#SalTo18 – Le Prix Strega, ou Premio Strega, est l’équivalent en Italie du prix Goncourt en France. Depuis cinq ans maintenant, une nouvelle corde a été ajoutée à cet arc de récompenses : il Premio Strega Europeo. Ce dernier a été remis lors du Salon du livre de Turin.
Le 14/05/2018 à 13:45 par Nicolas Gary
Publié le :
14/05/2018 à 13:45
Fernando Aramburu, au micro – crédit Salon del libro
C’est l’auteur espagnol Fernando Aramburu qui a été primé, pour son roman Patria, traduit par Bruno Arpaia. C’est en 2014, alors que l’Italie occupait la présidence du Conseil de l’Europe, que le prix a été créé. Il est doté d’un montant de 3000 € pour l’auteur et 1500 € pour son ou sa traductrice. Il porte sur des livres d’écrivains européens, traduits en italien.
Si le prix se défend de toute implication politique, on notera que cette récompense résonne toutefois très fortement avec l’actualité en Espagne. En effet, le 3 mai dernier, l’ETA, au cœur du roman, a annoncé officiellement sa dissolution.
Le livre a été publié aux éditions Actes Sud en mars dernier, traduit par Claude Bleton.
Lâchée à l’entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir, bien trop chaud pour la saison. Afficher des couleurs serait manquer de respect envers les morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer au Txato, son mari défunt, les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l’ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de San Sebastián, où a vécu sa famille et où son époux a été assassiné pour avoir tardé à acquitter l’impôt révolutionnaire.
Ce même village où habite toujours Miren, l’âme sœur d’autrefois, de l’époque où le fils aîné de celle-ci, activiste incarcéré, n’avait pas encore de sang sur les mains — y compris, peut-être, le sang du Txato. Or le retour de la vieille femme va ébranler l’équilibre de la bourgade, mise en coupe réglée par l’organisation terroriste. Des années de plomb du post-franquisme jusqu’à la fin de la lutte armée, Patria s’attache au quotidien de deux familles séparées par le conflit fratricide, pour examiner une criminalité à hauteur d’homme, tendre un implacable miroir à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la subissent.
L’ETA vient de déposer les armes, mais pour tous une nouvelle guerre commence : celle du pardon et de l’oubli.
En compétition, on retrouvait également
Fernando Aramburu est né à San Sebastián dans le pays Basque en 1959. Il est désormais un auteur installé dans le paysage espagnol. En 2016, Annie Ernaux, très appréciée en Italie, avait remporté le prix Strega Europeo.
Fernando Aramburu, trad. Claude Bleton. – Patria – Actes Sud – 9782330096649 – 25 €
DOSSIER - Turin : 2018, année exceptionnelle pour le Salon du livre
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 07/03/2018
614 pages
Actes Sud Editions
25,00 €
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