Quatre couleurs

Thomas Terraqué

« Tout le monde le dit, qu’au collège, ça crève depuis des années. Et Jocelyne l’observait au quotidien, cette crevure par sclérose et embolie de tout l’écosystème. Elle était aux premières loges et corrigeait autant qu’elle pouvait les auras brisées, écoutait les murs en souffrance, écopait où c’était possible, mais depuis sa convocation c’est niet, terminé. Ils s’en apercevront tôt ou tard, qu’il faut toujours une Jocelyne dans n’importe quelle école. »

Ce roman fait vibrer plusieurs voix.

D’abord, un certain Obi, un collégien pas comme les autres au cerveau dit déchiré. Il observe le monde avec un regard sensible, différent, évidemment surprenant. Un jour, il s’achète un stylo quatre couleurs qui, il en est persuadé, possède des pouvoirs au-delà des mots. Lorsqu’on lui vole, l’angoisse s’installe en lui et il voit le monde autour de lui commencer à bugger.

En parallèle, Monsieur V, professeur de français désabusé, a tout bonnement abandonné. Il ne sait pas comment intéresser les élèves — en réalité, il s’en fiche. La passion des débuts l’a quittée. Une réalité d’autant plus douloureuse lorsque Madame E, contractuelle fraîchement débarquée, arrive pleine de bonne volonté.

Enfin Jocelyne, femme de ménage invisible par définition, mais très observatrice. Tous les jours, elle nettoie tout en voyant ces pauvres élèves perdre de leur vitalité. Ici, entre ces murs, tout semble mourir à petit feu, sans que personne ne puisse rien y faire.

Thomas Terraqué nous offre un roman à la prose aussi déroutante que délicieuse. Voici une manière intense et sensible de nous dévoiler ce à quoi le système éducatif peut bien ressembler actuellement, autant pour les élèves que pour le corps enseignant. Un grand bravo.

 

 

Une michronique de
Valentine Costantini

Publiée le
31/05/2025 à 08:00

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Quatre couleurs

Thomas Terraqué

Paru le 03/01/2025

141 pages

Le Nouvel Attila

17,00 €