Fin février, les 81 ouvrages en lice pour le Prix Strega 2025, le plus prestigieux prix littéraire italien, ont été annoncés. Depuis, la liste a été réduite à douze titres – la fameuse « douzaine » – avant de se resserrer encore pour ne conserver que cinq finalistes, la non moins célèbre « cinquina ». Le gagnant sera dévoilé ce 3 juillet.
Le 30/06/2025 à 15:00 par Federica Malinverno
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La sélection du Prix Strega a été marquée cette année par plusieurs absences notables, qui n’ont pas manqué de susciter quelques polémiques.
Parmi les auteurs écartés dès l’étape de la douzaine, on retrouve notamment Gino Castaldo (HarperCollins Italia), Pier Paolo Di Mino (Laurana), Angelo Ferracuti (Mondadori), l’ex-ministre de la Culture Dario Franceschini (La Nave di Teseo), Michele Masneri (Adelphi), Raffaele Nigro (La Nave di Teseo), Ciriaco Offeddu (Giunti) et surtout Nicoletta Verna (Einaudi Stile Libero), dont l’éviction a été vivement commentée.
Paolo Repetti, directeur éditorial d’Einaudi Stile Libero, s’est exprimé dans La Repubblica sur cette exclusion :
« L’absence de Nicoletta Verna dans la douzaine du Prix Strega est une surprise et une déception. C’est un choix difficile à comprendre pour quiconque reconnaît en elle l’une des voix les plus solides et originales de la littérature italienne contemporaine. Ceux qui ont pris cette décision – en toute légitimité, selon les règles du prix – ont appliqué des critères que je ne partage pas, mais que je respecte. Heureusement, la littérature suit un rythme propre, et s’adresse à un public qui dépasse toute forme de jury. »
Stefano Petrocchi, directeur de la Fondation Bellonci (organisatrice du prix), a quant à lui reconnu que les noms de Verna, Masneri et Di Mino avaient bien été discutés :
« Oui, il y a eu débat sur ces auteurs, mais au final, ce sont les échanges entre les Amici della Domenica [les votants historiques du prix] qui ont fait pencher la balance. La douzaine résulte d’une convergence progressive. »
Melania G. Mazzucco, présidente du comité directeur du Prix Strega, souligne que la sélection 2025 reflète une grande diversité de genres et de générations : « On y retrouve romans, mémoires, non-fiction, romans graphiques, biographies, polars, thrillers, dystopies… mais aucun ouvrage de fantasy. Cependant, les romans “classiques” sont en minorité ».
En effet, « Ce qui domine, c’est le récit de soi : autofiction ou autobiographie assumée, avec ses splendeurs et ses douleurs. Le thème récurrent de cette année est la folie – désintégration de l’ego, dépression, effondrement psychique. En 2025, la santé mentale est une urgence sociale… mais aussi littéraire. »
Enfin, concernant le style, Mazzucco note que, mis à part quelques ouvrages ambitieux, symbolistes ou expérimentaux, l’italien utilisé est généralement « fonctionnel ».
Le Prix Strega sera attribué par 700 votants répartis comme suit : 400 Amici della Domenica, 245 votants issus de 35 Instituts italiens de culture à l’étranger (chacun désignant 7 jurés parmi des universitaires, traducteurs ou passionnés de littérature italienne), 25 votes collectifs provenant d’écoles, d’universités et de clubs de lecture des bibliothèques de Rome, et enfin 30 grands lecteurs choisis parmi des professionnels et chefs d’entreprise.
Andrea Bajani, avec L’anniversario (Feltrinelli), proposé par Emanuele Trevi, arrive en tête avec 280 votes, faisant de lui le grand favori pour la victoire finale.
Il est suivi par Nadia Terranova pour Quello che so di te (Guanda), soutenue par Salvatore Silvano Nigro, qui récolte 226 votes. Vient ensuite Elisabetta Rasy, avec Perduto è questo mare (Rizzoli), proposée par Giorgio Ficara, qui obtient 205 votes. Paolo Nori, auteur de Chiudo la porta e urlo (Mondadori), proposé par Giuseppe Antonelli, et Michele Ruol, pour Inventario di quel che resta dopo che la foresta brucia (TerraRossa), présenté par Walter Veltroni, ferment la liste des finalistes à égalité avec 180 votes chacun.
Par ailleurs, un jury de lycéens âgés de 16 à 18 ans, issu de plus de 100 établissements italiens et étrangers, a également exprimé ses préférences pour élire le gagnant du Prix Strega Giovani.
Sur les 595 votes recueillis, Bajani arrive une nouvelle fois en tête avec 97 voix et remporte le prix. Il est suivi par Nadia Terranova (62 voix) et Valerio Aiolli (Portofino blues, Voland), qui récolte 56 voix.
Lancé en 2024, le Prix Strega Saggistica, dédié aux essais, a connu cette année sa première édition. Le jury, composé de chercheurs, journalistes et membres du comité scientifique, a décerné la récompense à Anna Foa pour Il suicidio di Israele (Laterza), qui a recueilli 22 voix sur 55.
Les autres ouvrages en lice incluaient Geopolitica dell’intelligenza artificiale d’Alessandro Aresu (Feltrinelli), qui a obtenu 5 voix, Corpo, umano de Vittorio Lingiardi (Einaudi) avec 20 voix, Come sarà l’Asia, come saremo noi de Simone Pieranni (Mondadori), qui en a reçu 4, et Narrare l’Italia. Dal vertice del mondo al Novecento de Luigi Zoja (Bollati Boringhieri), qui a remporté 4 voix.
Enfin, du côté du Prix Campiello, deuxième grand prix littéraire italien, la 63e édition, qui connaîtra son épilogue à Venise au mois de septembre, a également dévoilé sa sélection finale.
Cinq romans italiens publiés en 2025 ont été retenus par la Giuria dei Letterati, présidée cette année par Giorgio Zanchini : Di spalle a questo mondo de Wanda Marasco (Neri Pozza), Bebelplatz – La notte dei libri bruciati de Fabio Stassi (Sellerio), Inverness de Monica Pareschi (Polidoro), Nord Nord de Marco Belpoliti (Einaudi), et Troncamacchioni d’Alberto Prunetti (Feltrinelli).
Rappelons enfin l’attribution du Prix Campiello Opera Prima, réservé depuis 2004 à un premier roman, à Antonio Galetta pour Pietà (Einaudi).
Crédits image : PresenteProssimo Festival dei Narratori italiani, sous licence CC BY-NC-SA 2.0, Flickr
Par Federica Malinverno
Contact : federicamalinverno01@gmail.com
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