« Bradley, dont le visage transpirait abondamment, remuait les bras sans proférer le moindre mot. Pierce se pencha sur lui. Il constata, au premier coup d’œil, que l’état général de l’homme était lamentable. D’une extrême maigreur, les yeux caves, la tête chenue, les cheveux épars, on lui aurait donné la cinquantaine. »
Édimbourg, hôpital psychiatrique de St Bartholomew. Lieu destiné aux soins de patients traumatisés par la guerre, avec comme particularité le fait d’appartenir à la noblesse britannique. Le Dr Edward Pierce propose un traitement spécifique, axé sur le bien-être de ses patients. Ici, pas de décharges électriques, de trépanation ou de cellules lugubres dont on ne sort jamais.
Une nuit, un nouveau patient lui est confié : David Bradley, jeune ingénieur prometteur, souffrant d’un délire psychotique inexplicable, dans lequel il nage dans une mer éternelle, même sur la terre ferme. Et ce, depuis son retour après avoir travaillé à Ushuaia, dans l’extrême sud de l’Argentine. Sa mission : évaluer les éventuels dommages causés au phare de l’Œil de Goliath.
Ce court roman est enivrant. Divisé en trois parties, il erre entre le réalisme et la fantaisie, entre l’horreur et l’émerveillement. Le thème central repose sur la dualité, menant ainsi au potentiel de la double personnalité. Simplement dit, il est impossible de sortir indemne d’une guerre.
L’angoisse, la solitude, les tempêtes, les vagues — le tout devient un cauchemar pour un homme psychologiquement meurtri par les tranchées. Comment ne pas se perdre dans les méandres de l’esprit ? Comment garder un semblant de sanité dans un tel enfer ? Diego Muzzio floute les frontières entre bien et mal, réalité et psychose, pour une expérience de lecture inoubliable.
Traduction d'Éric Reyes Roher.
Publiée le
25/05/2025 à 16:14
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Paru le 03/04/2025
196 pages
Editions Phébus
21,50 €
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