Salle comble à l’Institut du Monde Arabe pour la rentrée Stock. Une présentation riche et dense de 16 textes, dont 4 premiers romans et deux textes étrangers, pour certains très attendus. Voire très attendus.
Le 26/06/2017 à 00:21 par Christine Barros
Publié le :
26/06/2017 à 00:21
D’abord, le diamant, délicat et ciselé : Jean-Luc Coatelem signe avec Mes pas vont ailleurs un voyage initiatique, de la forêt du Helgoat à la Chine lointaine et la Polynésie, celui de la vie à perdre haleine du discret et magnifique poète Victor Segalen.
Septième roman de Saphia Azzedine, Sa mère est un texte cinglant, une narration cinématographique portée par une héroïne qui n’est pas sans rappeler celle du film Divines (Caméra d’Or Cannes 2016). Douée d’un humour au scalpel, Marie–Adélaïde se révèle tour à tour déterminée, désinvolte, frondeuse et obstinée ; un portrait d’une ultra-modernité, sans aucune complaisance ni affectation.
« Ma situation est transitoire. Transitoire, c’est un mot qu’utilise mon assistante sociale. Moi, je disais pourrie, elle m’a reprise et a dit : “Non, transitoire, Marie-Adelaïde.” Depuis je le dis aussi, mais ça ne m’empêche pas de penser pourrie. »
Indispensable, catégorie gourmandise, Jean-Louis Fournier, qui se livre littéralement à cœur ouvert dans Mon autopsie. Sur une table en inox, glacée juste ce qu’il faut, un drap blanc recouvre le corps du narrateur, mort. C’est Jean-Louis Fournier, qui après s’être dédié aux livres, a fini par donner son corps à la science pour se faire joyeusement disséquer.
Chance : c’est une jeune femme radieuse et énigmatique, immédiatement baptisée Egoïne, qui va se charger de l’exploration. L’occasion pour l’auteur de jeter un regard sans concession, parfois mélancolique, sur sa vie, ses faiblesses et ses amours, ses amitiés et ses regrets aussi.
C’est le ton du Docteur (on y revient) Cyclopède de Desproges que l’on entend, celui du pouf-pouf, et des sourires narquois. Fournier, c’est toujours un cadeau délicieux - et celui-ci a le goût des bêtises, vous savez, celles de Cambrai… [aparté : Monsieur Fournier, si tel est votre bon vouloir, à condition d’un certain nombre de carats tout de même, je vous épouse. Je ferai à n’en pas douter une veuve magnifique.]
Impossible de manquer Simon Liberati et Les rameaux noirs : nous avons parlé du roman d’Éva Ionesco chez Grasset, ici encore, c’est dans les traces du père que l’on suit l’auteur. L’histoire de ce père surréaliste, si proche d’Aragon, né à Beyrouth, et du legs à son fils de ces feux sacrés que sont écriture et poésie.
Un mot, très rapidement, sur Les huit montagnes, premier roman de Paolo Cognetti. À cette heure, ce jeune homme vient de remporter le Prix Strega Jeunesse en Italie, et semble très bien parti pour remporter le Strega tout court. Le Goncourt italien, pas moins que cela... Mais nous reviendrons sur cette promesse italienne, ode à la filiation et à l’amitié dans les hautes solitudes.
Et puis il y a l’homme consacré ambassadeur de la lecture par Emmanuel Macron. Un texte qui tient du caramel beurre salé, du bonbon ravissant, du comble de la gourmandise. Erik Orsenna.
(Une confidence : c’est par La Fontaine, une école buissonnière que nous aurons débuté nos lectures de la rentrée Stock, tant nous languissions de retrouver l’auteur et le sujet...).Devant nous Orsenna, les yeux qui se plissent avec un sourire tendre, un peu chafouin et gourmand, quand il nous conte La Fontaine.
Ce n’est pas seulement l’homme des fables, mais aussi celui des contes, celui des textes qui resteront sans public, un homme couard et coureur de jupons, amoureux des plaisirs, du jeu et des femmes. Un La Fontaine qui donnait chaud sous les perruques d’une époque si bien bouclée. Celui qui instruisit le dauphin et défrisa la cour...
Rien de plus jubilatoire que de déguster ses écrits égrillards.
Erik Orsenna - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Orsenna se fait polisson, mais n’en dévoile pas moins son admiration pour le travailleur acharné, le génie de la formule et du vers, et le destin de cet homme, parfaite alliance d’homme libre et de courtisan....
Pour les impatients, France Inter diffusera la bonne parole d’Orsenna durant l’été, du lundi au vendredi à 8 h. Et pour les gourmets, et pour le spectacle, la Compagnie des Arts Florissants, dirigée par William Christie, créera une nouvelle pièce pour l’occasion. Les mélomanes la savoureront en août en Vendée, et à Paris à l’automne... Les Dix-Huitiémistes adoreront, ainsi que tous ceux qui ont dans la tête ses fables qui vont replongent immédiatement en un temps confortable et familier. (Défi du jour : vous empêcher de compléter, si là, nous écrivons : « La cigale ayant chanté tout l’été… »)
(à paraître 23/08) Jean Luc Coatalem – Mes pas vont ailleurs – Editions Stock – 9782234081178 – 19.50€
(à paraître 23/08) Saphia Azzedine – Sa mère – Editions Stock – 9782234081741 – 19€
(à paraître 01/09) Jean Louis Fournier – Mon autopsie – Editions Stock – 9782234081048 – 18€
(à paraître 23/08) Simon Liberati – Les rameaux noirs – Editions Stock – 9782234083448 – 19.50€
(à paraître 23/08) Paolo Cognetti – Les huit montagnes – Editions Stock – 9782234083196 – 21.50€
(à paraître 16/08) Erik Orsenna – La Fontaine Une école buissonnière – Editions Stock – 9782234082489 – 17€
Par Christine Barros
Contact : cb@actualitte.com
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