Dans l’océan des millions d'ouvrages de titres disponibles, comment un livre trouve-t-il son lecteur ? Au-delà du texte et de la couverture, tout se joue désormais dans l’invisible : les métadonnées. Véritable carte d’identité numérique, elles déterminent la visibilité d’un ouvrage, son accessibilité et, souvent, sa chance d’exister.
Le 22/10/2025 à 16:41 par Nicolas Gary
1 Réactions | 156 Partages
Publié le :
22/10/2025 à 16:41
1
Commentaires
156
Partages
Publier un livre aujourd’hui, c’est bien plus que fabriquer un bel objet ou proposer une œuvre originale. C’est aussi — et peut-être surtout — lui donner une chance d’être vu, trouvé… donc choisi.
Or, dans un univers où plus de 170 millions de titres coexistent, l’enjeu de visibilité devient vertigineux. Pour les grandes maisons, la notoriété et les campagnes de communication font souvent office de projecteurs. Mais pour une petite structure éditoriale, les leviers sont plus modestes.
Pourtant, il existe un outil puissant, souvent sous-estimé — une véritable clé d’entrée vers la découvrabilité : les métadonnées.
Imaginez : un lecteur cherche un roman sur « la Bretagne au XIXᵉ siècle ». En quelques secondes, une recherche sur une librairie en ligne lui renvoie des dizaines de résultats. Lesquels apparaîtront en premier ? Ceux dont les métadonnées — autrement dit, les informations invisibles mais essentielles attachées au fichier du livre — parlent le même langage que la requête. Les autres, aussi pertinents soient-ils, resteront enfouis, relégués au fond d’un entrepôt virtuel.
À LIRE - Métadonnées : comment mieux vendre ses livres passe par un peu d'attention
Les métadonnées représentent la carte d’identité numérique d’un ouvrage, son empreinte unique dans le vaste écosystème du livre. Elles décrivent tout : le titre, l’auteur, la langue, mais aussi les thèmes, lieux, périodes, genres littéraires, formats, et bien plus encore.
Pour un éditeur, soigner ces informations, c’est donner à chaque titre une véritable chance d’être repéré par le bon lecteur — et, pourquoi pas, de se hisser parmi les premiers résultats.
Les métadonnées, c’est quoi ?
Les métadonnées bibliographiques sont normalisées, notamment selon la norme ONIX, utilisée par les distributeurs et plateformes. Elles se divisent en trois grandes catégories :
• Descriptives : titre, résumé, auteur, genre, mots-clés, etc.
• Techniques : format du fichier, nombre de pages, ISBN, droits territoriaux.
• Commerciales : prix, disponibilité, date de parution, diffuseur.
Bien renseignées, elles permettent au livre de se présenter lui-même à l'ensemble des librairies et des bibliothèques numériques. Cela favorise une présence cohérente et uniforme sur toutes les plateformes.
Les métadonnées sont au livre ce que le référencement (SEO) est à un site internet. Sans elles, un ouvrage, même excellent, aura bien du mal à rencontrer son lectorat. Autrement dit : dans un livre sans métadonnées soignées, il manque tout bonnement les coordonnées pour le trouver dans l’océan de l’offre numérique.
Et cela ne concerne pas seulement les titres imprimés : pour les livres numériques, les métadonnées jouent un rôle double. Elles garantissent la découvrabilité, bien sûr, mais aussi — et c’est tout aussi crucial — l’accessibilité.
Lorsqu’un éditeur conçoit un livre numérique, il peut – et doit, s’il est soumis aux critères de la Directive européenne sur le livre numérique accessible – intégrer plusieurs fonctionnalités destinées à améliorer le confort de lecture : table des matières interactive, réglage des polices, compatibilité avec la synthèse vocale, navigation fluide…
Mais si ces efforts ne sont pas signalés dans les métadonnées, ils restent invisibles pour celles et ceux qui en ont le plus besoin — notamment les personnes empêchées de lire en raison d’un trouble visuel, moteur ou cognitif.
Les métadonnées d’accessibilité
Les métadonnées d’accessibilité décrivent les caractéristiques d’un livre numérique en matière d’usage facilité. Elles précisent, par exemple :
• si le texte est reformatable (pour agrandir les caractères) ;
• s’il est compatible avec un lecteur d’écran ;
• s’il contient des descriptions alternatives pour les images ;
• ou encore s’il respecte les standards EPUB 3 Accessibilité.
Ces informations peuvent être intégrées automatiquement via certains outils de distribution, comme ceux que propose Cantook Édition par De Marque.
