Depuis quelques années, la recherche scientifique s'appuie volontiers sur l'apprentissage profond des machines, qui permet « d'entrainer » une intelligence artificielle en lui faisant « lire » un important volume de données. Arthur Jacobs, chercheur en neurolinguistique, étudie le langage humain et ses effets et, dans cette perspective, a développé SentiArt, un robot qui analyse les textes littéraires pour évaluer les émotions portées et suscitées par les mots.
Le 17/07/2019 à 16:30 par Antoine Oury
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17/07/2019 à 16:30
Si les robots, à l'instar d'un Terminator, ne peuvent pas verser de larmes, ils sont en mesure d'approcher la raison pour laquelle certains textes suscitent en nous des émotions particulières. SentiArt, l'intelligence artificielle mise au point par le chercheur Arthur Jacobs, vient prolonger des années de recherchers en neurolinguistique : il a souhaité utiliser des outils informatiques pour comprendre le mécanisme de l'œuvre littéraire.
Comme la plupart des intelligences artificielles basées sur l'apprentissage profond, ou deep learning, SentiArt a lu des milliers de mots, accompagnés de qualificatifs permettant d'expliciter leur charge émotionnelle. Il a ensuite mis face à face ces compétences et des textes littéraires, notamment les ouvrages de la saga Harry Potter, pour l'une de ses expériences.
L'objectif : dresser le portrait des émotions et de la personnalité de plusieurs personnages, Harry, Hagrid, Dumbledore, Hermione, Dobby, Rogue et Voldemort. Pour ce faire, le robot a recours à la méthode des « Big Five », un modèle pour la description et l'étude de la personnalité humaine à travers cinq dimensions, l'ouverture à l'expérience, le caractère consciencieux, l'extraversion, l'amabilité et la stabilité émotionnelle.
La machine est finalement capable d'analyser et de fournir un diagnostic à plusieurs niveaux : la portée émotionnelle d'un texte en particulier, et le profil émotionnel et psychologique des personnages.
Bien sûr, l'objectif final des recherches d'Arthur Jacobs n'est pas SentiArt : cette étape intermédiaire lui permet d'obtenir de premiers résultats pour corriger et ajuster son intelligence artificielle. Celle-ci ne devrait plus, à terme, se pencher sur des textes littéraires, mais sur des données « humaines », c'est-à-dire plus spontanées et issues de l'expérience d'un individu.
Il sera alors nécessaire de prendre en compte les nuances supplémentaires que pourront ajouter les ressentis de sujets humains, avec, par exemple, la prise en compte d'une gradation quant aux différentes émotions décrites, sur une échelle de 1 à 10...
L'intelligence artificielle pourra ensuite être utilisée dans le cadre d'études de neurolinguistique, bien sûr, mais aussi dans les domaines des humanités numériques et de l'évaluation clinique, indique TechXplore.
Du moins l'on espère que c'est dans cette direction là que les recherches avanceront...
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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