Si le Japon était le centre du monde

Léna Mauger

Pour son 7e numéro, Kometa est parti complètement à l’est. Parce que le Japon est largement incompris, et que la seule chose qu’on comprend vraiment de lui c’est qu’il est un « pays de contrastes », la revue a engagé ses plus fins connaisseurs de l’archipel pour éclairer nos lanternes.

Alors, qu’est-ce-que le Japon ? Un pays longtemps fermé de l’extérieur, récemment forcé à l’ouverture par les États-Unis. Un pays beaucoup moins zen qu’on ne le pense. Un pays exigeant, au point que certains de ses habitants préfèrent disparaître plutôt que d’affronter l’immense honte d’un échec. Un pays qui porte l’éphémère au-dessus de tout, fasciné par l’insaisissable.

Un pays en mouvement, capable d'engloutir des quartiers historiques entiers, sans se soucier des traditions, pour y faire pousser des gratte-ciels. Un pays qui peut, à tout moment, être frappé par un superséisme. Un pays en plein déclassement géopolitique, économique et démographique. Au point qu'on se demande : est-il sur le point de disparaître ?

Dans ce numéro, il y a aussi le fondateur de Sea Shepherd, Paul Watson, qui nous écrit de Paris, alors qu’il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt au Japon pour y avoir lutté contre la pêche à la baleine. La page d’après, nous trouvons la correspondance entre Tadao Andô, le légendaire architecte japonais, maitre du béton et de la lumière, et Peter Eisenman, figure du déconstructivisme.

Les représentants de deux visions opposées de l’architecture, qui ont marqué les 50 dernières années, échangent sur leurs différentes conceptions de la relation entre l’homme et la nature. Un long dossier revient sur l’histoire mouvementée de ce pays et sur la manière avec laquelle cette histoire est racontée aux Japonais. 

Ensuite, les photos de Daidô Moriyama nous plongent dans un Japon qui se modernise à l’époque de l’occupation américaine. Dans les rues de l'archipel, qu’il parcourt comme un « chien errant ». Celles de Mao Ishikawa montrent son île natale Okinawa — également peuplée par l’occupant yankee — et sa jeunesse de la fin des années 70 .

Aujourd’hui, le pays érige « un barrage contre le pacifique », traumatisé par la tragédie de Fukushima. Pendant que les femmes tentent d’y enclencher leur révolution féministe : le pays, quatrième puissance économique mondiale, est classé 118e sur 146 en termes d’égalité entre les sexes. Parmi elles, l’artiste Yurie Nagashima déconstruit avec ses séries de photos les clichés sur le genre et la famille, et la journaliste Shiori Itô, victime de viol en 2015, se bat pour une meilleure reconnaissance des violences sexuelles.

 
 

Une michronique de
Ugo Loumé

Publiée le
03/06/2025 à 17:03

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1 Commentaire

 

perkeo

04/06/2025 à 08:34

118e place: le classement cité est le Gender Gap Report du WEF, où ie Japon occupe un rang inférieur à celui de la Tunisie, du Bangladesh et du Népal. Est-ce que c'est crédible? Le Gender Inequality Index publié par l'UNDP donne le Japon au 23e rang (2023). Bien sûr, les 2 classements sont calculés d'après des indicateurs différents, mais si Kometa ne publie que le classement du WEF, sans le qualifier, c'est que c'est un outil de propagande.

Si le Japon était le centre du monde

Léna Mauger

Paru le 14/05/2025

159 pages

Kometa Revue

22,00 €