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Les Ensablés – “Mithridate Eupator, roi du Pont” (1890) de Théodore Reinach

Théodore Reinach était un membre de l’Académie. Qu’est-ce qu’un membre de l’Académie ? Pour son épouse un compagnon attentif et aimant ; pour son voisin de palier, qui s’en félicite, un homme d’études et de silence ; pour ses élèves, s’il enseigne, un intimidant gardien du Savoir. Mais pour nous, lecteurs, à plus d’un siècle de distance, Théodore Reinach, l’académicien, est l’enchanteur qui nous transporte aux temps reculés de la Grèce antique, qui nous emmène dans la formidable épopée de Mithridate.

Le 01/04/2018 à 09:00 par Les ensablés

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01/04/2018 à 09:00

Les ensablés

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Par Antoine Cardinale

© Hervé Lewandowski (RMN)

Comme il est difficile de le séparer de Joseph et Salomon, ses frères, tant la postérité les a unis sous l’acronyme de JST : les frères Je-Sais-Tout ! Ils furent, « Parisiens fondamentaux » 1, les piliers des cercles les plus mondains et l’illustration de la société savante. Ils furent aussi, juifs, républicains, riches, pour chacune de ces qualités particulièrement et pour l’ensemble qu’elles formaient, la cible de haines qui, sans nous étonner, nous attristent car elles vinrent parfois des plus délicats esprits de ce temps 2.

Théodore, des trois, est le plus doué, d’une précocité inouïe : il obtint, dans ses trois années de lycée, dix-neuf prix au Concours général, dont les premiers prix de français, de vers latin, de version grecque, de géographie et d’anglais. Comme il faut bien faire une carrière, il se dépêche d’être docteur en lettres et en droit : il sera avocat.

Mais sa passion est ailleurs. C’est la Grèce antique qui magnétise son intelligence et son activité alors est stupéfiante : il publie dans l’espace resserré de huit années un ouvrage sur les successions dans la Grèce ancienne, traduit –le premier- la République d’Aristote 3 ; se transporte à Constantinople pour y classer, à la demande du gouvernement turc, les huit sarcophages de l’école ionienne qui sont encore une des fiertés des musées ottomans 4; déchiffre à Delphes une mystérieuse inscription dont il devine génialement qu’elle est une partition musicale, en transcrit la mélodie et en confie l’arrangement à son ami Gabriel Fauré ; classe toutes les monnaies de l’Asie Mineure 5; publie un Recueil des inscriptions juridiques grecques (1890-98).

La place manque, mais on se doit de faire encore une mention particulière pour une partie moins connue de ses travaux. Avant cette frénésie grecque et après qu’il en eut parcouru toutes les avenues, au début et à la fin de son parcours intellectuel en somme, il écrit à vingt-quatre ans d’une part une Histoire des Israelites (1884) et dirige d’autre part de 1902 à sa mort l’édition des Œuvres complètes de Flavius Josèphe ; il joua un rôle qui n’est pas oublié dans le renouveau des études juives.

Enfin, député par la Savoie, il est le rapporteur de cette décisive loi sur les Monuments historiques du 31 décembre 1913, ajoutant son nom à la suite de ceux, Mérimée, Montalembert ou Hallays, qui ont aimé et protégé « les longs souvenirs qui font les grands peuples ».

Mithridate le Grand

C’est en 1890, dans un titre qui sonne comme une tragédie classique ou un opéra baroque - évoquant le Attila, roi de Huns de Corneille ou le Jules César en Égypte de Haendel 6 -  que Théodore Reinach choisit, avec un orgueil qu’il ne dissimule pas, de devenir le premier biographe de ce Mithridate Eupator, roi du Pont7 qui comme Reinach l’écrit admirablement, « sans avoir pris lui-même le surnom de grand, l’a reçu de la haine clairvoyante de ses ennemis ».

Racine, auteur d’un Mithridate qui ne compte pas parmi ses tragédies les mieux venues, nous l’assène dans sa Préface : « Il n’y a guère de nom plus connu que celui de Mithridate ».

