LeLivreaMetz25 – Elitza Gueorguieva a remporté le Prix Frontière 2025 pour L’Odyssée des Filles de l’Est. La remise du prix, qui se tenait en marge du festival Le Livre à Metz, fut l'occasion de revenir sur ce livre, sur l'oeuvre et le parcours de son autrice, et sur le futur du Prix Frontière.
L’Université de Lorraine et l’Université de la Grande Région, aux côtés de deux laboratoires de recherche en sciences de l’information et de la communication et en géographie (le CREM et le LOTERR) et les Bibliothèques Universitaires de Lorraine organisent chaque année le Prix littéraire Frontières.
Ce prix récompense a été créé pour récompenser un roman qui aborde la thématique des frontières. Un sujet plus large qu'il n'y parait, puisqu'il permet de traiter une grande diversité de sujets, avec des enjeux forts selon les perspectives choisies : la géopolitique, les expériences de traversée, l'immigration...
Sans oublier que l’actualité est régulièrement marquée des questions de frontières, entre le Brexit, la crise migratoire, la frontière entre États-Unis et le Mexique, régime spécial du COVID-19, ou les guerres en Ukraine et en Israël pour ne citer qu'elles... Il y a de quoi faire pour nos romanciers.
Sylvain Prudhomme, lauréat de la 4ème édition avec son roman L’enfant dans le taxi était le président d’honneur de cette 5ème édition du Prix Frontières. Il était présent ce week-end à Metz, avec Carole Bisenius-Penin, la présidente du jury, et d'autres membres du jury pour remettre sa récompense, ainsi que les 5000 € de dotation qui l'accompagne, à Elitza Gueorguieva.
« C'est le genre de textes qu’on admire et qu’on a envie d’offrir à tous nos amis », confiait-il avec un enthousiasme légendaire à propos de L’Odyssée des Filles de l’Est. Il salue « un livre drôle — on éclate de rire à la lecture — » qui « rejoint la petite étagère de mes livres adorés, dont je sais que je les relirai toujours ».
« Je ne devrais peut-être pas le dire, mais j’ai été convaincu que c'était mon lauréat au bout de 40 pages. Tout le long de ma lecture, j’espérais très fort qu’au moment du tour de table les autres membres du jury soient aussi emballés que moi », poursuit-il. Il en a profité pour se rappeler avec émotion du moment des délibérations : « On est 20 lecteurs à donner notre avis à tour de rôle, et c’était très impressionnant de voir tout ce monde s’agiter ».
À LIRE – En cinq éditions, le Prix Frontières a tracé sa voie
Une émulation qui porte ses fruits : en cinq ans, le Prix Frontières s'est fait une place de choix dans le paysage littéraire français. Hélène Boulanger, la présidente de l'Université de Lorraine qui vient chaque année remettre le fameux chèque au lauréat, a profité de cette occasion pour annoncer le maintien du prix « pour les années qui viennent ».
Elitza Gueorguieva, pour sa part, a exprimé sa joie et sa gratitude de se voir primée aujourd'hui, d'autant plus dans « dans un contexte où les frontières se resserrent ».
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Née en Bulgarie en 1982, elle arrive à Paris à 18 ans pour étudier le cinéma à la Fémis, elle a ensuite suivi un master de création littéraire à l’université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis, en 2015, qui débouchera sur un premier roman, Les cosmonautes ne font que passer. Publié en 2016, déjà chez Verticales, il remporte le Prix SDGL André-Dubreuil du premier roman.
Sa première passion, le cinéma, ne la lache pas pour autant. Elle est à l'origine de plusieurs documentaires, dont certains furent primés, et son style littéraire reflète son attachement au 7e art : « Je viens, à l’origine, du cinéma documentaire d’auteur, donc j’écris toujours à partir d’un terrain réel ». Qu'ils soient littéraires ou cinématographiques, une même question hante tous ses travaux : celle du regard et des relations entre femmes.
L'Odyssée des filles de l'Est est son deuxième roman. Il raconte les destins entrecroisés d'une étudiante et d'une prostituée bulgare ayant émigré à Lyon au début des années 2000. Une histoire pour laquelle l'autrice a dû faire un vrai travail documentaire et de terrain.
Influencée par les cinéastes de la Nouvelle Vague, d'Agnès Varda à Jean-Luc Godard, qui revient de manière récurrente dans son dernier roman, elle aime expérimenter de nouvelles voies/voix, de nouvelles façons d'écrire et de structurer le roman.
Carole Bisenius-Penin et Sylvain Prudhomme font ainsi remarquer que ses deux premiers romans sont écrits à la deuxième personne du singulier — « pour le troisième roman je fais beaucoup d’efforts pour que ça change », répond-elle en rigolant —, qu'elle intègre des to-do list à sa narration, ou encore qu'elle coupe régulièrement son récit pour y coller, sans explication ni justification, des extraits d'articles de presse ou de blog. Elitza Gueorguieva explique alors qu'elle a écrit le film qu'elle n'a jamais fait : « je n'aurais jamais osé filmer des gens dans un rapport aussi frontal que dans ce roman ».
Crédits image : ActuaLitté CC BY SA 2.0
DOSSIER - À Metz, le livre tiendra tête (et dragée haute) pour le festival
Par Ugo Loumé
Contact : ul@actualitte.com
Paru le 04/01/2024
162 pages
Editions Gallimard
17,00 €
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