Le réseau des bibliothèques de Rennes est composé de onze bibliothèques de quartier, d’un espace-lecture et d’un service médiation et action éducative (SMAE). Marie-Annick Marion travaille au sein de ce service de médiation dont l’objectif est de développer des points lecture dans la ville pour les collectivités publiques ou privées qui en font la demande : maisons de retraite, équipements de quartier, écoles, halls d’immeubles, foyers de vie.
Le 08/08/2017 à 08:55 par Auteur invité
Publié le :
08/08/2017 à 08:55
Andreas Eldh, CC BY 2.0
Pour le travail spécifique avec le milieu carcéral, une convention a été rédigée en 2000 par la Ville de Rennes, le Spip et la Bibliothèque d’Ille-et-Vilaine. Cette convention formalise les actions initiées depuis les années 1980, et s’inscrit dans le cadre du protocole culture-justice. Elle s’articule en trois volets : le prêt d’ouvrages, la formation et l’action culturelle au Centre pénitentiaire de Vezin et au Centre pénitentiaire des femmes.
Le service prête environ 2 000 ouvrages par an aux bibliothèques des deux centres pénitentiaires. Marie-Annick peut témoigner de l’évolution de la lecture publique en prison, puisqu’elle travaille dans ce domaine depuis 1997. « Il s’agit aujourd’hui d’être souple, pour répondre au plus près à la demande des détenus. Tout ce travail se fait en étroite collaboration avec la coordinatrice culturelle mise à disposition par la Ligue de l’enseignement. »
Le choix de livres se fait sur rendez-vous, avec la coordinatrice et le détenu auxiliaire bibliothécaire, quand il a une permission de sortie, dans les locaux du service qui dispose d’un fonds important de 100 000 documents. Aucune censure ne s’exerce à ce niveau. Marie-Annick Marion a également un rôle de formatrice, auprès de la coordinatrice qui n’est pas bibliothécaire, et auprès des détenus auxiliaires.
Du fait du turnover important des auxiliaires en maison d’arrêt, Marie Annick peut être amenée à former 5 ou 6 personnes dans l’année. L’expérience est toujours riche et humainement très forte. Dans le cadre de la gestion des collections, pour garantir l’attractivité des bibliothèques, un désherbage est effectué avec les détenus une fois par an.
Les bibliothèques de Rennes participent également à l’aménagement des bibliothèques. À Vezin, ce sont 3 bibliothèques de 25 mètres carrés et 5 points lecture, en deçà des normes (80 mètres carrés) aménagées au départ avec des étagères de magasinage. Celles-ci ont été remplacées par du mobilier professionnel issu du réaménagement des bibliothèques de Rennes.
Autre domaine d’intervention : les animations culturelles autour du livre. « Tout se prépare, en concertation avec la coordinatrice et les auxiliaires. Il n’est pas question de plaquer une action inadaptée. De nombreux projets sont en lien avec les actions culturelles du réseau des bibliothèques. » En 2017, la thématique retenue est le bien-être. À Vezin, les auxiliaires de bibliothèques ont sélectionné le thème de la cuisine. Les détenus ont participé aux ateliers animés par le chef André Loyer.
À la prison des femmes, John Harvey Marwanny a présenté une conférence humoristique et décalée sur le développement personnel sans douleur. Juliette Grollimund a également animé un atelier de massage pour les femmes détenues qui en attendant ont pris du plaisir à découvrir des ouvrages sur le bien-être. « Comme quoi, des actions qui ne semblent pas avoir de lien direct avec le livre, au départ, peuvent inciter finalement à la lecture. » D’autres partenariats sont construits avec des structures dans le cadre d’événements comme le Goncourt des lycéens ou Rue des livres.
Les bibliothèques carcérales se doivent d’être des lieux de vie qui sont le reflet de l’identité des bibliothèques publiques de par leurs collections et leurs projets d’animation. « Ceci dit, il n’y a aucune obligation légale à s’engager dans ce sens, car si l’accès des détenus à la bibliothèque est inscrit dans le Code pénal, pour créer cette dynamique, un partenariat avec les collectivités locales est indispensable. Il faut donc une véritable volonté politique. » À Rennes, le financement de ces actions est partagé pour moitié entre le Spip et la Ville.
Une convention lie la Ville de Vannes, le Spip et la Maison d’arrêt de la ville. Elle a été signée en 2011. Elle engage la maison d’arrêt à fournir le local et le mobilier destinés à la bibliothèque de la prison, à permettre le déplacement des détenus vers ce local, à définir et organiser la prise de poste d’un détenu bibliothécaire, à rembourser le prix des ouvrages détériorés ou perdus, et « à proposer un budget annuel stable, au minimum de 1 000 euros, pour permettre à la bibliothèque d’actualiser son fonds », souligne Christine Nicolas, référente pour la bibliothèque municipale.
Le Spip s’engage à assurer la gestion de ce service et son fonctionnement, à désigner un référent de la bibliothèque, à demander les crédits nécessaires, à fournir les statistiques d’emprunt. La bibliothèque s’engage à être à disposition de la maison d’arrêt pour l’aménagement du local et la gestion de la bibliothèque de la prison, d’assurer la formation des référents, de mettre à disposition une personne qualifiée, de céder des ouvrages lors des désherbages, de proposer des animations et de répondre aux demandes spécifiques des détenus pour les prêts d’ouvrages. La convention prévoit de me mettre à disposition six demi-journées par an.
Un temps trop court, on s’en doute. « Pour moi, il s’agit essentiellement de désherbage, de tri dans les collections. Emmanuelle Le Ménach, animatrice culturelle à la maison d’arrêt, fait appel à mes services quand le besoin se fait sentir. Et lors du Salon du livre de Vannes, quand un auteur intervient à la prison, je participe à la rencontre. Les contraintes de temps ne nous permettent malheureusement pas de mener à bien toutes les actions qu’il serait souhaitable de réaliser dans l’idéal, mais cela reste un partenariat fiable et important auquel nous tenons. »
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