Julien Berjeaut, connu sous le nom de Jul, avait été choisi pour revisiter le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont : La Belle et la Bête. La commande venait d'une entité prestigieuse, le Ministère de l'Éducation Nationale, avec la promesse d'une impression en 800.000 exemplaires distribués aux élèves de CM2.
Le 17/06/2025 à 18:09 par Ugo Loumé
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17/06/2025 à 18:09
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Mais en avril dernier, retournement de situation : le ministère, à la tête duquel est entre-temps arrivée Élisabeth Borne, annule l'opération, jugeant l’ouvrage « inadapté » à une lecture en autonomie par des enfants de dix à onze ans. La BD sortira tout de même en librairie ce 18 juin, à un tirage bien moindre cependant — 20.000 exemplaires — aux éditions GrandPalaisRmn. Et, ironie du sort, elle sera déconseillée aux moins de 9 ans.
Jul a annoncé la publication sur instagram, avec une vidéo qui rassemble de nombreuses personnalités de la littérature, de la culture et de la politique, de Leïla Slimani à Sylvain Tesson en passant par Augustin Trapenard, Amélie Nothomb, Guillaume Musso, le couple Nicolas d’Estienne d’Orves et Emma Becker, François Ruffin et Hollande, Édouard Philippe ou encore Judith Godrèche.
Lorsque l'affaire était sortie, on se demandait bien quelles horreurs décadentes Jul avait-il bien pu intégrer dans sa version revisitée de La Belle et la Bête pour qu'un enfant de 10 ans ne puisse pas la lire sans accompagnement pédagogique spécifique.
À LIRE — Jul censuré par Élisabeth Borne ?
On se doutait bien que quelque chose clochait : juste avant de décider d'annuler la commande, Élisabeth Borne avait rédigé une préface à l'album, dans laquelle elle vantait « la touche malicieuse et le regard affûté de Jul, qui insufflent à ce conte une modernité nouvelle ». Quelque temps plus tard, sur la chaîne de Bolloré CNews/Europe 1, elle justifiait la décision du ministère, arguant que la BD « n’est pas adaptée, mais c’est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre ».
« On a un père de famille qui arrive d'Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers », ajoutait-elle pour appuyer son argument. Certaines illustrations dérangeaient au ministère, qui mettaient en scène « des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés, en fin de collège ou en début de lycée, telles que l'alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes ».
Du moins, c'est ce qu'indiquait Caroline Pascal, la directrice générale de l'enseignement scolaire, qui serait à l'origine de l'annulation, dans une lettre à destination de l'auteur. Rappelons que la fonctionnaire s'était déjà fait connaitre du grand public lorsqu'elle fut accusée d'avoir édulcoré le rapport d'inspection du collège privé Stanislas. Avec l'affaire La Belle et la Bête, la haute fonctionnaire est au coeur d'une nouvelle polémique.
La cheffe de file des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, a notamment déposé ce lundi une proposition de résolution pour la création d’une commission d’enquête sur « la menace ultraréactionnaire qui pèse sur l’école de la République ». Parmi les signataires figurent donc Cyrielle Chatelain et le député de la Somme François Ruffin, tous deux présents dans la vidéo, ainsi que plusieurs parlementaires : Clémentine Autain, Pouria Amirshahi, Alexis Corbière, Sandrine Rousseau.
Ils sont rejoints par Stéphane Peu, président du groupe communiste à l’Assemblée, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, et l’ancien président François Hollande. Le texte alerte sur l’influence croissante « des groupes ultraconservateurs au sein des instances de pilotage de l’éducation », notamment dans les domaines de l’édition scolaire ou de l’éducation sexuelle. Il dresse un inventaire de récentes mises à l’écart et met en garde contre une dérive à l’américaine, où des ouvrages sont désormais censurés dans les bibliothèques scolaires.
