La rentrée littéraire prochaine verra le retour, entre autres, de Laurent Gaudé. Il prolonge son univers dystopique de Magnapole, avec un second volet en librairie le 20 août 2025, Zem, publié chez Actes Sud. On retrouve les personnages de Zem Sparak et Salia Malberg pour une suite « profondément politique » de Chien 51, récompensé par le prix des Écrivains du Sud.
Le 20/05/2025 à 18:18 par Hocine Bouhadjera
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20/05/2025 à 18:18
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Dans ce nouvel opus, l’auteur approfondit sa réflexion sur le cynisme des sociétés postmodernes, dans l'optique de mettre en lumière les mécanismes invisibles qui assurent le confort de certains au détriment du plus grand nombre.
Chien 21 mettait en scène Zem Sparak, ancien policier grec déclassé, survit en fuyant la réalité grâce à une technologie addictive. Lorsqu’un meurtre mystérieux le confronte à son passé, il replonge dans les zones troubles d’un monde gouverné par le cynisme de GoldTex. Enquête, mémoire et révolte s’entremêlent...
Laurent Gaudé raconte : « Je savais, en me lançant dans l’écriture de Chien 51, qu’il y aurait une suite. Écrire Zem, c’était écrire un nouveau roman et parfaire un diptyque. L’enjeu a donc été double : faire de Zem une histoire indépendante, autonome, mais qui peut aussi se lire comme l’aboutissement d’une trajectoire. »
Au cœur de ce diptyque : la question de l’identité, thème récurrent chez l’auteur. Dans le premier volume, Sparak était un matricule. Un homme dépossédé de ses origines, de sa terre, devenu un chien dans une ville ennemie. Avec Zem, il entreprend un mouvement inverse, une reconquête intérieure... Laurent Gaudé revendique l’ancrage mythologique de ce parcours, qu’il place sous l’égide d’Ulysse : un long retour vers soi.
« Zem et Chien 51 ont en commun la même méthode de travail : partir à la rencontre de ce qui, dans notre monde, est d’ores et déjà dystopique », confie l'auteur, et d'être formel : « Ce ne sont pas des livres de science-fiction. Ils sont nourris de la lecture des journaux. » À la noirceur de Chien 51, Zem répond par une forme de lumière, selon ce dernier. L’auteur voit, plus généralement, dans la littérature un outil d’éveil et de mobilisation.
En octobre 2025, Chien 51 fera par ailleurs l’objet d’une adaptation cinématographique signée Cédric Jimenez (Bac Nord, La French, Novembre). Le film mettra en vedette Gilles Lellouche et Adèle Exarchopoulos dans les rôles principaux. À cette occasion, une nouvelle édition poche du roman sera également publiée.
Né en 1972, Laurent Gaudé a étudié les Lettres Modernes et les Études Théâtrales à Paris. Il publie sa première pièce, Onysos le furieux, en 1997 chez Théâtre Ouvert, avant qu’elle ne soit montée en 2000 au Théâtre National de Strasbourg, sous la direction de Yannis Kokkos. Les années suivantes sont consacrées à l’écriture théâtrale, avec des créations jouées en France comme à l’étranger.
Son premier roman, Cris, évoque les atrocités de la Première Guerre mondiale (2001). Il obtient en 2002 le Prix Goncourt des Lycéens et le Prix des Libraires avec La mort du roi Tsongor. En 2004, il reçoit le Prix Goncourt pour Le soleil des Scorta, situé dans les Pouilles, sa terre d’adoption. L'ouvrage s'est écoulé à plus de 500.000 exemplaires d'après Edistat, tous formats confondus.
Voyageur, il tire de ses séjours à Port-au-Prince, au Kurdistan irakien, au Bangladesh ou dans la jungle de Calais des reportages et des romans marqués par une attention aux populations vulnérables, comme Eldorado sur les migrations ou Danser les ombres, autour du séisme haïtien de 2010.
Il explore aussi d’autres genres, comme la poésie avec De sang et de lumière ou Nous l’Europe, banquet des peuples (Prix du livre européen 2019). Avec Terrasses ou notre baiser si longtemps retardé (2024), il revient à la tragédie contemporaine dans un récit choral autour des attentats de novembre 2015 à Paris. L'édition s'est écoulée à 43.846 exemplaires. Chien 51, paru en 2022, s'est vendu à près de 120.000 exemplaires, tous formats confondus.
Le Franco-Congolais Alain Mabanckou revient également, le 22 août prochain exactement, avec Ramsès de Paris, édité au Seuil. Le narrateur est un jeune aspirant écrivain qui se fait appeler Berado, prince de Zamunda. Il vit sous la coupe de son grand frère Benoît, qu’il a rejoint à Paris, après avoir grandi dans les faubourgs de Pointe-Noire. Benoît, personnage fantasque et volubile, règne sur le quartier de Château Rouge, où il multiplie les conquêtes amoureuses et les aventures de toutes sortes. Mais tout bascule lorsqu’il épouse Lilwenn, au grand dam de Maman Mushama, patronne du restaurant Manioc Pays.
Alors que les tensions s’accumulent et que les situations s’emmêlent, Berado tente de détourner l’attention et décide d’aller livrer sa version des faits à Ramsès, réceptionniste et barman du Salam Hôtel, dans le 11e arrondissement de Paris. Son récit, sans cesse interrompu, bascule progressivement dans un univers flottant, à la frontière du songe et de la réalité. Serait-ce l’effet du thé que lui sert Ramsès ?
