Quelques mois après la parution de Comme une mule, corollaire de 450 pages à une blague qui ne passe pas, François Bégaudeau psychologise. Son péché - véniel ou mortel, c’est affaire de point de vue - l’aurait donc conduit dans les bras d’une bourgeoisie qui, fidèle à sa tactique, s’empresse de brandir les cas particuliers pour mieux dissimuler les structures où elle évolue, à son aise, comme poisson dans l’eau ?
Le 05/05/2025 à 17:51 par Hocine Bouhadjera
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05/05/2025 à 17:51
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Ce serait méconnaître le discours de l’auteur sur les années, qui ne manque jamais de rappeler la dimension littéraire de sa démarche, nourrie par une attention constante aux dynamiques concrètes, et fondée sur l’idée que rien n’existe en soi, que tout devient intelligible dès lors qu’on en retrace le parcours. Dans ce recueil mêlant épisodes personnels, portraits de proches, fragments fictionnels et échos médiatiques, « un interlude méthodologique » entend lever les ambiguïtés : il ne s’agirait pas de le confondre avec « le psychopolitologue », statut auquel il accole parfois l’adjectif « hégémonique ».
Le souci avec ces derniers du premier rang médiatique - Éric Naulleau, entre autres auteur d'un pamphlet ridicule sur Jean-Luc Mélenchon, son pote Yann Moix, le prof de lycée professionnel Michel Onfray, la vedette de CNews Pascal Praud, le clown méchant Cyril Hanouna, le fils de Sarkozy… - ? Ils n'incarnent pas, il « réincarnent », à coups d'énoncés vaporeux de demi-sociologue-demi-habile. François Bégaudeau les soumet à deux questions « qui n’en sont qu’une : qui parle là ? De qui ? »
Il rappelle : « La psychologisation d’un fait social est une stratégie libérale. Elle revient à individualiser l’analyse, donc à la dépolitiser. Abstraction. Indistinction des agents : ils, on, l’opinion etc. » Éric Zemmour qui adorait, époque On n’est pas couché, s’exclamer, « je connais des gens qui vivent en banlieue, et qui me racontent », ou Pascal Praud qui aime à dire « que les Français » lui disent…
Exit les conflits d’intérêts, les dynamiques de classe ; ne restent que des symptômes à commenter. Tout dysfonctionnement devient dérèglement psychique collectif – une fièvre, une folie, un délire. L’analyse des rapports sociaux remplacée par une pathologie générale.
Face au psychopolitologue, François Bégaudeau oppose une « psychologie sociale » : « Il psychologise des corps collectifs ? Nous politiserons des corps individuels. Il psychologise la société ? Nous socialiserons la psyché. Il donne dans la généralité ? Nous ferons dans le particulier. Il plane dans l’abstraction ? Nos analyses seront situées. Nos réflexions seront narratives. S’attachant à des cas, elles camperont un sujet personnifié pris à un moment t dans une situation donnée. »
Ce recueil de textes ne va pas jusqu’au dernier Michel Foucault qui, poussé à l’extrême rigueur de sa méthode d’effacement du sujet, vint à suspendre tout jugement, pour laisser la place entière au seul récit. Bien au contraire même, puisque François Bégaudeau glose abondamment, mais toujours à partir de cas concrets, d’agencements. Il invoque le vieux et beau mot de mœurs – ce tissu discret de pratiques, de codes implicites, de régulations diffuses. Fait œuvre de moraliste, met en scène du rapport à, avec toute la drôlerie induite par la gaucherie du réel, et surtout tout son paradoxe, son ambiguïté… Personne n'a tort ou raison, tout le monde a ses raisons.
Parmi les saynètes croquées par l’auteur : un lecteur du TGV, contrarié par le vacarme du FC Prolo, délègue l’autoritarisme pour préserver les apparences libertaires ; des prolos à nouveau, progressivement déclassés, soulagent leur impuissance politique dans l’affect raciste ; un représentant du monde d‘avant et une jeune révoltée du monde d’après campent une lutte de récits plus que de réalités, parle en toute bonne conscience : lui, au nom de la terre, des racines, du bon sens ; elle, au nom de la science, du climat, de l’urgence à agir. Deux univers, matérialisés par deux types de tronches, une dégaine, le ton de la voix, leurs références etc.
