« [Le hibou] semblait ne pas me voir. Ses yeux orange regardaient par-delà ce qui m’était autorisé de comprendre, pas une musaraigne sous les taillis, mais la loi du monde, cette ordonnance primordiale que venaient bousculer la disparition d’une enfant et l’éloignement d’un chant d’amour. S’il se jetait soudain dans le noir peut-être attraperait-il dans son bec une couleuvre a la livre cuivree. Et, au vol, il pourrait aussi déposer un baiser sur mes lèvres fendues. Je m’étais laissée couler le long de l’arbre et, soûlée des parfums d’humus, m’étais endormie au rythme du hibou et de son émoi. »
Quelque part en Provence, une jeune fille au nom de Dedou a disparu. Depuis des semaines, par une seule trace d’elle ou le moindre indice qui pourrait permettre de la retrouver. Pourtant, la narratrice est persuadée que Dedou reviendra. Ou plutôt, qu’elle n’est jamais réellement partie. Que la jeune fille s’est métamorphosée pour échapper à l’esprit étriqué des villageois.
Deux points de vue se font face. D’un côté, notre narratrice jamais nommée, ce « je » solitaire et amoureuse de rêverie sur son vélo. Elle a commencé à écrire des lettres, adressées à un certain Marc. Des lettres comme des tentatives désespérées de trouver une connexion, quitte à la créer à travers des mots maladroits et des métaphores animalières.
Solitude, repoussée par les autres, mal comprise… De l’autre côté de ces lettres, Damien se voit transformé par les mots qu’il lit, autant psychologiquement que physiquement — au point que ses yeux prennent une couleur dorée d’un autre monde.
Un récit intime, élégant et poétique. Une plume tout en tendresse. Sigolène Vinson nous propose une histoire aussi « sauvage » qu’essentiellement humaine, ancrée dans des émotions franches et magnifiée par l’amour. La nature fait vibrer chaque page, avec une faune et une flore généreuses, mouvantes, merveilleuses.
Publiée le
25/05/2025 à 10:43
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Paru le 03/04/2025
192 pages
Le Tripode Editions
19,00 €
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