Depuis près de soixante ans, on attendait la réédition de ce très beau roman de Jean Forton (1) « Le Grand Mal ». C’est chose faite grâce aux Éditions L’Eveilleur que nous remercions ici. Le livre en lui-même, beau comme tous ceux de cette maison, s'orne de photos de l'homme timide que fut Jean Forton, mort d’un cancer à l’âge de 50 ans en 1982, bien oublié du monde des lettres malgré sa dizaine de romans. En fin de volume, on lira avec profit la postface de Catherine Rabier-Darnaudet, grande spécialiste de Jean Forton.
Le 18/02/2018 à 09:00 par Les ensablés
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18/02/2018 à 09:00
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Par Hervé BEL
Le jeune Ledru a treize ans. Jusqu’alors sa vie à Bordeaux (la ville n’est pas nommée, mais on devine) s’est écoulée sagement entre papa, maman et sa sœur. Grand, maigre, c’est un « trouillard », timide, avec un certain sens de l’honneur néanmoins. Un jour, par bravade, il insulte Frieman, un garçon bagarreur et mauvais élève, bien plus fort que lui. À la sortie du collège, Ledru a peur et s’enfuit. En vain. Frieman le rattrape. Ils se battent, et, par un hasard extraordinaire, Ledru parvient à flanquer un coup de poing suffisamment efficace pour que Frieman le reconnaisse vainqueur.
Dès lors, Ledru va changer, trouvant dans cette victoire inattendue la force de s’affirmer. Au début, il est flatté de l’amitié que Frieman lui offre. Puis, comme il en est souvent des choses qui vous sont offertes, il méprise son nouvel ami, et ne trouvera rien de mieux que de lui « piquer » sa petite amie Georgette. Puis, une fois le forfait accompli, cela ne lui suffira plus : il voudra aller plus loin dans la provocation.
Forton réussit cette gageure de dépeindre les pensées d’un enfant en devenir, et cela en inquiétant de plus en plus le lecteur qui voit poindre, sans la deviner, la catastrophe irrémédiable. Car les bêtises de Ledru, anedoctiques au départ, deviennent dangereuses, d’autant qu’au même moment, dans la ville, erre un tueur en série insaisissable. Cinq jeunes filles du collège du Sacré-Cœur ont disparu en l’espace de cinq mois, et toujours dans le même coin, du côté de la rue Porte-Vieille (ambiance très "simenonienne")
La police y perd son latin. Mais le père du jeune Ledru, employé de bureau a son opinion : il faut chercher dans le port. M. Ledru, le soir, expose à table ses théories devant son fils qui, depuis sa victoire sur Frieman, a changé. Lui qui trouvait son père formidable le trouve désormais médiocre. D’ailleurs, il n’y a pas que son père... Tout est méprisable à ses yeux. Sauf l’amour, le vrai bien sûr, éthéré, sublime (et non ce désir physique qui l’habite et dont il a honte).
L’amour, il va le trouver auprès de Nathalie, la sœur de Stéphane, un nouvel arrivant à l’école : un garçon étrange qui ne craint rien, prêt à faire n’importe quoi pour montrer qu’il est libre. A la fois attirant et inquiétant, Stéphane va pousser Ledru vers la catastrophe irréparable. Car, pour Nathalie, Ledru qui se sait sur la mauvaise pente est prêt au pire pour la conquérir, même si, au même moment, paradoxe qui n’est qu’apparent, il aspire à la pureté, à l’enfance qui s’enfuit.
Cette pureté existe dans le personnage du peintre Gustave que Ledru croise chaque jour en train de peindre des portraits dans la rue, un homme si misérable que les gens se moquent de lui. C’est un artiste qu’on pourrait croire tiré d’un roman russe, assoiffé d’art, d’absolu, et qui, un soir, parle du grand mal : « Jouir aux dépens des autres, les ramener au rang d’objet, de choses. Par lucre ou par idéal, par vengeance ou par simple goût de la cruauté, vous en arrivez aux crimes les plus atroces. Esprit de confort ou nationalisme, appât du gain ou soif de liberté, vos excuses sont multiples. Mais la différence n’est pas lourde qui sépare l’assassin de la rue Porte-Vieille du plus pur révolutionnaire. Le mal est le même. Soi d’abord. Soi... (page 47) »
Or le jeune Ledru entre dans cet âge où l’on devient soi, avec des appétits croissants, la volonté de s’affirmer en tout lieu, au risque de détruire les autres.
Le roman s’achève sur une note tragique. Par sa faute, Ledru causera la mort d’un être, et ce ne sera pas l’assassin des petites filles. Mais sa vie en sera-t-elle pour autant compromise? Pas forcément. Comme le jeune Ledru semble désespéré, quelqu’un déclare, et ce seront les derniers mots du livre : « Lui aussi oubliera ». Peut-être que le grand mal n’est pas autre chose que l’oubli des fautes commises.
Roman subtil baignant dans une ambiance provinciale que Forton rend admirablement, « Le Grand mal » précède « L’épingle du jeu », autre roman merveilleux sur l’adolescence et qui faillit bien avoir le prix Goncourt.
L’œuvre entière de Jean Forton mérite d’être relue. Puisse cette petite chronique y aider.
(1) Plusieurs articles ont été consacrés à Jean Forton par les Ensablés.
