Depuis vingt ans, le souhait le plus ardent du Prix Wepler Fondation La Poste est de soutenir treize écrivains sélectionnés afin qu’ils existent sur la scène littéraire automnale. Le jury tournant, constitué d’une détenue, d’un libraire, d’un postier, de deux critiques littéraires, en couronne deux tout particulièrement et met à leur disposition des moyens conséquents qui favorisent la poursuite de leur aventure littéraire.
Le 13/11/2017 à 09:28 par Victor De Sepausy
Publié le :
13/11/2017 à 09:28
La Fondation La Poste dote ce prix d’une somme de dix mille euros qui récompense une prise de risque romanesque et un style exigeant. Elle dote aussi un autre auteur d’une somme de trois mille euros à travers une mention spéciale du jury accordée à un ovni littéraire prodigieusement inclassable. Pour imposer ces trente-neuf écrivains, il a fallu durant vingt ans avoir la peau douce, la peau dure…
Le Prix Wepler est ainsi remis à : Guillaume Poix, Les fils conducteurs, Verticales
La Mention spéciale du jury revient à Gaël Octavia, La fin de Mame baby, Gallimard / Continents Noirs
Guillaume Poix est né en 1986 dans la banlieue lyonnaise. Il est dramaturge et metteur en scène. Les fils conducteurs est son premier roman.
Près du port d’Accra, au Ghana, dans une immense décharge de produits électroniques, Isaac et Moïse initient Jacob à la « fouille ». Trois jeunes garçons plongés dans les déchets de l’obsolescence industrielle auxquels Guillaume Poix donne une grâce singulière. Ce premier roman captive tant par son style lyrique et son ambition documentaire que par l’humour impitoyable qui interroge les zones troubles du regard occidental.
Extrait : « Quand les enfants crèvent les écrans, quand ils arrachent le plastique et fractionnent les écorces de cette forêt véreuse, quand ils posent les doigts sur les fils conducteurs, les dénudant de leur enveloppe isolante pour atteindre l’âme dont ils jaugent la souplesse, le courant pourrait surgir, s’accrocher à leurs phalanges, les mordre — et puis les avaler.
Gaël Octavia et Guillaume Poix
Gaël Octavia est née à Fort-de-France. Elle vit à Paris. La fin de Mame Baby est un premier roman, d'une grande maîtrise et à l'indéniable charme.
Le Quartier est une petite ville de banlieue où se croisent les destins de quatre femmes. Mariette, recluse dans son appartement, qui ressasse sa vie gâchée en buvant du vin rouge. Aline, l'infirmière à domicile, qui la soigne et l'écoute. Suzanne, la petite Blanche, amante éplorée d'un caïd assassiné. Mame Baby, idole des femmes du Quartier, dont la mort est auréolée de mystère. A travers la voix d'Aline, de retour dans le Quartier qu'elle avait fui sept ans auparavant, les liens secrets qui unissent les quatre héroïnes se dessinent...
La fin de Mame Baby raconte avant tout, avec finesse, grâce et passion, l'art qu'ont les femmes de prendre soin les unes des autres, de se haïr et de s'aimer.
Par Victor De Sepausy
Contact : vds@actualitte.com
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