Tokyo, ces jours-ci Tome 1

Taiyou Matsumoto, Taiyô Matsumoto, Thibaud Desbief

Tokyo Higoro dessine l’éclat discret de la vie d’un éditeur de mangas en fin de parcours. Kazuo Shiozawa quitte ses fonctions après trois décennies, rejoint un appartement sobre, échange des confidences avec un moineau. Balade dans Tokyo : néons, ruelles humides, bureaux vides ; images simples, silencieuses, tissent une humeur teintée de mono no aware, cette mélancolie douce née de la beauté éphémère

Tokyo, ces jours-ci raconte l’éclat discret de la vie d’un éditeur de mangas arrivé au bout de son parcours. Kazuo Shiozawa quitte ses fonctions après trente ans. Il s’installe dans un appartement modeste. Il échange quelques confidences avec un moineau qui occupe l’espace.

Il déambule dans Tokyo, il traverse les ruelles humides, il longe les bureaux vides, il observe les néons. Les images simples et silencieuses construisent peu à peu une atmosphère marquée par le mono no aware, cette mélancolie légère qui accompagne la beauté fragile des choses.

L’auteur développe un récit lent qui refuse l’intrigue spectaculaire. Chaque chapitre se termine par une double page consacrée à la ville. Ces pages graphiques invitent le lecteur à s’arrêter et à contempler le décor. Matsumoto construit un tempo introspectif. Il déploie un style délicat qui donne du poids aux gestes les plus simples. Il fait exister les pages qu’on tourne, les lunettes qu’on ajuste, le pinceau qu’on plonge dans l’encre.

Les personnages cherchent leur place. Les auteurs hésitent face à la page blanche. L’éditeur se retire du monde de l’édition. Les créateurs vacillent au bord du burn-out. L’auteur écarte les rebondissements inutiles. Il préfère souligner les tensions intérieures. Il laisse remonter la nostalgie, les regrets, les envies de renouveau. Les critiques anglophones saluent cette ambiance. Ils remarquent l’accord subtil entre l’âme de Tokyo et celle du manga.

Le dessin soutient cette atmosphère. Les traits éraillés accompagnent les lavis de gris délicats. Les détails scénographiques remplissent les cases. Les enseignes défraîchies, les flaques de pluie, les gouttes accrochées aux branches renforcent la sensation d’un monde flottant. L’ambiance prend des allures de songe. Les lignes tremblées accentuent l’impression d’une mémoire incertaine.

Cette œuvre courte, répartie en trois volumes, installe un souffle apaisant. Elle propose une lecture douce qui invite à savourer le présent. Elle trace une poésie discrète dans le quotidien. Elle s’adresse aux lecteurs sensibles aux émotions ténues et aux récits légers. Elle offre un moment de transition, entre la fin d’un monde professionnel et les débuts d’une liberté nouvelle.

Tokyo, ces jours-ci capte cette grâce simple qui flotte entre deux instants. Petit bijou contemplatif, ce manga offre un refuge doux-amer. Parfait pour lecteurs en quête de moments calmes, d’observations fines et de sensibilité urbaine.

 
 

Une michronique de
Cécile Mazin

Publiée le
05/07/2025 à 10:30

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