Pays de la Loire : les festivals BD, de la case à la casse ?
L'ambiance n'est pas à la fête pour les organisateurs d'événements culturels. Le retrait de certains soutiens publics, combiné à l'affaiblissement du pôle régional du livre, fragilise les acteurs du secteur, notamment les festivals de bande dessinée. En région Pays de la Loire, des festivals incontournables revoient leurs ambitions, quand d'autres sont contraints de renoncer, même temporairement.
Le 22/05/2025 à 09:21 par Antoine Oury
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Publié le :
22/05/2025 à 09:21
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« Cette année, nous n'avons pas vraiment réduit la voilure et avons réussi à maintenir l'ampleur de l'événement. Mais nous ne savons pas du tout ce qu'il pourra en être pour la suite. » Thomas Brochard, cocréateur de l'association nantaise Maison Fumetti, verbalise le sentiment de nombreuses organisations qui portent des salons et festivals de bande dessinée.
Fin 2024, le Club 99, fédération des festivals de bande dessinée, rappelait le contexte général, « un lent mouvement de dégradation et d’épuisement de nos structures », doublé par, dans un environnement économiquement austère, « des restrictions franches dans les budgets alloués » par les partenaires publics.
La région Pays de la Loire est en première ligne de ce mouvement de désengagement des collectivités, elles-mêmes confrontées à une politique fiscale hasardeuse de l'État, qui a limité leurs rentrées d'argent ces dernières années.
Christelle Morançais (Horizons), présidente du conseil régional, a toutefois fait preuve d'un zèle remarqué en fin d'année 2024, décidant d'une coupe des dépenses de 100 millions € en deux ans, menant à la suppression de nombreuses subventions destinées à des structures culturelles.
Faire pareil avec moins
Le festival Fumetti, organisé par l'association homonyme et qui se déroule du 22 au 25 mai à Nantes, a subi comme d'autres cette coupe budgétaire brutale, en perdant une subvention régionale de 18.000 €, destinée à financer le fonctionnement de l'association, « et dont nous affections une partie des activités à l'organisation du festival », nous précise Thomas Brochard.
Pour boucler le budget total de la manifestation, estimé à 75.000 € environ, l'association s'est appuyée sur les fonds apportés par la mairie de Nantes, mais a déjà dû rogner sur certaines dépenses, liées à des prestations (graphisme, photographie) ou à du matériel de travail.
Les coupes franches opérées par la région Pays de la Loire ont obligé le festival de la BD et de l’Illustration du Pays d’Ancenis, qui fêtait ses 10 ans les 29 et 30 mars derniers, à se retourner vers le public, en sollicitant un soutien financier via une collecte participative. Pour cette manifestation, la subvention régionale représentait 3000 € dans son budget global, et seulement 1600 € ont été récupérés grâce à la générosité des donateurs.
Cette année, le Festival Fumetti s'est aussi doté de sa cagnotte en ligne, « qui représente plutôt un revenu complémentaire, que l'on aimerait développer afin de faire comprendre que l'organisation d'un tel événement à un coût ». Cependant, Maison Fumetti tient absolument à la gratuité d'accès aux rendez-vous de la manifestation, qui se déroule « dans un quartier à la population mixte », précise Thomas Brochard. La recherche de nouvelles sources de financements, qui nécessite en elle-même du temps et des ressources, pallie rarement le retrait des soutiens publics.
Dans ce contexte contraint, certains engagements des festivals sont plus difficilement honorables, comme la volonté d'engager des artistes et des prestataires locaux — un ruissellement des subsides bien réel —, de proposer la gratuité de l'ensemble des événements ou encore d'offrir une large programmation, aux plus proches des habitants et des lieux de vie.
À Angers, le festival Club Crayon a ainsi dû annuler sa troisième édition, prévue les 7 et 8 juin prochains, « [f]aute de lieu adapté pour nous accueillir et de soutiens financiers suffisants » et malgré une belle montée en puissance, passant de 700 visiteurs en 2023 à 1800 l'année dernière.
« Au fil des mois, j'adaptais le budget du festival, car je manquais de financements », nous explique Rémi Lemaitre, cofondateur de l'association So What ?!, qui organise la manifestation. Le budget de cette dernière comprend « des subventions d'entités publiques, mais aussi des sommes issues du mécénat », indique-t-il, sans préciser quelles sources de financement se sont taries.
« Nous sommes déjà en sous-effectif »
Pour l'instant, les festivals ligériens de BD maintiennent le cap, grâce à une bonne gestion et à l'habitude de composer avec des moyens modestes. À l'instar de Rémi Lemaitre, qui a travaillé bénévolement pendant les dix derniers mois à l'organisation de l'édition 2025 de Club Crayon, et nous assure qu'il « planche déjà sur celle de l'année prochaine ».