Le premier des psychologues, Friedrich Nietzsche, est formel : d’abord, il n'y a que le corps. Tout déborde, tout se voit. Vérité sans repli. On parle pour cacher, parfois on écrit pour révéler.
Dans un autre texte, François Bégaudeau creuse son tiraillement entre rivalité mimétique et admiration sincère pour Nicolas Mathieu… Il le jalouse parce qu’il l’estime - narcissisme des petites différences -, et s’en sort en déplaçant le duel sur le terrain critique pour regagner en hauteur – en tant que l’un, si ce n’est le meilleur, critique cinéma et livre français. Lire, comprendre, disséquer toujours, voilà sa manière de dominer le petit-ami de Charlotte Casiraghi, sans vendre davantage… Le même Bégaudeau avoue : il est mal à l’aise avec les enfants. Son explication : parce qu’ils sont tous de droite…
Une professeure cette fois, déstabilisée par un mail anodin, parce qu’il touche juste, et derrière le coup de pression, les naufrages privés d’une mère en quête de réparation scolaire. Un héritier à qui tout est donné, mais rien n’est vraiment offert, inscrit dans son port altier et ses gestes précis l’obligation tacite de prolonger la lignée. Il oppose à son aisance programmée la tranquillité tragique du pauvre qui, n’ayant rien à perdre, avance sans la lourdeur des héritages à préserver…
Un autre est un homme de droite qui ne le dit pas. Voter clairement à droite reste un seuil symbolique qu’il se refuse, par fidélité posthume à sa tante institutrice, entre autres. Quand Libé consacre une double page au fils Glucksmann, il se laisse embarquer : ça sent le renouveau, ça réveille un vieux feu. Le discours calme, éclaire. Le père avait tué l’espérance révolutionnaire à la télé ; le fils ressuscite un espoir administrable. On ne rêve plus, mais on respire. C’est reparti…
Un provincial monté à la capitale - 90 % de ses habitants -, se raidit quand on lui parle du « milieu parisien ». Il sait qu’il existe. Celui des cocktails et de la Closerie à la marge, mais surtout celui des demi-rentes, des loyers de banlieue, des écrivains à 321 euros par mois. Le vrai Paris du réseau, de l’entre-soi, de la reproduction, il l'entrevoie de temps en temps, mais pas la motivation de Rastignac, sa capacité, pour le pénétrer. Et même s’il vient de Mulhouse, même s’il écoute The Cure seul dans sa chambre d’ado, il en fait, malgré tout, un peu partie. C’est déjà ça de sauvé de ses rêveries inspirées de la Comédie humaine, de Bel ami ou de Midnight in Paris pour les plus jeunes.
Le même, intellectuel urbain on l’aura compris, participe à un moment de sociabilité en milieu rural, dans un cadre informel et convivial. S’il partage avec les autres certains codes de l’échange - humour, anecdotes, plaisanteries -, il constate un décalage. Il ne tient ni à des oppositions idéologiques ni à un conflit explicite, mais à une conception différente de la conversation. Là où son entourage parisien envisage la parole comme un espace d’analyse, de débat ou de construction d’idées, ses hôtes pratiquent comme un échange d’informations concrètes, d’anecdotes ou de signaux de connivence. Les micro-gestes qu’il croyait effacés — un anglicisme, un pli de voix, la façon de croiser les jambes — l’exposent comme un badge.
Un quinquagénaire, ravi d’être dépassé, ne dit pas « je ne suis pas sur les réseaux » pour s’excuser d’une absence, mais pour signaler une élévation. Il ne se plaint pas d’être dépassé : il s’en félicite, car cela prouve qu’il n’est pas dupe. À la tyrannie de l’actualité, il préfère la souveraineté du détachement. Son absence de commentaires est déjà un commentaire.
