Philippe Capart est un libraire spécialisé dans la bande dessinée atypique : installé à Bruxelles, il mène également, depuis sa librairie La Crypte Tonique, une activité d'édition avec la revue du même nom. Plus récemment, il s'est lancé dans l'édition et la réédition de livres au format très poche qu'il propose de vendre dans un distributeur automatique. Il s'est installé au Festival de la bande dessinée d'Angoulême pour présenter son prototype.
Le 26/01/2018 à 15:44 par Antoine Oury
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26/01/2018 à 15:44
Alors que les visiteurs du Festival international de bande dessinée d'Angoulême se délestent rapidement de leurs euros entre le prix d'entrée et celui des albums, Philippe Capart met en avant un système de vente original pour « rendre la bande dessinée plus abordable » et lui rendre son public populaire. « Je me suis intéressé à Alfred Mazure, un auteur que j'aime beaucoup, qui a inventé ces petits livres en 1942 en Hollande », explique-t-il.
Ces « beeldromans » répondent à un format bien précis, 11 sur 8 centimètres. « Ce choix correspondait au fait qu'il y avait des pénuries de papier pendant la Seconde Guerre mondiale. Au départ, il s'agissait simplement de bandes dessinées en bandes, publiées dans la presse, dont il découpait les cases. Puis, il s'est adapté au format, en créant des décors dépouillés et des histoires avec beaucoup d'action », détaille Philippe Capart.
Pour commencer sa propre collection de « beeldromans », un projet nommé Blow Book, le libraire-éditeur a logiquement choisi de rendre hommage à Mazure en rééditant Jiu-Jitsu. « Il adorait le Ju-Jitsu, et on retrouve donc dans ce livre de vraies prises, il s'agit aussi d'un manuel de combat. Il y a un côté très primitif et en même temps cultivé dans son travail. Mazure est né en 1913, à la même période que Jijé, un autre auteur que j'apprécie beaucoup. »
Jamais traduit en français, Jiu-Jitsu ouvre donc la collection, suivi par Salaryman de Dimitri Piot, un auteur contemporain qui s'est emparé du format en y associant des codes repris de l'art de l'estampe et du flipbook.
Pour commercialiser ces ouvrages, Philippe Capart et Olivier van Vaerenbergh, qui l'aide sur le projet, comptent les proposer dans des distributeurs automatiques : « Nous avons récupéré celui-ci auprès d'un lavomatic qui voulait s'en débarasser, car il est un peu capricieux. Ce canal de vente est accessible à la fois au niveau du prix et au niveau des horaires », remarque le propriétaire de La Crypte Tonique. « Là, c'est vraiment une démo car les exemplaires ont été imprimés en numérique, et pas en offset, ce qui ne les rend pas très rentables. »
Dans la machine, il faut insérer 5 € pour un ouvrage, ou 3 € pour le manifeste de Blow Book, qui annonce : « En abandonnant la presse au profit du livre puis en généralisant l'usage des grands formats cartonnés, la BANDE DESSINÉE FRANCOPHONE - quelle que soit la qualité de son contenu - A CESSÉ D'ÊTRE POPULAIRE : elle n'est plus accessible financièrement au plus grand nombre. De leur côté, les romans graphiques, aux formats variés, s'adressent - toujours pour une question de prix - à une élite. Nous ne sommes plus dans une logique de transport en commun. Ce BLOW BOOK est une petite proposition pour s'extraire de cette situation. »
Philippe Capart ajoute que la formule d'impression est économique : « On peut mettre 4 livres sur une feuille d'impression, ce qui signifie qu'avec un tirage, on a 4 titres. Cela permettrait au patrimoine de ressortir et d'être accessible à beaucoup de gens », assure-t-il.
Et c'est plus sain que les barres chocolatées.
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