Son éditeur évoque « une sorte de Mille et Une Nuits de l’exil africain », composée de personnages hauts en couleur, souvent proches des Pieds Nickelés...
Né en 1966 à Pointe-Noire, au Congo, Alain Mabanckou est l’auteur d’une œuvre romanesque abondamment saluée, dont Mémoire de porc-épic (prix Renaudot 2006) et Le commerce des Allongés (2022, écoulé à plus de 20.000 exemplaires selon Edistat, tous formats confondus), publiés aux éditions du Seuil. Traduit dans de nombreuses langues, il partage sa vie entre la France et les États-Unis, où il enseigne la littérature francophone à l’université de Los Angeles. Depuis février 2021, il dirige la collection « Points Poésie ». Il est également à l’origine du documentaire Noirs en France, réalisé par Aurélie Perreau et diffusé sur France 2 en janvier 2022.
À noter, le nouveau roman du prix de Flore 2022, Joffrine Donnadieu, paraîtra le 21 août prochain. Dans son troisième ouvrage après Une histoire de France et Chienne et louve, l'autrice raconte Marguerite — surnommée Marge —, 34 ans. Elle rejette farouchement toute forme d’entrave à sa liberté. Sans emploi ni domicile fixe, elle est assaillie, chaque nuit, par des personnages surgis de son imaginaire, tous exigeant qu’elle raconte leur histoire.
Un jour, elle trouve refuge dans une cabane de chantier abandonnée, située rue des Martyrs. En escaladant l’échafaudage de l’immeuble vide, elle découvre qu’un homme y vit encore : Victor, ancien militaire, seul résistant face aux injonctions du promoteur immobilier.
Une alliance naît alors entre ces deux êtres que tout oppose, unis dans leur refus du monde extérieur. Tandis que Marge, nuit après nuit, donne vie à ces créatures intérieures et voit ressurgir un secret d’enfance longtemps enfoui, une passion amoureuse fulgurante éclot entre les deux marginaux... Chienne et louve, largement remarqué par la critique, s'est écoulé à près de 10.000 exemplaires.
Simon Johannin, autre jeune auteur considéré comme l’un des plus talentueux de sa génération, revient avec Le Fin Chemin des anges, publié chez Denoël. Dans ce texte qui inaugure la collection Locus, - dédiée aux lieux oubliés ou abandonnés -, un homme hante les rues de Toulon, poursuivi par les voix des morts qui peuplent son esprit. Ces fantômes racontent des vies fracassées, des guerres, des violences mêlant toutes les époques. Pour trouver le silence, il prend un train au hasard. Le trajet le mène sur l’île du Levant, où il espère que la mer fera taire les spectres. Mais dès la première nuit, alors qu’il a trouvé refuge dans un abri de fortune, un prénom surgit dans sa conscience : Louis.
Ce jeune garçon le guide jusqu’à ce qu’il reste de sa dernière demeure : une colonie pénitentiaire pour mineurs. Aujourd’hui, une zone militaire restreinte abrite encore les vestiges du bagne. Porté par une intuition obscure, l’homme s’y infiltre. Dans une cellule oubliée, il reçoit le témoignage d’une ancienne révolte — celle de 1866, à laquelle Louis a pris part. Fils de paysans miséreux, condamné pour avoir volé quelques fruits, harcelé pour son homosexualité, l’enfant mourra dans un cachot... Fondé sur des archives inédites retraçant cette révolte, Le Fin Chemin des anges est un texte onirique, et une dénonciation vibrante de la brutalité sociale et de l’effacement des vies.
Simon Johannin, né en 1993, vit à Marseille. Après des études d’art à La Cambre (Bruxelles), il publie à 23 ans son premier roman, L’Été des charognes, très remarqué et couronné par le prix de la Vocation littéraire en 2017. Poète et romancier, il publie l’ensemble de son œuvre aux éditions Allia. Ici commence un amour, son dernier titre publié dans la maison, s'est vendu à 4140 exemplaires d'après Edistat.
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Enfin, un certain Augustin Trapenard retrouve ses années Boomerang, le temps d'un livre publié chez Flammarion (en co-édition France Inter), de près de 1000 pages... Boomerang, ce sont huit années d’une émission, au cours desquelles le journaliste littéraire a reçu les plus grandes figures du monde artistique et intellectuel contemporain. 1656 émissions diffusées chaque matin à 9h sur France Inter, du lundi au vendredi.
Ce livre, en librairie le 24 septembre prochain, propose une sélection des 69 meilleurs entretiens — de Lio à Cate Blanchett, en passant par Patrick Modiano — enrichie de fun facts et autres infographies originales. Augustin Trapenard anime aujourd’hui La grande librairie sur France 5 chaque mercredi.
Crédits photo : © Jean-Luc Bertini (Seuil)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 17/08/2022
292 pages
Actes Sud Editions
22,00 €
1 Commentaire
Louiselle Boutin
22/05/2025 à 14:18
Merci pour cette information!
J'attends la suite de Chien 51 avec impatience.
Des félicitations à monsieur Augustin Traquenard pour son excellente animation de l'émission la Grande librairie , que je visualise avec assiduité.
Louiselle B. du Québec!