Alors quand l'album est arrivé à la rédaction, on a voulu savoir de quoi il en retourne. On se disait qu'il y avait sûrement là dedans de quoi donner du grain à moudre au ministère. Que Jul avait peut-être profité de l'occasion pour provoquer. Que toute cette polémique ne pouvait pas partir de rien et que, s'il ne méritait peut-être pas la censure, l'ouvrage avait au moins un potentiel abrasif.
On a donc ouvert la bande dessinée avec la malsaine envie d'être choqué, on voulait le voir ce fameux père de famille algérien, fraudeur et alcoolique, on voulait voir ses ennuis avec la police. On voulait, en définitive, se marrer un peu en imaginant Élisabeth Borne et Caroline Pascal indignées par l'audace et la malice de Jul.
Et il faut dire qu'on a été un peu déçu. L'alcoolisme ? Une seule planche fait mention d'une consommation d'alcool de la part du père, dans une scène où, arrivé au château de La Bête, il boit quelques coupes de vin et parcourt les appartements en chantant Les Lacs du Connemara. Pour ses rapports avec la police, une double planche fait état d'une saisie de ses marchandises.
On peut en déduire qu'il s'agissait de contre-façon, peut-être de drogue — qu'est-ce que le chien renifle dans le sac ? —. Des détails amusants, peut-être un peu en dehors des bonnes moeurs, certes — encore faut-il voir à quel degré un enfant de 10 ans pourrait être offusqué par de telles planches. Cependant, il ne s'agit que de passages très rapides, servant à poser le contexte de base de l'histoire.
Suffisant pour justifier l'annulation de la commande ? Rappelons qu'à l'origine, le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont met en scène une jeune femme dont la beauté n'a d'égale que la vertu, qui se sacrifie et accepte de se retrouver enfermée par une Bête qui la menace, elle et son père, de mort, et qui souhaite l'épouser. Elle en développe un syndrome de Stockholm et tombe amoureuse de son geôlier. On a déjà là de quoi choquer une génération entière.
Pour Jul, l'annulation aurait plutôt été motivée par la peur d'un « grand remplacement des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes » de la part de « l'administration versaillaise du ministère ». « Le seul problème semble être la représentation d’un univers qui ressemble davantage à celui des écoliers d’aujourd’hui », ajoutait-il dans un communiqué.
Dans son album, l'auteur présente en effet La Belle sous les traits d'une jeune fille à la peau légèrement mate et à la tignasse frisée, qui aime lire, joue du piano, et ne souhaite que le bonheur des gens qui l'entourent. Elle est harcelée par ses soeurs, une blonde aux yeux verts et une brune aux cheveux lisses, toutes deux obsédées par les réseaux sociaux, les biens matériels et la popularité.
Si on ne peut pas présumer des intentions exactes qui ont mené à l'annulation de la commande du côté du ministère, il faut dire qu'on ne comprend pas trop en quoi cette bande dessinée ne pourrait pas convenir à des élèves de CM2, ni ce qui rend un accompagnement pédagogique spécifique nécessaire — mis à part le fait qu'à cet âge-là toute oeuvre pourrait nécessiter un accompagnement pédagogique pour être comprise, c'est d'ailleurs à ça que sert l'école.
Par Ugo Loumé
Contact : ul@actualitte.com
Paru le 18/06/2025
76 pages
RMN
14,90 €
36 Commentaires
Awak
17/06/2025 à 18:45
Il n'y avait que des coups à prendre avec cette BD. Et c'est pas compliqué à comprendre, au-delà des postures hypocrites des uns et des autres.
La droite "ultra-réactionnaire" (ha ha) allait forcément y trouver à redire avec la transposition d'un conte français de l'autre côté de la Méditerranée.
La gauche "bêta" (hi hi) allait critiquer un ouvrage dépeignant un Algérien à la vie dissolue (RV compte, il chante du Sardou).
Et les enfants des quartiers et plus largement la "rue arabe" (ho ho) allaient s'offusquer de ce qu'on fasse boire de l'alcool à un musulman pas très honnête.