Mais que notre orgueil n’accuse pas longtemps notre ignorance : ce monarque que Cicéron appela « le plus grand des rois auxquels Rome eût jamais fait la guerre »8, n’avait, au temps de Théodore Reinach, jamais fait l’objet d’une biographie. À peine les érudits pouvaient-ils trouver dans Strabon, Appien, Salluste ou Dion Cassius des éléments forcément parcellaires et en rapport seulement avec l’histoire romaine ; à peine les touristes pouvaient-ils admirer à Rome, au Musée Capitolin, ce Vase de Mithridate qui laisse à penser des fabuleux trésors de celui qui reprenant, après deux siècles, la pensée d’Alexandre, étonna l’univers par l’immensité de ses projets et qui « ne croyant rien au-dessus de ses espérances » pensa marcher sur Rome, pour étendre à l’Occident l’empire qu’il exerçait sur l’Orient entier.

Grec par la culture, protecteurs des arts et des lettres par politique, versé dans la médecine, mais seulement pour déjouer les risques du poison, grandi au milieu de cruautés de sérail, ce monarque est en réalité, par toutes les traditions de sa famille, par une hubris toute orientale, profondément perse. Faisons connaissance au physique, avec celui qui échappe au massacre que sa propre mère ordonne, et pendant sept ans, jeune Hercule, se cache dans les montagnes les plus reculées pendant que Rome, de loin, surveille son royaume.

Observez comme l’historien, qui compte parmi les premiers numismates de son temps, fait parler et redonne vie aux médailles : « Au physique, un colosse…Il avait la stature et la force qui imposent aux Orientaux ; il avait aussi la beauté, don du ciel, qui séduisait les Hellènes. Ses premières médailles nous font connaître ses traits : le visage s’encadre entre de légers favoris et de longs cheveux bouclés…la bouche entr’ouverte va parler ; la narine s’avance, frémissante ; ..l’œil profond où l’on devine un feu sombre…. »  9

Rome pensa gagner au change et mettre facilement à raison ce juvénile roitelet des confins du Pont-Euxin, qui réclamait sa couronne les armes à la main et qui, en l’an 111 av. J.-C. commence son règne en jetant au cachot sa mère et en l’y faisant mourir ; qui adjoint à sa principauté du Pont la riche Chersonèse, la Colchide et la Petite-Arménie ; qui emporte en 107 av. J.-C. le Bosphore cimmérien et en 94 av. J.-C. la Paphlagonie.

La guerre contre Jugurtha, le péril cimbre, la guerre sociale enfin avait détourné Rome des affaires d’Orient, mais l’heure fatale de la confrontation allait sonner. Il allait être pendant quarante années l’impitoyable ennemi de Rome. Ecoutons Théodore Reinach en faire le champion de l’Asie contre Rome, tyrannique champion de l’Europe .

« Le vieil antagonisme…chanté par les aèdes homériques et par Hérodote, à demi assoupi depuis Alexandre et l’éclectisme de ses successeurs, se réveilla brusquement au choc des deux races conquérantes venues, l’un des rivages de l’Italie, l’autre du fond des déserts du Khorassan, pour se rencontrer aux bords de l’Euphrate » 10

Dans cette lutte, Rome l’emporta. Les légions, pour quatre siècles encore, camperont sur l’Euphrate et garderont à distance les empires orientaux. Car «  ce que Rome prenait, elle n’avait pas coutume de le rendre ». Mais la lutte fut terrible. Mithridate s’y rencontre avec les plus farouches chefs romains. Avec Marius d’abord, et Théodore Reinach nous invite à ce terrible entretien : « …le vainqueur de Jugurtha et des Cimbres, quels que fussent ses vices, tenait plus à l’honneur qu’à l’argent, et son cœur de soldat saignait au spectacle des avanies que Rome endurait depuis cinq années en Orient. »Tâche d’être plus fort que les Romains, répondit-il à Mithridate, ou obéis en silence à leurs ordres » 11; Sylla enfin, qui avait « vaincu les Arméniens et humilié les Parthes, éclipsé Marius et conquis le consulat à la pointe de son épée. Au physique, un homme du Nord : les cheveux d’un blond doré, les yeux bleus et perçants, le teint blanc. Une intelligence lucide, pratique, une volonté de fer un talent militaire de premier ordre. »12

Parmi les innombrables batailles voyons le farouche tableau de la prise d’Athènes par les légions de Sylla, et comment Théodore Reinach restitue à l’Histoire les couleurs de la vie, dans un style où le savant énonce, et dans lequel la précision du détail donne toute la force.

