S'il est difficile de vivre sans, la lecture et l'écriture sont loin d'être des activités innées, du point de vue de notre cerveau. Au contraire, écrire et lire change le cerveau et la façon dont il fonctionne, d'une manière plus profonde encore que ce que pensaient les scientifiques, d'après les résultats d'une étude récente. Et peu importe l'âge : les zones corticale et sous-corticale du cerveau sont bouleversées par la lecture, et celle-ci améliore la communication entre elles...
Le 23/06/2017 à 16:35 par Antoine Oury
Publié le :
23/06/2017 à 16:35
Les preuves scientifiques d'une modification du cerveau par la lecture étaient déjà là : des recherches antérieures avaient prouvé que le cortex cérébral était particulièrement important pour l'apprentissage, et notamment celui de la lecture. Il constitue la zone du cerveau qui évolue le plus rapidement, et est donc tout désigné pour prendre en charge l'apprentissage de la lecture.
En effet, « apprendre à lire est un processus assez complexe, puisque des signes visuels arbitraires doivent être associés à des unités correspondantes de la langue parlée », explique Falk Huettig, de l'Institut Max-Planck de neurologie et des sciences cognitives de Leipzig, à Mental Floss. Pour mieux comprendre quelles zones du cerveau étaient engagées dans le processus de lecture, des chercheurs ont mis en place une grande étude sur 6 mois.
Dans le cadre de cette recherche, les scientifiques ont réuni un groupe de volontaires indiens, tous illettrés. Une partie de ce groupe a suivi des cours d'apprentissage à la lecture, l'autre non, pour une durée de six mois, au cours de laquelle les différents participants passaient régulièrement des scanners cérébraux, afin de surveiller l'évolution de leur encéphale.
L'apprentissage est assez simple : pour commencer, les participants ont appris à lire et écrire 46 lettres devanagaris, une écriture sanskrit, ce qui leur a permis de savoir écrire et lire environ 200 mots au bout d'un mois. À la fin de l'apprentissage, les différents volontaires savaient écrire des phrases simples, des mots complexes et maîtrisaient des règles de grammaire, notamment « les différences entre noms, pronoms, verbes, proverbes et adjectifs, ainsi que les règles basiques de conjugaison et d'accords » détaille Falk Huettig.
L'examen de l'imagerie médicale de chacun des volontaires, ceux ayant appris à lire et écrire et les autres participants, a permis aux scientifiques de réaliser quelques observations. Sans surprise, le cortex est mobilisé, mais aussi le thalamus, au cœur du cerveau, et le tronc cérébral, qui prolonge le thalamus et relie le cerveau à la moelle épinière.
Au sein du thalamus, le colliculus supérieur, partie qui dirige les capteurs sensoriels de la tête vers les stimuli intéressants, et le pulvinar, qui en constitue la majeure partie, ont montré les signes de développement les plus importants.
Les interventions de ces différentes parties du cerveau permettent à ce dernier d'analyser et de comprendre les informations visuelles : « Il semble même que ces systèmes cérébraux se perfectionnent au fur et à mesure que les élèves deviennent de meilleurs lecteurs », conclut Falk Huettig. Non seulement lire plus permet de lire mieux, mais lire plus améliore aussi la communication des différentes parties du cerveau.
D'après Huettig, le cerveau peut encore se modifier, et s'améliorer, passé l'âge de 30 ans, ce qui était le cas de certains volontaires. Ce qui laisse espérer des améliorations conséquentes pour les personnes atteintes de handicaps en dys, comme la dyslexie.
Si Sherlock Holmes ou Hamlet parlent dans votre tête,
il faut se calmer sur la lecture
Les résultats complets de la recherche ont été publiés dans Science Advances.
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
Commenter cet article