Les Académiciens Goncourt ont délibéré et révélé ce mardi 6 mai les lauréats des Goncourt de printemps 2025. Trois distinctions sont concernées : le Goncourt du Premier Roman, le Goncourt de la Nouvelle, et le Goncourt de la Biographie Edmonde Charles-Roux.
Le 06/05/2025 à 14:32 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
06/05/2025 à 14:32
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Le lauréat du Premier Roman :
Simon Chevrier, Photo sur demande, Stock
Ballotté entre désillusions et renoncements, le narrateur s’efface peu à peu dans une existence vacillante, marquée par un environnement familial étouffant. Rattrapé par la précarité, il devient escort. Les rendez-vous s’enchaînent, les passes d’un soir remplacent les élans amoureux, les clients prennent la place des partenaires. Jusqu’au jour où, au-dessus d’un lit, une photographie en noir et blanc attire son regard. Ce détail anodin déclenche une enquête intime, qui se mue progressivement en chemin de reconstruction.
Ce premier roman esquisse le portrait d’un jeune homme en quête de repères. Derrière une désinvolture apparente, se cache une émotion sourde, croissante... Simon Chevrier est titulaire d’une licence d’anglais et diplômé du Master de Création littéraire du Havre.
Goncourt de la Nouvelle :
Gaël Octavia, L'étrangeté de Mathilde T., Continents noirs / Gallimard
Ces seize nouvelles baignent dans une atmosphère d’étrangeté, qui s’insinue aussi bien dans la personnalité affirmée des personnages que dans leurs rencontres, leur humour ou leur rapport à la mort. Les héroïnes partagent un imaginaire puissant, traversé par une folie douce et une énergie joyeusement subversive. Elles métamorphosent un banc public en caravelle, un peigne en arme blanche, un sac à main en engin de guerre.
Certaines inquiètent, comme Adèle, la grand-mère empoisonneuse ; d’autres émeuvent, comme Émilie promenant son amant en fauteuil roulant ; d’autres encore frappent par leur violence, à l’image de cette mère de famille poussée à bout. Les relations sont rarement sereines : entre l’orpheline du Bumidom et le Kalinago érudit, entre la petite Parisienne et l’enfant africain sorti d’un placard, ou entre l’aide-ménagère et sa patronne bobo, les échanges sont tissés de malentendus et les trajectoires, imprévisibles.
Née en 1977 à Fort-de-France, Gaëlle Octavia, scientifique de formation, s’est tournée vers l’écriture et les arts en autodidacte. Remarquée dès 2003, elle a reçu plusieurs distinctions, dont le prix Wepler en 2017 pour La fin de Mame Baby. Elle explore dans ses œuvres la société martiniquaise et des thèmes universels comme l’exclusion, la migration, l’identité ou la condition féminine. Son roman, La bonne histoire de Madeleine Démétrius (2020), met en scène une écrivaine parisienne confrontée à son passé martiniquais. L’autrice y interroge avec humour les relations entre femmes et déconstruit les clichés caribéens.
Goncourt de la Biographie Edmonde Charles-Roux :
Anca Visdei, Cioran ou le gai désespoir, L'Archipel
Cette biographie retrace la vie d’Emil Cioran (1911-1995), penseur cynique et maître de l’aphorisme, dont l’œuvre entière naît du sentiment tragique d’être né. Né en Transylvanie dans un univers mêlant orthodoxie et mélancolie, il fit de son désespoir une source de lucidité jubilatoire.
Installé à Paris, solitaire et tourmenté, il fut tiraillé entre passion, misogynie, antisémitisme et remords idéologiques. Anca Visdei, qui l’a connu, restitue son parcours, à partir de témoignages, lettres et inédits roumains. Le livre revient sur tous les épisodes marquants : sa jeunesse, ses engagements, ses amours et sa fin de vie. Il s'agit de la biographie la plus exhaustive publiée à ce jour.
Née en 1954 à Bucarest, Anca Visdei écrit sa première pièce à 14 ans et publie son premier livre à 19 ans. Journaliste, critique et enseignante en art dramatique, elle collabore avec divers titres de presse, dont Le Figaro, Les Nouvelles Littéraires ou L’avant-scène. Elle est l’autrice d’un roman, de nouvelles, et d’une trentaine de pièces jouées à l’international, dont Dona Juana et L’Atroce Fin d’un séducteur. Elle écrit également pour la télévision et le cinéma. Metteuse en scène, elle dirige aussi un festival de cinéma.
Goncourt de la Poésie Robert Sabatier :
James Sacré pour l'ensemble de son œuvre.
Né en 1939 en Vendée, James Sacré a grandi dans la ferme familiale de Cougou avant de devenir instituteur. Il part ensuite aux États-Unis, où il soutient une thèse et enseigne la littérature française. Poète reconnu, il a reçu plusieurs des distinctions les plus prestigieuses dans le domaine de la poésie. Auteur prolifique, il a publié une soixantaine de recueils, parmi lesquels Cœur élégie rouge (Le Seuil), Figures qui bougent un peu (Gallimard), Une fin d’après-midi à Marrakech (Le Temps qu’il fait), Figures de silences (Tarabuste éditions) et Tissus mis par terre et dans le vent (Le Castor Astral).
Le Goncourt du premier roman 2024 a été attribué à Ève Guerra pour Rapatriement (Grasset). La même année, le Goncourt de la nouvelle est revenu à Véronique Ovaldé pour À nos vies imparfaites (Flammarion), quand Geneviève Haroche-Bouzinac a remporté le Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux avec Madame de Sévigné (1626-1696) (Flammarion).
Enfin, le Goncourt de la poésie Robert Sabatier distinguait Louis-Philippe Dalembert pour l'ensemble de son œuvre.
Crédits photo : Simon Chevrier (© Dorian Prost, Stock)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 02/01/2025
180 pages
Stock
19,00 €
Paru le 02/01/2025
175 pages
Editions Gallimard
19,00 €
Paru le 07/05/2025
455 pages
L'Archipel
22,00 €
3 Commentaires
Camier By Mercier plus tard
12/05/2025 à 00:21
"Simon Chevrier est titulaire d’une licence d’anglais et diplômé du Master de Création littéraire du Havre."
Nan ?
s'en déconner ?
Ce choc culturel de ouf*
delbor !
*rires innombrables dans la salle
Edco
16/05/2025 à 17:16
Comme quoi, même sans réseau, sans agreg ou normal sup , on peut avoir le Goncourt....
.... Méprisez votre prochain...comme vous même..." (Paul Valéry)
Ce serait pas mal.......
Pierre la police
18/05/2025 à 23:42
Comme quoi, on peut être un mâle blanc de moins de cinquante ans et avoir le Goncourt ! Bravo, Simon, ton livre a l'air super chaud et j'adore ton look Joël Dicker diabolique !