L’époque est l’objet critique des gens sans outillage critique. Moins un objet d’étude qu’un objet de mécontentement. L’époque est ce fourre-tout où je peux vider mon sac. Le défouloir du gars las de sa servitude, et qui s’accorde une brève sécession verbale avant d’y retourner – au boulot, à la famille, à la société, à Bluesky. (...) Ce n’est pas être dépassé qui fait le vieux con. C’est tenir absolument à le faire savoir. (...) Canal+ était plus drôle à l’ère Chabat qu’à l’ère Bolloré. Je préférais “Le Cercle” quand j’y participais. Inversement, le foot actuel est beaucoup plus technique que sous Platini. La prose administrative déléguée à ChatGPT. Véronique Ovaldé une meilleure autrice que Françoise Sagan. (...) Jean d’Ormesson moins vivant qu’il y a dix ans. Le débat sur mieux avant ou pas est creux, d’où sa sempiternelle reprise médiatique. (...)
Celui qui valide le c’était mieux avant dit en creux qu’au bal social il se préfère dans le costume de l’homme revenu de tout qui se flatte de l’hostilité de ses médiocres contemporains. Le second dit en creux qu’il se préfère en tenue de pas grincheux, ouvert sur la vie et la jeunesse, en prise sur son temps. Entre eux rien de plus qu’une querelle vestimentaire.
Un modeste autoproclamé brandit le syndrome de l’imposteur : s’il doute, c’est au fond qu’il est pur ; s’il se croit illégitime, c’est qu’il ne triche pas. L’aveu devient distinction : je ne mérite pas ma place, donc je la mérite plus que les autres. Plus : l’imposteur proclamé croit à la légitimité puisqu’il croit en manquer. Il confesse son malaise pour mieux valider l’ordre qu’il dit subir. Sa plainte n’est pas critique, elle est croyance. À l’inverse, le véritable critique ne se sent jamais illégitime : il récuse l’idée même que le système puisse légitimer qui que ce soit.
Pour François Bégaudeau, l’anarchisme est d’abord un tempérament, forgé d’une façon ou d’une autre : l’exemple d’un chat philosophe, un documentaire sur la Seconde Guerre mondiale vu à 11 ans, un surmoi plus léger que les autres etc. Le fondement principal de ce rapport au monde ? Une conscience aiguë que tout ordre est artifice, toute légitimité un effet de force. L’anarchiste ne se sent jamais illégitime, parce qu’il ne croit pas à la légitimité. Ne se sent jamais à sa place, parce qu’il n’y a pas de place. Orgueil discret : si personne ne vaut rien, alors je vaux autant que les autres.
L’anarchiste, à ne pas confondre avec « l’anar » – on n’arrive enfin à Pascal Praud et la bande à Bolloré, réunion des psychopolitologues les plus patentés de la vieille France… L’anarchiste est une force contre tous les pouvoirs, l’anar est un romantisme contre les pouvoirs qui dérangent sa zone de confort. Pascal Praud se rêve frondeur mais restaure, par réflexe, tout ce qui protège les siens – les bourgeois. Il expulse les clandestins mais s’émeut d’une perquisition chez Balkany. L’ordre social est son allié, pourvu qu’il l’habille d’un peu d’irrévérence. Depardieu, c’est la France…
Pascal Praud est formel : il n’est pas un réac, il est un anar de droite, soit un libéral en mal d’épopée… « Croisant l’agneau Pascal à Nantes où je rongeais mon frein à la même période, j’aurais identifié au premier regard un conformiste fait homme, déjà imbibé de l’esprit propriétaire de ses géniteurs, de l’esprit commerçant de sa ville au glorieux passé maritime, de l’esprit libéral de la décennie de ses 20 ans, de l’esprit policier de son cher pays la France, et optionnellement du Saint-Esprit. »
Il veut la liberté sans la menace, la contestation sans la révolution, l’élégance sans la perte. Il porte sur lui, dans ses costumes ajustés et ses citations d’Audiard, l’image d’une liberté canalisée, décorative. Gainsbourg en photo, Bolloré pour patron. Éric Naulleau, au maximum de son entendement, affirme sans ambages : « Au sein du groupe Bolloré, je dis ce que je veux quand je veux. » Évidemment que si tu tournes autour d’il y a trop d’immigration, la FI est dangereuse, – et folle surtout, on en revient au psychopolitologue –, ou Israël a « le droit de se défendre », c’est-à-dire déporter les populations palestiniennes de Cisjordanie et affamer une Gaza entièrement détruite, on a le droit, sur CNEWS, au micro d’Europe 1 et dans le JDD, « de tout dire ».
Wang Huning, « l’idéologue de Pékin », ne se sent pas censuré à l’âge de Xi Jinping. Le pouvoir, c’est présider le jury d’un prix où la ministre de la Culture passe une tête.
