Ce 6 octobre, le jury du prix Sade s’est réuni pour ultimement délibérer et élire le lauréat de l’année 2018. À l’issue des votes de ce jour, la récompense est attribuée à la majorité à Une vieille histoire, de Jonathan Littell (Gallimard). Le prix s'est donné pour mission de saluer un auteur qui célèbre le libertarisme contemporain.
Le 07/10/2018 à 07:07 par Nicolas Gary
Publié le :
07/10/2018 à 07:07
Emmanuel Pierrat, président du jury du prix Sade
Après ses terribles Bienveillantes — douze années plus tard ! —, Jonathan Littell s’était lancé dans une exploration qui avait premièrement été publiée chez Fata Morgana. Une vieille histoire a donc connu une double vie éditoriale, naissant en 2012, avant de ressortir en mars dernier.
C’est cette nouvelle mouture que le juré a choisi de saluer. De là un titre revu : Une vieille histoire ; nouvelle version. Des deux chapitres initiaux, la structure fut conservée, mais d’autres textes ajoutés, parus également chez Fata Morgana.
« Quant aux décors, je pioche partout, sans hiérarchiser : photos, films, anecdotes racontées, rêves, livres, choses vécues, souvenirs d’enfance, tout est sur le même plan. C’est ma façon d’écrire depuis toujours. Le réel entier est “good enough to steal”, comme disait William S. Burroughs », expliquait l’auteur.
Et fort logiquement, l’ouvrage distille, à travers sept tableaux, pourrait-on dire, ces décors comme autant d’exploration des rapports humains. Avec des influences comme celle du divin marquis, sans aucun doute. Un ouvrage qui, par ailleurs, n’est pas pour tous publics.
L’auteur, résidant en Espagne, et occupé avec un projet de film, ne pouvait être présent pour la remise du prix. Toutefois, il a fait parvenir un mot de remerciement à l’attention des jurés.
[C]omme vous devez vous en douter, Sade a toujours été un auteur dont je me sens très proche, pour de nombreuses raisons qui dépassent sa sulfureuse réputation.
Comme écrivain, il a repoussé les limites de ce qui était possible, voire même pensable ; aujourd’hui, nous sommes loin d’avoir fini d’explorer les territoires qu’il a ainsi ouverts ; quant à en découvrir de nouveaux, il faudrait beaucoup de démesure pour même y songer.
Si mon roman use de certaines des possibilités qu’il nous a offertes, il est loin de les épuiser. Je ne suis pas sûr de mériter l’honneur que vous me faites, même si je ne vois pas de raisons pour le refuser.
Outre sa récompense principale, le prix Sade a aussi remis deux autres distinctions : le Prix Sade du livre d’art décerné à Dirty, de Mavado Charon (Mania Press). Et un prix spécial est attribué à aux éditions Le Murmure, pour la collection Border Line, à l’occasion de la parution de L’Adolescente japonaise, Stéphane du Mesnildot.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 08/03/2018
384 pages
Editions Gallimard
21,00 €
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