C’est à prompt renfort de moustaches et de grandes embrassades que le Prix Virilo a été remis hier, et avec lui, le Trop Virilo. Une multitude d’accessits ont également complété l’ensemble des réjouissances. C’est qu’en dépit de son sérieux et de sa rigueur dans le choix des ouvrages qui se verront couronnés, le Virilo, c’est avant tout une grande histoire de lecture...
Le 09/11/2017 à 12:45 par Victor De Sepausy
Publié le :
09/11/2017 à 12:45
Le jury décerne le Prix Virilo 2017 à Écume de Patrick K. Dewdney (La Manufacture de Livres – Territori). Il salue cette œuvre qui raconte un père et son fils, marins-pêcheurs. Comme il y a moins de poissons, parfois, ils font passer des migrants vers l’Angleterre. Le livre de Dewdney ne se contente pas d’arraisonner deux réalités urgentes, il le fait dans un style humide, formidable et glaçant qui vous rappellera que la littérature sait désarçonner un lecteur avec force tout en le gardant dans ses filets avec grâce.
Écume de Patrick K. Dewdney, récompensé par @LePrixVirilo et @AlexandreJardin par le Prix trop Virilo. Devant des journalistes désœuvrés. pic.twitter.com/FJJe0AQH8h
— Jean-Marc PROUST (@JM_Proust) 8 novembre 2017
La rentrée littéraire manque parfois de talent mais jamais de testostérone. Pour récompenser cette giclure excessive, le Prix Trop Virilo a dû départager en finale Éric Reinhardt, candidat pourtant très sérieux, et le gagnant Alexandre Jardin, pour Ma mère avait raison (Grasset) et l’ensemble de son fil Twitter.
On ne sait plus quoi saluer : l’œuvre ou son dépassement intertextuel sur les réseaux. C’est un livre, doublé de jaillissements par salves de 140 signes, triplé d’une sorte de harcèlement littéraire de rue, le tout maquillé en un appel à vivre « le vivant de la vie ».
OFFICIEL : Alexandre Jardin est un maxi creepos (via @Trouillet_) pic.twitter.com/h7JGLNuWjD
— Frédéric ¯\_(ツ)_/¯ (@zefede) 23 octobre 2017
Et surtout, les accessits, qui saluent l’immanquable, pour ne pas dire nomment l’innommable...
– L’accessit du gon le plus court revient à L’ordre du jour, d’Éric Vuillard, pour son acceptable nouvelle de 150 pages étroites (enfin un Goncourt qui sera lu en entier).
– L’accessit Matt Damon du mec nominé partout qui ne gagnera rien revient à F.H. Désérable, pour Un certain M. Piekielny
– il remporte aussi l’accessit de la blague moyenne répétée plusieurs fois dans un même livre (à savoir « Je me suis réveillé à l’aube, il était midi »)
– L’accessit « On a les combats qu’on peut à Saint Germain des Prés » revient au consternant Une apparition, de Sophie Fontanelle. Laquelle raconte son combat pour assumer ses cheveux gris.
– L’accessit de l’auteur qui veut vraiment te faire comprendre qu’il est cultivé mais n’y arrive pas revient à Simon Liberati et ses Rameaux Noirs
– L’accessit de l’auteur de BD qu’on aime bien mais de l’auteur de roman qu’on n’aime pas est remis à Vous connaissez peut-être, de Joan Sfar
– Et enfin, l’accessit de la scène d’amour la moins reproductible (et on a essayé) revient à Olivier Chantraine, pour la scène dite « de la photocopieuse trieuse » dans son roman Un élément perturbateur. Un (trop court) extrait : « Cette photocopieuse dégage une chaleur infernale qui ne risque pas de calmer mon désir de faire l’amour avec elle sans attendre une seconde de plus »
On pourra retrouver l’ensemble des Accessits, tous plus drôles les uns que les autres, à cette adresse.
Patrick K. Dewdney – Écume – Editions La Manufacture de Livres – Territori) – 9782358872379 – 16,90 €
Alexandre Jardin – Ma mère avait raison – Editions Grasset – 9782246863786 – 18,50 €
Paru le 18/05/2017
170 pages
Manufacture de livres éditions
16,90 €
Paru le 11/10/2017
216 pages
Grasset & Fasquelle
18,50 €
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