Ce ne sont pas les qualités littéraires ni la profondeur de la réflexion qui auront fait sortir Benabar du bois. Évoqué dans le dernier livre de Frédéric Beigbeder, le chanteur n’a pas manqué de réagir.
Bénabar - domaine public
Le romancier aborde en effet dans les premières pages de son roman Une vie sans fin, la question du selfie. Qu’apporter à ce sujet qui n’ait pas déjà été rabâché ? Voyons donc : « Le selfie est une tentative pour s’approprier une notoriété supérieure, pour crever la bulle de l’aristocratie. Le selfie est un communisme : il est l’arme du fantassin dans la guerre du glamour. »
Ceci est assez bien vu, mais où intervient Bénabar dans cette affaire ? Eh bien Beigbeder établit une échelle de valeurs suivant le credo « Je pose donc je suis ».
Si je fais une photo avec Leonardo DiCaprio, je suis supérieur à toi qui poses avec ta mère au ski. D’ailleurs, ta mère aussi ferait volontiers un selfie à côté de DiCaprio. Et DiCaprio à côté du pape. Et le pape avec un enfant trisomique. Cela signifie-t-il que la personne la plus importante du monde est un enfant trisomique ? Non, je m’égare : le pape est l’exception qui confirme la règle de la maximisation de la célébrité par la photographie portable.
Et de conclure : « La logique slefique peut bien être résumée ainsi : Bénabar voudra un selfie avec Bono, mais Bono ne voudra pas de selfie à côté de Bénabar. » Sous-entendant qu’en termes de notoriété, le premier ne jouirait pas de ce qu’apporterait le second. Désagréable, certes, et évidemment injurieux. Du Beigbeder dans le texte, littéralement.
Mais le chanteur ne s’en est pas laissé conter, et a vivement réagi évoquant le « parasite médiatique de Beigbeder [qui] m’allume dans son nouveau bouquin dispensable ». Et d’enchaîner : « Marre des donneurs de leçons qui n’ont d’autorité que celle (énorme) qu’ils se donnent. Marre des rebelles de salons, des anarchistes de ministère. J’ai l’habitude, avec d’autres, d’être la cible des petits marquis poudrés parisiens. »
Alors le noceur de Saint Germain, qui se voudrait repenti, est finalement rattrapé par son passé, ses mauvaises habitudes ? À 52 ans, le roman de Beigbeder devait signer comme une forme de retour à la vie normale, et mieux, un éloge à l’amour qu’il porte à ses filles. Mais les travers anciens ne manquent pas de revenir comme de vilaines manies.
« Leur bon goût c’est le perroquet qui répète ce que le mainate a dit. J’ai toujours pris une attaque des Inrocks comme un encouragement. Ça nous empêchera pas de faire des chansons. Et surtout ce n’est que le public qui décidera si elles sont dignes d’être écoutées… » conclut Bénabar. Vraisemblablement échaudé, le chanteur.
La rentrée commence fort…
1 Commentaire
Aurelien Terrassier
17/08/2023 à 17:33
Je ne dirai pas match nul. Je préfère le chanteur engagé à l'écrivain neo-reac mais j'ai été néanmoins choqué de voir le premier dans un spectacle sur une chaîne privée au Puy du fou. Autant dire que pour un chanteur qui se réclame de gauche, c'est une faute!