Et c'est ainsi qu'un ouvrage commandé par la gauche inclusive a été rejeté par la même gauche...
Je m'interroge donc sur ce qui pu pousser Jul - nolens volens - à saborder ainsi son oeuvre, et je m'interroge aussi sur ses capacités de compréhension de la société dans laquelle il vit...
Même analyse
18/06/2025 à 14:19
Depuis quelques temps, le gouvernement montre des signes, évidents quoiqu'inquiétants, de soumission au pouvoir algérien, qu'on sait très chatouilleux et très renseigné, voire de soumission à l'idée même qu'il se fait de ce que pourrait penser la diaspora algérienne.
Comment dès lors serait-il possible de donner l'imprimatur à un tel ouvrage, et d'arroser toutes les écoles de France ?
A travers ce refus, c'est le surmoi de l'EN que nous venons de voir à l'oeuvre.
Il ne faut pas désespérer Billancourt !
Hein
18/06/2025 à 14:28
L'extrême droite a appelé et obtenu le retrait de cette histoire. Et vous inventez des reproches venus de la gauche, sans les sourcer, pour rejeter la responsabilité sur un camp politique qui n'a pas d'influence sur les ministres macronistes, contrairement à l'extrême droite, comme cela a été démontré, prouvé, à maintes occasions.
Qui a critiqué la consommation d'alcool ou les goûts musicaux de ce père algérien, quand ? où ?
Vous inventez pour ne pas reconnaître quel camp détient le pouvoir et l'utilise pour censurer, pour faire sa propagande dans les têtes des écoliers.
Un peu court, jeune homme...
18/06/2025 à 18:47
Il va falloir trouver autre chose que "c'est la faute à l'esstreme-drouate" !
[Même si c'est "démontré, prouvé, à maintes occasions."... Ha ha]
"Jul a beaucoup de talent, il manie l'ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n'est pas adapté. Mais c'est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre", a commenté, de son côté, la ministre de l'Education nationale sur CNews/Europe 1(Nouvelle fenêtre), jeudi. "C'est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d'Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers", a expliqué Elisabeth Borne. "Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c'est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille", poursuit-elle." (France info)
"On a un père de famille qui arrive d'Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers"...
Au second degré, c'est déjà pas terrible de subir un tel cliché sur les Arabes, même pour moi, qui ne suis pas spécialement de gauche.
Alors imaginez ce que ça peut donner au premier degré... dans la tête d'un petit enfant d'origine algérienne, dans une école républicaine du 93, par ex.......
Il est quand même pas très malin, ce Jul...
Hein
18/06/2025 à 19:22
Je n'ai pas compris ce commentaire.
Vous répétez la citation de la ministre Borne. Puis vous ajoutez une phrase, qui semble être votre opinion, en réponse à mon commentaire demandant de sourcer les prétendues critiques issues de la gauche, qui auraient conduit la ministre à ce choix (après avoir censuré un rapport sur les violences de genre à l'école, déjà pour plaire à l'extrême droite). Je ne vois pas ce que la phrase que vous ajoutez signifie, en quoi elle serait convaincante.
Un peu court, jeune homme...
18/06/2025 à 18:47
Il va falloir trouver autre chose que "c'est la faute à l'esstreme-drouate" !
[Même si c'est "démontré, prouvé, à maintes occasions."... Ha ha]
"Jul a beaucoup de talent, il manie l'ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n'est pas adapté. Mais c'est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre", a commenté, de son côté, la ministre de l'Education nationale sur CNews/Europe 1(Nouvelle fenêtre), jeudi. "C'est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d'Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers", a expliqué Elisabeth Borne. "Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c'est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille", poursuit-elle." (France info)
"On a un père de famille qui arrive d'Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers"...
Au second degré, c'est déjà pas terrible de subir un tel cliché sur les Arabes, même pour moi, qui ne suis pas spécialement de gauche.
