Le développement de l’audiolivre ces dernières années aux États-Unis, et depuis en France, induit des questionnements nouveaux. Audible, la filiale d’Amazon, a décidé de financer une étude mesurant « l’impact physiologique de la narration auditive ». Et ce, en regard de ce que la lecture de texte peut apporter, évidemment.
Le 21/06/2018 à 16:53 par Nicolas Gary
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21/06/2018 à 16:53
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Menée par l’University College de Londres, l’étude portait sur l’analyse d’extraits d’œuvres (policière, fantastique, classique, de science-fiction et d’action), auprès de 103 personnes, entre 18 et 67 ans. Ces dernières ont pu écouter un extrait et le lire – dans cet ordre.
Les ouvrages choisis avaient tous en commun une intensité émotionnelle et une durée d’écoute et de lecture comparable. Ainsi, le panel s’est appuyé sur Le Trône de Fer, La Fille du train, Orgueil et Préjugés, Le Silence des Agneaux, Les Grandes Espérances, Da Vinci Code, Le Chien des Baskerville et Alien.
Les premiers résultats confortent dans l’idée que l’audiolivre entraîne « une réaction physiologique et émotionnelle plus intense ». La présidente de l’association Plume de paon, Cécile Palusinski, l’avait évoqué à l’occasion d’une journée professionnelle consacrée au format. Outre-Rhin, le livre audio évoque une approche liée à la voix, aux souvenirs d’enfance, et à l’écoute comme véhicule des émotions.
La lecture des textes écrits aurait moins d’incidence que l’audio, et ce, si l’on se fie même aux réactions corporelles.
« En moyenne, lors des écoutes des passages audio, les participants ont eu une fréquence cardiaque supérieure d’environ 3,5 battements par minute (moyenne : 3,52 bpm), un rythme cardiaque plus élevé d’environ 2 battements par minute (écart moyen : 1,7 bpm) et une température corporelle plus élevée de presque 2 degrés », indique l’étude.
Les chercheurs ont également sollicité les participants – expérimentation et questionnements – en mesurant le rythme cardiaque et l’activité électrodermale. Il en résulte que les signaux recueillis révèlent un processus cognitif et une excitation émotionnelle subconsciente dans le cerveau.
« La fréquence cardiaque et l’activité électrodermale ont démontré qu’écouter une histoire a suscité plus d’émotions et de réactions physiologiques que de regarder l’extrait à l’écran », indique le Dr Joseph Devlin, chef du département de psychologie expérimentale à l’UCL et directeur de recherche du projet (documents ici). « Bien que les participants de l’étude aient formulé le sentiment d’être moins impliqués, les capteurs biométriques ont clairement indiqué le contraire. »
Il faut donc admettre – chose difficile en France, où l’audiolivre est encore associé au handicap – que l’écoute susciterait « une réaction physiologique et émotionnelle plus intense que de regarder des images sur un écran ». Et ce, sans que les différences sociodémographiques n’interviennent.
Le fondateur d’Audible, Don Katz, savoure les résultats : le lien entre l’émotion suscitée et l’écoute a toujours été évident pour lui. « Les mots prononcés nous fascinent, nous divertissent, nous inspirent et surtout nous émeuvent plus que tout », analyse-t-il.
Audible France avait précédemment communiqué une étude réalisée par Opinea, avec une approche moins scientifique toutefois. Les cobayes avaient écouté puis lu, et pour 52 %, l’écoute avait été plus appréciée que la lecture, contre 31 %. Les principales raisons de cette préférence étaient que l’écoute représente une activité plus reposante (39 %) et une expérience plus sensuelle (26 %).
Pour ceux qui préféraient la lecture du texte, c’est que cette activité est plus engageante (28 %) et suscite plus de réflexion (26 %).
Par Nicolas Gary
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