#SALONLIVREMTL18 – La manifestation montréalaise bat son plein, et pendant ce temps, les professionnels resserrent les rangs. À multiplier les tribunes, lettres ouvertes et autres diffusés dans la presse, les organisateurs du Prix littéraire des Collégiens se sont décidés à suspendre sa récompense. Mais l’interprofession, elle, cherche activement une solution.
Le 16/11/2018 à 18:54 par Nicolas Gary
Publié le :
16/11/2018 à 18:54
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Dernier coup de semonce en date, un courrier collectif signé par 280 professeurs de français et de littérature au collégial. Et d’enfoncer le clou sur ce qui a provoqué la vive polémique : la présence d’Amazon Canada comme partenaire financier du prix.
Si nous ne pouvons tolérer la présence du logo d’une entreprise comme Amazon sur le matériel promotionnel du Prix littéraire des collégiens, c’est surtout parce que cette entreprise fait une concurrence déloyale aux libraires, qui sont les principaux garants de la vitalité du marché du livre au Québec. Pour le dire simplement : chaque fois qu’Amazon vend un livre, c’en est un autre qui disparaît des rayons. On ne rend pas une culture invisible autrement.
(via Le Devoir)
Or, à l’initiative de l’imprimeur Marquis, une solution se dessine. Pierre Frechette, vice-président des ventes, explique à ActuaLitté : « Cette récompense représente un enjeu sociétal important. Et Marquis a à cœur de s’investir dans les questions liées à la lecture et aux jeunes publics. » L’entreprise apporte déjà un soutien économique à des prix, des associations, et ainsi de suite.
« Lorsque nous avons appris la suspension du prix, un des éditeurs dont l’ouvrage est nommé nous a suggéré d’intervenir. À nous seuls, il ne nous sera pas possible de prendre l’ensemble de la commandite, mais nous travaillons désormais avec l’ensemble des professionnels », poursuit Pierre Fréchette.
Et de souligner l’importance de ce prix, toute la promotion organisée autour. « Nous serions prêts, dès demain, à intervenir et débloquer des fonds, si on nous le demande. » Car, dans le même temps, l’ensemble des associations professionnelles se mobilise. La perspective de monter un réseau pour se substituer possiblement à Amazon Canada se dessine.
En effet, côté librairies l’Association des Libraires du Québec, de même que Librairies indépendantes du Québec (ALQ et LIQ), sont disposées à apporter leur soutien. Il en va de même avec COOPSCO, bannière coopérative de librairies en milieu scolaire — qui compte 60 établissements qui proposent également de la papeterie, dans des institutions scolaires.
Pour ces dernières, le livre n’est pas nécessairement au cœur de leur activité, bien que 15 des établissements soient agréés. En revanche, un financement issu du système éducatif existe, avec des aides significatives. L’ANEL pourrait également intervenir — l’Association nationale des éditeurs de livres doit prochainement rencontrer les organisateurs du prix.
« Si tout le monde apporte un peu d’argent, alors il serait certainement possible que l’interprofession, dans un effort de solidarité, puisse pallier les montants versés par Amazon », indique une proche du dossier.
La somme de 50 000 $ CA revient régulièrement sans qu’à aucun moment, il n’ait été possible de la confirmer. En effet, contactés à de nombreuses reprises, les organisateurs du prix n’ont jamais retourné nos demandes de précisions ni d’informations.
« La fondatrice est manifestement fatiguée de cette organisation, et personne ne semble s’empresser pour continuer ce qui a été réalisé. Peut-être le milieu pourrait-il intervenir, dans un mouvement de solidarité global. »
Côté éditeurs, on marche malgré tout sur des œufs : pas question de se montrer trop vindicatif. « Nous sommes dans un processus constructif, et bien entendu conscients des difficultés que cette commandite peut soulever. Si les acteurs de la chaine parviennent, dans le cadre d’une concertation, à renverser la suspension du prix, cela profitera à chacun », nous indique-t-on.
Un éditeur rajoute : « Nous vendons des livres aussi par leur intermédiaire, cela n’empêche pas d’être en désaccord avec leurs méthodes. Mais nous n’avons pas le logo d’Amazon sur nos livres ! »
Le prix littéraire des Collégiens s’articule autour de la sélection par un jury de cinq ouvrages, qui seront soumis par la suite aux professeurs de Cegep. Ces derniers vont, avec leurs élèves, créer des groupes de lecture autour des romans. En tout, 3000 exemplaires des cinq livres seront achetés auprès des éditeurs directement, et le lauréat, désigné, reçoit une dotation de 5000 $ CA.
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