Alors imaginez ce que ça peut donner au premier degré... dans la tête d'un petit enfant d'origine algérienne, dans une école républicaine du 93, par ex.......
Il est quand même pas très malin, ce Jul...
Actualisante
17/06/2025 à 22:09
Belle conclusion. Si ce sont là les fameux passages choquants, il va falloir illico presto interdire Tintin, Astérix et tant d'autres BD du patrimoine francophone aux moins de 14 ans, les bouter hors des salles de classe de primaire et les réserver aux étagères du haut des CDI. Ou alors... [revenir à la conclusion]
Anne-Marie
18/06/2025 à 08:16
Excellente conclusion !
Aliénorane
18/06/2025 à 08:23
Je pense que le refus vient du fait que le conte devait rester...un conte...de fées!
Jul l'a un peu "trop" actualisé.
En conséquence de quoi le rapport au quotidien devient beaucoup plus dérangeant.
Hein
18/06/2025 à 14:32
C'est ce que Jul fait dans la quasi totalité de son travail. Ce n'est pas un argument convaincant si c'est celui du Ministère. Ils ne peuvent prétendre avoir étonnés en voyant ce qu'il a fait du conte : c'est complètement dans la lignée de son travail. Et ça semble bien moins politisé que d'habitude : sans les clins d'œil à des références politiques contemporaines que seuls des adultes pourraient saisir.
Daures
18/06/2025 à 08:35
Je pense en tant que maman et mamy que la couverture et l album en entier ne fait pas rêver. Il y a peut être un message, mais surtout la volonté de choquer qui n a rien à voir avec nos contes de jeunesse.
Hein
18/06/2025 à 14:35
Comme les contes dans lesquels la petite fille tombe amoureuse de celui qui l'a kidnappée et fait d'elle sa servante et sa psy ?
Yves
18/06/2025 à 08:45
Ultra-conservateur je ne sais pas mais qu'un retour certain à d'anciennes méthodes soit en train d'être mis en place, c'est certain. Retour du B A BA, limites imposées à la liberté pédagogique...on est en train de fabriquer de bons petits soldats !! Ne reste plus qu'à brûler tous les Titeufs et la plupart des Asterix...
Luna
18/06/2025 à 08:57
" Elle est harcelée par ses soeurs, une blonde aux yeux verts et une brune aux cheveux lisses, toutes deux obsédées par les réseaux sociaux, les biens matériels et la popularité."
Et bien voilà quand on cherche on trouve ce qui a choqué Élisabeth Borne , l'obsession malsaine des jeunes par les réseaux sociaux, les biens matériels et la popularité qui ne doivent certainement pas leur traverser l'esprit.
Les profs mettent en avant " c'est votre opinion, ce n'est pas la mienne " dit Jean-Paul Brighelli
Mais opiner, c'est hocher la tête, ce n'est pas comparer, ce n'est pas choisir, c'est l'essence même du schéma religieux : Buvez Coca-Cola.
Et bien voilà comme le droit au blasphème vient de se trouver une limite économique plus sévère encore que les saintes religions.
Et encore
18/06/2025 à 11:31
Darwin encore : la société libérale n’a pas besoin d’un peuple cultivé. Elle a besoin de consommateurs semi-illettrés, susceptibles d’être déplacés comme des pions dans un système ubérisé des pieds à la tête, abrutis de télévision, manipulés à chaque élection pour la plus grande gloire d’une caste en autoremplacement.
C'est assurément, ce qu'il faudra retenir de cette interdiction cachée derrière un faux prétexte vert.
Awak
18/06/2025 à 13:07
"la société libérale n’a pas besoin d’un peuple cultivé"
N'étalez pas votre inculture en révélant que vous n'avez rien compris à ce qu'est le libéralisme.
Qu'est-ce que c'est ?
En gros, l'héritage des Lumières (eh oui la DDHC de 1789 est un texte profondément libéral), une philosophie politique où la vie, la liberté et la propriété de soi sont élevés au rang de valeurs suprêmes, un regard critique sur le pouvoir, bref, les bases de nos sociétés démocratiques...