- "La vraie vie est ailleurs"
Jean Forton - Le grand mal - Editions L'Eveilleur - 9791096011216 - 18€ (Diffusion Harmonia Mundi)
Paru le 15/02/2018
267 pages
L'éveilleur éditions - Bordeaux
18,00 €
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Face à une série de faux pas, d'égarements idéologiques et de déboires politiques, la réputation des penseurs et des érudits est mise à mal. Pourtant, à une époque marquée par d'innombrables bouleversements, notre société est en quête de direction, d'orientation et de vision. Plus que jamais, nous avons besoin de guides éclairés pour naviguer dans ce monde en constante évolution. Par Orélien Péréol.
28/09/2023, 15:31
BONNES FEUILLES - Heartstopper (Alice Oseman) rencontre Le Conte du Chevalier dans ce premier roman Young Adult médiéval et queer, centré sur la comédie romantique, traitant d'amour, d'amitié et du courage nécessaire pour changer le cours de l'histoire.
28/09/2023, 07:30
BONNES FEUILLES - Henry Preston Standish, homme d'affaires respecté et père dévoué, admire un coucher de soleil sur un paquebot lorsque son destin prend une tournure inattendue. Une simple flaque d'huile le fait chuter par-dessus bord, le laissant à la merci de l'océan Pacifique.
27/09/2023, 18:25
Imaginez : cette mission un peu folle que d’écrire une nouvelle par mois. Pendant dix ans. Et, à chaque fois, créer une histoire, un univers, imaginer des personnages ou faire intervenir des noms (plus ou moins) connus. Tantôt réaliste, tantôt science-fictionnel, tantôt poétique… il n’y a aucune règle. Ou bien, il n’y en a qu’une seule : écrire. Voici la proposition de Léo Henry à travers Cent-vingt (La Volte). Écrire, donc… et avec talent, bien entendu.
27/09/2023, 09:44
BONNES FEUILLES - Célébrant la joie de vivre, ce petit ouvrage poétique éclaire l'âme et offre une introduction idéale à l’œuvre de Spinoza. Une émotion basique et fondamentale, celle de la sensation de vie, peut engendrer une joie profonde ou, à l'inverse, devenir source d'anxiété et de tristesse.
26/09/2023, 18:40
BONNES FEUILLES — De la Transylvanie sous l'Empire ottoman jusqu'au Paris de la période Romantique, en passant par le Transvaal pendant la guerre des Boers jusqu'à Saint-Pétersbourg à l'époque de Raspoutine, êtes-vous prêt à voyager à travers les époques pour entendre la légende la plus sombre ? Aux côtés de Dalibor et Laüme, êtes-vous disposé à aimer, souffrir, trahir et pardonner ? Êtes-vous prêt pour l'ultime confrontation avec les Chimères ?
26/09/2023, 17:25
A partir de son expérience personnelle, l’autrice et réalisatrice Delphine Saltel publie, dans ce livre inspiré de son propre podcast, un véritable guide à destination de celles et ceux qui se posent des questions existentielles. Amour, sexualité, parentalité : en politisant et en étudiant tous les ressorts du modèle conjugal, elle aide à penser une autre société, et à se rassurer.
26/09/2023, 13:45
BONNES FEUIILLES — Dans la troisième phase du Siècle des chimères, Les Anges de Palerme nous emmène dans une course effrénée à travers les âges et les territoires, débutant dans les collines indomptées de Sicile et se poursuivant dans les ruelles sombres de New York. Ce récit dépeint la vie d'un jeune homme contraint à la brutalité pour subsister, et celle d'un patriarche hanté par l'idée de vengeance. Voici la poignante et intense histoire du troisième chasseur de Chimères...
26/09/2023, 12:40
Sibylla Schwartz est une jeune poète allemande dont les sonnets vont marquer la période Baroque. Malgré son décès précoce en 1638 (elle n’a alors que 17 ans), elle a laissé derrière elle une grande quantité de poèmes qui tombèrent malheureusement dans l’oubli à partir du 18 e siècle malgré la puissance lyrique qui les habite. A l’occasion de ses 400 ans, Max Baitinger, sous les encouragements de l’association Les amis de Sibylla Schwartz, décide de raconter sa vie, de rendre compte de sa modernité tout en la confrontant à ses propres doutes créatifs. Aux éditions L’employé du Moi.
26/09/2023, 11:17
BONNES FEUILLES — Publié en 1971 en Italie, Les Nuits difficiles est le dernier travail de Buzzati paru de son vivant. Les cinquante et un récits rassemblés abordent les motifs récurrents de l'écrivain : l'angoisse de l'attente, la fuite du temps, les rêves effrayants, et la magie surgissant de l'inattendu. En librairie le 12 octobre.
26/09/2023, 11:06
Ce livre de l’autrice argentine Aurora Venturini est ambitieux. Entre malédiction, ésotérisme, voyage en Amérique du sud, dans le pacifique et en Europe, amour, amitiés, et surtout famille, sans oublier de nombreux hommages aux écrivains de son continent et d’ailleurs — Rimbaud en tête, il s’inscrit parfaitement dans l’histoire de la littérature d’Amérique latine du siècle dernier. (traduction : Anne Plantagenet)
25/09/2023, 17:32
1 Commentaire
Catherine Rabier-Darnaudet
11/03/2018 à 22:20
Félicitations pour vos critiques, toujours pleines de charme et de délicatesse à l'égard des romans comme de leurs auteurs. Longue vie aux "Ensablés" et à leur précieux lecteur, le gardien de leur flamme, lui-même auteur à découvrir et à aimer !