Anar de droite ? « OK, puisque vous y tenez. Comme Frédéric Dard, comme Desproges, comme tous les grands. L’anar est toujours de droite. L’anar est un homme de droite qui voudrait le soufre de la gauche. Qui veut le confort sans le conformisme, la bourgeoisie sans le passif bourgeois. Le revenu sans l’impôt. La norme et le dandysme. Le mariage et le bordel. La respectabilité de l’époux et l’appétit du mâle. La propriété clôturée et l’aura du braconnier. Pompidou et Les Valseuses. Napoléon. Les Chevaliers de la table ronde du jardin où Malika servira le thé. »
Frédéric Beigbeder – à ne toujours pas confondre avec son némésis Frédéric Bégaudeau – est un autre « anar de droite » : un bourgeois jadis complexé de l’être, désormais délivré par l’apparition providentielle du wokisme, évidemment « hégémonique, venue des facs américaines, une nouvelle franc-maçonnerie, une cinquième colonne ». Comme Éric Naulleau, Michel Onfray et d’autres, il ne s’est pas éloigné de la gauche, c’est elle qui a dérivé. Ce n’est pas une trahison, c’est une réaction. L’ordre qu’il incarne – son émission littéraire se déroule à La Pérouse, pas dans un tiers-lieu – devient oppression subie. Le privilège, une croix à porter. L’époque, un tribunal. « C’est la villégiature à Biarritz qui est devenue un enfer. »
Le retournement historique atteint sa profitabilité symbolique maximale lorsque le bourgeois qui voulait être cool est lui-même poursuivi par le politburo à quoi il a œuvré à réduire le camp anti-bourgeois. Trop longtemps ajourné par sa naissance haute, son fantasme enfin se réalise : être un barde banni, un poète maudit. Sylvain fils de Philippe peut brandir son indépendance d’esprit en bouclier contre le camp du bien.
Frédéric frère de Charles s’ériger en héraut de la liberté voltairienne contre les harpies féministes. C’est lui le dominé. Lui dont on tague la maison. Lui qu’accompagne un garde du corps dans les festivals du livre. Lui contre qui on pétitionne. Lui qu’agressent les plaintes pour agression sexuelle qu’il encourt.
François Bégaudeau s’est aussi penché sur le cas Caroline Fourest, moins évident à circonscrire. L’auteur de L’amour raconte : « “Je ne comprends pas”, me dit une copine un soir où la conversation, courant de coqs fortuits en ânes hasardeux, atterrit sur Caroline Fourest. La copine ne comprend pas comment cette personnalité jadis admirée a pu passer du militantisme LGBT au Printemps républicain, des bureaux du Centre gay et lesbien à ceux de Matignon en visiteuse de Valls, de la revue ProChoix à la direction de Franc-Tireur (Ndr : la bande néocon à Kretinsky cette fois, qui arrive prochainement à la télévision). »
Et d’ajouter, dans un mélange de rigueur et d'humour : « La copine ne comprend pas parce qu’elle ne cherche pas à comprendre. Elle préfère ne pas savoir. Peut-être craint-elle que la vérité la prive de sa tristesse. (...) Quant à moi, mâle dominant en proie à une hybris rationaliste, mon intelligence présomptueuse se propose de saisir la logique de ce parcours atypique et néanmoins typique. » Il l’assure : de militante LGBT à chantre du Printemps républicain, Caroline Fourest n’a pas viré sa cuti : elle a suivi sa pente.
Des idées d’abord : celle qui dénonçait jadis l’homophobie islamiste ou l’ultra-religiosité des pro-life cible désormais les pensées critiques contemporaines – décolonialisme, intersectionnalité, critique du féminisme universaliste – qu’elle présente comme les nouveaux obscurantismes. Son corps, visible, médiatique et militant, s’est imposé dans les espaces légitimes du débat public, là où la radicalité ne dure qu’à condition de rester soluble dans le discours dominant : elle publie, réalise, intervient, mais dans les cadres acceptables du mainstream.