Mathieu Thériault, directeur du marketing chez De Marque, le résume ainsi : « Grâce à nos technologies de pointe et à l’ergonomie intuitive de nos plateformes, nous garantissons une diffusion optimale des livres numériques et audio. Au-delà de cette efficacité logistique, nous jouons un rôle véritablement stratégique : nous mettons à disposition des outils performants qui accompagnent nos clients dans la mise en marché de leurs ouvrages. »
Et d’ajouter : « Ces solutions techniques, pensées pour être à la fois complètes et simples d’usage, contribuent directement à accroître la visibilité des catalogues et à stimuler durablement la croissance des ventes. »
Pour Mélissa Haquenne, consultante en accessibilité mandatée par De Marque, « le niveau d’accessibilité d’un livre est tout simplement invisible si ses métadonnées ne sont pas renseignées. Les efforts mis dans sa production seront comme un coup d’épée dans l’eau ».
Autrement dit : sans métadonnées, aucune chance d’être identifié comme accessible. Le travail accompli par l’éditeur reste alors dans l’ombre, sans jamais atteindre son public.
À LIRE sur Pouvoir Lire - L'accessibilité d'un bout à l'autre de la chaîne du livre
Chaque maison, grande ou petite, a donc tout intérêt à remplir ces champs. Mais l’éditeur n’est pas seul : librairies, bibliothèques et plateformes ont, elles aussi, un rôle à jouer. L’accessibilité devient ainsi une responsabilité partagée, qui engage l’ensemble de la chaîne du livre — du producteur de contenu au distributeur.
Aujourd’hui, toutes les librairies en ligne n’affichent pas encore les métadonnées d’accessibilité.
Certaines les dissimulent derrière plusieurs clics, d’autres les présentent de façon brute, peu lisible pour le grand public.
Quelques-unes, comme Kobo ou encore LesLibraires.ca au Canada, se distinguent en revanche par une approche claire et vulgarisée, offrant d’emblée un aperçu du niveau d’accessibilité.
Ces disparités traduisent une maturité encore variable du secteur — et rappellent combien il est opportun, pour l’éditeur, de soigner la lisibilité et la cohérence de ses métadonnées avant toute diffusion.
Comment renseigner efficacement ses métadonnées
✓ Utiliser un outil adapté : Choisir une bonne plateforme de distribution qui permet de gérer facilement les métadonnées essentielles, comme Cantook Édition qui détecte automatiquement les métadonnées d’accessibilité présentes dans le livre lors du dépôt du fichier.
✓ Soigner les mots-clés : Envisager l'utilisation d'outils autonomes ou complémentaires pour gérer efficacement les métadonnées complexes, comme Cantook Access, qui permet à la fois d’assister et de faciliter le travail de description alternative des images, tout en enrichissant aussi de façon automatique vos métadonnées d’accessibilité.
✓ Penser au lecteur final : chaque mot-clé doit répondre à une recherche réelle.
✓ Mettre à jour régulièrement : prix, droits, éditions… les métadonnées vivent au même rythme que le livre.
Loin d’être une formalité technique, le renseignement des métadonnées constitue un levier stratégique et accessible à toutes les tailles d’éditeurs. Pour une maison d’édition indépendante qui ne dispose pas de grands budgets marketing, c’est même une arme essentielle : un moyen simple, rapide et peu coûteux de renforcer sa présence numérique.
Un roman bien indexé peut remonter naturellement dans les suggestions, séduire un nouveau lectorat, voire connaître une seconde vie en numérique. À l’heure où les budgets marketing se réduisent, les métadonnées sont un investissement à haut rendement : quelques heures de travail pour des années de visibilité.
Face à la profusion de titres, la découvrabilité n’est plus un luxe : c’est une condition de survie éditoriale.
Et dans cette bataille silencieuse, les métadonnées s’imposent comme les meilleures alliées des éditeurs, quelle que soit leur taille. Elles ne remplacent pas la qualité littéraire — mais elles lui offrent la lumière qu’elle mérite.
Un livre invisible ne se vend pas. Un livre bien décrit, lui, peut enfin rencontrer son lecteur. Alors… pourquoi se priver d’une telle opportunité ?
Crédits
DOSSIER - Des livres numériques pour tous, partout
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
1 Commentaire
Nicolas Perrier
22/10/2025 à 18:55
Merci Nicolas pour cet article.
Je rajouterai que les métadonnées peuvent concerner des champs (sans jeu de mots) bien plus vastes que des informations de contenu, techniques ou commerciales. En tant qu'artisan spécialiste en impression de livres à la demande, je peux attester que l'ensemble des métadonnées (Onix et autres) compilées intelligemment, peuvent permettre de maîtriser la vie entière du livre, jusqu'à sa mort. Par exemple sa thématique, son contenu, son ou ses auteurs, son format (papier ou numérique), ses caractéristiques techniques, sa promotion, ses ventes, ses stocks, sa fabrication (à la demande... ou pas). La liste n'est pas exhaustive. Je suis prêt à en discuter avec toute personne intéressée !