La maire de Paris, Anne Hidalgo, aura finalement cédé. Depuis plus d'une semaine, la polémique suivait son cours autour du refus de l'administration parisienne d'accorder une sépulture parisienne pour accueillir les cendres de l'académicien Michel Déon, en vertu du Code général des collectivités territoriales. Soupçonnée de rechigner en raison des opinions politiques de l'écrivain décédé en 2016, Anne Hidalgo usera finalement de son pouvoir de dérogation.
Le 20/02/2018 à 10:02 par Antoine Oury
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20/02/2018 à 10:02
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Difficile de savoir ce qui aura finalement fait céder la maire de Paris : depuis plus d'un an, la fille de Michel Déon, Alice Déon, ainsi que la Secrétaire perpétuelle de l'Académie française, multipliaient les appels pour obtenir une réponse favorable à l'inhumation des cendres de l'académicien au cimetière du Montparnasse. En vain : l'administration parisienne citait le Code général des collectivités, et assurait qu'il fallait le respecter.
Selon ce code, il est nécessaire d'être un résident, ou au moins un électeur de la ville où l'on souhaite être inhumé, ou alors y posséder un emplacement ou un caveau familial, par exemple. Ce qui n'était pas le cas de Michel Déon, décédé en Irlande fin 2016.
« La Mairie de Paris n’a juridiquement pas le droit de transiger avec ces règles fixées par le Code général des collectivités territoriales. Cela constituerait de fait une rupture d’égalité pour toute personne placée dans la même situation que Michel Déon. [...] Devant la mort, cette même égalité en droits s’applique, que l’on soit une personnalité publique ou non, que l’on soit membre de l’Académie française ou non. Et je suis fière qu’à Paris nous appliquions scrupuleusement ces principes fondateurs de notre République », expliquait Pénélope Komitès, adjointe en charge des affaires funéraires pour la Ville de Paris, pour calmer la polémique.
En effet, depuis la révélation de cette affaire administrative par Le Figaro, engagé auprès de la famille de Michel Déon, la mairie de Paris est soupçonnée de chercher à éviter l'inhumation des cendres de l'écrivain pour des raisons politiques. Parmi les figures marquantes du mouvement littéraire des Hussards, Michel Déon ne cachait pas ses sensibilités de droite, et affichait même des idées royalistes.
Hier, cent auteurs, éditeurs et artistes, dont Frédéric Beigbeder, Emmanuel Carrère, Marie Dabadie, Didier Decoin, Alice Ferney, Antoine Gallimard, Patrick Grainville, Michel Houellebecq ou encore Milan Kundera s'étaient réunis à travers une pétition pour réclamer une sépulture à Michel Déon.
Le mouvement aura payé, puisqu'Anne Hidalgo a annoncé qu'elle userait, pour la première fois depuis son élection au poste de maire, de son droit de dérogation. « J'ai demandé aujourd'hui aux services de la Ville de trouver une sépulture parisienne pour Michel Déon », rapporte ainsi l'AFP. « Je partage donc l'idée selon laquelle Michel Déon devrait trouver à Paris la sépulture à laquelle son œuvre le destine », écrit Anne Hidalgo dans un courrier à Alice Déon, en rappelant « les difficultés objectives que nous vaut le décalage entre 5.000 demandes et 150 places disponibles chaque année ».
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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sylkyz
25/02/2018 à 10:54
Ah, les passe-droits ! Une vraie maladie ce truc-là. "Nous, les écrivains, nous ne sommes pas, comme le bas peuple, soumis aux règles". Ils sont légion, ceux qui pensent la même chose. "Nous, les banquiers", "Nous, les artistes", et parfois hélas aussi "Nous, les élus". Ah, l'ancien régime, ça c'était le bon temps, quand il était reconnu officiellement qu'on n'était pas égaux, que certains avaient des droits, et la masse indistincte non. Epidémie de nostalgite infectieuse.