Enfin, fille d’une bourgeoisie aixoise conservatrice, formée dans les écoles catholiques, elle a bien combattu les dogmes… sauf ceux du marché. Ses coups portent contre les marges, jamais contre les puissants. En républicaine intransigeante, elle aura surtout défendu les murs porteurs d’un monde inégal mais stable. Ce n’est pas un retournement. C’est une fidélité : non à la gauche, mais à la classe.
En matière de fétichisme de la parole, la France tutoie les sommets avec une aisance toute rhétorique. Le commentaire du commentaire du commentaire est l’activité favorite des médias d’information. Notre pays est avant tout une logosphère : la conversation y est moins échange que performance, et la bien-pensance bourgeoise s’impose par le langage avant même de s’incarner en actes.
Le féminisme en 2025 ? Nouvelle étiquette chic, d’usage mondain. Il s’affiche comme un hashtag ou un sac Balenciaga, désirable à condition de ne pas être dérangeant. Ce féminisme « d’ornement » irrite l’auteur : il s’attriste de le voir réduit à un accessoire dans la panoplie de la femme urbaine CSP+, plus soucieuse de son image que de renverser le réel. Il observe comment les normes discursives remplacent l’engagement réel, comment les mots policés masquent les permanences du sexisme, et comment le vernis progressiste reconfigure les hiérarchies sans jamais les abolir.
Mais là où François Bégaudeau fait son travail réflexif jusqu’au bout, c’est la conclusion de cette scène où une autrice Gallimard, de 20 ans sa cadette, l’a repris comme un shérif : « V sait-elle à qui elle parle ? Sait-elle que j’ai bien connu Olympe de Gouges ? Sait-elle la vigueur des matins frais, et trouver sa joie dans ce qui est vrai ? » L’auteur est avant tout vexé, et sur ces émotions, a construit tout ce discours : « Mon corps a mal réagi à son y a rien qui va, et a dû émettre d’infimes signes de contrariété – assèchement du ton, émiettement de mon bout de pain, pomme d’Adam pincée, envie soudaine d’une clope. Y a rien qui va m’a déplu. Je décompose – Me déplaît d’être infantilisé. (...) Me déplaît d’être vieilli. (...) Me déplaît ce primat accordé à la forme, signe distinctif d’une classe qui décidément manque de fond. – Me déplaît l’occurrence contemporaine d’une constante bourgeoise : la tartufferie, nappée de pudibonderie. »
Récemment cancel par une partie de la gauche, l’auteur règle aussi ses comptes avec l’un d’entre eux, ironise, dans un autre texte, sur ceux qui ne scrutent plus « le fascisme », mais scrutent ceux qui l’annoncent – les twitcheurs vedettes de la gauche FI Dany et Raz ? Ceux qui veillent, consignent, prophétisent – et ne rateraient pour rien au monde un passage télé du clone blond. À force de flair, on flirte. Et si, dans la peur, il y avait du désir ? Un désir de politique, d’intensité retrouvée ? Le vrai cauchemar du militant n’est pas le fascisme, mais sa disparition dans la gestion. L’ennui du monde sans conflit.
François Bégaudeau n’est donc pas sans critique de son camp politique, qui lui rend bien d’ailleurs, mais lui reconnaît une grande qualité : il ne fait pas commerce idéologique des opinions qui passent dans toutes les têtes, sans exception - infériorité des femmes, blague homophobe, supériorité de l’Occident, Africains bien bâtis etc.
On l’aura compris, en bon matérialiste, pour l’auteur d’Histoire de la bêtise, même quand il s’agit de psychologiser, les lunettes de classe restent les plus performantes pour appréhender le « transfuge » Michel Onfray et les autres, au-dessus des bidesques Google Glass en tout cas… Il porte avec une rare virtuosité cette grille d’analyse au niveau du grand public, d’autant plus niée dans les médias traditionnels depuis la chute du Mur de Berlin et les 100 milliards de morts du communisme…
Sa grande force : il ne jargonne jamais. C’est un pédagogue hors pair, il raconte des histoires. Tout est dit, dans le champ. Son écriture est industrieuse, elle porte dans son abondance l’effort intellectuel, la recherche de la dénomination exacte, retrouvée grâce à de longues ruminations. Il y a eu, pour moi, un véritable avant et après la découverte de François Bégaudeau - d’abord à travers ses entretiens et autres débats disponibles sur YouTube.
