectacle comme les autres ».
Lancée dans la soirée du 18 avril, la pétition voit son compteur de signatures monter d’heure en heure. Elle sera ensuite adressée à l’administration de la SCELF.
3 Commentaires
Nanou
16/01/2018 à 21:20
C'est inadmissible. Et c'est avec des lois comme celle-là qu'on va favoriser la lecture et l'achat de livres ! Aberrant!
ex-bib
18/01/2018 à 13:17
je propose d'instaurer des lecture à VOIX BASSE !
ou d'une voix de basse...
faire une manif où chacun-chacune lirait en murmurant ?
Claude
18/01/2018 à 15:25
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué! Il y a des gens qui ont le cerveau un peu tordu.
Quand c'est gratuit, c'est gratuit. On n'a pas le droit de taxer une activité bénévole.