« Le 1er mars 86, à minuit, l’armée romaine fit son entrée dans Athènes, au bruit strident des cors et des trompettes que dominait la clameur d’une soldatesque furieuse. Un héraut devançait l’armée, proclamant l’ordre féroce de ne faire aucun quartier. Nulle résistance ne fut opposée.Les Romains se frayèrent un chemin l’épée à la main à travers les ruelles étroites de la vieille ville, tuant tout, hommes, femmes, enfants. Un fleuve de sang roula par le Boulevard de l’Agora au Dipyle, remplissant le Céramique et débordant dans le faubourg…peu s’en fallût que l’incendie ne complétât l’oeuvre du pillage et ne fit d’Athènes, comme de Carthage et de Corinthe, un monceau de ruines ».13

 Rome ne finit ses guerres que par l’extermination de l’ennemi. Et tandis que la tragédie va trouver un dénouement atroce, rappelons à notre mémoire l’avertissement terrible de Bajazet à Roxane

« Songez-vous…

                                         Que j’ai sur votre vie un empire suprême 

                                  Que vous ne respirez qu’autant que je vous aime ». 

Car, plus que ses fabuleux trésors –le seul inventaire de son garde-meuble prit trente jours- Mithridate songe et « frémit à l’idée de voir tomber vivantes dans les mains du conquérant étranger ses femmes et ses sœurs, tout son sang et tout son amour. 

Mithridate, vaincu, ne pouvant être aimé, cessa d’aimer et cet aveu était une sentence de mort

« L’eunuque Bacchides fut chargé d’empêcher ce déshonneur suprême. Le sinistre messager arriva à Pharnacie, porteur de l’ordre de mort qui ne laissait aux victimes que le choix du supplice ».14

On n’épargne ni les mères des épouses ni leurs servantes. Celles que le poison n’a pu tuer, sont, agonisantes, étouffées par les serviteurs ; l’une qui échoue à se pendre finit égorgée par le bourreau. Les plus belles fleurs de l’Ionie, des îles parfumées de l’Égée et des profondes forêts du Pont gisent dans un malodorant lac de sang.

Après Marius, après Sylla et Lucullus, c’est à Pompée, en 63 av. J.-C., au terme de trois guerres, de cent batailles et de sièges sans nombre qu’il revint de l’emporter enfin, dans un assaut final où l’on vit Mithridate, à soixante-cinq ans « conduire lui-même ses escadrons à la charge» et, vaincu, trouver une mort digne de Sardanapale : il se donne un poison qui est impuissant à le tuer et commande alors à son esclave gaulois de tirer son épée et de l’achever.

Le drame s’achève dans les longues acclamations de l’armée romaine, tandis que dans l’Urbs, le consul Cicéron décrète dix jours de prières, de fêtes et de sacrifices. Mais ces quarante années de guerre, en donnant à Rome l’imperium à l’Orient, changèrent son destin et la firent marcher inéluctablement vers la monarchie militaire. Rome avait vaincu, mais la République était morte.

Mélancoliquement, Théodore Reinach termine l’histoire dans une vision de Crépuscule des Dieux: « Et par les nuits laiteuses d’Orient, quand la lune monte dans le ciel, blanchissant la surface calme des deux golfes et projetant sur la plaine endormie les ombres fantastiques des tours en ruine, on entend au loin le cri des chacals et des hyènes qui rôdent sur la glèbe désolée où s’éleva le palais de Mithridate Eupator. »15

Il faut nous ainsi prendre congé de Mithridate, et pour cela il faut brusquement changer de décor : qu’un palais effondré cède la place à une maison enchantée, une lande désolée à un rivage solaire  ! car comment prendre congé de Théodore Reinach sans évoquer Kerylos ? 16

Kerylos

Le grand œuvre de Théodore Reinach, ce fut en effet l’édification de sa maison de Beaulieu, sur le rivage de la Méditerranée, dont il conçut les plans et jusqu’aux plus modestes détails : il ne voulut jamais entendre aux raisonnables qui déploraient les huit millions de franc-or qu’il fallut y engloutir ; il la baptisa Kerylos, du nom grec de l’hirondelle de mer qui aime à habiter ces espaces bleutés.