Du côté de l'association Maison Fumetti, malgré l'incertitude, « nous étions déjà en sous-effectif, ce qui nous évite d'avoir à licencier des salariés [Maison Fumetti en compte deux, Thomas Brochard et Cassandre Thiénot, NdR], et nous avons un peu de trésorerie de côté, ce qui nous permet de voir venir en 2026 », rassure Thomas Brochard.
Mais, au-delà du contexte financier, tout l'écosystème de la culture et de l'événementiel semble se tendre, entravant par la même occasion les ambitions des organisateurs. Si l'édition 2025 de Club Crayon s'annule, c'est aussi en l'absence d'un lieu pour l'abriter : « Nous avions investi l'espace Welcome la première année, puis la Maison des projets, l'année dernière, mais ce sont des lieux que l'on ne peut avoir qu’une seule fois », détaille Rémi Lemaitre.
Les rares lieux disponibles n'étaient pas adaptés, car soit trop grands, soit trop excentrés, précise l'organisateur de Club Crayon. Du côté du parc privé, les bailleurs ne souhaitaient pas louer pour de courtes durées — ou rarement, pour des budgets trop importants.
Maison Fumetti, pour sa part, a dû faire cette année sans le soutien du pôle régional du livre, Mobilis, privé d'une importante subvention régionale, dont les salariés ont été licenciés et les missions sérieusement revues à la baisse. « Nous avons toujours travaillé ensemble sur l'événement », précise Thomas Brochard, qui déplore la suppression d'une journée professionnelle orientée vers les auteurs, habituellement proposée pendant le festival.
À LIRE - Les associations culturelles redoutent “un plan social massif mais à bas bruit”
Dans cet environnement peu favorable, les organisateurs ont, bien malgré eux, intégré les contraintes et l'idée que l'heure n'est pas aux nouvelles propositions. « Nous fêterons les dix ans du festival à la fin de l’année 2026, l'envie est de maintenir au minimum la même formule », souhaite Thomas Brochard. « J'ai bien conscience du contexte particulier dans lequel nous sommes, mais je trouverai dommage qu’un tel événement, qui suscite l'engouement du public, des éditeurs et des auteurs, et participe au rayonnement d'Angers, ne puisse pas perdurer », avance pour sa part Rémi Lemaitre.
Photographie : Festival Fumetti (crédits Festival Fumetti)
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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9 Commentaires
Edco
22/05/2025 à 12:09
"Coupes budgétaires : Christelle, une bière au goût "amer" lancée par le festival Les Entrelaçés à Lassay-les-Châteaux - ici" https://www.francebleu.fr/emissions/l-info-d-ici-ici-mayenne/coupes-budgetaires-christelle-une-biere-au-gout-amer-lancee-par-le-festival-les-entrelaces-a-lassay-les-chateaux-1194360
A votre santé, boire des bulles à défaut d ' en créer....
Cette bière s ' appelle la Christelle....
Cohérence ?! ...
22/05/2025 à 14:19
Quand on a moins d'argent pour subventionner, investir, produire ou consommer, ça porte un nom :
- DECROISSANCE !
Le plus ironique est que ce mantra vienne précisément d'un milieu - appelons-le medias de gauche - qui a érigé la subvention et l'assistanat en art de vivre, et qui cerise sur le gâteau, profite de ces mannes pour critiquer le type de société qui les en abreuve !
Je ne compte plus les expos d'art contemporain dont les oeuvres sont une critique de la société de consommation !
LUNA
23/05/2025 à 08:25
Il n y a plus de combats à mener
Tout ou presque à été dit peint, joué
Reste le silence imposé par quelques dîners de leçons qui refuser que l'on coupe 'l' herbe pour protéger la biodiversité et on ne peut même plus se vautrer dans l herbe pour se bronzer la peau
Edco
23/05/2025 à 10:42
......la culture , l ' éducation, c est comme la santé.... indispensables pour ne pas devenir une société de ...fourmis.... aveugles, sourdes, et muettes....
Les subventions sont un choix de société.....
La décroissance....ce n ' est pas revenir à la préhistoire.... Même là , on avait le besoin de peindre, dessiner.....
Anjo
23/05/2025 à 08:05
A lire la plupart des commentaires, et sur TOUT, on croirait la gauche au pouvoir, lue la virulence stupide et gratuite. Il y a tellement de" psys" en manque de clients qui ne demanderaient pas mieux que de placer des cautères sur des cerveaux visiblement perturbés.