Pas seulement
18/06/2025 à 18:59
Le libéralisme, c'est l'héritage de l'utilitarisme Benthamien , c'est l'homme au centre du panoptique où toujours fautif, il doit être traité comme un délinquant potentiel.
Ce système n'a rien de démocratique, c'est la nature même du crédit social qu'on nous impose à coup de VSA et du ratissage permanent de nos données personnelles.
Awak
18/06/2025 à 20:08
N'importe quoi !
L'utilitarisme vise à maximiser le bien-être collectif, et le panoptique de Bentham à maximiser le contrôle social, pour un coût minimal. Des principes adaptés au collectivisme soviétique ou au communisme.
Pas de ça avec le libéralisme qui met l'individu sur un piédestal. Ni le bonheur ni le contrôle social ne font partie du logiciel libéral. Seulement la liberté (plus des petits trucs comme la propriété ou l'Etat minimum). Qu'on retrouve aux articles 1 et 2 de la DDHC de 1789.
Le bonheur lui n'apparaît que dans la Constitution de 1793, celle de la Terreur. Excusez du peu. Jamais appliquée d'ailleurs.
C'est quand même fort de café de confondre comme vous le faites, collectivisme et libéralisme, alors que ce sont juste des philosophies politiques antagonistes !
Même chronologiquement, ça tient pas votre truc. On considère que le libéralisme naît avec John Locke (1632-1704). Bentham naît lui, en 1748 !
Bah voyons !
18/06/2025 à 21:26
Oui je dis que libéralisme autoritaire s'appuie sur l'utilitarisme Bethamien, le capitalisme sécuritaire pas moins.
C'est l'avènement de la société transparence et de la surveillance constante
https://shs.cairn.info/revue-du-mauss-2012-2-page-47?lang=fr
Awak
19/06/2025 à 11:48
Libéralisme autoritaire, capitalisme sécuritaire...
Je comprends mieux d'où sort votre bouillie... D'une autre bouillie foucaltienne !
Extrait :
"il faut rappeler que, selon l’utilitarisme benthamien, l’homme est guidé par la recherche de sa satisfaction personnelle et veut la maximiser toujours et partout"
Ben oui, mais non ! L'utilitarisme n'est pas la recherche de la satisfaction personnelle de l'individu (égoïsme), mais, comme déjà dit, la recherche du maximum de bien-être collectif. De nos jours, dans nos démocraties on appellerait ça l'intérêt général. Encore que le monde décrit ici ressemble plus au communisme totalitaire.
Laissez tomber, sinon. C'est pas avec ça que vous allez comprendre ce qu'est le libéralisme. Lisez plutôt Bastiat, Hayek, Friedman...
Je ne vais pas gêner !
19/06/2025 à 12:31
"De nos jours, dans nos démocraties on appellerait ça l'intérêt général. "
De nos jours, dans nos démocraties soumises aux intérêts financiers de quelques groupes privés contre l'intérêt général, on appelle ça le crédit social où nos choix supposés libres sont contraints par un système de récompenses et de punitions entretenu par ce gouvernement fantoche.
C'est opiner, ce n'est pas comparer, c'est hocher la tête, c'est bois Coca-Cola, abonne-toi à Netflix et ferme-là , car sois tu es avec nous, sois tu es contre nous ! On va te supprimer tes allocs, on ne rigole pas, réfléchis pas !
Tu roules électrique, non ?
Awak
20/06/2025 à 10:47
Electrique ?
Surtout pas !
Voyez comme votre grille de lecture du monde est faussée.
Vous finissez par confondre aussi libéralisme et nudge, ou libéralisme et incitation fiscale. Pourtant antagonistes !
Damien
18/06/2025 à 10:37
En fait, on peut surtout se demander à quoi sert cette transcription voulu moderniste d'une œuvre toujours d'actualité en dépit de son âge.