De nombreux ouvrages ont fait connaître au public, qui peut la visiter, car il faut la visiter, cette demeure magnifique où il voulut, en parfait helléniste, méditer les leçons de la Grèce au milieu des siens.

Kerylos est la postface indispensable des livres de Théodore Reinach et l’épilogue d’une vie . Là peut-être, « L’hirondelle de mer, habitante des nuées, a son nid au fond d’un souterrain, dans la chaleur de la terre »17. Là peut-être, l’âme de Théodore Reinach s’y est-elle réfugiée.

1 Michel Stève Théodore Reinach (2014) p.3 Cette biographie pleine de qualités, représente mieux qu’une « ébauche » : on pardonnera à ce jugement sévère de M.Goetz, auteur d’un roman magnifique, Villa Kérylos (2017), dans lequel Théodore est dépeint avec sympathie et son caractère, son environnement et son oeuvre exactement documentés et retracés.

2. Léon Daudet, sans surprise, cibla la fratrie avec persévérance et cruauté. Mais Marcel Proust lui-même, qui fit pourtant de l’oncle de Théodore, Charles Ephrussi, l’un des modèles de Charles Swan, et de Joseph Reinach le modèle du docteur Brichot, se laissa aller à une vilaine attaque, dépeignant Joseph sous les traits « d’un singe qui savait fumer, dîner, et payer la note ».

3. La représentation en matière de succession féminine dans les droits égyptien, grec et romain (1893) ; La République d’Athènes, traduction (1891)

4. Une nécropole royale à Sidon (1892-1896)

5. Les monnaies juives (1887) ; Essai sur la numismatique des rois de Cappadoce (1887) ; Essai sur la numismatique des rois du Pont (1888) ; Trois royaumes de l’Asie mineure : Cappadoce, Bythinie, Pont. (1888) ; 

6. Il est juste de citer WA Mozart qui signa un opéra homonyme : Mitridate, re di Ponto. Th.Reinach, pianiste et éminent musicologue n’a pu en ignorer l’existence.

7. Paru à la Librairie Firmin-Didot, l’ouvrage est dédié à sa femme : Memoriae Vxoris Dilectae Sacrum. Il est disponible en version numérique sous gallica.bnf.

8.  Ciceron, Pro Murena

9.  Mithr., p.277

10.  Mithr., p.XI

11.  Mithr., p.99

12. Mithr., p.151

13. Mithr., p.165

14. Mithr., p.341

15. Mithr., p.413

16. La bibliographie sur la villa Kerylos est heureusement abondante, et le lecteur intéressé saura parmi les actes savants, les romans et autres albums,  découvrir avec fruit l’histoire de cette magnifique demeure. Nous devons cependant faire une recommandation particulière du livre de M.Steve, précedemment cité, qui a su rendre toute sa part à  l’architecte Emmanuel Pontremoli dans la conception de Kerylos, comme dans sa réalisation.

17.Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, p.28

Par Les ensablés
Contact : ng@actualitte.com

4 Commentaires

 

CéCédille

05/04/2018 à 08:55

Excellente chronique, merci !
Pour avoir une idée de la villa Kerylos, ce reportage vidéo récent (25/03/2018) sur France Info : https://www.francetvinfo.fr/sciences/histoire/decouverte-la-villa-kerylos-entre-deux-epoques_2673740.html

AxoDom

06/04/2018 à 00:04

Et merci à CéCédille pour le lien vers le reportage vidéo et ce moment de rêve antique.

