Devant près d’une centaine de personnes, et de nombreux touristes et badauds intrigués, s’est déroulée une étrange cérémonie. Dans les jardins du ministère de la Culture, on rendait hommage au Livre de demain, mort avant d’avoir vu le jour. Au cœur de ce happening, la réforme fiscale et sociale qui va frapper les auteurs...
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Comme pour un véritable enterrement, la mise en terre du Livre de demain s’est accompagnée d’un cortège funéraire, précédé d’une fanfare. De quoi glacer un peu l’ambiance, malgré la chaleur ambiante, mais, surtout, opérer une mise en scène à même de frapper les esprits. Et les réseaux.
Et le cortège prend fin avec l’oraison funèbre que va prononcer Carole Trébor :
« Chers amis, c’est avec une profonde tristesse que nous nous réunissons aujourd’hui. Le Livre de demain vient de nous quitter et, ensemble, nous célébrons sa mémoire. Dans ce moment de peine, nous pensons à ses proches parents et amis fidèles, et tout particulièrement au chagrin des lecteurs et des auteurs.
La mort et le ministère des Affaires sociales ont emporté notre ami pour son dernier voyage. Né en 1454 du génie de Gutenberg, il disparaît sous le... quinquennat d’Emmanuel Macron. Nous proposons que chacun prenne le temps de se recueillir devant le cercueil du défunt. Repose en paix, Livre de demain ! »
Direct : marche funebre pour accompagner la mise en terre du livre de demain #RIP#auteursencolere#payetonauteurhttps://t.co/uTfNWvzIoQ
— ActuaLitté (@ActuaLitte) July 9, 2018
C’est avec le discours de Samantha Bailly, actuelle présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, que s’est poursuivi l’hommage. Publié ce matin même dans nos colonnes, son propos est simple : pour préserver les auteurs et les livres, il faut un statut spécifique.
« Ce qui se joue cette année, c’est l’avenir d’un métier déjà très fragilisé, le métier d’écrire, de traduire et d’illustrer. Il est grand temps que l’avenir des auteurs de ce pays soit pris en main, avec un vrai souci d’équité. Il est grand temps qu’une réflexion profonde soit conduite. Nous attendons des mesures fortes, des avancées concrètes, une volonté politique affirmée, à la hauteur de la gravité qui plane sur la culture française », explique Samantha Bailly.
Et pour clore cette mise en terre, que personne ne souhaite, mais que beaucoup redoutent légitimement, c’est Benoît Peeters qui a prêté sa voix. « Si, pour des raisons qui nous échappent encore, on ne nous entend pas, on peut espérer que le gouvernement n’osera pas refuser d’écouter Victor Hugo. »
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Ainsi, des extraits du discours prononcé en ouverture par l’auteur en juin 1878 devant le Congrès littéraire international ont servi de conclusion. « Les peuples se mesurent à leur littérature. Une armée de deux millions d’hommes passe, une Iliade reste ; [...]. si vous évoquez l’Espagne, Cervantes surgit ; si vous parlez de l’Italie, Dante se dresse ; si vous nommez l’Angleterre, Shakespeare apparaît. À de certains moments, la France se résume dans un génie, et le resplendissement de Paris se confond avec la clarté de Voltaire. »
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