Les différences et l'acceptation de l'autre sont parfaitement contées dans l'oeuvre originale.
N'y aurait il pas, d'une manière ou d'une autre, un simple manque de talent dans la scénarisation de cette commande ?
Hein
18/06/2025 à 14:37
Vous lisez souvent de la littérature de jeunesse, Damien ?
Vous prétendez ignorer qu'un énorme pan de celle-ci est constitué de relectures, de variantes, de modernisations des mêmes histoires, des contes du patrimoine ?
Mauvaise foi ou inculture ?
Courte parenthèse
18/06/2025 à 19:23
Courte parenthèse, il serait intéressant de remettre au goût du jour 22! de Marie Aude Murail qui en faisant disparaître la lettre V, raconte comment on peut nous contraindre à ne plus utiliser la lettre V.
Georges Pérec avait fait la même chose avec la disparition et c'est bien intéressant car si les gens ou les choses disparaissent, disait Giono , c’est que quelqu’un les fait disparaître. S’il les fait disparaître, c’est qu’il y a une raison pour qu’il les fasse disparaître.
Hein
19/06/2025 à 00:33
J'ai pas compris ce commentaire cryptique en réponse au mien. Soyez plus clair ?
Wouaf !
19/06/2025 à 10:13
- Wouaf ?
- wouaf-wouaf !
rez
18/06/2025 à 11:24
dans la bd pour les 2-6 ans Petit Poilu on voit un personnage méchant se bourrer la gueule et devenir sympa. Personne ne demande le retrait de la BD des bibliothèques municipales et scolaires.
cépavrai
18/06/2025 à 11:27
Le dessin de JUL est très laid (mais on disait déjà au XIXème siècle pour critiquer l'esthétique romantique : "le laid, c'est le beau") donc mon appréciation est à la fois TRÈS banale et TRÈS subjective. L'album de JUL procèderait-il du même "écart esthétique"? Tout le monde (les politiques au premier chef) se rue sur cet "écart" qui devient très vite le "main Stream", autrement dit qui devient le conformisme de l'anticonformisme, sous le prétexte "qu'on ne doit pas contrôler nos lectures" (ah bon ? le père qui met entre les mains de son fils - ou de sa fille- de quinze ans les Cent-vingt journées de Sodome exercerait un "contrôle"?). Si JUL ne voulait pas se faire "contrôler" par l'État, il fallait qu'il refuse le contrat avec l'Éducation nationale (mais à la clé il y avait une très grosse diffusion de l'album et donc un petit pactole) ainsi est-il entré dans une relation marchande (l'art doit se vendre du vivant de l'artiste car n'est pas Van Gogh qui veut!). Puisque relation marchande il y a eu, il est normal que les media (donc les "politiques") s'emparent du sujet le politique est une marchandise qui se vend au vote électoral.
Venons-en au fond du conte.
C'est l'histoire d'un marchand très riche mais qu'une "fortune de mer" a ruiné et qui doit échanger sa vie ou celle de sa fille pour avoir commis une vétille (cueillir une rose) : on est là à l'exact opposé d'un système de valeur "marchand" (c'est un conte de fée) mais ce père découvre une richesse incommensurable dans le palais de la bête, une richesse telle que seul l'amour vrai peut l'obtenir (autre système de valeur!). Or les deux soeurs frivoles, trop égocentrées, sont incapables de cet amour vrai, que seule la Belle est susceptible de posséder, les sœurs de Belle deviennent ainsi l'objet des critiques de Mme Leprince de Beaumont : on doit savoir qu'au XVIIIème siècle, la morale bien pensante associée à la vertu était la toile de fond de toute production littéraire et Mme Leprince de Beaumont, qui n'échappe pas à cette bienpensance, sait comment s'en servir pour l'édification de ses lectrices. Dans l'album de JUL cette critique moralisatrice est à peine esquissée et pour tout dire -comme le veut l'époque actuelle pour qui la vraie morale se rit de la morale- cette critique est absente de son album (voir à l'opposé l'adaptation de Cocteau de 1946 qui est cruellement ironique et misogyne à l'égard des deux soeurs).