AxoDom

05/04/2018 à 23:55

Bel article, écrit à l'ancienne, hélas - in cauda venenum - terni par une légère faute de syntaxe : ce disgracieux car inutile "y" dans "Là peut-être, l’âme de Théodore Reinach s’y est-elle réfugiée."

Antoine Cardinale

27/04/2018 à 13:35

AxoDom, merci, mais pour un "i" à la grecque
J'ai trouvé le reproche un peu sec
Il faut plus qu'une piqûre caudale
Pour faire rougir un Cardinale

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Les titres de ses romans ont l’odeur des armoires à linge bourgeoises, encaustique et lavande : « La Petite Comtesse » (1856), « Histoire de Sybille » (1862), « Julia de Trécoeur » (1872), voire réminiscents de la Comtesse de Ségur « Le Roman dˊun jeune homme pauvre » (1858)… Par Herbert Dune.

29/09/2024, 09:00

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Les Ensablés - La Revanche (1925) d'André Thérive

Paru en 1925, puis réédité dans une édition illustrée en 1930, La Revanche d’André Thérive (de son vrai nom Roger Puthoste) est un livre qui parle de la vieillesse, de la sénilité, de la mort, et surtout de la mesquinerie des vivants… Rien qui puisse a priori attirer le lecteur « feel good » Mais le style est magnifique, avec, l’air de rien, une musique enchanteresse. Quant à la fin du roman, autant le dire, elle est sublime. Soudain, après le crépuscule, c’est la lumière qui surgit, d’autant plus incandescente qu’elle est environnée d’ombres..
 
Par Hervé BEL. 

15/09/2024, 09:00

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Les Ensablés – André Beucler, Vu d’Allemagne

Romancier, auteur d’une quinzaine d’ouvrages dont La Fleur qui chante, chroniqué pour Les Ensablés par François Ouellet, André Beucler est un homme aux multiples talents. Il s’intéresse ainsi au cinéma, pour lequel il écrit plusieurs scénarios et même réalise quelques films. Mais Beucler brille aussi dans un tout autre exercice, le journalisme. De par ses contraintes notamment en termes de longueur et de style, l’article de journal s’apparente à l’art de la nouvelle ou du découpage en scènes du cinéma, un art dans lequel Beucler s’épanouit avec une aisance et un brio remarquables. Par Carl Aderhold.

25/08/2024, 09:00

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Les Ensablés – Elisabeth de Raymonde Vincent (1908-1985)

Après la réédition du chef-d’œuvre Campagne (prix Femina 1937) dont même Le Monde s’est fait largement l’écho en 2023, les éditions Le Passeur republient aujourd’hui Élisabeth, troisième roman de Raymonde Vincent. Comme Marguerite Audoux (voir notre article sur Marie-Claire), elle fut un phénomène littéraire, s’avérant capable d’écrire un grand livre aussitôt remarqué et publié, alors qu’elle avait été illettrée pendant toute son enfance. Par Hervé BEL.

04/08/2024, 09:29

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Les Ensablés - Rafales, de Roger Vercel (1894-1957)

Encore connu des cinéphiles pour les adaptations au cinéma de ses romans  Remorques (adapté par Jean Grémillon) et Capitaine Conan (prix Goncourt 1934, adapté par Bertrand Tavernier), Roger Vercel est un remarquable écrivain de récits maritimes, inspirés de témoignages  de marins, recueillis à Dinan, ville où il vécut et exerça le métier de professeur de lettres. Par Isabelle Luciat

14/07/2024, 09:00

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Les Ensablés - Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach

L’écoute d’un opéra de 1920 ensablé jusqu’à la fin du dernier siècle peut mener à la lecture d’un roman également ensablé pendant plusieurs décennies, l’un comme l’autre très célèbres en leurs temps et fort heureusement resurgis… quoiqu’ insuffisamment pour le livre, qui mérite largement un coup de projecteur. Par Marie Coat

23/06/2024, 09:00

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Les Ensablés - Retour de barbarie et Du côté de chez Malaparte de Raymond Guérin