De cet ouvrage, me resteront des trouvailles fulgurantes, comme celle-ci : le secret du dominant, dont le politicien est une sous-catégorie, se sentir partout chez lui. D’où son extraordinaire capacité à se pointer partout, serrer la main à n'importe qui, parler de n'importe quoi.
Il ne cherche pas à purifier ses contradictions, il tente de les observer, de les suivre sans les dominer. Il écrit, avant tout, pour ne pas trahir les grands auteurs qu’il aime. Des chances qu’il se sorte de sa mauvaise passe actuelle - conséquence d'une très mauvaise blague sur l'historienne Ludivine Bantigny -, par ce qui sauve toujours les figures controversées : le talent…
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 04/04/2025
258 pages
Editions Amsterdam/Multitudes
17,00 €
Paru le 13/01/2023
208 pages
Editions Amsterdam/Multitudes
13,00 €
Paru le 17/08/2023
96 pages
Editions Gallimard
14,50 €
Paru le 02/10/2024
450 pages
Stock
22,90 €
27 Commentaires
MARY
06/05/2025 à 05:51
On ne comprend rien à cet article et le pire, c'est qu'on a pas envie de comprendre
Trop con sans doute pour ceux qui volent à 10.000
Anna
06/05/2025 à 15:06
C'est du Zemmour, de "gôche", en gros.
Evidemment relayé avec joie par tous les journalistes mâles, ravis de lui accorder de la place, de le maintenir en place, comme membre du cartel.
Ridicules et pathétiques. Tous.
Ljhh
06/05/2025 à 06:10
C'est quoi ce vomi ?
frederique muller
06/05/2025 à 08:16
Facile.... tellement facile et pompeux....et les mots sont mâches avec une délectation égocentrique étonnante.
mystère
06/05/2025 à 13:24
La suffisance et l’insuffisance du narcissique Bégaideau!
bibliophilie
06/05/2025 à 18:12
j'ai rien compris, j'ai cru que c'était moi, et puis j'ai lu les autres commentaires...
Pierre
06/05/2025 à 23:36
Begaudeau s'écoute parler pour dire des bêtises depuis trop longtemps...
Et s'en prendre à Beigbede ou Praud c'est tellement facile. Comme aime à le rappeler Praud : les ratés ne vous raterons pas 👹
Et plouf !
07/05/2025 à 08:57
Qu'ajouter ? Que l'aura de ce monsieur a explosé depuis qu'on a découvert son hypocrisie ? Qu'il n'a pas fini de ramer depuis ses sorties sexistes, faussement expiées dans Comme une mule ? Que parler de blague pour des propos dont le caractère sexiste a été confirmé par la Justice est une très mauvaise blague ? Que faire du fric sur ses propres turpitudes est honteux ? Que les gauchistes marxisants sont à pleurer ? Qu'il aura beau taper, comme à Guignol, sur les traditionnelles têtes de turc de la gauche, ça ne changera rien ? Qu'il ferait mieux de se faire oublier ? C'est en tout cas ce que ferait tout honnête homme pris la main dans le sac...
Lor
07/05/2025 à 10:25
Construction syntaxique assez baroques, argumentation compliquée à loisir, goût certain pour l'ornementation... N'essayez pas d'avoir du "style". Ceci n'est pas donné à tout le monde. Ou bien il faut beaucoup travailler pour en acquérir.
Quant à Bégaudeau, je n'ai jamais lu. A-t-il le même problème que l'auteur de l'article ?
LAULE
07/05/2025 à 19:22
Ne rien comprendre à un article aussi simple, c'est avouer d'où l'on parle : si ce n'est la bêtise, la paresse intellectuelle la plus crasse.
El Kono
08/05/2025 à 08:47
Autre hypothèse : pure courtoisie. Il est plus aimable de dire que c'est abscons plutôt que c'est c.. !
Smoke on the water
08/05/2025 à 09:35
L'émission de Pascal Praud, c'est le maximum qu'ils peuvent entendre je le crains (Melenchon il est méchant, les arabes ils sont mechants, Bardella il est gentil, le Pape il est trop gentil avec les migrants, Poutine il est méchant mais Netanyaou il est gentil parce que c'est pas pareil etc.) Ou l'inverse pour les neuneus de gauche d'ailleurs. Dans les deux cas, ils n'ont pas le niveau
Laule
09/05/2025 à 06:49
Oui, plutôt triste tout ça.
