La Trilogie de Figaro

Virginie Yvernault, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Le Comte: - Qui t'a donné une philosophie aussi gaie ? 
Figaro: - L'habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.

Beaumarchais, figure singulière du siècle des Lumières, s’impose avec sa trilogie de Figaro comme l’un des grands artisans de la transformation du théâtre en outil de critique sociale. Du Barbier de Séville au Mariage de Figaro, puis à La Mère coupable, c’est toute une fresque — le « roman de la famille Almaviva » — qui se déploie, mêlant légèreté comique, satire acérée et accents tragiques.

Si Figaro incarne la verve et l’insolence du valet devenu héros populaire, il est aussi le miroir d’une époque en mutation. Avant la Révolution, ses réparties circulent comme des slogans, ses mots devenant autant d’armes contre les privilèges. Admirée par les élites qu’elle égratigne, la comédie de Beaumarchais, longtemps censurée, devient phénomène de société, annonçant l’émergence d’un pouvoir nouveau : celui de l’opinion publique.

Mais au-delà du rire et de l’effervescence, La Mère coupable dévoile une tonalité plus grave. Dans un Paris postrévolutionnaire, le libertinage a laissé place à la mélancolie, les intrigues virevoltantes à la douleur du temps qui passe. Figaro n’y rit plus, il accuse. La comédie vire au drame, révélant l’ambition profonde de Beaumarchais : faire du théâtre un espace moral et politique.

De la censure à l’institutionnalisation, de la satire à la reconnaissance patrimoniale, la « figaromania » traverse les siècles. À lire — ou relire — dans l’ordre ou dans le désordre, la trilogie ne cesse de voltiger, comme ses personnages, entre passé et présent, rires et larmes, révolte et mémoire.

Une michronique de
Audrey Le Roy

Publiée le
28/03/2025 à 17:55

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1 Commentaire

 

Félix

30/03/2025 à 04:05

Conclusion tout à fait juste, puisque Beaumarchais fait parti incontournable - à côté de Molière, Racine, Corneille et Boileau - des grands noms du théâtre classique français du XVIIIe siècle, au programme des cursus scolaires partout dans le monde.

Mais, son nom a toujours été surtout associé à la liberté de la presse, notamment sa citation la plus connue, à travers du personnage du fameux barbier, puisque reprise à la tête de beaucoup de journaux dans le monde entier :

"Sans la liberté de blâmer, il n'y a pas d'éloge flatteur."

Une vérité universelle incontestable par les temps difficiles qui courent!

La Trilogie de Figaro

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

Paru le 10/10/2024

560 pages

Editions Gallimard

7,00 €