C’est au début des années 80 que l’on commence à reparler Raymond Guérin. Les éditions « Le tout sur le tout » ont alors le courage de rééditer certaines de ses œuvres. Jean-Paul Kaufmann écrit sa biographie, remarquable comme tout ce qu’il fait, dans 31 rue Damour. Des articles sortent… Puis nouvel oubli, même s’il reste publié dans la collection Imaginaire, antichambre de l’oubli définitif. un oubli relatif à dire vrai. Régulièrement, des maisons d’édition (où trouvent-elles ce courage?) rééditent en effet une de ses œuvres. Finitude est de celles-ci. Par Hervé Bel

09/06/2024, 09:00

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Les Ensablés - Les enfants de septembre de Jean-René Huguenin (1936-1962)

Merveilleuse parution chez Bouquins d’un inédit de Jean-René Huguenin. Les enfants de septembre, roman ébauché et par conséquent forcément inachevé révèle toute la palette émotionnelle et stylistique de JRH, auteur génialement prometteur décédé à 26 ans. Par Denis Gombert

26/05/2024, 09:00

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Les Ensablés - Les fumées de la Sambre (1985), de Pol Vandromme

Ce livre sensible et affranchi, à la croisée des genres de l’essai romancé et de la confession autobiographique, pousse à vouloir aller au-delà du visible, et à comprendre les fondamentaux de l’être dans les situations qui le déterminent et le construisent. Un flux de souvenirs et de sensations s’y déploie, dans une prose sans filtre avec en arrière-fond cette rivière berçant le pays de Charleroi qui entraîne l’esprit du narrateur dans les méandres géographiques, historiques et intimes de la formation d’un imaginaire. Par Louis Morès.

12/05/2024, 09:00

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Les Ensablés - La Confrontation, de Louis Guilloux (1899-1980)

Né en 1899 à Saint Brieuc, dans une famille de condition modeste, Louis Guilloux a publié de nombreux romans dans lesquels il a témoigné d'une attention particulière pour les pauvres et les laissés pour compte. Son premier roman La Maison du peuple, publié en 1927, évoque la figure de son  père, cordonnier et militant socialiste.  Son œuvre la plus célèbre Le Sang noir (objet d'un précédent article) s'inspire de la vie de George Palante qui fut son professeur de philosophie et son ami. Par Isabelle Luciat.

28/04/2024, 10:59

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Les Ensablés - Laurence Algan , discrète et touchante

Ces derniers temps, j’ai lu une romancière à l’écriture discrète et touchante qui se nomme Laurence Algan. On ne saurait presque rien d’elle si, en juillet 1944, elle n’avait répondu à l’enquête biographique que le journaliste et romancier Gaston Picard menait à l’époque auprès des écrivains pour le compte du Centre de documentation de la BnF ; les éléments biographiques fournis par l’écrivaine, Paul Aron les présente succinctement dans un article qu’il a intitulé « Une femme si simple » et qui est paru dans Les Nouveaux Cahiers André Baillon en 2014. J’y suis allé voir de plus près. Par François Ouellet

14/04/2024, 09:00

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Les Ensablés - La chambre des écureuils de Marie-Laure de Noailles

A l’automne dernier, sur les tables de la librairie chargées de l’abondante moisson de la rentrée littéraire, le regard est attiré par un livre relié entoilé d’un jaune éclatant, d’une romancière inconnue, Marie Laure. Son titre primesautier - La chambre des écureuils - intrigue : conte pour enfants ou ouvrage libertin ?
Ni l’un, ni l’autre, et il s’agit d’une réédition, chez Seghers, d’un roman écrit en 1946 -mais publié en 1955- par une femme hors du commun, bien plus célèbre comme mécène des arts et instigatrice de fastueuses fêtes mondaines, que comme écrivaine. Le pseudonyme de Marie Laure est en effet celui de Marie-Laure de Noailles, surnommée par l’une de ses biographes « la vicomtesse du bizarre ».