Le pire est qu'on est sur un site de qualité sur la littérature.
Illettrés non, mais de capacités cognitives atrophiées, que cela en deviendrait effrayant.
Amin Marchant
07/05/2025 à 19:39
La verbosité Bégaudienne ne trompe personne, flux & reflux d'un confus gauchisto-paumé, cette génération pseudo intello qui publie, mais qui ne se relit pas de peur de voir l'abime, sa médiocrité inscrite sur ses propres plaies.
"À force de parler que de ses ennemis, on finit par leur ressembler."
Sartre
Peïo
08/05/2025 à 08:57
Article sans intérêt aucun, du verbiage qui se veut stylé, mais qui n'est qu'un ramassis de rancoeurs de gauche jetées pêle mêle dans un bordel sans nom! Indigeste à souhait, rempli d'intolérance idéologique, l'auteur ferait mieux de se pencher sur le rejet de ces idées de gauche qui n'infusent plus depuis longtemps chez les français qui voient la gauche comme un cancer de ce pays. Bref, un article qui veut peter plus haut que son cul mais juste imbuvable et qui veut expliquer aux lecteurs que ce qu'ils vivent n'existe pas... Inintéressant!
Edco
08/05/2025 à 16:35
Ouah , quelle laudation !!!! J ' ai cru en le lisant que ce pouvait être de l' IA, mais non, en fait, je pense que c 'est une déclaration .....d' admiration.....( .....le talent.... dernier mot du texte ! ). Begaudeau est à Bouhadjera , ce que n ' est pas Daoud à Lounis .....( rires)
Joao
08/05/2025 à 21:03
Quel chemin parcouru pour en arriver à écrire des choses pareilles ? Effrayant, oppressant... Des sentiments que je me suis surpris d'associer à ma lectures de L'Archipel du Goulag. Un gloubi-boulga qui fait froid dans le dos, en plus d'être atrocement mal écrit.
Vernon Lumixx ligne 4
09/05/2025 à 09:43
Pas besoin de Bégaudeau pour démasquer Praud, Beigbeder et consorts, d'autres ont fait le travail avant lui et les intéressés en premier lieu... y a rien à démasquer... on ne démasque pas des grimaces posées sur du néant... au lieu d'écrire sur l'insignifiance, on attend un travail intellectuel un peu plus consistant et à la hauteur de l'époque... Bégaudeau est très loin de cela... trop mariol...
Le néant, tu en es spécialiste non? 🙄
09/05/2025 à 10:18
Le néant tu en es spécialiste non!? 🙄
Vernon Lumixx ligne 4
09/05/2025 à 21:30
Tout à fait, tu y es étranger, la jalousie te mord l'arrière-train. Remise ta salive pour d'autres potins.
Peïo
10/05/2025 à 10:41
Même tes réponses sont le fruit du néant! Bravo! On tient un champion du monde là...
Des ronds dans le coca
10/05/2025 à 11:51
Pardon Peïo,
Mais quand on lit ton commentaire précédent, on se dit que t'es vraiment pas le couteau le plus aiguisé du tiroir...
Vernon Lumixx ligne 4
10/05/2025 à 12:39
Je plussoie
pendant
que tu ploies
sous ta bêtise
kiffe la diff' bro
Aurélien Terrassier
12/05/2025 à 14:04
Comme Thomas Guenole et Juan Branco, François Begaudeau fait semblant d'être de gauche en s'exprimant de plus en plus sur des médias alternatifs d'extrême droite dernier en date il y a deux jours chez Eric Morillot qu'il commence à bien apprécier. D'ailleurs son éloge de Pascal Praud n'y est pas anodin. François Begaudeau chercherait-il un poste de chroniqueur foot et éventuellement politique sur la chaîne ultra-conservatrice Cnews? Je crains que François Begaudeau est bien meilleur pour parler foot que politique hélas.
OliverD
12/05/2025 à 16:34
Hocine, fais relire tes papiers avant de les publier : celui-ci est imbitable.
Fabien WATREMET
12/05/2025 à 17:24
Interminable et illisible ( je parle de l'article)
Valentin
12/05/2025 à 22:14
Un texte dense, pas sans intérêt.