Les études sur les effets sociaux de la lecture aboutissent toutes à un même constat : la fiction génère une meilleure compréhension de l’autre. Pourrait-elle former des citoyens, en développant le sens civique ? Et renforcer la cognition sociale ? Une nouvelle étude semble le croire.
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Dans le domaine de la psychologie, la cognition sociale recouvre plusieurs champs – se concentrant sur la manière dont nous traitons, stockons et utilisons les informations émanant d’autres personnes. En somme, quel est le rôle que les processus cognitifs peuvent jouer dans nos interactions sociales : penser autrui, interagir et ressentir le monde, voilà l’ensemble de cette cognition sociale.
Dirigée par David Dodell-Feder, professeur adjoint de psychologie à l’Université de Rochester, l’enquête répond une fois de plus au lien que l’on suppose entre cognition sociale et lecture de fiction. Non seulement les livres nous aident dans cet échange, mais l’absence de lecture montre des carences que l’on ne retrouve pas chez les lecteurs.
Les psychologues spécialisés dans le développement portent un intérêt tout particulier à la cognition sociale en ce qu’elle se déploie largement chez l’enfant, puis l’adolescent. Avec le temps, nous prenons mieux conscience de nos sentiments et appréhendons – avec plus ou moins d’aisance – notre ressenti. De là, une réaction plutôt qu’une autre.
En somme, adopter le point de vue de l’autre, la capacité à l’empathie, se cultive autant dans nos échanges avec les autres qu’à travers les lectures que l’on peut faire.
La littérature présente l’avantage maintes fois reconnu de pouvoir expérimenter, à travers la fiction, des situations qui ne se poseront jamais à nous. En adoptant un regard sur le monde qui est celui des différents narrateurs, ce sont des vies que l’on multiplie, et autant d’expériences acquises au fil des pages.
Les psychologues, montre l’étude, creusent cette question, et l’équipe de David Dodell-Feder s’est appuyée sur un modèle de meta-analyse pour définir la nature du lien. Ainsi, 14 études ont été passées en revue, toutes établissant des liens entre fiction, lecture et sociabilité.
Le principe est souvent le même : mesurer la capacité à deviner des émotions en jugeant sur le simple ressenti qu’ils nous inspirent.
Même si les effets semblent assez réduits, ils méritent d’être soulignés et pris en compte. D’abord, parce qu’en reconnaissant qu’il existe une influence réelle de la lecture de fiction sur nos capacités sociales, alors un pan de recherche s’ouvre largement aux scientifiques.
Ensuite, les études passées au crible ne reposent que sur de brèves périodes de lecture : sur le long terme, que peut-on attendre des effets des ouvrages de fiction ? Et par conséquent, de la nécessité de maintenir une réelle diversité dans les publications et ses propres lectures ?
via American Psychological Association
Par Clément Solym
Contact : cs@actualitte.com
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