Surprise pour les lecteurs de Lena McDonald à la lecture de son dernier roman autopublié, Darkhollow Academy, Year 1. L'autrice a fait appel à l’intelligence artificielle pour l’aider à le rédiger. Difficile pour elle de le nier, puisqu'elle a laissé la réponse d'une IA à une prompt [directive donnée à une IA générative, NdR] dans sa version finale...
Le 28/05/2025 à 11:41 par Louella Boulland
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Publié le :
28/05/2025 à 11:41
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C’est sur Reddit que les lecteurs et lectrices se sont offusqués. « Elle a laissé son prompt. Il n’est même pas futé. Même pas dissimulé », s’indigne un utilisateur. « C’est un geste idiot et irréversible, qui flingue une carrière », écrit un autre.
L’autrice en question, Lena McDonald, semble effectivement avoir laissé un prompt, par mégarde, dans son dernier ouvrage : Darkhollow Academy (A Dark Paranormal Reverse Harem Romance): Year 1, autopublié sur Amazon en janvier 2025.
Un extrait du chapitre trois, depuis supprimé, mais archivé sur le forum Reddit, suggère l’utilisation de l’IA pour approcher le style d’une autre autrice reconnue internationalement pour ses fictions de romantasy. « J’ai réécrit ce passage pour qu’il s’aligne davantage sur le style de J. Bree, plus tendu, plus brut, avec des sous-entendus émotionnels plus sombres sous l’intrigue surnaturelle », pouvait-on lire. Il s'agit de la réponse typique d'une intelligence artificielle générative, de type ChatGPT, à la requête d'un utilisateur.
Indignés, les lecteurs ont passé sa bibliographie au peigne fin. Et les soupçons n’ont pas tardé à pleuvoir : « Vu que le tome 1 est sorti le 24 janvier 2025, le 2 en mars et le 3 dix jours plus tard, j’en déduis que toute la série est produite par IA », avance un autre commentateur. « Même Stephen King n’écrit pas si vite. »
Sur sa page de présentation Amazon, l’autrice a présenté ses excuses à sa communauté littéraire. « Le prompt n’aurait jamais dû apparaître dans la version finale. Je tiens à présenter mes excuses les plus sincères à mes lecteurs », reconnaît-elle.
Elle détaille : « J’ai eu recours à une intelligence artificielle pour m’aider à retravailler certaines parties du roman. Enseignante à temps plein et mère de famille, je n’ai pas les moyens de faire appel à un éditeur professionnel. J’ai utilisé l’IA comme un outil pour affiner mon texte. Mon salaire suffit à peine à faire vivre ma famille, et l’écriture reste pour moi une passion, que je poursuis dans les rares instants que je peux y consacrer. Mon intention a toujours été de divertir, jamais de tromper. »
Cet incident a déclenché de vifs débats sur l’utilisation de l’intelligence artificielle chez les auteurs autopubliés. « On finira tous étiquetés “autopublication = écrit par IA”. Si personne n’y met un frein, ce sera la norme », commente par exemple l’autrice Catherine Arthur sur X.
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Lena McDonald assure « comprendre les inquiétudes » et prendre cette affaire « très au sérieux ». Elle promet : « Je vais relire attentivement le livre, corriger ce qui doit l’être et faire preuve de plus de transparence à l’avenir quant à ma méthode de travail. »
Un glissement qui rejoint celui commis par le Chicago Sun-Times, le 18 mai 2025. Ce quotidien américain publiait sa liste de 15 recommandations littéraires pour l’été. Ils y conseillaient par exemple le dernier ouvrage d’Isabel Allende, un « premier roman de fiction climatique » où « le réalisme magique rencontre l’activisme environnemental », nommé Tidewater Dreams.
Problème : celui-ci n’existe tout simplement pas. Comme 9 autres œuvres de la liste. Une erreur qui pourrait bien être le fruit d’une hallucination de l’intelligence artificielle générative. Dans un communiqué, le Chicago Sun-Times indique que l’article incriminé a été fourni par un indépendant travaillant pour King Features, une société affiliée au groupe de presse Hearst Corporation, et qu’il n’a pas été soumis à la relecture de sa rédaction avant publication.
« Le supplément d’été Heat Index a été créé par un créateur de contenu indépendant qui a utilisé l’IA pour son article sans divulguer qu’il avait utilisé de l’IA », a confié le quotidien. Marco Buscaglia, auteur de la sélection, a reconnu sa part de responsabilité et confirmé à Snopes avoir utilisé une intelligence artificielle pour rédiger la liste.
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« J’ai foiré et ça a été généré par IA et c’est quelque chose que d’habitude je vérifie absolument, mais pour une raison quelconque, je ne l’ai pas fait cette fois-ci et je me sens incroyablement stupide et embarrassé », écrit-il en précisant qu’il travaille parfois avec ChatGPT, Google Gemini ou Claude IA.
Crédits image : Image d'illustration, par auteur inconnu, CC0 Public Domain (pxhere)
Par Louella Boulland
Contact : lb@actualitte.com
3 Commentaires
méric nolleau du chibrelent
28/05/2025 à 13:27
un peu comme Yann Moix ?... qui lui ne s'aperçoit de rien
AI-bal lector
28/05/2025 à 14:34
Il faut toujours se relire, de peur d'avoir ne serait-ce qu'un lecteur !
Lyo
01/06/2025 à 13:28
L'autrice voulait surtout se faire de l'argent facile en vamprisant un style qui n'était pas le sien au lieu de bosser.