LUNA
23/05/2025 à 12:34
Votre fiel ne fonctionne pas. Le mien pas plus. Retour arriére: de 1945 à 1968 la France de le culture rayonnait: y habitaient Picasso, Matisse, l ' immense De Staël etc, ou encore Godard, Resnais, Rivette, Chabrol etc, et Giacometti, Tinguely, Nike de Saint Phalle etc, Giono, Sartre, Camus, Le Clézio débutant, Ponge, Char, Aragon, Cioran, Ionesco, Beckett etc Sartre encore côté philo, Jankelevitch, Deleuze, Lyotard, Castoriadis Althusser, Merleau-Ponty. etc
Il y avait une vie culturelle intense, il y avait des maisons de la Culture, il y avait Malraux.
Arriva 1968.
Edgar Faure proposa Vincennes ou s 'engouffrèrent la jeune philosophie:
Deleuze, Lyotard, et beaucoup d'autres.
Et Boulez, et Varése.
Nous connurent Brel, Brassens, Becaud Barbara Lemarque j'anine Jean, etc
Arrivèrent les nouveaux philosophes, à peine journalistes, peu philosophes: bhl, glucksman
Arrivèrent les mouvements féministes sectaires
Arrivèrent les bricolos de la verdure
Arrivèrent les idéologues de la conservation de biodiversité: on ne fauché plus les pelouses pour y laisser vivre les tiques ..
Arrivèrent la troïka des
cata- cata: kracozi, monsieur comme j aime, micron.
Nous en sommes là, épuisés.
Le sentiment est que tout à été peint, dit, chanté, crié, joué.
Qui peint grand pour que face à une toile je sois terrassé comme regardant Nicolas de staël? Ou Bacon?? BACON? deux toiles et vous sortez nus de l'exposition.
Qui chante- hurle notre misère mais aussi notre beauté comme Brel?
Qui compose comme Boulez?
Qui jonglent de peau-aime comme Aragon au point de m en dévaster ma tranquillité?
Qui m 'interroge comme Beckett pourquoi j attends ce qui ne peut arriver, n 'arrivera jamais, croyants d ' incroyants?
Qui récidivera comme Tinguely et Niki de Saint Phalke, pour planter tout prés des richards de Milly la forêt, en pleine forêt, clandestinement au début
l' étourdissant " Cyclope" masse étincelante de 30.métres de haut et d une centaine de tonnes, sauvé de la destruction in-extrêmis par Jacques lang qui le classa Monument historique?
Et nous avons un Musée Soulages, le monsieur qui n a peinture du noir, même pas blanc, symbole, il me semble de ce qui nous arrive:
..faussaires que nous sommes, perdants que nous somme. Nous avons même laissés 2 ans durant de pauvres gueux, sans les aider, leur laisser perdre œil ou main..du nom DE GILETS JAUNES.. ah oui ils n'avaient pas la culture de
l'académie , mais ils criaient leursxliséres quasi dignement
Les.laisssant sur les ronds points, vous les regardiez du haut de votre Dacia.
Prenez garde: quand on rate une marche dans l 'Histoire, l Histoire se dérobe et vous la retrouvez , comme par hasard en prison, ou dans des camps de réfugiés ou sdf
Prenons garde. Tout meurt.
Tout
Anjo
23/05/2025 à 14:53
Luna@, le fiel étant amertume parfois colorée de méchanceté; je ne suis pas concernée par la coloration, vous si apparemment. Que ce fiel ne fonctionne d'après vous pas, c'est le dernier de mes soucis. Je lis trop et surtout tout ce qui titille ma curiosité illimitée pour que, in fine, 'il émerge des conclusions que je livre...Qu'importent les réactions, je les lis et réalise que si elles" sont" , elles ont atteint une infinitésimalité du cerveau du lecteur. C'est vrai je lis comme un ogre se goinfre, me moquant des opinions, croyances, morale, "vérités" et "valeurs" de ceux qui pondent , pensant avoir trouvé la "pierre philosophale"...impartageable.
Anjo
23/05/2025 à 15:03
Luna@ j'ajoute au cas où...que j'adule bien évidemment tous les artistes nommés par vous avec une première place pour Staël et un bémol pour Boulez. Gouttes d'eau dans un océan, l'ensemble.
Edco
23/05/2025 à 12:25
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-vendredi-23-mai-2025-2084390?at_medium=newsletter&at_campaign=inter_quoti_edito&at_chaine=france_inter&at_date=2025-05-23&at_position=4
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