Dans cette carte blanche, Cécile Cabot, autrice des Révoltés de Montauban (Éditions des Libertés), nous entraîne dans les coulisses d’un voyage d’écriture aux allures d’expédition maritime. Loin du cliché du roman-marathon, elle revendique une navigation incertaine, portée par le souffle de l’inconnu, les tempêtes créatives et les courants contraires. À la manière des explorateurs d’autrefois, elle lève l’ancre sans carte ni cap précis, avec pour seuls repères l’instinct et l’appui de son équipage littéraire.
On entend souvent qu’écrire un roman, c’est comme courir un marathon : pour réussir, il faut allier une bonne préparation, une excellente endurance et une motivation à toute épreuve. Pour ma part, je comparerais plutôt cet exercice à un voyage. Pas l’un de ceux que l’on peut faire aujourd’hui, avec un circuit planifié à la minute près, mais plutôt comme ceux que les explorateurs d’antan ont pu entreprendre.a
Magellan, de Gama ou Cartier se sont lancés sur les mers en rêvant d’une destination, mais en sachant bien que la route à emprunter serait impossible à prévoir : la moindre tempête, le moindre courant contraire pourraient les emporter vers des continents inconnus, vers des terres dont ils ne soupçonnaient pas l’existence.
C’est à cela qu’a ressemblé l’écriture du roman Les Révoltés de Montauban (Édition des libertés) : j’ai embarqué dans cette aventure sans carte ni globe, mais avec une insatiable soif de découverte. Pourtant, au premier orage, j’ai bien failli tout arrêter, et le projet de roman n’est pas passé loin du naufrage.
Plusieurs fois, alors que je leur avais laissé trop de prise au vent, les mots m’ont emmenée dans la mauvaise direction. Pour redresser la barre, il m’a fallu du temps et de la persévérance, avec pour seule boussole un instinct encore mal aiguisé. On pense aussi souvent que l’écriture est une aventure solitaire. Pourtant, je constate aujourd’hui qu’être entouré d’une équipe est le meilleur moyen de mener le roman au bout de sa route. Les bêta-lecteurs, éditeurs, correcteurs, sont les lieutenants, quartiers-maîtres et matelots qui aident le capitaine à conserver son cap.
Toutefois, comme pour une expédition en mer, je crois que le voyage reste toujours plus important que la destination : dans l’acte d’écrire, on se découvre soi-même, et quand on partage son livre aux autres, on leur dévoile un bout de notre périple, que beaucoup croiront être terminé, sans se douter que le capitaine a déjà levé l’ancre vers de nouveaux horizons.
Cécile Cabot
DOSSIER - Édition des libertés : écrire l’histoire autrement
Par Auteur invité
Contact : contact@actualitte.com
Paru le 08/05/2025
301 pages
Edition des libertés
20,00 €
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