Toutes les images sont-elles bonnes à voir ou, plus exactement, doivent-elles toutes être vues, et par tout le monde ? Voici une question qui semble se poser depuis bien longtemps. Ce que l’on définit comme « art » ne l’a pas toujours été et, surtout, n’a pas toujours été destiné à être vu par nous.
Le 13/06/2025 à 08:00 par Audrey Le Roy
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13/06/2025 à 08:00
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L’historienne de l’art et professeure émérite à l’École normale supérieure, Nadeije Laneyrie-Dagen, avec son livre Cacher/montrer. Une histoire des œuvres invisibles en Occident, publié chez Gallimard, nous interroge profondément sur notre rapport à l’image, à l’art, à ce que nous pensons devoir être visible — et qui ne l’est peut-être pas si naturellement.
Pour la couverture, est d'ailleurs utilisé Le Portrait de l’archevêque Filippo Archinto. Réalisée en 1558 par le peintre italien Titien, c'est une huile sur toile remarquable, notamment par le voile semi-transparent qui en dissimule la moitié droite, conférant à l’œuvre un mystère singulier. Tout simplement.
L’enquête commence vers -30 000, dans les grottes de la Préhistoire, avec ce que nous appelons aujourd’hui l’art rupestre. Mais d’art, il n’était absolument pas question, et le concept même était loin d’être inventé : « l’exposition aux regards serait, dans les commencements de l’humanité, un effet second, et non le dessin premier ».
Faisons un grand bond dans le temps, vers -2700, et arrêtons-nous en Égypte. Ce que nous connaissons de l’Égypte est en réalité bien peu. Un historien de l’art disait récemment que nos connaissances équivalent à la partie visible de l’iceberg. Quand nous pensons à l’Égypte, nous pensons aux sites de Karnak, de Louxor, d’Abou Simbel, au masque de Toutankhamon, etc., etc. Majoritairement des sites funéraires, qui n’avaient pas pour vocation d’être visités par des touristes.
Ce que nous estimons magnifique aujourd’hui avait, la plupart du temps, pour seul but d’accompagner le défunt dans son voyage. L’historienne nous apprend — où nous rappelle — que voir une statue d’un dieu, à l’époque, c’était voir le dieu lui-même. Le peuple n’y avait pas accès. Le sculpteur était appelé s’nh, celui qui fait vivre ; l’artisan qui modelait l’argile était celui qui donnait naissance ; et le peintre, lui, n’était « que » celui qui représentait une forme. Il ne s’agissait en aucun cas de faire du beau pour être vu.
L’Église elle-même va mettre du temps à se décider. Image ou pas image ? Elle « oscille entre deux attitudes : interdire les représentations par crainte d’un retour à l’idolâtrie ; les utiliser parce qu’elles servent l’évangélisation. »
Différentes étapes vont être mises en place pour faire comprendre aux fidèles qu’il ne s’agit là que de représentations. Et même une fois cela acquis, les images ne seront pas montrées systématiquement. Elles seront bien souvent cachées, dans des coffres, des tabernacles, derrière des tissus, et ne deviendront visibles que lors de grandes occasions : Noël, Pâques, Assomption, etc.
Puis vont apparaître les retables. « De fait, et même si aujourd’hui on expose les retables démontés afin que les visiteurs puissent les admirer en totalité lors d’une seule visite, les fidèles ne les contemplaient jadis que soit béants, soit clos », ou partiellement dépliés, selon ce que l’on souhaitait soumettre au regard.
Très rapidement, les autorités religieuses comprennent que ne montrer les œuvres que de temps en temps en augmente l’attrait : « les objets dédiés au sacré sont d’autant plus respectés et vénérés qu’ils sont moins vus ». Cet attrait renforcé est probablement ce qui provoque le basculement « entre la première époque, qui est celle des “images” à fonction religieuse, et la seconde, qui voit les commencements de “l’art”, c’est-à-dire d’œuvres appréciées pour leur beauté ».
Une certaine élite va alors avoir à cœur de posséder des œuvres. Œuvres qui ne seront pas montrées de la même manière dans les intérieurs, selon la morale en place. Ainsi, au XVIe siècle, les nus et œuvres à teneur sexuelle quittent les lieux saints pour entrer dans les collections profanes — mais là aussi, elles ne seront pas montrées à tous les invités.
Ainsi, « les premiers nus apparaissent à Florence vers 1450 dans des coffres appelés cassoni, où les futures épousées placent le linge composant une partie de leur dot. Peints à l’intérieur des couvercles, les corps cadrés serrés occupent la totalité du champ ».
Comme dans les lieux sacrés avant eux, les collectionneurs privés vont mettre en place des astuces pour ne pas tout montrer : la superposition (une peinture s’ouvrant ou glissant sur une autre) ou encore le retournement (avec des panneaux double face) en font partie. Cette façon de dissimuler fera long feu. L’Origine du monde de Courbet, par exemple, fut recouverte de nombreuses fois, soit par des tissus, soit par d’autres peintures, avant d’être exposée aux yeux de toutes et tous en 1996 au musée d’Orsay. Ce livre consacre d’ailleurs un chapitre entier à l’histoire rocambolesque de ce tableau qui fait toujours parler de lui.
Des musées, il est aussi question ici. En France, c’est en 1793 que le Museum central des arts (le Louvre) ouvre ses portes au public. Cela ne signifie pas pour autant qu’il est ouvert « à tous les rangs, tous les sexes, tous les âges », et cela va durer : au « XIXe siècle, des voix illustres [Mérimée, Zola…] soutiennent que celui-ci a été créé pour des visiteurs préparés et que le peuple doit en être éloigné. »
De fait, les œuvres pouvant être montrées seront sélectionnées, et certains nus seront rhabillés. Cela vous fait sourire ? Faut-il rappeler que, sur certains moteurs de recherche, des œuvres apparaissent encore floutées ?
Alors, en est-il des images comme de l’humour : oui, mais pas avec tout le monde ?
Sous couvert de démocratie, de liberté et… d’éducation, nous sommes-nous transformés en affreux missionnaires, qui, pensant bien faire, imposent leur art à des cultures dont ces images vont à l’encontre de tous les principes ?
Faut-il faire sortir les œuvres des musées pour les rendre accessibles à tous, même à ceux qui ne l’ont pas souhaité ? Ou faut-il les laisser entre leurs murs, et que chacun fasse comme il lui semble ?
Faut-il imposer la connaissance ?
Vous avez 4 h.
Illustration : Albrecht Dürer, Portrait de Hieronymus Holzschuher, avec son cache© BPK, Berlin, Dist. Grand Palais Rmn - Jörg P. Anders
Par Audrey Le Roy
Contact : aleroy94@gmail.com
Paru le 29/05/2025
319 pages
Editions Gallimard
25,00 €
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