Par Marie Coat

31/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Sangs (1936) de Louise Hervieu (1878-1954)

La vie de Louise Hervieu (1878-1954) n'a pas été facile. Née hérédosyphilitique (cela existait encore en ce début de Troisième République), elle eut une santé fragile qui la contraignit à un moment de sa vie de se retirer et  ne plus se consacrer qu’à l’art graphique et à l’écriture… Enfin, pas tout à fait. Sensible pour des raisons évidentes aux problèmes de santé, elle milita activement à l’instauration du « carnet de santé » et parvint à ses fins en 1938.
En 1936, elle obtient pour « Sangs » (publié chez Denoël) le prix Femina au 4eme tour, l’histoire d’une enfant à l’hérédité implacable, que l’amour ni la richesse de sa famille ne peuvent guérir, ne peuvent écarter de la malédiction du « mauvais sang »
On n’échappe pas à son malheur.
Par Henri-Jean Coudy

17/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Dubalu de Bernard Waller (1934-2010), par Carl Aderhold

« Ouf,
            La bonne étape, le relais avant de s’élancer vers d’autres lieux, 
            à portée de main, en sortant de chez lui la première maison de la rue Granchois. »
Ainsi débute la grande aventure de Francis Dubalu, représentant de commerce la firme Breganti, qui part pour la première fois démarcher de nouveaux clients en province. 
Ce sont les éditions de La Grange Batelière dont on connaît le riche catalogue, qui ont eu la bonne idée de republier le premier roman de Bernard Waller. 
Initialement paru dans la prestigieuse revue NRF en novembre 1960 avant de connaître, un an plus tard les honneurs de la collection blanche, Dubalu est un texte d’une incroyable modernité, qui n’a pas pris une ride. 

Par Carl Aderhold

03/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Waterloo, Belges ou Français d'Albert du Bois (1872-1940)

Dans cette fiction historique qui prend place durant les Cent-Jours avec comme moment culminant la bataille de Waterloo, un Bruxellois d’origine flamande, Jean Van Cutsem, vit une crise existentielle : alors que le frère de sa fiancée wallonne rejoint Napoléon, il est pour sa part enrôlé dans l’armée hollandaise sous le commandement du Prince d’Orange… Un roman engagé et détonnant, où les questions de l’identité, de la loyauté et du courage s’affrontent avant tout dans le for intérieur d’un jeune soldat jeté malgré lui sur les routes de la guerre.

Par Louis Morès. 

18/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - À propos de Claude Dravaine, par François Ouellet

J’ai commenté ici même, précédemment, la biographie de Maria Borrély (1890-1963) publiée par Danièle Henky en 2022 (Maria Borrély. La Vie d’une femme épanouie). Les romans de Borrély, qui s’apparentent à ceux de Giono et de Ramuz, sont à redécouvrir impérativement. Danièle Henky, dont le « sujet de prédilection, c’est le destin des femmes », expliquait-elle récemment, s’intéresse, dans son nouvel ouvrage, à l’écrivaine et journaliste Claude Dravaine (1888-1957). La Livradoise. L’Énigme Claude Dravaine est publié chez Hauteur d’Homme, une maison régionaliste sise dans une commune du Massif central. Par François Ouellet.

04/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - Couleurs d'écriture, de Julien Blanc à Raymonde Vincent

Après Romans exhumés (chez EUD, 2014), Littérature précaire (toujours chez EUD, 2016), notre ami et chroniqueur des Ensablés, François Ouellet, publie aujourd’hui, sous sa direction, un nouvel opus dédié à la redécouverte d’auteurs oubliés, vaste domaine, on le sait, qu’une vie ne suffira jamais à explorer totalement. Il s’est entouré pour cela d’éminents spécialistes dont le regretté Bruno Curatolo, savant érudit, par ailleurs un des « redécouvreurs » de Raymond Guérin. Pour nos lecteurs assidus depuis quatorze ans (déjà !), ce livre est indispensable. Par Hervé Bel.

22/01/2024, 12:17

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Portraits de solitudes et blessures d’enfance : Des enfants uniques

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Sept mots pour une vie : les secrets de Mook Miran enfin dévoilés

Esclave. Reine de l’évasion. Meurtrière. Terroriste. Espionne. Amante. Mère... Combien d’existences tient dans le corps d’une femme ? Autant qu’il en faut pour tenir debout.

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