Pour conclure nous naviguons aujourd'hui dans un monde "polémique" fait de bruyantes vaguelettes prétendument démocratiques, dont l'agitation nous détourne "démocratiquement" de toute forme d"attention
Cépafaux non plus
18/06/2025 à 12:34
On dit aussi avaler des couleuvres ; on dit que si quelqu'un avale des couleuvres, c'est qu'il leur trouve bon goût, non ? Comme quoi, les goûts et les couleuvres...
Et bien parlons-en, car si quelqu'un est obligé d'accepter ce qu'on lui propose ou s'il finit par gober n'importe quoi comme le prétexte algérien de cette BD, plutôt que sa critique du consumérisme.
C'est que nous nous sommes mis dans la même situation désagréable du petit personnel de maison, de subir les choses sans rechigner.
Jul nous parle du syndrome de Stockholm, mais à qui s'adresse t'il !
Olivier
18/06/2025 à 16:01
Je trouve l'article un peu court, surtout pour un site spécialisé !
Les très succinctes explications de la ministre E. Borne sur Europe 1, et de la DGOS Mme C. Pascal, citées à nouveau ici, ne sont en effet guère convaincantes si on lit l'ouvrage de Jul.
Mais pour autant, vous n'avez semble-t-il pas tenté de recevoir de plus amples explications de la part de l'une ou l'autre de ces deux personnes, ou d'autres au ministère de l'Education nationale.
Et vous n'avez fait que brièvement le résumé du conte original, sans évoquer les réécritures antérieures de celui-ci, ni la multitude d'ouvrages de littérature de jeunesse, plus ou moins récents, "validés" ou non par le Ministère (via des listes eduscol, des prix, des mises en avant lors de partenariats, spectacles, posts sur les réseaux sociaux ou que sais-je encore), qui contiennent une multitude de livres aux thématiques actuelles, que vous auriez pu mettre en parallèle avec cette décision.
Jean-François Copé s'était fait connaître avec une "polémique" semblable. Je sais que bien d'autres politiques, de droite et d'extrême droite notamment, ont contribué à ces tentatives de réguler les lectures des enfants, à l'école et en famille, mais il aurait été bon de nous les rappeler, les noms m'échappent.
Surtout, je trouve regrettable que les auteurs et autrices de littérature de jeunesse soient si peu mis en avant dans les médias. Moi-même je n'arrive pas à suivre l'actualité de ce secteur de l'édition : n'ayant pas d'enfants autour de moi, je vois passer de temps à autre des articles sur une série en vogue chez les ados, ou sur un prix annuel pour un auteur jeunesse. Mais c'est bien peu. Je lirais sans doute de temps en temps des romans jeunesse si je les rencontrais plus souvent dans les médias. Au lieu de cela, ceux-ci nous servent toujours les mêmes personnes (notamment Jul, qui n'est pas réellement un auteur pour la jeunesse d'ailleurs) et surtout nous abreuvent des citations des politiques (lisent-ils ?!) et si peu des artistes, des auteurs et autrices qui font aimer la lecture aux enfants (et certains adultes qui continuent à les lire).
Que pensent les autres auteurs (à part Jul) de cette "polémique" ? De ce que lisent les écoliers qu'ils et elles rencontrent dans les salons du livre, les écoles ? Quelles thématiques abordent-ils ? Même si je m'y intéresse trop peu, j'ai noté que le sexisme et l'écologie sont clairement très en vogue ces dernières années dans les récits jeunesse et tant mieux.
Mais l'écart entre ce que l'on pourrait lire dans ces récits "pour la jeunesse" à côté desquels l'on passe et ce qui nous est servi en permanence dans les médias, par les "adultes" journalistes et politiques, est ... navrant.
