La Commission d'enrichissement de la langue française travaille à proposer des équivalents français à des termes anglophones ou issus d'autres langues, et propose également de nouveaux termes, plus adaptés à l'époque, pour désigner des réalités. Elle vient de publier une liste de vocabulaire sur le livre, l'édition et la lecture : adieu les page turner, voici venir les accrolivres de l'été !
Comme d'autres secteurs sur lesquels l'influence anglophone se fait sentir et où les progrès technologiques ont un impact considérable, l'édition travaille avec un certain nombre de termes issus de l'anglais – best-seller, Young adult ou bankable n'en sont que des exemples. La Commission d'enrichissement de la langue française a donc pris le problème à bras-le-corps, dans le cadre de sa mission de proposition et de recommandation de termes français adaptés.
Premier dans la liste alphabétique, le terme accrolivre, qui vient prendre la place de l'expression anglophone page turner, laquelle désigne un « livre à ce point captivant qu'on le lit d'une traite ». Le terme évoque un peu l'accrobranche, mais s'introduira peut-être dans les argumentaires commerciaux, à l'approche de l'été...
À ce sujet, pour annoncer le prochain accrolivre des vacances, rien de tel qu'un book trailer : ou, plutôt, une bande-annonce de livre, ou une bande-annonce, tout simplement. Encore marginal en France, le fait de produire une bande-annonce pour un livre est devenu incontournable aux États-Unis et sur les marchés anglophones, pour les sorties d'envergure.
Le webcomic, lui, se retrouve aussi simplement traduit en BD en ligne, tandis que la cli-fi ou climate fiction, « fiction d'anticipation qui traite du changement climatique et de ses conséquences possibles », se traduit en français par « fiction climatique ». Gageons que le genre n'en sera que plus visible, alors que les sujets relatifs au climat préoccupent de plus en plus...
Du côté des formats, la Commission d'enrichissement a parcouru quelques flip books, qu'elle désigne avec le terme français d'origine, « folioscope », tandis que les pop up books, eux, sont des « livres en relief ». Le mook, lui, reste un simple livre-magazine.
Fait notable, la Commission s'est aussi intéressée au vocabulaire du livre numérique, et plus précisément à sa mise en page : reflowable se traduira ainsi en « mise en page adaptative », tandis que fixed layout trouve son équivalent en « mise en page fixe ».
On regrette l'absence de l'expression « Young adult », qui a particulièrement marqué l'édition, ces dernières années, et désigne une catégorie d'ouvrages destinés aux « jeunes adultes », qui se trouvent souvent entre les mains d'adolescents et d'adultes. L'expression avait d'ailleurs été citée par une centaine d'auteurs, pour la plupart publiés par Gallimard, qui estimaient que le salon du livre de Paris utilisait un peu trop de termes anglophones...
La liste complète est à cette adresse.
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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