Gare à ceux qui se trouveront au Japon le 5 juillet 2025. D'après le manga Mes visions du futur de Ryo Tatsuki, une grande catastrophe sismique aura lieu au large de l'archipel. Une faille va s'ouvrir entre les Philippines et le Japon, qui devrait faire déferler des vagues encore plus grosses que celles du tremblement de terre de 2011. Et il ne s'agit pas là que de fiction.
Le 25/06/2025 à 16:40 par Ugo Loumé
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25/06/2025 à 16:40
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Car, pour ceux qui douteraient de la possibilité d'une telle prédiction, il faut rappeler que dans la première édition de Mes visions du futur, publiée en 1999 (disponible dans une traduction de Alexandre Fournier aux éditions Black Box), la mangaka prophétisait une « catastrophe massive en mars 2011 », soit le mois exact où a eu lieu le tristement célèbre séisme de Tōhoku, à l'origine de l'accident de Fukushima.
Certains lecteurs redécouvrent alors à l'époque le manga de Ryo Tatsuki, oublié jusque-là. Peu relayée par les médias sur le moment, cette coïncidence prend de l'ampleur en 2020, lorsque l'ouvrage épuisé atteint des prix records sur le marché de l'occasion, jusqu’à 500.000 yens (3000 €). L'éditeur Asahi Sonorama ayant cessé ses activités, le livre devient un objet de collection.
Profitant de cette notoriété soudaine, un imposteur se faisant passer pour Tatsuki multiplie les déclarations fantaisistes dans les médias, prétendant avoir aussi prédit le séisme de Kobe et la mort du chanteur Ozaki Yutaka. Il annonce même une éruption du Mont Fuji qui ne se produira jamais.
Face à ces dérives, la vraie Ryo Tatsuki contacte son nouvel éditeur et supervise la publication d'une réédition de Mes visions du futur en octobre 2021. Cette réimpression connaît un immense succès et devient le livre le plus vendu au Japon en mai 2025, avec plus d’un demi-million d’exemplaires écoulés. Même si, à ce jour, aucune traduction en langue étrangère n’a été annoncée.
Fait inquiétant pour certains, fantaisiste pour d'autres, avant la date de remise de la nouvelle édition de son manga, Ryo Tatsuki fait un autre rêve, qu'elle intègre à son histoire : « Comme en 1999, explique-t-elle, le message suivant s'affichait en lettres noires sur ce qui ressemblait à un écran de cinéma : "La véritable catastrophe surviendra en juillet 2025" »
Selon Tatsuki, ce rêve évoque une gigantesque fissure sous la mer des Philippines, générant un tsunami trois fois plus haut que celui de 2011, capable de rayer le Japon de la carte. Si vu de l'Occident, l'histoire a de quoi amuser, elle est prise très au sérieux par de nombreuses personnes dans la région.
Au point d'avoir un impact non négligeable sur le tourisme, devenu une activité économique de premier plan pour l'archipel. Ce sont les Hongkongais, semble-t-il, qui furent les premiers à être inquiétés par la nouvelle prophétie de Ryo Tatsuki.
Si l’Office national du tourisme au Japon a indiqué, en mai dernier, que le pays avait accueilli un nombre record de visiteurs ce mois-là, ceux en provenance de Hong Kong étaient les seuls à être en baisse. Au point que la compagnie hongkongaise Greater Bay Airlines a décidé de réduire ses vols vers Sendai et Tokushima entre mai et octobre, tandis que Hong Kong Airlines a complètement suspendu ses liaisons avec Sendai à compter du 31 mai 2025.
Une peur qui s'est ensuite transmise au reste de l'Asie de l'Est, puisque la Chine, le Vietnam et la Thaïlande voient aussi leurs réservations de voyages vers le Japon chuter de 50 %, et jusqu'à 83 % pour les séjours de fin juin et début juillet.
Il faut ici rappeler que le pays du soleil levant vit sous la constante menace d'un mégaséisme, et qu'à l'heure actuelle, nous sommes dans l'impossibilité de prédire avec précision quand un tel événement peut se produire. Les habitants de l'archipel sont aussi hantés par les catastrophes qui ont marqué son histoire récente.
L’un des tsunamis les plus meurtriers de son histoire remonte au 15 juin 1896 : le tsunami de Sanriku, consécutif à un séisme de magnitude 8,5, a frappé la côte nord-est du pays, causant la mort de plus de 22.000 personnes. Tandis que le séisme de Kanto du 1er septembre 1923, a ravagé Tokyo et Yokohama, faisant plus de 100.000 morts.
On peut également citer les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki des 6 et 9 août 1945, qui auraient fait au total jusqu'à 200.000 morts, marquant la fin d'une Seconde Guerre mondiale destructrice pour le pays. Sans oublier, bien évidemment, le séisme du 11 mars 2011, d'une magnitude de 9,0 au large du Tohoku, qui reste dans toutes les mémoires vivantes pour avoir provoqué un tsunami dévastateur, entraînant la mort de près de 20.000 personnes et la catastrophe nucléaire de Fukushima.
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Cette fragilité consciente face aux catastrophes naturelles, scientifiques et historiques est presque constitutive de l'identité japonaise. On la retrouve dans la philosophie de l'impermanence et dans l'architecture qui prend en compte les risques de tremblement de terre. Leurs oeuvres d'art en sont également truffées. Des estampes d'Hokusai et d'Hiroshige, La Grande Vague de Kanagawa en tête, jusqu'à Godzilla, allégorie directe des traumatismes nucléaires du Japon.
La littérature n'est pas non plus en reste de ce côté-là. En plus du manga de Ryo Tatsuki, on peut citer La Submersion du Japon de Sakyo Komatsu (trad. Shibata Masumi, éditions Philippe Picquier), énorme succès en librairie dès sa sortie en 1973, qui imagine un scénario apocalyptique dans lequel l'archipel sombre littéralement sous les eaux à la suite d'une série de séismes et d'activités volcaniques.
Plus récemment, le plus connu des écrivains japonais contemporains, Haruki Murakami, a publié Après le tremblement de terre (trad. Corinne Atlan, 10/18). Ce recueil de nouvelles, écrit après le séisme de Kobe de 1995, explore le traumatisme collectif à travers des histoires intimistes où le cataclysme, bien que rarement représenté de manière directe, agit en toile de fond psychologique et émotionnelle.
Crédits image : La Grande Vague de Kanagawa, par Hokusai — Metropolitan Museum of Art, Domaine public
Par Ugo Loumé
Contact : ul@actualitte.com
Paru le 26/01/2000
254 pages
Editions Philippe Picquier
8,50 €
1 Commentaire
Yves
26/06/2025 à 20:55
Souhaitons que cette catastrophe n'arrive, ni en juillet prochain, ni jamais et que "La Grande Vague" ne reste que la splendide estampe de Kanagawa sur l'impermanence "d'un monde éphémère et flottant"....