Que de médiocrité, pour protéger les intérêts d'une caste qui veut continuer à voir l'argent public financer ses écoles privées séparatistes où misogynie, homophobie, transphobie, xénophobie, islamophobie, antisémitisme sont si souvent présents, sans que nos amis "adultes" journalistes, politiques (et commentateurs sous les articles) n'exigent les démissions et sanctions de ces individus.
François Bayrou, Elisabeth Borne, Caroline Pascal devraient avoir démissionné et être sous le coup de la justice. Mais seuls une poignée de journalistes et seuls les électeurs de gauche, sans pouvoir, ont verbalisé les choses. Tandis que les autres... cliquaient, faisaient cliquer, vendaient de la "polémique", en se frottant les mains, tant leurs convictions sont "floues" (euphémisme).
A quand les articles similaires où vous lisez et analysez les livres "polémiques" sur le Wokisme, de Fourrest, ou de Bardella, De Villiers et consorts, Actualitté ? Sont-ils scientifiquement vrais ? Contiennent-ils des mensonges ? De la diffamation ?
Pourquoi ces contenus n'ont-ils pas eu droit à ce traitement ?
Hum
18/06/2025 à 18:53
"François Bayrou, Elisabeth Borne, Caroline Pascal devraient avoir démissionné et être sous le coup de la justice"
Rien que ça !
Juste pour avoir évité de lancer un ouvrage en classe qui reprend le cliché de l'Arabe trafiquant, et mauvais musulman (buvant de l'alcool)...
Hein
18/06/2025 à 19:33
Les délits commis par Mme Pascal sont en partie rappelés dans l'article même si comme d'habitude ils ont choisi la formule "accusée d'..." par refus de faire du journalisme, alors que les faits sont établis.
Les faits reprochés à Borne et Bayrou sont longs à lister, vous ne pouvez les ignorer si vous vous informez un minimum. Personne ne croit que l'ouvrage de Jul a été retiré à cause de critiques sur le "cliché de l'algérien qui boit de l'alcool", vous à l'extrême droite et dans la macronie vous êtes alliés parce que vos valeurs sont celles de la France la plus rance, assumez votre victoire, votre pouvoir de censure et votre soutien à Bayrou et tous les autres hommes et femmes violents entourant Macron.
Au lieu de faire mine de croire à des critiques venues de la gauche et d'ignorer ce que vous soutenez avec délice. Le séparatisme.
Hum
18/06/2025 à 20:55
Vous avez la sentence facile, vous ! Une accusation devient un délit commis.
Celui qui vous chambre devient d'extrême-droite.
Etc.
Je vais vous organiser un speed dating avec Terrassier. Ca va matcher !
Hein
19/06/2025 à 00:38
Les éléments de culpabilité sont là. Ce n'est pas parce que vous votez à droite et nommez des Dupond-Moretti et Darmanin à la tête du ministère et refusez de monter son budget et de juger les gens à égalité que les faits décrits et prouvés concernant Mme Pascal et M. Bayrou, notamment, font le moindre doute. On n'entend pas l'extrême droite, la droite, la macroinie s'insurger de la lenteur et du laxisme de la justice pour s'occuper de ces séparatistes violents, censeurs, menteurs coûtant un pognon de dingue. Et ça fait des pirouettes sur le mode "Vous n'avez pas d'humour !" faute d'avoir le moindre argument valable, tant vos allégeances sont laides.
Aurélien Terrassier
29/06/2025 à 19:26
Je ne comprends pas pourquoi cette annulation de la BD de Jul qui en effet n'a rien de choquant ni d'offansant pour un enfant de 10 ans. Parler d'alcoolisme et de problèmes avec la police sur deux pages n'a rien d'offensant et ne peut justifier une telle censure. Avec un groupuscule d'extrême droite comme les Parents vigilants qui fait de l'entrisme dans l'Education nationale même si ce n'est pas eux qui sont en cause dans cette affaire, il y a de quoi être vigilant d'où cette pétition de parlementaires NFP.
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